femme adulte pour cinq hommes), ils avaient été particulièrement attentifs au compte rendu d'Abaitara jeune, qui ignalait un excédent de femmes dans le village inconnu.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
XXXII
EN FORÊTDepuis
l’enfance, lamer m’inspire dessentiments mélangés.Lelittoral etcette frange périodiquement cédéeparle
reflux quileprolonge, disputantàl’homme sonempire, m’attirent parledéfi qu’ils lancent ànos entreprises, l’univers
imprévu qu’ilsrecèlent, lapromesse qu’ilsfontd’observations etde trouvailles flatteusespourl’imagination.
Comme
Benvenuto Cellini,enversquij’éprouve plusd’inclination quejen’en aipour lesmaîtres du quattrocento, j’aime
errersur
la grève délaissée parlamarée etsuivre auxcontours d’unecôteabrupte l’itinéraire qu’elleimpose, enramassant des
cailloux percés,descoquillages dontl’usure aréformé lagéométrie, oudes racines deroseau figurant deschimères, et
me faire unmusée detous cesdébris : pourunbref instant, ilne lecède enrien àceux oùl’on aassemblé deschefs-
d’œuvre ; cesderniers proviennent d’ailleursd’untravail qui–pour avoir sonsiège dansl’esprit etnon au-dehors –n’est
peut-être pasfondamentalement différentdecelui àquoi lanature secomplaît.
Mais n’étant nimarin, nipêcheur, jeme sens léséparcette eauquidérobe lamoitié demon univers etmême
davantage, puisquesagrande présence retentitendeçà delacôte, modifiant souventlepaysage danslesens de
l’austérité.
Ladiversité habituelle àla terre, ilme semble seulement quelamer ladétruit ; offrantàl’œil devastes
espaces etdes coloris supplémentaires ; maisauprix d’une monotonie quiaccable, etd’une platitude oùnulle vallée
cachée netient enréserve lessurprises dontmonimagination senourrit.
Au surplus, lescharmes quejereconnais àla mer nous sontaujourd’hui refusés.Commeunanimal vieillissant dontla
carapace s’épaissit, formantautourdeson corps unecroûte imperméable quinepermet plusàl’épiderme derespirer et
accélère ainsileprogrès desasénescence, laplupart despays européens laissentleurscôtes s’obstruer devillas, d’hôtels
et de casinos.
Aulieu que lelittoral ébauche, commeautrefois, uneimage anticipée dessolitudes océaniques, ildevient
une sorte defront oùles hommes mobilisent périodiquement toutesleursforces, pourdonner l’assaut àune liberté dont
ils démentent l’attraitparlesconditions danslesquelles ilsacceptent deselaravir.
Lesplages, oùlamer nous livrait les
fruits d’une agitation millénaire, étonnantegalerieoùlanature seclassait toujours àl’avant-garde, souslepiétinement
des foules neservent plusguère qu’àladisposition etàl’exposition desrebuts.
Je préfère donclamontagne àla mer ; etpendant desannées cegoût arevêtu laforme d’unamour jaloux.
Jehaïssais
ceux quipartageaient maprédilection, puisqu’ilsmenaçaient cettesolitude àquoi j’attachais tantdeprix ; etjeméprisais
les autres, pourquilamontagne signifiaitsurtoutdesfatigues excessives etun horizon bouché, doncincapables
d’éprouver lesémotions qu’ellesuscitait enmoi.
Ileût fallu quelasociété entière confessât lasupériorité desmontagnes,
et m’en reconnût lapossession exclusive.J’ajoutequecette passion nes’appliquait pasàla haute montagne ; celle-ci
m’avait déçuparlecaractère ambigudesjoies pourtant indiscutables qu’elleapporte : intensément physiqueetmême
organique, quandonconsidère l’effortàaccomplir ; maiscependant formeletpresque abstraitdanslamesure où
l’attention captivéepardes tâches tropsavantes selaisse, enpleine nature, enfermer dansdespréoccupations qui
relèvent delamécanique etde lagéométrie.
J’aimaiscettemontagne dite« àvaches » ; etsurtout, lazone comprise
entre 1 400 et2 200 mètres : tropmoyenne encorepourappauvrir lepaysage ainsiqu’elle faitplus haut, l’altitude y
semble provoquer lanature àune vieplus heurtée etplus ardente, enmême tempsqu’elle décourage lescultures.
Sur
ces hauts balcons, ellepréserve lespectacle d’uneterremoins domestiquée quecelle desvallées ettelle qu’on seplaît –
faussement sansdoute –àimaginer quel’homme apu laconnaître àses débuts.
Si la mer offre àmon regard unpaysage délayé,lamontagne m’apparaît commeunmonde concentré.
Ellel’est au
sens propre, puisque laterre plissée etpliée yrassemble plusdesurface pourunemême étendue.
Lespromesses decet
univers plusdense sontaussi pluslentes às’épuiser ; leclimat instable quiyrègne etles différences duesàl’altitude, à
l’exposition etàla nature dusol, favorisent lesoppositions tranchéesentrelesversants etles niveaux, ainsiqu’entre les
saisons.
Jen’étais pas,comme tantdegens, déprimé parleséjour dansunevallée étroite oùles pentes, enraison deleur
proximité, prennentunaspect demuraille etne laissent apercevoir qu’unfragment deciel que lesoleil franchit en
quelques heures ;bienaucontraire.
Ilme semblait quecepaysage deboutétaitvivant.
Aulieu desesoumettre
passivement àma contemplation, àla manière d’untableau dontilest possible d’appréhender lesdétails àdistance et
sans ymettre dusien, ilm’invitait àune sorte dedialogue oùnous devrions, luietmoi, fournir lemeilleur denous-
mêmes.
L’effortphysique quejedépensais àle parcourir étaitquelque chosequejecédais, etpar quoi sonêtre me
devenait présent.Rebelleetprovocant àla fois, medérobant toujoursunemoitié delui-même maispour renouveler
l’autre parlaperspective complémentaire quiaccompagne l’ascensionouladescente, lepaysage demontagne s’unissait
à moi dans unesorte dedanse quej’avais lesentiment deconduire d’autantpluslibrement quej’avais mieuxréussià
pénétrer lesgrandes véritésquil’inspiraient.
Et pourtant, aujourd’hui, jesuis bien obligé delereconnaître : sansquejeme sente changé, cetamour dela
montagne sedéprend demoi comme unflot reculant surlesable.
Mespensées sontrestées lesmêmes, c’estla
montagne quime quitte.
Desjoies toutes pareilles medeviennent moinssensibles pourlesavoir troplongtemps ettrop
intensément recherchées.
Surcesitinéraires souventsuivis,même lasurprise estdevenue familière ; jene grimpe plus
dans lesfougères etles rochers, maisparmi lesfantômes demes souvenirs.
Ceux-ciperdent doublement leurattrait ;.
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