Jadis, quand J'avais six ou sept ou huit ans, il m'arrivait d'entrer dans une pièce et que certaines personnes se mettent à pleurer.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
plus
quen'importe quid'autre, cequi explique sansaucun doutepourquoi samort aété le
premier événement dontjegarde dessouvenirs précis,mêmes'ilest vrai que cessouvenirs
sont aumieux desfragments (lemotif pisciforme etondulant ducarrelage surlesmurs dela
salle d'attente del'hôpital ;ma mère medisant quelque chosesurleton del'urgence, quelque
chose d'important, mêmes'ilallait falloir quarante annéespourmesouvenir finalement dece
que c'était ;une émotion complexe, faitededésir ardent, depeur etde honte ;le son del'eau
d'un robinet dansunlavabo –,lamère dema mère n'était pasnée àBolechow etétait en
réalité laseule demes quatre grands-parents àêtre néeauxÉtats-Unis :fait qui, ausein d'un
groupe degens désormais disparu,luiavait autrefois donnéuncertain cachet.
Maissonmari,
beau etdominateur, mongrand-père, Grandpa, était
néetparvenu àla maturité àBolechow,
lui, ses trois frères etses trois sœurs.
Etc'est pour cette raison qu'ilavait droitàun
emplacement danscette section particulière ducimetière MountJudah.Ilyest, luiaussi,
maintenant enterré,avecsamère, deuxdeses trois sœurs, etun deses trois frères.
L'autre
sœur, mèreférocement possessived'unfilsunique, asuivi cefils dans unautre Etatets'y
trouve enterrée.
Desdeux autres frères, l'un(dumoins c'estcequ'on nousavait toujours dit)
avait eulebon sens etl'anticipation d'émigreravecsafemme etses jeunes enfants dela
Pologne àla Palestine danslesannées 1930et,résultat decette sagedécision, ilavait été
enterré, lemoment venu,enIsraël.
Lefrère aîné,quiétait aussi leplus beau dessept frères et
sœurs, leplus adoré etadulé, le prince de
lafamille, étaitvenu jeune homme àNew York, en
1913.
Mais,après uneannée maigre passéelà-baschezunetante etun oncle, ilavait décidé
qu'il préférait Bolechow.
Etdonc, aprèsuneannée auxEtats-Unis, ilétait rentré – unchoix qu'il
savait, puisqu'il avaitfinipar trouver lebonheur etlaprospérité, êtrelebon.
Iln'a pas de
tombe dutout.
Ces vieux hommes et
ces vieilles femmes qui,parfois, àma simple apparition semettaient à
pleurer, cesvieilles personnes juivesdontilfallait embrasser lesjoues, avecleurs bracelets de
montre enfaux alligator etleurs plaisanteries salacesenyiddish, etleurs lunettes àmontures
en plastique noir,etleplastique jaunideleur prothèse auditivederrière l'oreille,avecleurs
verres remplis àras bord dewhiskey, avecleurs crayons qu'ilsvousoffraient àchaque foisqu'ils
vous voyaient etqui portaient lesnoms debanques oudeconcessions automobiles, avecleurs
robes évasées encoton imprimé etleurs troisrangs deperles enplastique blanc,etleurs
boucles d'oreilles encristal transparent, etleur vernis rougequibrillait etfaisait résonner leurs
ongles longs,silongs, quand ellesjouaient aumah-jong ouàla canasta, ouencore serraient les
longues, silongues, cigarettes qu'ellesfumaient – cesvieux hommes etces vieilles femmes,
ceux quejepouvais fairepleurer, avaientcertaines autreschoses encommun.
Tousparlaient
avec unaccent particulier, unaccent quim'était familier parcequec'était celuiquihantait
légèrement, maisdefaçon perceptible, lespropos demon grand-père :pas trop prononcé,
puisque aumoment oùj'ai été assez âgépour remarquer cegenre dechoses, ilsavaient vécu
ici, enAmérique, pendantundemi-siècle ;mais ilyavait encore unerondeur révélatrice, une
affectation danscertains motsavecdes r et
des l ,
comme chéri ou fabuleux, une
façon de
mordre dansle t de
mots comme terrible, et
de transformer en f le v d'autres
motscomme
(un mot quemon grand-père, quiaimait raconter deshistoires, utilisaitsouvent) vérité.
C'estla
férité ! disait-il.
Cesvieux Juifsavaient tendance às'interrompre souventlesuns lesautres au
cours deces réunions oùeux etnous envahissions lasalle deséjour malaérée del'un d'eux, à
couper laparole àcelui quiracontait unehistoire pourapporter unecorrection oupour
rappeler cequi s'était vraiment passéaucours decette période fabullleuse ou
(plus.
»
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