Il aimait considérer les textes des Pères de l'Église les uns après les autres pour en faire éclater les contradictions.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
l’Église
lecomprenne.
Dansunpremier temps,lesoppositions entrethéologiens sontfortes etses thèses sont
condamnées.
Puisilest canonisé (en1323) etau xviii e
est fait docteur del’Église, letour deforce méritait cela.
On l’acompris, lascolastique n’avaitdoncriend’une sclérose del’esprit etelle aurait pualler bienplusloinencore
dans lesens delaliberté.
Onlesait aujourd’hui d’unefaçonassezparadoxale.
En 1277, Étienne Tempier, évêquedeParis, sifflelafin decequi peut nous apparaître commeunelongue et
joyeuse partie.Ilédicte untexte quicondamne solennellement, uneparune, 219thèses.
Désormais, plusaucun
chrétien n’auraledroit deprofesser ceshorreurs forcément inspiréesparlediable.
Cetexte esttrès connu, ettrès
souvent cité,onyvoit unexemple patentdel’intolérance ducatholicisme médiéval.Elleestindiscutable.
Pourquoi, pourunefois, nepas renverser lepropos ? L’historien DidierFoucault danssonexcellente Histoire
du
libertinage 2
nous metsurcette piste.
Sil’évêque condamne despensées àses yeux abominables, c’estbienque
certains lesprofessaient.
Quellessont-elles donc ?Citonsquelques-unes deshorreurs qu’ildénonce : « Lareligion
chrétienne empêchedes’instruire », « Seulslesphilosophes sontlessages dumonde », « Iln’y aaucune question
disputable parlaraison quelephilosophe nedoive disputer ».
Incroyable ! Oncroirait desphrases sortiesdela
plume deVoltaire ouDiderot.
Grâceàcelui quilesainterdites en1277, ontient donc lapreuve irréfutable que
déjà, danscexiiie
siècle passionnant, certainsosaientlespenser.
Le
grand schisme d’Occident Projetons-nous
d’unsiècle encore pourmentionner undernier pointquel’onaborde rarement souscetangle :
l’affaire dugrand schisme d’Occident.
Nousvoilàloindelathéologie.
D’ailleurs,levent deliberté quel’onvient
d’évoquer pourlexiiie
siècle estbien mort auxive
.
Ce siècle estcelui delaguerre deCent Ans,delaGrande
Peste, cefléau monstrueux quiaemporté, estime-t-on, lequart delapopulation d’Europe.Onn’a plus quefaire
d’Aristote etdes philosophes.
L’époqueestaudolorisme, auxprocessions deflagellants quiveulent revivredansle
sang lapassion duChrist, auxstatues macabres rongéesdevermine qu’onplacesurlestombeaux.
Etletemps est
pris àd’autres vieillesoccupations plusterrestres, larivalité entrelespapes etles rois.
On s’en souvient, l’affairesenoue sousPhilippe leBel.
Après avoirréglé soncompte àun pontife, morttraumatisé
après larencontre muscléeavecsonambassadeur àAgnani, leroi deFrance, devenu leplus grand monarque
d’Occident, trouvecommode d’avoirlapapauté souslamain.
En1309, unpremier pape,évêque deBordeaux,
s’installe defaçon temporaire auxportes duroyaume deFrance, àAvignon.
Letemporaire dureralongtemps.
Je
vous épargne lesdétails desalliances, contre-alliances, magouillesfinancières etassassinats quireprésentaient
l’idéal évangélique deces temps-là.
Rappelons simplement quelapièce vireàla tragi-comédie en1377-1378.
Le
pape décide derentrer àRome.
Ilmeurt.
Unnouveau papeestélu dans laVille Éternelle ; manquedechance, un
autre adéjà étééluqui s’est installé àAvignon.
Deuxtiares pourunseul trône, celafaitune detrop : c’estle
« grand schisme d’Occident ».
Làencore lespéripéties sontnombreuses, àun moment onverra même troispapes,
c’est-à-dire deux« antipapes » etun vrai.
Quipeut direlequel ? C’estlàoù seglisse uneinnovation théologique
peu connue etassez passionnante, pourtant :leconciliarisme.
Elle estsimple àrésumer.
En1414, lassés parleschisme, certainspuissants (enl’occurrence undes papes et
l’empereur) ontl’idée deréunir àConstance ungrand concile, c’est-à-dire uneréunion detous lesévêques, pour
sortir delacrise.
Effectivement, l’assembléemetfinauschisme etdésigne unpape.
Elleémet aussiunedoctrine :
c’est delaréunion detous lesévêques quedoit désormais sortirlavérité delafoi, etcette réunion aune autorité
supérieure aupape lui-même.
Toutcelasera peaufiné, codifiélorsdesconciles suivants, àBâle etdans d’autres
villes (1431-1449).
Pardes astuces diverses, lespapes auront raisondesdécisions quiyont étéprises.
Ils
continueront àdominer l’histoire ducatholicisme.
Soncours aurait-il étéchangé sila tentative d’instaurer une
forme depluralisme danscetunivers autocratique avaitréussi ? Risquons-nous àle penser.
1
« Où estlatrès sage Hélois, /Pour quichastré futetpuis moyne /Pierre Esbaillart àSaint Denis ? /Pour sonamour eutceste essoyne. » 2
Perrin, 2007..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Daniélou, Jean Daniélou, Jean (1905-1974), jésuite, théologien et cardinal français, dont l'oeuvre a fortement contribué à faire connaître la pensée des pères de l'Église et les débuts du christianisme.
- Le retour de Platon Plotin et les Pères de l'Église
- Pères de l'Église - religion.
- Augustin (Aurelius Augustinus, saint), 354-430, né à Tagaste (Numidie), le plus célèbre des Pères de l'Église latine.
- LES PÈRES DE L'ÉGLISE