Fig. 28 - Peinture bororo représentant un officiant, des trompettes, un
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
du
palmier buriti » ; Arore, « ceux
delachenille » ; Paiwe, « ceux
duporc-épic » ; Apibore (sens
douteux) (3)
… Au fur et
à mesure deleur comparution, lesordres dulendemain sontcommuniqués auxintéressés, toujourssurceton élevé qui
porte lesparoles jusqu’aux hutteslesplus éloignées.
Àcette heure, celles-ci sontd’ailleurs vides,oupresque.
Avecla
chute dujour quiéloigne lesmoustiques, tousleshommes sontsortis deleurs demeures familialesqu’ilsavaient rejointes
aux environs de6heures.
Chacunportesoussonbras lanatte qu’ilvaétendre surlaterre battue delagrand-place ronde
située surlecôté ouest delamaison masculine.
Onsecouche, entouré d’unecouverture decoton teinte enorangé par
un contact durable aveclescorps enduits d’urucu etoù leService deProtection reconnaîtrait difficilementundeses
présents.
Surlesnattes plusgrandes, ons’installe àcinq ousix etl’on échange peudeparoles.
Quelques-uns sontseuls ;
on circule entretouscescorps allongés.
Àmesure quesepoursuit l’appel,leschefs defamille nommés selèvent l’un
après l’autre, reçoivent leurconsigne etretournent s’étendre,levisage auxétoiles.
Lesfemmes aussiontquitté les
huttes.
Ellesforment desgroupes surlepas deleur porte.
Lesconversations sefont deplus enplus rares, et
progressivement, conduitsd’abordpardeux outrois officiants ets’amplifiant aufur etàmesure desarrivées, on
commence àentendre, aufond delamaison deshommes, puissurlaplace elle-même, leschants, lesrécitatifs etles
chœurs quidureront toutelanuit.
Le mort appartenait àla moitié cera ;c’étaient donclesTugaré quiofficiaient.
Aucentre delaplace, unejonchée de
feuillages figuraitlatombe absente, flanquée àdroite etàgauche pardes faisceaux deflèches devantlesquels desbols de
nourriture avaientétédisposés.
Lesprêtres etchanteurs étaientunedouzaine, laplupart coiffésdularge diadème de
plumes auxcouleurs éclatantes qued’autres portaient pendantsurlesfesses, au-dessus del’éventail rectangulaire en
vannerie couvrant lesépaules etretenu parune cordelette passéeautourducou.
Lesuns étaient complètement nuset
peints soitenrouge uniforme ouannelé, soitennoir, oubien recouverts debandes deduvet blanc ; d’autres portaient
une longue jupedepaille.
Lepersonnage principal,incarnant lajeune âme,paraissait dansdeux tenues différentes selon
les moments : tantôtvêtudefeuillage vertetlatête surmontée del’énorme coiffurequej’aidéjà décrite, portantàla
façon d’une trane decour lapeau dejaguar qu’unpagesoutenait derrièrelui ;tantôt nuetpeint ennoir avec pour seul
ornement unobjet depaille semblable àde grosses lunettes videsluientourant lesyeux.
Cedétail estparticulièrement
intéressant enraison dumotif analogue auquelonreconnaît Tlaloc,divinité delapluie del’ancien Mexique.
LesPueblo
de l’Arizona etdu Nouveau-Mexique détiennentpeut-êtrelaclé del’énigme ; chezeux,lesâmes desmorts se
transforment endieux delapluie ; etpar ailleurs ilspossèdent diversescroyances relativesàdes objets magiques
protégeant lesyeux etpermettant àleur possesseur deserendre invisible.
J’aisouvent remarqué queleslunettes
exerçaient unvifattrait surlesIndiens sud-américains ; àtel point que,partant pourmadernière expédition, j’emportai
toute uneprovision demontures sansverre quieut ungrand succès auprès desNambikwara, commesides croyances
traditionnelles prédisposaient lesindigènes àaccueillir unaccessoire aussiinusité.
Leslunettes depaille n’avaient jamais
été signalées chezlesBororo, maiscomme lapeinture noiresertàrendre invisible celuiquis’en estenduit, ilest
vraisemblable queleslunettes remplissent lamême fonction, quiestaussi laleur dans lesmythes pueblo (4)
.Enfin, les
butarico, esprits
responsables delapluie chezlesBororo, sontdécrits avecl’apparence redoutable–crocs etmains
crochues –qui caractérise ladéesse del’eau desMaya.
Pendant lespremières nuits,nousavons assisté auxdanses dedivers clanstugaré : ewoddo, danse
deceux du
palmier ; paiwe, danse
deceux duporc-épic.
Danslesdeux cas,lesdanseurs étaientcouverts defeuillage delatête aux
pieds etcomme onnevoyait pasleur visage, celui-ci étaitimaginé plushaut, auniveau dudiadème deplumes qui
dominait lecostume, sibien qu’on prêtait involontairement auxpersonnages unetaille démesurée.
Dansleursmains, ils
tenaient deshampes depalmes oudes bâtons ornésdefeuilles.
Ilyavait deux sortes dedanses.
D’abord lesdanseurs se
produisaient seuls,répartis endeux quadrilles sefaisant faceauxextrémités duterrain, courant l’unvers l’autre encriant
« ho ! ho ! »ettourbillonnant sureux-mêmes jusqu’àcequ’ils aientéchangé leurspositions initiales.Plustard, des
femmes s’intercalaient entrelesdanseurs masculins etc’était alorsuneinterminable farandolequiseformait, avançant
ou piétinant, conduitepardes coryphées nus,marchant àreculons etagitant leurshochets tandisqued’autres hommes
chantaient accroupis.
Trois jours après, lescérémonies s’interrompirent pourpermettre lapréparation dusecond acte :ladanse du
mariddo.
Des
équipes d’hommes allèrentdanslaforêt chercher desbrassées depalmes vertesquifurent d’abord
effeuillées puissectionnées entronçons detrente centimètres environ.Àl’aide deliens grossiers faitsdefanes, les
indigènes unirentcestronçons, groupéspardeux outrois, àla façon desbarreaux d’uneéchelle souple, longuede
plusieurs mètres.Onfabriqua ainsideux échelles inégales, quifurent ensuite enroulées surelles-mêmes formantdeux
disques pleins,posésdechant ethauts de1,50 menviron pourleplus grand, etde 1,30 mpour l’autre.
Ondécora les
flancs defeuillage maintenu parunréseau decordelettes decheveux tressés.Cesdeux objetsfurent alors
solennellement transportésaumilieu delaplace, l’unàcôté del’autre.
Cesont les mariddo, respectivement
mâleet
femelle, dontlaconfection incombeauclan ewaguddu.
Vers
lesoir, deux groupes comprenant chacuncinqousix hommes partirent, l’unvers l’ouest, l’autreversl’est.
Je
suivis lespremiers etj’assistai, àune cinquantaine demètres duvillage, àleurs préparatifs dissimulésaupublic parun
rideau d’arbres.
Ilsse couvraient defeuillage àla manière desdanseurs etfixaient lesdiadèmes.
Maiscette fois,la.
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