fauteuils contemporains autour d'une table basse.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
Je
ne parle pasl'hébreu.
Ça
me convenait parfaitement.
Jene leparle pasnon plus, moiquiavais dûapprendre par
cœur ma haftarah et
qui, pour cette raison, n'avais paslamoindre idéequejechantais
quelque chosesurlapurification delacommunauté juive;moi qui,pendant longtemps, n'avais
pas eulemoindre intérêtpourledéchiffrement destextes enhébreu, destextes dontj'ai
découvert presquetroptardqu'ils pouvaient éclairerlessecrets desfamilles etles mensonges
des familles.
Maisjen'étais quetrop heureux d'entendre, commejen'avais plusespéré pouvoir
le faire après lamort demon grand-père, duyiddish prononcé parleslèvres d'unancien de
Bolechow.
Leyiddish étaitlalangue del'Europe, duVieux Continent ;ses sons humides et
riches s'enroulent autourdemes souvenirs, familiersetcependant mystérieux, delamême
façon queleslettres del'hébreu ondulent surune feuille depapier ousur une pierre.
Mamère
le parlait avecsesparents ;ses parents leparlaient entreeux;ses oncles etses tantes le
parlaient entreeux,etavec leurs femmes etleurs maris ;et – c'est dumoins ceque m'a
raconté mamère, lorsque j'essayais deme souvenir, l'autrejour,àquel point leyiddish était
parlé dansmafamille autrefois, maisplusmaintenant évidemment puisquepresque tousceux
qui leconnaissaient sontmorts – sacousine plusâgée, Marilyn, lafille deJeanette, leparlait
enfant avecsagrand-mère, lamère deson père, laTante redoutée.
Leyiddish étaitlalangue
que mamère parlait avecsonpère quand ellenevoulait pasque nous sussions dequelle nature
était ledrame, lacrise ouleragot dontilsdiscutaient (Ober
maynfrayndine hutgezugt azoy, lui
disait-elle autéléphone, lesourcil froncé, levisage contrarié, faisantdesgestes qu'ilne
pouvait pasvoir, biensûr,endirection delamaison d'unevoisine aveclaquelle elles'était
querellée etàqui elle n'adresserait bientôtpluslaparole : mais
monamie adit que...).
Le
yiddish étaitlalangue utilisée parmon grand-père pourleschutes deses histoires.
C'est pourquoi, lorsqueShlomo avaitdemandé sile fait deconduire l'interview enyiddish ne
posait pasdeproblème, j'avaisbienévidemment répondunon.J'étais impatient d'entendre du
yiddish denouveau.
Yaw, ai-je
ditàAnna – oui –, etelle asouri.
Elleareposé lejournal espagnol, s'esttournée vers
Shlomo, etaparlé dansunyiddish troprapide pourquejepuisse comprendre.
Ilaattendu
qu'elle aitterminé, ahoché latête dans sadirection et,ensetournant versmoiadit, C'est en
Argentine qu'ellearecommencé àvivre.
C'estenArgentine qu'elleacompris qu'elleétaitde
nouveau unêtre humain.
J'ai hoché latête etpuis j'aidit, Commençons.
Pour queleschoses soientclaires, ai-jedit,jevoulais luidemander sonnom dejeune fille,les
noms deses parents, lesnoms desafamille àBolechow.
J'aimaiscommencer decette façon,
parce quec'était facile.
Ikh
? a-t-elle
répété.
Moi? Ikh
hiess Chaya, jetzhayss ichAnna.
On
m'a appelée Chaya,mais
maintenant jem'appelle Anna.Oùétait la« Klara Heller » queMeg Grossbard m'avaitditd'aller
trouver enIsraël ?Sans traduire pourAnna, Shlomo m'aexpliqué quelorsqu'elle étaitpetite
fille àBolechow, elles'était appelée Klara,maispour honorer leprêtre ukrainien quiluiavait
sauvé lavie enluidonnant unfaux certificat debaptême, elleavait gardé lenom qu'ilavait
inventé pourelle,même aprèslafin delaguerre :Anna.
Et sa famille ?ai-je demandé, enlaguidant gentiment pourlapartie facile.
Elle m'a regardé etelle alevé lamain, lesdoigts écartés, encachant lepouce.
Vir
zaynen
geveyn fierkinder, a-t-elle
dit.Nous étions quatre enfants.
Elleatouché l'index:numéro un.
A.
»
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