leur suzerain, comme Ferrand comte de Flandre, ou Renaud comte de Boulogne, et surtout un personnage autrement important : Otton de Brunswick, Otton IV, empereur du Saint Empire, c'est-à-dire celui qu'on appelle, dans les manuels dont on parle, « l'empereur d'Allemagne ».
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
appuyée
denombreux alliés,dontlesAnglais.
Auxiiie, elle était seule.
Ainsi,pouruncœur tricolore, Bouvines
formait unesorte desommet delagloire nationale, unWaterloo quenous aurions gagné.
L’art
delaguerre auMoyen Âge Et
alors ? Toutcelaest-il faux, toutcelaest-il inventé ? Non,biensûr,tout celaest aussi vrai,
toutcelaest à
peu près vrai
sil’on accepte detout relire avecdeslunettes d’ilya cinquante oucent ans.Ettout celaressemble
aussi àune vraie manipulation, sitant estqu’on accepte dechanger enfinsesverres, ousi,tout simplement, on
accepte desedéplacer dequelques paspour prendre unautre d’angle devue.
Bien sûr,Bouvines estune bataille importante.
Certes,lesmanuels d’histoire allemande enparlent trèspeuet
ceux d’histoire anglaiseàpeine.
Legrand Duby, toutefois, écritqu’elle a« profondément modifiélacarte de
l’Europe », onsegardera biendelecontredire.
Àla suite deladéfaite, Otton,humilié, perdsacouronne.
Jeansans
Terre, affaibli parsespertes continentales etl’échec desastratégie, estenmauvaise posturefaceàses grands
ennemis intérieurs : les« barons », c’est-à-dire lesgrands seigneurs d’Angleterre quinecessent decontester son
pouvoir pouraugmenter leleur.
C’est ainsiqu’un anaprès Bouvines, àla suite d’une véritable guerrecivile,ils
réussissent àlui imposer undocument d’unegrande importance pourl’histoire : la Magna
Carta ,
la célèbre
« Grande Charte ».Letexte limite considérablement lepouvoir royal.Ilmarque letriomphe desféodaux surleur
souverain.
Enfait, enposant leprincipe delalimitation del’arbitraire royal,ilnous apparaît aujourd’hui commeun
des fondements del’histoire deslibertés publiques etmarque lepremier petitpasdecequi deviendra bienplus
tard lamonarchie constitutionnelle.
Àl’inverse, del’autre côtédelaManche, lavictoire dePhilippe arenforcé le
trône capétien pourdesdécennies.
Sil’on considère lelong terme, onpeut donc voirdans lesconséquences de
Bouvines cequi déterminera l’histoiredesdeux pays : unemonarchie tempéréecôtéanglais, etautoritaire côté
français.
Philippe Auguste agagné enpouvoir, enprestige, mêmesi,comme leraconte Duby,cettegloire soudaine aété
savamment embellieetsculptée pardes chroniqueurs quiont sibien travaillé qu’oncontinuait, huitsiècles après
eux, àcroire surparole leursaimables flatteries.
Oui, Bouvines estune indéniable victoirepourleroi etlaroyauté toutentière, mêmesi,comme danstoutes ces
affaires militaires, ilvaut mieux nepas tenter d’aller chercher danslesfossés del’histoire cequ’elle acoûté surle
plan humain.
C’estlàun autre intérêt del’étude decette bataille : ellenous renseigne surl’art delaguerre au
Moyen Âgeetsa pratique, assezsurprenante parbien descôtés quand onl’observe avecnosyeux d’aujourd’hui.
Comme l’explique fortbien Duby, lorsdeces guerres féodales, lesnobles, quisont toujours ceuxdont onmet en
avant lavaillance, nerisquent presquejamaislamort.
Ilsreprésentent unbien tropprécieux.
L’objectif ducamp
adverse, c’estdemettre lamain surleplus grand nombre d’entreeux,pour lesprendre enotage enattendant la
rançon, cettesource derevenus tellement énormequ’ellepeutnourrir desfamilles –et en ruiner d’autres –pour
des décennies.
Danslaplupart descas, l’emprisonnement n’arien detrès carcéral.
Engénéral, leprisonnier vit
comme toutlemonde danslechâteau deson hôte sanssurveillance particulière : sonhonneur luicommande de
ne pas s’enfuir.
Selonlesystème devaleurs del’époque, c’estlegeôlier leplus efficace.
Toutcelapeut prendre
vingt ans :lessommes sontlourdes, ilfaut letemps deles réunir.
Pour lapiétaille, enrevanche, lesinnombrables fantassins,lessergents d’armesquilesencadrent etmarchent au-
devant deschevaliers, ouàcôté d’eux, c’estlaboucherie.
Pourquelgain ? Unpeu d’argent, desrêves derapines,
le sentiment deservir sonseigneur.
C’estpeucher payé auregard del’horreur encourue, c’étaientlesmœurs du
temps.
Que diredesà-côtés deces affrontements : leterrain quel’onprépare enravageant desprovinces, enmettant à
feu etàsang desvillages oudes villes.
Danssarage àsoumettre Ferrandetàmettre aupas lesFlamands, Philippe
Auguste n’apas reculé devant grand-chose.
Ilest allé jusqu’à laquasi-destruction deLille, etàla déportation d’une
partie desapopulation.
Decela, onsedoute, nosbraves manuels nepipaient mot :pourcélébrer le« sentiment
national », avouerqu’onenétait passé pardetelles horreurs commises contredefuturs citoyens français, cela
aurait faittache.
Il faudrait, pourêtrecomplet, ajouterquelque partenhaut decette grande fresque d’époque unpersonnage dont
nous n’avons pasparlé etqui a,dans l’affaire, uneimportance déterminante : Dieu.Ilest présent partoutences
temps-là.
Lechristianisme estlegrand ciment deslongs siècles médiévaux.
Celavaut aussi pourl’histoire militaire.
Si le livre deDuby s’intitule Le
Dimanche deBouvines ,
c’est quecemoment delasemaine aune importance
clé.
Enattaquant cejour-là, lesennemis dePhilippe ontcommis plusqu’une faute,unsacrilège.
Ilsont rompu le
pacte quis’impose àtous.
L’Église, ences siècles turbulents, essaied’adoucir lesmœurs.
C’estellequipousse àun
code d’honneur deschevaliers quilescontraint, enprincipe, àêtre justes, àprotéger lesfaibles, àêtre charitables
envers lespauvres, àservir leChrist.
C’estelleaussi quiadécrété la« trêve dedieu », c’est-à-dire l’interdiction de
verser lesang chaque semaine, dèslemercredi.
Alorsoserdéclencher uneattaque undimanche ! D’ailleurs,si.
»
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