Mon désir de posséder un tel récit n'était pas très différent du désir qu'avait mon grand-père de croire aux histoires du voisin juif ou de la benne polonaise.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
avons
rencontré ReinharzetHeller, etd'Israël nousavons étéconduits àStockholm, oùnous
avons faitlaconnaissance deMme Freilich, etde Stockholm noussommes retournés enIsraël,
d'Israël noussommes repartispourleDanemark, oùnous avons rencontré Kulbergetson
remarquable récit.
A la fin, nous avons eunotre histoire.
Mais ilyavait unfait particulier, concret,quejeconnaissais déjà,concernant unedesJäger de
Bolechow, avantmême quenous nouslancions danstouscesvoyages etque nous rencontrions
tous cesgens.
Noussavions, commejel'ai dit, que Ruchele Jäger,latroisième filledeShmiel,
était morte aucours delapremière Aktion, soit
le28, soit le29 octobre 1941.Nousnesavons
pas, etnous nepouvons paslesavoir exactement, quelâgeelle avait exactement :pour une
raison quelconque, lesArchives nationales polonaises àVarsovie, quipossèdent lescertificats
de naissance deses deux sœurs aînées, nepeuvent retrouver ceuxdeRuchele etde sasœur
cadette, Bronia.JackGreene pensequ'elle avaitseize ans,etc'est probablement vrai.Mais je
sais defaçon certaine, jelesais comme unfait, etjen'ai pasbesoin d'archives quime disent
que c'est vrai:je sais que Ruchele adû naître aprèsle3septembre 1923.
Je lesais parce quec'est lejour oùune autre jeune femme nommée Rachel, Ruchele, est
morte.
ParcequelesJuifs d'Europe del'Est nedonnent àleurs enfants quelesprénoms des
morts – mes frères, masœur etmoi portons lesprénoms deparents morts,toutcomme c'était
le cas demon grand-père etde ses sixfrères etsœurs, eten raison decette pratique lesgens
qui s'intéressent àla généalogie juivedisposent d'uneméthode remarquablement fiablepour
déterminer certainesdates,sil'information estpar ailleurs lacunaire –, jesais parfaitement que
Ruchele Jäger,lafille deShmiel, adû naître aprèslamort delasœur deson père etde mon
grand-père :la première RachelJäger,néeen1896, lafuture épouse dontlamort tragique et
inattendue, terriblement prématurée,allaitdevenir parlasuite, après biendesannées, laplus
grande histoire dema famille, unrécit mythique aucœur duquel, c'estdumoins ceque jecrois,
se trouve unelégende plusancienne encoresurlaproximité etladistance, l'intimitéetla
violence, l'amouretlamort, cettelégende première entretoutes, cemythe premier entretous,
sur lafacilité aveclaquelle noustuons ceuxquinous sontlesplus proches.
Même s'ilpunit sévèrement lepremier meurtre del'histoire, Dieudéclare quesiCaïn esttué, il
sera vengé septfois.Làencore, lecommentateur médiévaletlecommentateur moderne
offrent desinterprétations radicalementdivergentesdutexte.
Lepoint crucial estlanature du
châtiment decelui quituerait Caïn,exprimé danslemot shiv'ahthayim, quisignifie
littéralement « multipliéparsept ».
Rachi,unefoisdeplus, déploie destrésors d'ingéniosité
pour contourner lalecture laplus naturelle duverset ;il veut plutôt quenous lelisions comme
étant composé dedeux éléments distincts.Lepremier, insiste-t-il, estlademi-phrase «Aussi
bien, siquelqu'un tueCaïn... ! ».
Invoquant desparallèles syntaxiques tirésdetextes
hébraïques, Rachisouligne quecette demi-phrase doitêtre luecomme unemenace implicite
mais nonspécifique contrecelui,quelqu'ilsoit, dont lebut serait defaire dumal aupremier
meurtrier del'histoire.
« C'estundes versets quifait l'économie deses mots, avance-t-il, etse
contente d'uneallusion, maisn’explique pas."Aussi bien,siquelqu’un tueCaïn "est une
menace —"Ilsubira lemême sorti","Telsera sonchâtiment !" —,mais lechâtiment n'estpas
spécifié. »
Cette manipulation dutexte laisse Rachiavecunfragment dedeux mots, shiv'ahthayim
yuqqâm ,« subira unevengeance multipliéeparsept ».
Rachiinsiste, toutefois, surlefait que le
sujet sous-entendu decette proposition n'estpas,comme nousserions tentésdelecroire, celui
qui serait tentédetuer Caïn, maisCaïnlui-même.
Ceque Dieu ditici, selon Rachi, c'est « Je ne.
»
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