FANFARE, substantif féminin.
Publié le 11/02/2016
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FANFARER, verbe intransitif.
A.— Vieilli. Sonner de la trompe, de la trompette, du cor. Et la chasse allait, allait, claire étant la journée, par les monts et les vaux, par les champs et les bois; les varlets courant, les trompes fanfarant, les chiens aboyant, les faucons volant (LOUIS BERTRAND, DIT ALOYSIUS BERTRAND, Gaspard de la nuit, 1841, page 149 ).
B.— Au figuré. Se vanter (confer fanfaronner A). Il fait beau. Tout va bien. Je fanfare et je fringue (EDMOND ROSTAND, Chantecler, 1910, I, 3, page 35) :
Ø Mais ensuite, il fallait entendre les gamins fanfarer devant les absents, devant les aînés de l'école primaire :
— Adam a rendu tous ses bons points! Il ne jouera pas, il n'écrira pas pendant une semaine!
LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 168.
Remarque : 1. On rencontre dans la documentation des emplois adjectivaux du participe présent Honfflack violone un petit solo, et tout recommence... pour aboutir... à une conclusion tumultueuse et fanfarante (WILLY, Notes sans portées, 1896, page 14). Dans toutes les pièces, des placards vitrés montrent un entassement de vaisselle aux couleurs fanfarantes, les bols, les vases, les cafetières, les soucoupes (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 87). 2. ALFRED DELVAU, Dictionnaire de la langue verte, 1883 et DICTIONNAIRE DE LA LANGUE VERTE (HECTOR FRANCE) 1907 attestent pour fanfarer, le sens \" faire de la réclame à un livre ou une pièce de théâtre, dans l'argot des gens de lettres \".
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5
FANFARE, substantif féminin.
I. A.— MUSIQUE. Air vif et rythmé joué notamment à l'occasion de fêtes militaires ou civiles, exécuté par des instruments de cuivre, en particulier trompettes et cors. Une fanfare guerrière; une étude en forme de fanfare. Cursy saisit un cor et se mit à sonner une fanfare (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 63 ). L'étendue sonore de la fanfare est délimitée au grave par le « fa dièze » (...) et à l'aigu par le « ré » (Arts et littérature dans la société contemporaine (direction Pierre Abraham) 1935, page 4002) :
Ø 1. Cette embarcation, plus frêle et plus élégante que les autres, était montée par des musiciens dont tous les instruments étaient de cuivre. Ils sonnèrent une brillante fanfare et ces voix de métal, si sonores et si pénétrantes, vinrent du fond des ondes bondir sur les murs du pavillon.
AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1833, page 218.
1. Spécialement. VÉNERIE. \" Air qu'on sonne au lancer de la chasse ou après la curée \" (Dictionnaire de l'Académie Française). Sonner la fanfare.
Il avait rencontré une troupe joyeuse de jeunes cavaliers qui s'en retournaient à la ville, en grand équipage de chasse, au bruit des fanfares (JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 41 ).
— Locution. En fanfare. Réveil en fanfare. Pour les civils, réveil brusque.
· Au figuré. Réveil en fanfare. Réveil brutal à la réalité. Ils [Chaussard et Prossard] avaient confiance dans l'anesthésie définitive du peuple français, au lieu que nous, royalistes, avons toujours confiance dans le réveil en fanfare de nos concitoyens (LÉON DAUDET, La Police politique, 1934, page 173 ).
2. Par analogie. Ensemble de bruits, de sons éclatants. Ces étranges et sonores fanfares étaient produites par ces gallinacés que l'on nomme « tétras » aux États-Unis (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 50 ). C'est au son de cette grandiose fanfare du mistral que Numa fit son entrée en gare (ALPHONSE DAUDET, Numa Roumestan, 1881, page 326 ). La drôlesse triomphante sonnait la fanfare de son rire de cabanon (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 252 ).
— Par métaphore. Une exubérance de campagne, éparpillant ses tons violents, sonnant d'éclatantes fanfares de verts clairs soutenues par le vert bleu des choux (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, page 258) :
Ø 2. Les bleus presque noirs des eaux mortes, la forêt des bannières rouges, les rouges et les verts mariés par un frottis d'or, la fanfare des ciels, des mers, des édifices, des grandes robes chamarrées, les bleus, les verts, les noirs sur l'accompagnement profond et soutenu des rouges...
ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1914, page 435.
B.— Orchestre de fanfare ou fanfare. Orchestre composé d'instruments de cuivre, auquel s'adjoignent souvent des instruments à percussion; par métonymie ensemble des musiciens formant cet orchestre. Fanfare municipale, militaire; entrer dans la fanfare. Les acclamations le suivirent dans la rue; la fanfare l'attendait à la porte de sa prétendue (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 1, 1811, page 268 ). Elle déplorait qu'il eût supprimé la fanfare du patronage (FRANÇOIS MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, page 234) :
Ø 3. Doutteville se fait reconnaître par un aide de camp; nous nous rangeons derrière la fanfare, et nous voilà poussant de bon coeur mille exclamations : « Vivent les alliés! »
PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 164.
C.— 1. Au figuré, vieilli. Démonstration, manifestation tapageuse; vantardise (confer fanfaronner B). Le préambule de Cousin [à un morceau inédit de Pascal] a eu d'ailleurs peu de succès, il manque de sérieux, et on y sent trop la fanfare (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance, tome 5, 1843, page 286 ). Pour me remettre, chez Mme. Galant, j'ai goûté une brillante fanfare de chauvinisme (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 196) :
Ø 4. Ajoutez que presque toujours, chez les deux grands lyriques, le doute s'éteint dans la fanfare d'un acte de foi. Musset est évidemment plus malade dans l'Espoir en Dieu; mais son mal vient du coeur plutôt que du cerveau.
JULES LEMAÎTRE, Les Contemporains, 1885, page 47.
· Locution familière. Sale coup pour la fanfare. Sale histoire; affaire qui tourne mal. Juste, tout bien compté et tant or que monnaie, de quoi s'emplir une dent creuse. Sale coup pour la fanfare! (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 2e. partie, 9, page 197 ).
2. Argot (des gens de lettres), vieux. Publicité pour un livre, une pièce de théâtre. Leurs journaux sont remplis d'annonces lucratives, Fanfares d'écrivains, réclames laudatives (AMÉDÉE POMMIER, Colères, 1844, page 105 ).
II.— Reliure à la fanfare. Reliure dont le modèle remonte au xvie. siècle, comportant une abondante ornementation de feuilles, d'arabesques ou de volutes qui entoure, au centre, un ovale généralement laissé sans décoration. Les guerres de religion auraient marqué en France le déclin de la reliure d'art si, vers 1560, un autre type de décor n'était apparu : celui de la reliure à la fanfare, entièrement décorée de médaillons et de feuillages (Encyclopædia Universalis. 1972, page 47 ).
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 417. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 393, b) 1 063; XXe. siècle : a) 763, b) 408.
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