issue.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
23
Yvan avaitconsacré unepartie deson dimanche àétudier lesminces documents quesonclient
avait transmis àChristie’s.
Àbord duvol AF857, unehôtesse passaentrelesrangées defauteuils et
proposa unpetit déjeuner.
L’odeurducafé etlavue desviennoiseries tentèrentYvan.Ildéplia sa
tablette.
L’avionvenaitdequitter Paris.Dansuneheure, ilatterrirait àBordeaux et,en finde matinée, il
serait dansunevilla dubassin d’Arcachon.
Yvann’avait pasprévu dedormir surplace, maisletravail qui
l’attendait neluipermettrait pasderevenir àParis danslajournée.
L’hôtesse vintrécupérer leplateau.
Il
la remercia d’unclignement d’yeuxavantdel’interroger surlaconnexion WiFi.Lacompagnie faisait
payer leservice, maislaligne fonctionnait.
Ilouvrit sonordinateur portableetconsulta sesmessages.
Rien deneuf, riendeMarion.
Ellenel’avait pasappelé avantsondépart etne luiavait envoyé aucun
texto.
Ilcommençait às’agacer deses silences, ill’aurait voulue disponible àtout moment.
Çaaussi,
c’était unsigne, etpas besoin d’êtreexpert encryptologie pourendéchiffrer lesens.
Marion luimanquait,
sa vitalité, sesreparties, etmême sessautes d’humeur.
Ellesemontrait parfoisimprévisible, happéepar
un monde intérieur qu’ilavait peine àdeviner tantellerestait discrète surcette question.
Dèsqu’il s’en
approchait, ellelerepoussait gentiment, paruntrait d’humour.
Saperspicacité l’étonnaitencore.Avantde
l’associer àcette enquête, ilavait consulté ledossier laconcernant àla Sorbonne.
Cequ’il avait appris au
sujet deson parcours universitaire l’avaitrassuré.
Marionétaitunebrillante étudiante, etelle était
devenue unepartenaire plutôtqu’une assistante.
Maissonattitude ledéroutait parfois.Illa revoyait le
harcelant dequestions, vibrantedecuriosité, etfuyant lessiennes dèsque celles-ci portaient surdes
sujets sensibles.
Ilfallait admettre qu’ilrépugnait également àparler delui.
Savie affective évoquait à
présent aumieux uncaisson desurvie, aupire une centrifugeuse àsouvenirs quil’essorait jusqu’àl’os.
Que venait faireunegamine devingt-deux ansdans cettehistoire ? Ilavait l’âge deces types quicroient
arrêter lacourse dutemps encouchant avecdesnymphettes, etcette idéeluirépugnait.
MaisMarion
avait-elle unâge ? Àla voir auvolant deson bolide etdans sesbaskets roses,oui.Àla regarder
vraiment, àla surprendre danssespensées, non.Elleavait dûprendre d’uncoup vingtansd’avance sur
ses copines, çaselisait aufond deses yeux etdans cerire fêlé quisortait d’elletropsouvent.
Ets’ils
s’étaient trouvés,touslesdeux ?
Yvan referma l’ordinateur etplongea unemain dans samallette pourensortir undossier.
KarelVan
Zylstra.
Iln’arrivait décidément pasàmémoriser cenom.
Ceseptuagénaire résidaitauCap-Ferret depuis
une vingtaine d’années.
C’étaitunentrepreneur hollandaisquiavait faitfortune danslescomposants
céramique.
Audébut desannées 90, ilavait revendu sonaffaire pourenmonter uneautre, toutaussi
rentable.
Ilconstruisait descoques pourdesvoiliers derégate.
Sanouvelle compagne, devingt ansplus
jeune, lesecondait pourlapartie commerciale.
Récemment,unsouci desanté avaitremis lespendules à
l’heure leconcernant.
KarelVanZylstra sepréoccupait desasuccession.
Lapropriété qu’iloccupait toute
l’année àla pointe duCap-Ferret contenaitdenombreux trésors,accumulés depuisdesannées.
Quelques-uns deses ancêtres avaientfaitpartie desguildes marchandes d’Amsterdam.
D’autres
s’étaient enrichisdanslesplantations desIndes néerlandaises.
Ilavait hérité detableaux etd’objets de
grande valeurqu’ilavait tenuàconserver prèsdelui.
Uneheure aprèssonatterrissage àl’aéroport deMérignac, Yvanpritune voiture delocation pour
rejoindre lebassin.
Laroute filait,toute droite, entrelespins.
Ill’avait empruntée dixans plus tôt,alors
que Lise attendait leurenfant.
Ilralentit sonallure, laissant pourunefoisaffleurer sessentiments.
L’onde
de chagrin l’envahirait bientôt,maiscepaysage étal,traversé delongues perspectives, luirappelait les
grands espaces américains.
Auloin s’ouvrait lapromesse del’océan.
Uncoupé Honda ledépassa à
grande vitesseetse rabattit brusquement devantluiavant des’éloigner dansunrugissement perceptible
depuis l’habitacle.
Yvanjetaunœil vers lecompteur, ilse traînait à70 kilomètres-heure surune voie
autorisée à110.
Sonclient risquait del’attendre, ilaccéléra ànouveau.
Lanostalgie, plustard.
Après avoirsuividessentiers sablonneux, bordésdevillas ensevelies souslesglycines etles
bougainvilliers, ilbifurqua dansuneimpasse quilemena devant unegrille sécurisée.
Elles’ouvrit
doucement devantlui,illa franchit aupas avant d’amorcer unraidillon etde venir segarer àcôté d’une
Porsche etd’une antique Méhari.
Lavue était dominante.
Ilne put s’empêcher d’admirerlemiroir
scintillant deseaux qu’encadraient lesramures d’uncèdre etd’un pindeVirginie.
— Je viens toujours chercher mesinvités surleparking.
Ilscontemplent lepaysage eten oublient
de rentrer, lançalepropriétaire deslieux.
— Veuillez m’excuser.
Bonjour,monsieur VanZylstra.
— Appelez-moi Karel,s’ilvous plaît.
— Ce pointdevue estsuperbe.
— Il l’est d’autant plusqu’ilestappelé àdisparaître, commenous.LeCap n’est qu’une languede
sable formée parlescourants marins.Voicitroissiècles, ceparadis n’existait pasencore.
Etdans trois
siècles, lamer l’aura denouveau englouti.Jevous enprie, suivez-moi.
Si lamaison respectait lescanons architecturaux duFerret, avecsavéranda destyle colonial etses.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'ennui est-il sans issue ?
- La science est-elle issue de la technique ?
- La science est-elle issue de la technique ?
- La science est-elle issue de la technique ?
- Académie des beaux-arts Classe de l'Institut, puis Académie des beaux-arts depuis 1816, elle est issue de la réunion post-révolutionnaire des Académies royales de peinture et de sculpture (Mazarin, 1664) et d'architecture (Colbert, 1671).