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EXPRIMER, verbe transitif.

Publié le 05/02/2016

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EXPRIMER, verbe transitif.  

A.—  Extraire d'un corps le liquide qu'il contient. Exprimer le jus d'une orange, d'un citron (Dictionnaire de l'Académie Française). Ce mouchoir, aussitôt tordu pour en exprimer l'eau, avait été jeté dans un grand feu de bois mort allumé d'avance (HONORÉ DE BALZAC, Le Curé de village.  1839, page 125) : 

Ø 1. Dans un moment d'égarement, je pourrais te prendre les bras, les tordre comme un linge lavé dont on exprime l'eau, ou les casser avec fracas, comme deux branches sèches, et te les faire ensuite manger, en employant la force.

ISODORE DUCASSE, DIT COMTE DE LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror,  1869, page 173. 

—  Par métaphore ou au figuré.  Extraire, produire, faire sortir : quelque chose de quelqu'un : 

Ø 2. La colère avait exprimé, de cette fillette surchauffée, une odeur de femme blonde, apparentée à la fleur de bugrane rose...

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Blé en herbe,  1923, page 207. 

quelque chose de quelque chose : 

Ø 3. Il [le grand Formateur] a exprimé de la fange, les mers étincelantes et les eaux pures, exondant les montagnes, et distribuant en belles îles ce qui demeurait de concret.

PAUL VALÉRY, Eupalinos ou l'Architecte,  1923, page 135. 

·    Emploi pronominal passif. Cette agence était comme une distillerie où s'exprimaient les créances des ignorants, des incrédules, ou de ceux dont les droits pouvaient être contestés (HONORÉ DE BALZAC, Gobseck,  1830, page 437 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation le dérivé exprimeur dans le syntagme rouleaux exprimeurs.  Dont le rôle est d'enlever l'excès de colle entraîné par la nappe. Une encolleuse comprend essentiellement un dispositif d'enduction de la nappe constitué par une et quelquefois deux bâches contenant la colle, munie d'un ou plusieurs rouleaux plongeurs, et d'un ou plusieurs rouleaux exprimeurs garnis de feutre, ou gainés de caoutchouc (RAYMOND THIÉBAUT, La Fabrication des tissus, 1961, page 49). 

B.—  Au figuré. 

1. [Le sujet désigne un être vivant] 

a) Rendre manifeste par toutes sortes de signes (langage écrit, oral, geste, attitude, réaction émotionnelle, etc.), de façon volontaire ou non, ce que l'on est, pense ou ressent. Exprimer sa pensée, ses idées, ses désirs; exprimer ses dernières volontés. Je ne saurais vous exprimer combien cela m'afflige (Dictionnaire de l'Académie française.  1932). Ils [les chevaux] ont exprimé leur étonnement et leur effroi par les regards obliques et effarés de leurs yeux (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 2, 1835, page 222) : 

Ø 4. Le peintre avec son crayon, le poète avec ses vers, le prosateur avec ses lignes, le musicien avec ses notes, exprimaient tous le même sentiment; sentiment non moins vif que discret, dont un algébriste démontrait élégamment la puissance à l'aide d'une équation.

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 1, 1811, page 147. 

Ø 5. Tendre sans émotion, elle savait mieux exprimer l'affection que l'amour, et, devant son papier à lettres, comme elle n'éprouvait que des sentiments calmes, elle préférait se donner le bénéfice de la pudeur et de la sincérité.

JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les,  1946, page 184. 

Littéraire. Quelqu'un exprime quelqu'un : 

Ø 6. Quant à la transmission du mal originel, ceci posé, elle est simple; elle s'opère selon les lois de la filiation même qui veulent que le fils représente et « exprime » les parents...

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 146. 

Emploi absolu : 

Ø 7. Et le musicien! Pour imiter, que fait-il, je vous prie? La première chose qu'il fait, la nécessaire, l'essentielle, c'est de n'imiter pas, car dès qu'il imite il perd sa puissance. C'est que, dès qu'il imite, il traduit; or, pour émouvoir, il faut qu'il exprime; et pour exprimer, il faut qu'il transforme. C'est sa loi encore plus qu'au poëte, comme au poëte encore plus qu'au peintre.

RODOLPHE TOEPFFER, Réflexions et menus propos d'un peintre genevois, Paris, Hachette, 1872 [1839] , page 152. 

·    Exprimer que. Car, quand je dis « je suis » et « je sois », je dis exactement la même chose, à cela près que, dans le second cas, j'exprime que ce jugement dépend d'un autre (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 2. Grammaire, 1803, page 198 ). 

—   [Par métonymie de l'objet]  Vous m'avez exprimé une lettre bonne, aimable, chère au coeur, merci. J'ai été un moment au milieu de vous (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance, tome 5, 1818-69, page 410 ). 

b) Emploi pronominal réfléchi.  Se faire comprendre au moyen d'un langage. S'exprimer bien, mal, clairement, simplement; s'exprimer par gestes, par signes (Dictionnaire de l'Académie Française). S'exprimer dans, sur. Il comprenait sans effort tout ce qu'elle lui disait, mais il s'exprimait en allemand avec un peu de lenteur (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 418) : 

Ø 8. Un autre auteur, un siècle et demi plus tard, s'exprimait sur le clergé séculier avec plus de rigueur encore.

EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis,  1942, page 43. 

2. [Le sujet désigne le visage, une attitude, un geste, etc.]  Rendre manifeste, traduire. Son attitude exprimait le respect, son regard exprimait la terreur. Une certaine flétrissure du front, jadis magnifique, n'exprimait ni embarras ni surprise, mais plutôt une lassitude extrême, qui ressemblait au dégoût (GEORGES BERNANOS, La Joie,  1929, page 687 ). 

3. [Le sujet désigne une chose] 

a) Rendre sensible une réalité abstraite ou concrète en en donnant, à travers un langage approprié, une idée, une représentation, un sentiment. La douceur céleste de l'anéantissement final, rendue d'une façon commune par un mouvement de valse, serait peut-être mieux exprimée par un temps de marche très ralenti (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 906 ). Et, comme la sculpture est pour un long temps, elle est plus propre à exprimer le durable que l'instant (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Système des beaux-arts,  1920, page 214) : 

Ø 9. En tout cas, qu'il s'agisse du sadisme ou du masochisme, ce que l'homme recherche dans de tels comportements, lorsqu'ils n'expriment pas de simples réactions dépourvues de signification, c'est toujours une jouissance provoquée par une douleur.

JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort,  1949, page 19. 

·    Quelque chose exprime quelqu'un : 

Ø 10.... nulle pièce au monde, rien au monde peut-être dans l'oeuvre littéraire (...) ne m'appartient autant, ne m'exprime autant (...) que cette pièce de Beaumarchais [La Mère coupable] ...

CHARLES PÉGUY, Clio,  1914, page 101. 

—  emploi absolu. Le fil à plomb a tué cette vie humaine des façades qui offraient le spectacle inégal et charmant d'un visage. Chacune exprimait et boitait divinement (JEAN COCTEAU, Lettre aux Américains,  1949, page 73 ). 

b) Traduire, signifier, rendre compte d'une notion (mathématique, physique, etc.). Le signe = exprime l'égalité : 

Ø 11. La valeur n'est plus cette conception synthétique, qui sert à exprimer le rapport d'un objet particulier d'utilité avec l'ensemble de la richesse...

PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la Misère, tome 1, 1846, page 244. 

·    Exprimer que. Parmi ces mots, devenus invariables, il en est un, le mot « que », dont la signification propre consiste à exprimer qu'un verbe dépend d'un autre (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 2. Grammaire, 1803 page 163 ). Dire que l'amour, la haine, le désir gagnent en violence, c'est exprimer qu'ils se projettent au dehors (HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 36) : 

c) Emploi pronominal passif.  Se traduire. Le village est un organisme bien défini, distinct, ayant sa vie propre et une personnalité qui s'exprime dans le paysage (PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine,  1921, page 186) : 

Ø 12.... et J. J. Rousseau en convient, et distingue nettement les objets qui font image, et peuvent s'exprimer par le geste, de ceux qui font idée, et ne s'expriment que par la parole...

LOUIS-GABRIEL A. DE BONALD, Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre social,  1800, page 225. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 9 020. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 13 883, b) 6 754; XXe.  siècle : a) 11 703, b) 15 855. 

« 1 12 XxX e SIÈCLE ! 1 .

La forme dramatique rend la pensée plus saisissante.

C'est le loup qui, en mourant, nous enseigne co m m e n t on doit quitter la vie et tous ses maux.

Il faudrait pouvoir faire une analyse détaillée de ce récit qui est l'une des plus belles pages de l'auteur; le cadre d'abord : les bois, la plaine, la g i ro u e t t e en deuil qui crie au firmament, les tours solitaires, seules effleurées par le vent qui souffle bien au-deosus d e s terres, les chênes, les rochers, véritable paysage romantique où tous les traits sont choisis pour nous préparer au drame sinistre qui va suivre.

Puis c'est l'attente et la recherche anxieuse des chassems qui se taisent, et l'apparition fantastique des deux louveteaux et de l eu rs ombres projetées par la lune ....

...

quatre formes légères Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères.

Le loup et la louve nous sont montrés dans une attitude sculp­ tmale : le père de bou t : il est responsable de la vie des siens; la louve couc h ée , confiante dans la vigilance du loup.

A partir de ce moment les animaux sont hum anisés : (le père, les e n f a n ts, la veuve).

Enfin c'est la lutte avec le plus hardi des chiens et la mort héroïque du loup succombant sous le nombre et la force de ses injustes et cruels agresseurs; III.

Composition du poème : Vigny commence par le récit et ne nous dit pas où il nous mène, mais on le pressent par la sympathie qu'il témoigne au loup qui préfère la vie indépen- dante et sauvage à la servitude et si courageusement, alors qu'il se sent perdu.

Les derniers vers Et sans daigner savoir comment il a péri, Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

amènent naturellement les réflexions dt.

poète et l'explication du symbole.

Brunetière prétend que Vigny de la famille de l'auteur des Pensées.

Il s sont, en effet, tous deux préoccupés du mystère de la destinée.

Mais leur pessimisme n'a pas du tout la même source.

Pascal n'a rien d'un désespéré.

Si la nature est corrompue, elle peut être régénérée par la grâce (idées tout à fait étrangères à Vigny), et la vie a pour lui un sens magnifique et divin.

La résignation hautaine de Vigny lui aurait paru orgueilleuse et criminelle.. »

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