garder plus de souvenirs qu'elles ne le feraient dans des conditions normales.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
59
Villaverde
seréveilla dansunegrande piècetrèsclaire.
Un regard circulaire luiapprit qu’ilsetrouvait dansunesorte degymnase.
Ungymnase privé,luxueux.
Un
cross-trainer, unrameur etun Power Plates’alignaient lelong d’une paroivitrée.
Al’extérieur, ilvoyait lamer
miroiter auclair delune.
Ilcomprit qu’ilétait dans unevilla dufront demer.
Cequi aurait étégénial s’iln’avait eu
les poignets etles chevilles liésparduruban adhésif àdes barres degymnastique d’acierfixéesaumur.
Il était nujusqu’à lataille.
Il ferma lesyeux, etessaya deserappeler cequi s’était passé.
Ilsl’avaient drogué,ille savait.
El Brujo.
Ce taré l’avait enlevé chezlui.Ce n’était pasévident, pourtant.
Lesadresses personnelles desagents du
FBI sont bien protégées.
Iln’est pasfacile d’obtenir cegenre d’informations.
Pasfacile dutout.
Puisilrepensa
aux événements delajournée, ettout semit enplace.
Lecentre commercial, àMission Valley.Abandonner
Torres surplace, armé,toutcela semblait inutileetaléatoire.
Maiscen’était qu’une diversion.
Ilsdevaient l’avoir
suivi àpartir delà-bas.
Ilétait pourtant attentifauxfilatures –c’était devenu machinal.
Ilcomprit soudain qu’ils
devaient avoirtracé savoiture.
Biensûr.Quelqu’un s’étaitglissésouslevéhicule etyavait fixéuntraqueur.
Non, ilsn’avaient mêmepasbesoin decela.
Ilsuffisait decoller untéléphone portablesursavoiture etde le
tracer.
Mais pourquoi lui?
Reilly.
C’est àReilly qu’ilsenvoulaient.
Ilsavaient prévudeposer untraqueur sursavoiture, maisilsn’avaient
pas pu,carilsétaient arrivésensemble, danslavoiture deVillaverde.
Ce qui avait signé sonarrêt demort.
Iln’avait aucundoutelà-dessus.
En cet instant, ilse ditqu’il était bien dene pas avoir d’enfants.
Nimême unemaîtresse.
Il essaya d’arracher lesmorceaux d’adhésif,n’yparvint pas.Lesbras encroix etles jambes écartées, il
était comme uninsecte collésurunpapier tue-mouches.
Il yavait autre chose.
Ilavait latête lourde.
Ilse sentait lourd… etlent.
Comme sises réflexes s’étaient
émoussés.
Villaverde entenditunbruit depas.
Iltendit lecou pour regarder danscettedirection.
Unhomme entra.Il
était élégamment vêtu–chemise noireàcol ouvert, pantalon griscoûteux, piedsnusdans desmocassins de
cuir.
Sescheveux noirsgélifiés étaientramenés enarrière.
Il tenait àla main uncouteau courtetlarge àlame recourbée.
Quand ilse dressa devant Villaverde, celui-cicroisasonregard eteut unfrisson.
L’homme lefixait avec
intensité, impénétrable.
Ceregard semblait aussiaiguqu’un laser,maisconscient detout cequi l’entourait.
Des
yeux quipourraient anéantirtoutcequ’ils voyaient, sanslamoindre traced’émotion.
Villaverde ylut un signe dereconnaissance subliminal,commesil’autre luidisait :« Oui, c’est moi.»Et
Villaverde sut,àcoup sûr,qu’il avait Navarro enface delui.
— Tu necrois pasque tuvas…
— Chut…
L’homme lefittaire, deuxdoigts dressés devantseslèvres.
Il leva soncouteau.
Lentement, ille fitglisser surlapeau nuedeVillaverde.
Ilcreusa uneentaille
superficielle, ungrand cercle rougesurlalargeur deson torse.
Villaverde s’interditdehurler.
Ilne donnerait pascette satisfaction au pinche
madre .
Navarro lecontempla,
le plus calmement dumonde.
Ilse remit àlacérer lapoitrine deVillaverde, traçantdeslignes horizontales et
verticales quiquadrillaient lecercle etformaient undessin parfaitement symétrique.Puisilrecula, admira son
œuvre etessuya proprement lalame deson couteau avecunmorceau d’étoffequ’ilavait sortidesapoche.
Villaverde eutl’impression queladouleur luifaisait perdre connaissance.
Ilne put s’empêcher deregarder
sa poitrine déchirée.
Sontorse n’était plusqu’un affreux magma dechairs sanguinolentes.
Lesang coulait
abondamment, imprégnaitsonpantalon, gouttaitdeses orteils surleplancher vernidugymnase.
Maislalame
du couteau n’avaittouché aucune artère,aucunorgane.
Il ne comprenait paspourquoi Navarroletorturait avantmême d’avoir prislapeine del’interroger.
Villaverde s’étaittoujours demandé commentilréagirait enpareille situation.
Ilsavait qu’ilnedirait rien,quelle
que soitladouleur qu’onluiinfligerait.
Ilmourrait detoute façon, iln’y avait aucun doutelà-dessus.
Maisil
existait plusieurs façonsdevivre sesderniers instants.
Ilavait beaucoup tropmalpour semettre encolère, etil
était inutile desedéfouler enhurlant.
Ilavait toutdemême quelque choseàdire.
L’honneur l’exigeait.
— Quoi quetucherches, tusais parfaitement quetufiniras comme lesautres, hein?Tôt outard, sinous
ne t’arrêtons pas,c’est undetes collègues narcosquilefera, ettufiniras comme toutlemonde, transformé en
bouffe pourchiens.
Navarro inclinalatête, avec unsourire sansjoie.Ilsortit desapoche unebourse decuir dont ildénoua le
lacet.
Iltint labourse enl’air, presque avecrespect, etmurmura quelques motsdans unelangue queVillaverde
ne comprenait pas.Puis ilregarda fixement sonprisonnier.
— Libère tonesprit, etprends dubon temps..
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