faire dormir la nuit à force de somnifères.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
XXXIV
LA FARCE DUJAPIM Voici
comment secomposait manouvelle famille.D’abord Taperahi, lechef duvillage, etses quatre femmes :
Maruabai, laplus âgée etKunhatsin, safille d’un litprécédent ; Takwame,etIanopamoko, lajeune paralytique.
Ce
ménage polygame élevaitcinqenfants : KaminietPwereza, garçonsparaissant âgésrespectivement dedix-sept etquinze
ans ; ettrois fillettes enbas âge : Paerai, Topekea etKupekahi.
Le lieutenant duchef, Potien, avaitenviron vingtansetétait lefils d’un précédent mariagedeMaruabai.
Ilyavait aussi
une vieille femme, Wirakaru ; sesdeux filsadolescents TakwarietKaramua, lepremier célibataire, lesecond mariéàsa
nièce àpeine nubile, Penhana ; enfinleurcousin, unjeune homme paralytique : Walera.
À l’inverse desNambikwara, lesTupi-Kawahib nefont pasmystère deleurs noms quiont d’ailleurs unsens, comme
l’avaient notéchezlesTupi lesvoyageurs duXVIesiècle : « Comme nousfaisons auxchiens etautres bêtes,remarque
Léry, ilsbaillent indifféremment telsnoms dechoses quileur sont connues commeSarigoyquiestunanimal àquatre
pieds ; Arignan, unepoule ; Arabouten, l’arbreduBrésil, Pindo, unegrande herbeetautres semblables. »
Il en était demême danslescas oùles indigènes mefournirent uneexplication deleurs noms.
Taperahi seraitunpetit
oiseau auplumage blancetnoir ; Kunhatsin signifierait : femmeblanche, ouàpeau claire ; Takwame etTakwari seraient
des termes dérivés de takwara, une
espèce debambou ; Potiendésignerait unecrevette d’eaudouce ; Wirakaru, un
petit parasite del’homme (portugais : bicho
depé) ; Karamua,
uneplante ; Walera, aussiuneespèce debambou.
Staden, autrevoyageur duXVI esiècle, ditque lesfemmes « prennent ordinairement desnoms d’oiseaux, depoissons
et de fruits » ; etilajoute quechaque foisque lemari tueunprisonnier, luietsa femme adoptent unnouveau nom.Mes
compagnons pratiquaientcetusage ; ainsiKaramua s’appelleégalement Janaku,parceque,m’explique-t-on, « iladéjà
tué unhomme ».
Les indigènes acquièrent aussidesnoms enpassant del’enfance àl’adolescence, puisàl’âge adulte.
Chacun en
possède doncdeux, troisouquatre qu’ilmecommunique volontiers.Cesnoms offrent unintérêt considérable, parceque
chaque lignéeutilisedepréférence certainslotsformés àpartir desmêmes racinesetqui serapportent auclan.
Levillage
dont j’étudiais leshabitants étaitenmajorité duclan mialat (« du
sanglier ») ; maisils’était forméparintermariage avec
d’autres clans : Paranawat (« du
fleuve »), Takwatip (« du
bambou ») etquelques autres.Or,tous lesmembres du
dernier clancités’appelaient determes dérivés del’éponyme : Takwame,Takwari,Walera(quiestungros bambou),
Topehi (fruitdelamême famille) etKaramua (uneplante aussi,maisnonidentifiée).
Le trait leplus frappant del’organisation socialedenos Indiens étaitlequasi-monopole exercéparlechef surles
femmes dugroupe.
Sursixfemmes ayantpassé lapuberté, quatreétaient sesépouses.
Sil’on considère que,desdeux
restant, l’une–Penhana –est une sœur, doncprohibée ; etl’autre –Wirakaru –une vieille femme quin’intéresse plus
personne, ilapparaît queTaperahi détientautantdefemmes qu’illuiest matériellement possibledelefaire.
Dansson
ménage, lerôle principal revientàKunhatsin, qui,sauf Ianopamoko l’infirme,estaussi laplus jeune et–le jugement
indigène confirmant celuidel’ethnographe –d’une grande beauté.
Aupoint devue hiérarchique, Maruabaiestune
épouse secondaire etsa fille ale pas surelle.
La femme principale sembleassister sonmari plusdirectement quelesautres.
Celles-ci vaquent auxbesognes
domestiques : lacuisine, lesenfants, quisont élevés encommun, passantindifféremment d’unseinàl’autre, sansqu’il
m’ait étépossible dedéterminer aveccertitude quellesétaient leursmères respectives.
Parcontre, lafemme principale
accompagne sonmari dans sesdéplacements, l’aideàrecevoir lesétrangers, gardelesprésents reçus,gouverne la
maisonnée.
Lasituation estinverse decelle quej’avais observée chezlesNambikwara, oùc’est lafemme principale qui
joue lerôle degardienne dufoyer, tandis quelesjeunes concubines sontétroitement associéesàl’activité masculine.
Le privilège duchef surlesfemmes dugroupe paraîtreposer d’abord surl’idée quelechef aune nature horsdu
commun.
Onluireconnaît untempérament excessif ;ilest sujet àdes transes, aucours desquelles ilest parfois
nécessaire delemaîtriser pourl’empêcher deselivrer àdes actes homicides (j’endonnerai plusloinunexemple) ; il
possède ledon prophétique etd’autres talents ;enfinsonappétit sexueldépasse l’ordinaire etdemande, pourse
satisfaire, ungrand nombre d’épouses.
Aucours desdeux semaines oùj’ai partagé lecampement indigène,j’aiété
souvent frappéparlaconduite anormale –par rapport àcelle deses compagnons –du chef Taperahi.
Ilsemble atteintde
manie ambulatoire ; troisfoisparjour aumoins, ildéplace sonhamac etl’auvent depalmes quileprotège delapluie,
suivi chaque foisparsesfemmes, sonlieutenant Potienetses bébés.
Touslesmatins, ildisparaît danslaforêt avec
femmes etenfants ; c’est,disent lesindigènes, afindecopuler.
Onlesvoit revenir, unedemi-heure ouune heure plus
tard, etpréparer unnouveau déménagement.
En second lieu,leprivilège polygame duchef estcompensé dansunecertaine mesureparleprêt defemmes àses
compagnons etaux étrangers.
Potienn’estpasseulement unaide decamp ; ilparticipe àl’existence delafamille duchef,
en reçoit sasubsistance, sertàl’occasion denourrice sècheauxbébés etjouit d’autres faveurs.Quantauxétrangers, tous
les auteurs duXVIesiècle sesont étendus surlelibéralisme dontleschefs Tupinamba faisaientpreuveàleur endroit.
Ce
devoir d’hospitalité devaitjouerdèsmon arrivée auvillage, aubénéfice d’Abaitara quiobtint enprêt Ianopamoko,.
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