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Mais c'était comme s'il ne m'avait pas entendu.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

Mais c'était comme s'il ne m'avait pas entendu. Il m'a regardé, son gros doigt pointé vers moi, et il a continué. Parce qu'elle était une frum, ma mère a été tuée ! Et Itzhak Jäger a fait une chose qui était tout a fait contre la religion ! Et Dieu l'a sauvé, il l'a envoyé en Palestine ! Vous y comprenez quelque chose ? Je comprenais. J'ai pensé à mon grand-père, des années auparavant, disant à propos d'un autre repas de viande non cascher, Mais si la vie est en jeu, Dieu pardonne ! Mais il avait mangé cette viande pour rester en vie, c'était différent. Je ne savais que dire. J'ai écouté Shlomo traduire pour Anna ce qu'il venait de me dire. Il n'était pas moins agité la seconde fois. Itzhak hut gemakht a zakh duss iss kegn Gott, s'est écrié de nouveau Shlomo. Itzahk a fait une chose qui est contre Dieu. Und Gott hut ihm gerattet ! Et Dieu l'a sauvé ! A ce moment-là, Anna, qui avait eu, je le suppose, de nombreuses années pour méditer sur certaines ironies de l'histoire, pour penser à la façon dont Dieu intervient ou non dans les affaires humaines, a interrompu Shlomo, en secouant la tête avec ce sourire qu'elle avait, en ajoutant cette fois à la tristesse habituelle un certain amusement un peu las. Elle a fait un geste un peu vague vers le ciel. Vuss, kegn Gott ? a-t-elle dit sur le ton de l'admonestation. Kegn di rabbunim ! Je n'avais pas besoin de Shlomo pour traduire. Elle venait de dire, Comment ça, contre Dieu ? Contre les rabbins ! Si la vie est en jeu, Dieu pardonne !     Peu de temps après, Shlomo m'a déposé devant la résidence élégante d'Elkana pour la réception de famille. Le cousin de ma mère était expansif à propos du gigantesque déjeuner de fin d'après-midi, servi dans la salle à manger de la résidence. Après la présentation hilare de quelque vingt-cinq cousins, cousins au deuxième degré et troisième degré, des Rami, Nomi, Pnina, Re'ut, Gai et Tzakhi (ces étranges noms israéliens abrégés de nouveau ! - assis là, je me suis souvenu de la façon dont nous riions en disant YONA YONA YONA quand nous étions petits et que mon grand-père venait avec cette jeune femme israélienne aux cheveux noirs, avant qu'il ait commencé à venir avec ces autres femmes) ; après les sourires timides, les hochements et les grimaces muettes, après que tous ces gens se sont assis, Elkana s'est levé pour porter un toast de bienvenue. Gêné parce que j'étais incapable de répondre en hébreu, j'ai souri bêtement et hoché la tête en direction de chacun des convives. En anglais, j'ai dit que j'étais heureux d'être en Israël et de pouvoir enfin rencontrer toute la mishpuchah. Avec prévenance, Elkana m'avait placé entre les petites-filles de sa soeur, des jeunes femmes qui n'avaient pas trente ans et qui toutes deux parlaient parfaitement l'anglais. Nous nous sommes mis à bavarder et, au bout d'un moment, nous avons échangé potins et secrets de familles. Dans cette famille ? a dit Gal, incrédule, en réponse à une question que j'ai posée à un moment donné. Tu plaisantes ? Elle a regardé Ravit et s'est mise à rire. J'ai souri et j'ai dit, Ouais, beaucoup d'entre nous aussi. A l'autre bout de la table, Elkana avait gardé près de lui le fils de son fils Rami, Tzakhi, un beau jeune homme brun qui approchait maintenant de la trentaine. Rami, un surnom pour Abraham : mon grand-père. Tzakhi, le diminutif d'Itzhak. Rami était quelque part en Extrême-Orient ; comme son père, c'était quelqu'un. Elkana pérorait devant son petit-fils. Les journaux disaient que les recherches du leader irakien déchu se poursuivaient ; Elkana, bien qu'il eût pris sa retraite depuis longtemps, avait l'aura de quelqu'un qui a accès à des informations privilégiées en haut lieu, et il hochait la tête dans ma direction, en disant assez fort, On va le trouver à Tikrit, je vous le dis. C'est là qu'il est chez lui, avec les siens. À ma droite était assise Ruthie, dont les tresses étaient devenues un mélange de blond paille et de blanc ; elle traduisait aussi vite qu'elle le pouvait quand j'essayais de communiquer avec les autres, quand elle jugeait utile de me répéter ce qu'ils avaient dit. C'est comme ça que j'ai appris que la plupart des jeunes gens présents n'étaient pas conscients du fait que cette grande famille joyeuse venait d'un endroit qui s'appelait Bolechow et que leur nom avait été autrefois     La rencontre initiale d'Abraham avec une culture étrangère n'est pas, au premier coup d'oeil, un grand succès. Assez tôt dans parashat Lech Lecha,, nous apprenons que, en dépit du fait que Dieu a conduit Abraham en Canaan, le territoire promis, il y a eu, très vite, une famine dans ce pays qui a conduit Abraham à fuir avec sa famille en Egypte, un pays d'abondance. Avant d'arriver en Egypte, Abraham élabore un plan. Comme elle est une belle femme, dit-il à Saraï, les Egyptiens voudront s'emparer d'elle et le tuer ; il lui ordonne donc de mentir et de dire qu'Abraham n'est pas son mari, mais son frère. De cette manière, lui dit Abraham, « les choses se passeront bien pour moi et pour ton bien, et je pourrai vivre grâce à toi ». Il se trouve que la première partie de la prédiction d'Abraham est confirmée : au moment où ils arrivent en Egypte, des officiers du Pharaon louent auprès de lui la beauté de Saraï, « après quoi elle est emmenée dans la maison du Pharaon ». Et en effet, cela a bénéficié à Abraham qui a été récompensé de son mensonge « avec des troupeaux, du bétail, des ânes, des esclaves, des servantes et des chameaux ». Des bénédictions en abondance, en effet. En ce qui concerne la deuxième partie de la prédiction nerveuse d'Abraham - le fait que les Egyptiens l'auraient tué s'ils avaient su qu'il était le mari de Saraï -, il n'y a pas de preuves pour la soutenir, et le texte suggère même que c'est plutôt le contraire qui s'est produit. Après que Saraï est emmenée chez le Pharaon (et on ne nous dit rien de ce qui s'y passe), Dieu frappe de « plaies sévères » l'Egypte pour punir ce que nous devons considérer comme l'insulte (involontaire) du Pharaon vis-à-vis d'un couple marié. Dam un passage remarquable par ce qu'il ne nous dit pas, le Pharaon en personne déduit, probablement en raison de la nature des plaies, qui n'est pas spécifiée, qu'il est puni pour avoir pris Saraï comme épouse, alors qu'elle est en fait mariée, et, furieux, il convoque Abraham. « Qu'est-ce que tu m'as fait ? s'écrie-t-il. Pourquoi ne m'as-tu pas déclaré qu'elle était ta femme ? Pourquoi as-tu dit, "Elle est ma soeur", en sorte que je l'ai prise pour femme ? Maintenant, voilà ta femme : prends-la et va-t'en-» Abraham s'en va, apprenons-nous dans Genèse 13, 1, «d'Egypte», chargé de son butin : bétail, argent et or. La plupart des commentaires savants sur ce détour particulier au cours des voyages lointains d'Abraham ont porté sur la façon dont cet épisode, qui contient une confrontation avec le Pharaon, les plaies punissant l'Egypte, la colère du souverain égyptien contre l'homme de Dieu, l'ordre impatient du souverain donné à l'Hébreu de quitter l'Egypte avec sa famille et « tout ce qu'il possédait », est une anticipation voulue de l'épisode ultérieur et central, relaté dans l'Exode. Et il y a eu, bien entendu, de nombreuses discussions concernant l'étrange plan d'Abraham, fondé sur une supposition concernant le comportement des Egyptiens qui n'est jamais confirmée par ce qu'on apprend ; en particulier, ce qui apparaît à de nombreux commentateurs comme la prostitution délibérée de sa femme, doublée d'un ordre de mentir, a provoqué le malaise de bien des commentateurs de ce passage et nombre d'entre eux se sont efforcés de disculper Abraham. « On ne peut pas lui reprocher de choisir de mettre Sarah dans cette position compromettante, écrit Friedman, parce que, selon lui, Sarah aurait été prise de toute façon. » Cependant, il y a quelque chose d'inacceptable dans le comportement du patriarche. Friedman, le moderne californien, est prêt à jouer avec l'idée que peut-être Abraham « n'est pas parfait », mais Rachi suggère qu'Abraham ne s'intéressait pas aux cadeaux en soi, mais -- conscient du fait que l'épisode dans lequel il jouait un rôle n'était qu'une anticipation d'un drame biblique plus grandiose -- était soucieux que sa progéniture future dans l'Exode pût également quitter l'Egypte couverte de cadeaux. Ces tentatives et d'autres pour disculper le père de tous les juifs me paraissent aujourd'hui bien futiles. Je pense à l'histoire souvent, l'homme et sa femme et sa famille, la patrie qu'ils sont obligés de fuir pendant une période de crise. L'exploitation d'un mensonge pour (il n'y a pas d'autre mot pour ça) s'enrichir, l'utilisation de l'épouse pour fournir une couverture à une évasion qui est devenue, contre toute probabilité, un moyen d'enrichissement, de la propagation réussie d'une nouvelle progéniture dans ce nouveau pays. Je pense à tout cela et je me dis que quiconque a écrit parashat Lech Lecha, devait savoir quelque chose sur la façon dont les gens se comportent dans les périodes troublées.     Le dimanche 29 juin, Shlomo est venu me chercher au Hilton Tel-Aviv, qui était assez vide, en raison de six mois de guerre Irak et des menaces accrues de terrorisme qui étaient l'une de ses conséquences inévitables. Au célèbre buffet du petit déjeuner, dont Froma m'avait parlé avec excitation, le fabuleux étalage de toutes sortes de poissons fumés, l'appareil à jus de fruits saturé d'oranger israéliennes à la couleur intense, les fromages, les harengs marinés; les bagels, les pains, il n'y avait que six ou sept personnes dans les parages, ce matin-là. Je feuilletais les journaux. Un terroriste âgé de quinze ans avait tué un réparateur de téléphone israélien. Les Israéliens étaient sceptiques en ce qui concernait le cessez-le-feu annoncé par le Hamas et le Jihad islamique. Un commando de marine avait été tué au cours d'un assaut israélien contre le Hamas. Léon Uris, l'auteur d'Exodus, était mort. J'ai posé les journaux et j'ai bu mon jus d'orange. Peu de temps après, à dix heures pile, Shlomo a passé le contrôle de sécurité à l'entrée de l'hôtel et s'est garé devant l'immense hall d'entrée vide. Il m'avait proposé avec enthousiasme de m'emmener, à deux heures de route dans le désert, chez Solomon et Malcia Reinharz pour que je puisse les interviewer. Il nous fallait arriver là-bas à l'heure du déjeuner, m'avait dit Shlomo, à la demande du couple. Le mari n'aime pas beaucoup rester éloigné de son travail trop longtemps, a expliqué Shlomo. Travail ? ai-je répété, incrédule. Compte tenu de ce que m'avait raconté Shlomo, ce M. Reinharz devait avoir près de quatre-vingt-dix ans. Bien sûr, a dit Shlomo avec un grand sourire. Ils ont un magasin de chaussures depuis plus de cinquante ans, ils y travaillent toujours. Je me suis dit : au moins ceux-là auront une bonne mémoire. Pendant que nous sortions de Tel-Aviv, en traversant Jaffa - où Elkana m'avait emmené dîner, le soir où j'étais arrivé, dans un restaurant arabe peu avenant, où la nourriture était extraordinaire et où il avait parlé en arabe avec le propriétaire, son vieil ami -, et ensuite sur

« ; Elkana, bienqu'ileûtpris saretraite depuislongtemps, avaitl'aura dequelqu'un quiaaccès à des informations privilégiéesenhaut lieu,etilhochait latête dans madirection, endisant assez fort, On valetrouver àTikrit, jevous ledis.

C'est làqu'il estchez lui,avec lessiens.

À ma droite était assise Ruthie, dontlestresses étaient devenues unmélange deblond pailleetde blanc ; elle traduisait aussivitequ'elle lepouvait quandj'essayais decommuniquer aveclesautres, quand ellejugeait utiledeme répéter cequ'ils avaient dit.C'est comme çaque j'aiappris quela plupart desjeunes gensprésents n'étaient pasconscients dufait que cette grande famille joyeuse venaitd'unendroit quis'appelait Bolechow etque leur nom avait étéautrefois     La rencontre initialed'Abraham avecuneculture étrangère n'estpas,aupremier coupd'œil, un grand succès.

Asseztôtdans parashat LechLecha,, nousapprenons que,endépit dufait que Dieu aconduit Abraham enCanaan, leterritoire promis,ilya eu, très vite, unefamine dansce pays quiaconduit Abraham àfuir avec safamille enEgypte, unpays d'abondance.

Avant d'arriver enEgypte, Abraham élaboreunplan.

Comme elleestune belle femme, dit-ilàSaraï, les Egyptiens voudronts'emparer d'elleetletuer ;il lui ordonne doncdementir etde dire qu'Abraham n'estpasson mari, maissonfrère.

Decette manière, luidit Abraham, « leschoses se passeront bienpour moietpour tonbien, etjepourrai vivregrâce àtoi ».

Ilse trouve quela première partiedelaprédiction d'Abraham estconfirmée :au moment oùilsarrivent en Egypte, desofficiers duPharaon louentauprès deluilabeauté deSaraï, « après quoielleest emmenée danslamaison duPharaon ».

Eten effet, celaabénéficié àAbraham quiaété récompensé deson mensonge « avecdestroupeaux, dubétail, desânes, desesclaves, des servantes etdes chameaux ».

Desbénédictions enabondance, eneffet. En cequi concerne ladeuxième partiedelaprédiction nerveused'Abraham – lefaitque les Egyptiens l'auraienttués'ils avaient suqu'il était lemari deSaraï –, iln'y apas depreuves pour la soutenir, etletexte suggère mêmequec'est plutôt lecontraire quis'est produit.

Aprèsque Saraï estemmenée chezlePharaon (etonnenous ditrien decequi s'ypasse), Dieufrappe de « plaies sévères » l'Egyptepourpunir ceque nous devons considérer commel'insulte (involontaire) duPharaon vis-à-visd'uncouple marié.Damunpassage remarquable parcequ'il ne nous ditpas, lePharaon enpersonne déduit,probablement enraison delanature des plaies, quin'est passpécifiée, qu'ilestpuni pour avoir prisSaraï comme épouse, alorsqu'elle est enfait mariée, et,furieux, ilconvoque Abraham.« Qu'est-ce quetum’as fait?s'écrie-t-il. Pourquoi nem'as-tu pasdéclaré qu'elleétaittafemme ?Pourquoi as-tudit,"Elle estma sœur", en sorte quejel'ai prise pourfemme ?Maintenant, voilàtafemme :prends-la etva-t'en-» Abraham s'enva,apprenons-nous dansGenèse 13,1,«d'Egypte», chargédeson butin :bétail, argent etor. La plupart descommentaires savantssurcedétour particulier aucours desvoyages lointains d'Abraham ontporté surlafaçon dontcetépisode, quicontient uneconfrontation avecle Pharaon, lesplaies punissant l'Egypte,lacolère dusouverain égyptiencontrel'homme deDieu, l'ordre impatient dusouverain donnéàl'Hébreu dequitter l’Egypte avecsafamille et« tout ce qu’il possédait », estune anticipation vouluedel'épisode ultérieuretcentral, relatédans l'Exode.

Etilya eu, bien entendu, denombreuses discussionsconcernant l'étrangeplan d'Abraham, fondésurune supposition concernantlecomportement desEgyptiens quin'est jamais confirmée parcequ'on apprend ;en particulier, cequi apparaît àde nombreux commentateurs commelaprostitution délibéréedesafemme, doublée d'unordre dementir, a provoqué lemalaise debien descommentateurs decepassage etnombre d'entreeuxsesont. »

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