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Le clivage est alors facile à établir entre le point

Publié le 06/01/2014

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Le clivage est alors facile à établir entre le point d'achèvement atteint par la civilisation, confirmé par l'invention de l'écriture, et la phase considérée comme préparatoire, dont la durée est fonction du point de départ envisagé : maximaliste si l'on prend le point de vue des préhistoriens, très restrictif si l'on s'en tient à une définition étroite de l'historicité. Cette problématique, qui pouvait passer jusqu'il y a à peu près un demi-siècle pour une querelle d'école darwinienne, s'est trouvée prendre une dimension nouvelle lorsque le système de datation par rapport à l'érosion fluviale imaginé par Boucher de Perthes pour la vallée de la Somme fut appliqué par K. S. Sandford et A. J. Arkell à la vallée du Nil : l'association des vestiges de l'activité humaine aux coupes géologiques fournit un point d'accrochage aux données archéologiques qui, faute d'être stratifiées, ne pouvaient être hiérarchisées dans des systèmes de « sequence-dates », tels que Fl. Petrie les avait définis au début du siècle. Même si des nalyses plus récentes de paléoclimatologie et de géologie, comme celles de K. Butzer et de R. Saïd, ont modifié l'échelle des dates, il est apparu clairement dès avant la Seconde Guerre mondiale non seulement que a « préhistoire » des pharaons prenait une ampleur insoupçonnée, mais encore qu'elle présentait une variété si grande et, à bien des égards, des aspects si achevés qu'il était difficile de voir en elle seulement une étape préparatoire. A cela s'ajoute le fait que notre connaissance de la Préhistoire égyptienne est encore bien partielle depuis les travaux fondamentaux de G. Caton-Thompson dans le Fayoum et surtout l'oasis de Kharga ou de J. Hester et P. Hoebler dans celle de Dounkoul. Bien des éléments fournis par l'exploration systématique de la Basse Nubie ne sont pas totalement publiés, et de vastes zones ont encore beaucoup à nous apprendre, comme par exemple l'oasis de Dakhla, le Gebel Ouweinat et, plus à l'ouest, Koufra et le Darfour. Mais, sans aller aussi loin dans l'espace ou le temps, notre connaissance de la plus ancienne Egypte est encore très lacunaire, même si des travaux récents, en particulier dans le Delta, éclairent d'un jour nouveau les temps prédynastiques : il suffit de se rappeler pour s'en persuader que la découverte du site préhistorique d'Elkab par P. Vermeersch remonte seulement à 1968 ! L'importance de la période préhistorique comme histoire non écrite n'a réellement pris tout son poids que lorsque anthropologues et ethnologues ont fait connaître des civilisations comme celles de l'Amérique précolombienne ou, plus près de nous, d'Afrique noire. Le point de raffinement extrême atteint par certains empires en dehors de toute tradition écrite a conduit à réviser les critères sur lesquels établir le niveau d'une société. Cette modification des perspectives a, à son tour, favorisé l'extension des méthodes d'investigation des préhistoriens en dehors de leur champ propre : l'archéologie s'est plus souciée que par le passé de la chronologie relative des sites --, surtout dans la mesure où, après plus d'un siècle de relevés sur le terrain, les égyptologues, commençant à voir le terme de la longue collecte des inscriptions lapidaires et la raréfaction des trouvailles papyrologiques, se sont tournés vers des sites jusque-là négligés parce que moins riches en données écrites. L'exploitation des sites urbains entreprise ces vingt dernières années dans et hors de la vallée du Nil, le plus souvent sous la pression de l'extension forcenée des grandes agglomérations, donc sous forme de fouilles de sauvetage ou de surveys, a rendu obsolète la vieille opposition entre philologie et archéologie, au terme de laquelle seule la première est à même de rendre compte d'une civilisation, la seconde n'étant que la discipline ancillaire vouée aux basses besognes de collecte documentaire. Ouverture et modification de points de vue ont favorisé l'éclosion de nouvelles techniques en rendant plus rapides et plus sûres les datations : toutes les méthodes qui utilisent les analyses de radioactivité sont désormais bien connues du public (carbone 14, analyses isotopiques diverses, et, plus récemment, thermoluminescence ou recherche de traces de potassium-argon), ainsi que la dendrochronologie, la palynologie, etc. Ce sont aussi les procédures mêmes de la recherche qui ont évolué : photographie aérienne ou relevés topographiques et architecturaux par stéréophotogrammétrie et traitement informatique des données, désormais même axonométrie et reconstitutions d'édifices réalisées directement sur ordinateur à partir de celles-ci... Au-delà des progrès techniques, enfin, ces nouvelles méthodes de travail ont modifié la réflexion des chercheurs, et l'idée s'est fait jour qu'un tesson de poterie peut, parfois, peser aussi lourd dans la compréhension d'un fait qu'un grain de pollen ou un fragment de papyrus. L'historien se trouve donc, face à cette multiplication des sources, dans l'obligation d'ouvrir lui-même sa méthode à plusieurs disciplines. PREMIÈRE PARTIE Les époques de formation CHAPITRE PREMIER De la préhistoire à l'histoire Cadres généraux La civilisation égyptienne donne, au premier abord, l'impression d'un tout cohérent, auquel une durée hors du ommun confère une place particulière dans l'histoire de l'humanité. Elle semble apparaître, toute constituée, vers le milieu du IVe millénaire avant notre ère, pour se résorber seulement à la fin du IVe siècle après JésusChrist, et ces presque quarante siècles laissent une impression de stabilité immuable autour d'une institution olitique que rien, pas même les invasions, n'est venu remettre en cause. Le pays lui-même possède une unité géographique, dont on se prend à se demander si elle n'est pas la cause de cette pérennité : la longue bande de terres cultivables, étirée sur plus de mille kilomètres entre le 24e et le 31e degré de latitude Nord, que constitue le cours inférieur du Nil, taillé d'Assouan à la Méditerranée entre le plateau Libyque et la chaîne Arabique, elle-même prolongement du bouclier nubien. Cette vallée dont la largeur ne dépasse guère une quarantaine de kilomètres au plus, et qui fut, de l'Oldowayen -- c'est-à-dire il y a environ un million d'années -- jusqu'à l'époque historique, à travers les alternances climatiques qui firent progressivement du Sahel la zone aride actuelle, l'un des endroits de l'Afrique orientale les moins impropres à la vie. Encore convient-il de nuancer selon les époques l'image traditionnelle d'une vallée accueillante à l'Homme. L'approfondissement actuel des études de géomorphologie, ainsi que la prospection des zones désertiques et subdésertiques occidentales -- liée peu ou prou à l'origine au projet du haut barrage d'Assouan, puis à la recherche dans le désert Libyque de nouvelles terres susceptibles de compenser l'épuisement de celles de la Vallée -- ont passablement modifié la vision générale du passé de l'Égypte. Une meilleure connaissance des mécanismes généraux de la formation des sols, en particulier grâce aux travaux de R. Saïd et aux explorations de R. Schild et F. Wendorf, dont les résultats ont été publiés ces dernières années, a permis de nuancer les théories émises au début du siècle et encore couramment énoncées aujourd'hui dans les ouvrages généraux. On est, en particulier, revenu sur le rôle des dépressions lacustres du plateau Libyque. Les fouilles en cours dans les oasis auxquelles elles ont donné naissance permettent de commencer à mieux apprécier leur place dans la migration de la vie organisée vers la vallée du Nil : la théorie de l' « Urnil », qui se serait constitué après le retrait de la mer éocène entre l'erg Libyque et la vallée actuelle est aujourd'hui nuancée, de même que l'idée reçue d'une vallée à la luxuriance exubérante dans les premiers temps où les hommes entreprennent de la peupler. La formation Le moment de ce peuplement pose la question de la durée et de l'extension géographique de cette culture : comment délimiter un point de départ qui rende compte des origines de la civilisation pharaonique tout en respectant la nature propre d'une période antérieure beaucoup plus étendue ? La documentation suggère la fin de la période pluviale abbas-sienne, au Paléolithique moyen, c'est-à-dire vers 120 000 -- 90 000 avant notre ère. On considère en effet actuellement, pour schématiser grossièrement, que le peuplement du désert s'est fait à la suite de cette longue période, qui a, pour ainsi dire, ouvert cette zone à l'expansion de la culture acheuléenne qui se développait sur les bords du Nil. Celle-ci est le dernier maillon d'une chaîne dont la plus ancienne trace, retrouvée à proximité du temple rupestre d'Abou Simbel, remonte, selon toute vraisemblance, aux environs de 700 000 ans avant notre ère, c'est-à-dire à la fin du Pléistocène récent. À partir de l'Oldowayen, la présence humaine est donc continue dans la Vallée, au moins du Caire à Thèbes et Adaïma, en Égypte et en Nubie pour tout l'Acheuléen. Cette phase du Pléistocène récent constitue une cassure entre le Pluvial Pliocène (à partir de 10000000 avant notre ère), époque du Paléonil à la végétation entretenue par des précipitations régulières et intenses, et le Pluvial Edfon qui reproduit ces conditions climatiques, mais après une longue période d'hyperaridité qui dure environ un million d'années. Le Protonil, qui taille alors son cours parallèlement à celui du fleuve actuel à l'ouest de la future vallée pendant une centaine de milliers d'années, cède ensuite la place au Prénil qui accumule pendant un temps cinq fois plus long des sédiments éthiopiens. Les premiers habitants C'est au terme de ce long cheminement que l'on parvient au Pluvial abbassien : presque cinquante mille ans au cours desquels la culture acheuléenne a pu diffuser dans les zones occidentales. Si cette diffusion a réellement xisté, elle doit sans doute être regardée comme étant l'origine des connexions entre civilisations nilotique et fricaines, dont les états postérieurs conservent des traces, sans qu'il soit possible de déterminer si elles eflètent un échange, et, dans l'affirmative, le sens dans lequel celui-ci s'est effectué. Il est tentant, en effet, de oir là les versants opposés d'une même culture qui aurait cheminé par les voies de pénétration naturelles de la uture zone saharienne. La diffusion des langues nilo-sahariennes à partir de la haute vallée du Nil dans le Sahara oriental ou, plus près géographiquement de l'Égypte, les analyses palynologiques récemment effectuées dans les oasis du désert Libyque fournissent, de ce point de vue, un élément important d'appréciation : une flore qui pourrait correspondre à un développement commun. ette articulation est d'autant plus probable qu'elle correspond à la fin du passage, au tournant du centième millénaire avant notre ère, de l'homo erectus à l'homo sapiens, c'est-à-dire au fondement d'une culture ommune, représentée par un type humain dolichocéphale, dont l'évolution a pu être comparée à celle de ses ontemporains d'Afrique du Nord et d'Europe. Mais il convient de rester très mesuré dans ce genre 'affirmation, parce que le versant africain est encore fort mal connu, mais aussi parce que les données gyptiennes sont également loin d'être complètes. es dépressions lacustres du désert occidental fournirent aux cultures de la fin de l'Acheuléen et du Moustérien entre 50 000 et 30 000 avant notre ère), un environnement dans lequel on remarque la présence d'oeufs 'autruches et, vraisemblablement, de l'ancêtre de l'onagre. La fin de l'Acheuléen marque une révolution technologique nette -- le passage du biface à l'éclat --, durable et étendue en Afrique et correspondant bien aux nouvelles conditions de vie. Cette période s'étend jusque vers 30 000 avant notre ère et correspond aux ivilisations moustérienne et atérienne. C'est la fin d'une économie de chasse née dans la savane qui culmine vec la civilisation atérienne reposant sur l'utilisation de l'arc. Cette civilisation, largement répandue dans le aghreb et le sud du Sahara, survivant assez longtemps en Nubie soudanaise et dans les oasis du désert ibyque, pourrait bien être le terme de la base africaine commune évoquée plus haut. Chasseurs et agriculteurs ace à elle, le Khormusien -- du nom de Khor Musa à quelque distance de Ouadi Halfa, où on a retrouvé les races d'une civilisation qui naît au Paléolithique moyen, vers 45 000 avant notre ère pour disparaître au aléolithique récent, vers 20 000 -- est plus attiré par le fleuve. Ce dernier groupe, en effet, combine la ourriture de la savane -- boeuf sauvage, antilope, gazelle -- et le produit de la pêche, témoignant de 'adaptation au milieu nilotique de populations éloignées des zones sahariennes par la sécheresse. C'est à cette poque que la vallée du Nil devient le creuset où se fondent les éléments de la future civilisation des pharaons : u moment où le Subpluvial Makhadma cède la place à la phase aride du Néonil, qui dure encore de nos jours. a désertification des zones sahariennes semble avoir alors écarté les hommes même des dépressions des asis Libyques pour les repousser vers la Vallée. Ils constituent des groupes séparés, qui poursuivent chacun e son côté une évolution commencée en commun, parfois parallèle à des industries locales comme celles etrouvées au Gebel Souhan. e tournant suivant se situe de 15 000 à 10 000 avant notre ère : en Nubie, le Gemaïen a pris le relais du alfien, la culture de Dabarosa celui du Khormusien, et le passage au microlithe, déjà sensible dans la seconde oitié du Halfien, est définitivement accompli avec le Ballanien. a culture qadienne, qui représente plus de vingt sites, de la Deuxième Cataracte à Toshka, constitue une tape importante par son matériel lithique, qui tend à une technique lamellaire, mais aussi et surtout par les ignes d'évolution économique qu'il atteste. On y a relevé, en effet, des traces de « lustre des moissons » qui eraient la Fig. 1 Chronologie sommaire de la fin du Paléolithique récent. première attestation d'une tentative d'agriculture; les analyses palynologiques ont confirmé la présence de graminées et, au moins à Esna, d'orge sauvage. Cette expérience -- si l'on peut dire -- ne semble pas avoir survécu au tournant du Xe millénaire. Il est aléatoire d'avancer une hypothèse, mais peut-être doit-on supposer que l'expansion démographique qui a accompagné cette évolution a amené la domination d'une culture guerrière, qui se serait développée au détriment des agriculteurs. Il n'en reste pas moins que cette première forme d'agriculture, si fruste qu'elle ait été, apparaît sur les bords du Nil à une époque où elle n'est pas connue au Proche-Orient. Mais cela ne suffit pas pour affirmer une origine proprement nilotique, ni pour remettre en cause l'origine proche-orientale du type de société agricole qui s'implantera à la fin de l'Épipaléolithique dans la Vallée. La qualité du matériel livré par ces sites, le type des sépultures -- tant l'architecture que la séparation, pour ne prendre qu'un exemple, des tombes d'enfants de celles des adultes (Hoffman : 1979, 94) -- et ce que ces éléments permettent d'appréhender du style de vie de leurs occupants présentent bien des points communs avec les civilisations du Néolithique. Le lien avec cette dernière époque a été fourni par les découvertes de P. Vermeersch sur le site d'Elkab : un chaînon contemporain du passage de l'Arkinien au Sharmakien à proximité de Ouadi Halfa et Fig. 2 Principaux sites paléolithiques de Nubie. du Qarounien dans le Fayoum, qui montre l'adaptation au milieu nilotique d'une culture qui reste celle de chasseurs devenus pêcheurs mais non agriculteurs. Le passage à l'agriculture se fait dans des conditions encore peu claires, vers le milieu du VIe millénaire : peut-être sous l'influence du Proche-Orient, malgré la tentative antérieure et bien que la première domestication animale paraisse plutôt africaine. Ce passage est assez étendu dans le temps, et des recherches récentes comme le survey conduit en Thébaïde par l'université de Cracovie et l'Institut allemand du Caire (Ginter, Kozlowski, Pawlikowski :

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