l'époque.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
Cette
sombre histoiresemet enplace auxAntilles danslapremière moitiéduxviie siècle.
Ellecesse en1848.
Elle
aura donc durédeux siècles.
Onnepeut, danscelivre, tourner lapage surcette immense tachesurnotre mémoire
sans évoquer lesquelques réflexions qu’ellesuscite.
L’esclavage,
plaieuniverselle L’esclavage
n’estpasune spécialité réservéeparl’Europe occidentale auNouveau Mondequ’ellevenaitde
conquérir.
Laplupart dessociétés humaines enont faitusage.
L’Afrique leconnaissait bienavant l’arrivée du
premier Blanc.LaBible nes’en émeut guère,bienaucontraire ellelecodifie.
Grèce,Rome,pourneparler quedes
mondes dontnous noussentons leshéritiers, ontdûleur prospérité autravail servile.
Comme onl’amentionné
déjà, etmalgré ceque l’onapu croire, ila survécu souscette forme toutdroit venue del’Antiquité pendanttrès
longtemps.
EnItalie, durant laRenaissance, laplupart desgrandes familles, commeleursancêtres romains,
possèdent desesclaves –souvent blancs,d’ailleurs.
Dans Une
histoire del’esclavage 3
, Christian
Delacampagne rapportequeledernier acted’affranchissement d’unindividu danscequi estaujourd’hui laFrance
a été trouvé dansleRoussillon etdate de1612.
Pourtant, depuisunnoble éditdeLouis X leHutin, leroyaume se
targuait derendre saliberté àtous lesasservis quiyposeraient lepied.
C’estcequi explique enpartie, notons-le
par parenthèse, pourquoilesNoirs furent sirares dansl’Hexagone durantl’Ancien Régime : lesnégociants ne
voulaient pasêtre contraints sibêtement d’avoiràles relâcher.
Le monde musulman fut,luiaussi, unénorme consommateur d’esclaves.Onaparlé del’infâme traficquiravagea
l’Ouest del’Afrique.
Pendantprèsdemille ans,lesmarchands arabess’entendirent àen saigner lamoitié est.Les
routes passent parZanzibar, oùles bateaux viennent chercher lescargaisons quiiront alimenter lesmarchés des
grands portsdelapéninsule Arabique, oucoupent àtravers leSahara pourremonter jusqu’au Caire, ouau
Maghreb.
OlivierPétré-Grenouilleau donnedesdescriptions decette « traite transsaharienne » dontl’horreur n’a
rien àenvier àsa jumelle transatlantique : 3 000 kilomètres àpied, enlongue caravane, avecunpeu d’eau etune
poignée demaïs pour seulviatique.
Il existe aussi,dansl’islam, detrès nombreux esclavesblancs.Onnepeut oublier laterreur quecausèrent durant
trois siècles (xvi e
, xvii e
et xviii e
) les raids lancés parles« Barbaresques », commeonles appelait, cespirates
partis desrégences ottomanes deTunis oud’Alger pourrafler touslesmalheureux quiavaient letort desetrouver
sur lescôtes européennes delaMéditerranée.
Unhistorien américain, RobertDavis 4
, estime àun million le
nombre devictimes deces razzias, quel’onvendait auxlocaux ouque l’onenvoyait pourrirdansd’anciens
établissements debains –qui nous ontlaissé leurnom de bagnes –
en attendant leurhypothétique rachatpar
leurs familles européennes oupar des confréries chrétiennes entièrement dévoluesàcette tâche.
L’Empire ottomanavaitmême systématisé lerecours àl’esclavage dechrétiens pourenfaire labase deson
administration.
Touslesans, selon unepratique appeléele devchirme (la récolte ,
en turc), dessoldats
envoyés parlesultan parcouraient lesvillages chrétiens del’Empire –par exemple lesBalkans, ouencore le
pourtour delamer Noire –pour enlever ou,aumieux, acheter lesenfants quileur semblaient lesplus beaux.
Amenés àIstanbul, convertis, éduqués,ilsétaient destinés àformer l’armée d’élitedusouverain : lesjanissaires.
Le
principe étaitbrutal etsimple : encoupant lesenfants deleur religion etde leur famille, onétait sûrd’en faire des
serviteurs d’uneloyauté absolue.
Toutleurétait permis alors,eton enavu qui montèrent trèshaut.
Denombreux
grands vizirs,lesPremiers ministres del’empire, étaientd’anciens esclaves.Parunprocédé similaire àcelui des
janissaires, l’Égypteavaitsesmamelouks.
Ilsrégnèrent surlepays pendant dessiècles, jusqu’à leurdéfaite devant
les armées deBonaparte, àla fin du xviii e
.
Des esclaves dirigeant unpays, oudevenus lesplus proches conseillers
du monarque, touteschoses impensables enOccident àpareille époque.
Celan’enlève rienàl’immoralité du
système, niàsa cruauté : letraumatisme d’unenfant dedouze ansenlevé pardes soldats turcsdansles
montagnes serbesougéorgiennes nedevait pasêtre moindre quecelui deson lointain petitfrère, arraché pardes
marchands àson village d’Afrique.
Simplement lepetit Africain pouvaitêtresûrd’une chose dèscetinstant fatal :
lui ne deviendrait jamaislepremier conseiller duroi deFrance oud’Angleterre, etce, pour uneraison simple :
aucun Noirnelefut jamais.
Voilà lepoint oùnous voulions venir.Ilne faut pasfaire del’esclavage unmal propre àl’Occident del’époque
moderne.
Ilfaut sesouvenir descaractéristiques quisont lessiennes, etparticulièrement leracisme quienfut le
fondement.
Ildonne ausystème unedimension spécifique.
Ilne s’agit pasd’entrer icidans unedichotomie stupide
qui ferait detous lesBlancs dessalauds éternels, etdes Noirs prisdans leurensemble desmartyrs paressence.
Bien desBlancs, onenparlera bientôt, luttèrent ardemment contrel’horreur servile.Etl’immense majoritédes
victimes delatraite furent vendues pard’autres Noirs,lesroitelets etles marchands installéssurlacôte qui
tirèrent dececommerce desprofits immenses.
Lesfaits sont là,néanmoins : auxAntilles, àla Réunion, àl’île
Maurice (pourcequi concerne laFrance), l’histoire del’esclavage futl’histoire d’unécrasement desNoirs parles
Blancs, deladomination d’unecouleur depeau surunautre, et,comme danstouslessystèmes économiques, il
fut servi parune idéologie construite peuàpeu pour lejustifier.
ParcequelesBlancs avaient besoinparintérêt.
»
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