et je sous-entendais émotionnellement ; mais aussi moralement, pensais-je, puisque nous n'avions pas envisagé que ces faits et ces histoires nous pousseraient, contre notre gré, à juger les gens).
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
J'ai
ditàAlena, Demandez-lui cequ'il ressent enrevoyant cesvisages qu'iln'apas vusdepuis si
longtemps.
Elle aposé laquestion enpolonais etAdam aretiré seslunettes délicatement etréfléchi un
moment.
Puis,ila souri gentiment etdit, fepense etjeretourne danslepassé.
J'ail'impression
d'être enroute versleCiel.
Tous lesanciens deBolechow àqui nous avions parléjusqu'à cesoir-là avaient survécu enne
bougeant pas:en restant parfaitement immobilespendantdesjours, dessemaines, desmois,
dans desgreniers, dansdesgranges, descaves, dansdescompartiments secrets,dansdestrous
creusés danslesol delaforêt etdans laplus étrange etlaplus étouffante desprisons, celle,
très fragile, d'unefausse identité.
Ladernière histoiredesurvie quenous allions entendre était,
comme dansunpoème épique, unmythe grec,celled'unmouvement perpétuel,d'uneerrance
sans fin.
Le jour deson vingtième anniversaire, AdamKulberg aquitté Bolechow.
Ilnous araconté ce
soir-là qu'ilavait toujours eucequ'il considérait commeun« instinct del'information » etque
son instinct, aprèsquelesAllemands avaientcommencé àsurgir danstoute laPologne
orientale le20 juin, luiavait dicté dequitter saville natale etde voyager versl'estendirection
de l'Union soviétique aveclesRusses quibattaient enretraite.
Iln'avait pasdetravail, cetété-là
; il était jeune, ildébordait d'énergie.
Ilyavait deshistoires quicirculaient surdes villes
lointaines, deshistoires deJuifs abattus danslescimetières.
Peudegens croyaient ceshistoires,
mais lui,nous a-t-ildit,ilavait son instinct.
Il
atenté deconvaincre sesparents departir avec
toute lafamille – samère etson père, lui-même, sestrois sœurs, Chana, PerlaetSala, desfilles
qui avaient àpeu près lemême âgeque lesfilles deShmiel, Frydka,Ruchele etBronia.
Maisson
père, quidétestait lesRusses, s'yétait opposé.
Auxarguments deson fils,Salamon Kulberg
avait opposé unnon catégorique.
Ilavait donné sabénédiction àAdam, maisavait refusé de
bouger.
C'esticique nous sommes nés,avait ditlepère.
C'estnotre maison etc'est icique nous
allons rester.
Comment
peut-onquitterunemaison ? s'était
exclamée MalciaReinharz àBeer Sheva.
Le jour deson vingtième anniversaire, Adamadit adieu àsa famille, embrassant chacundes
siens alignés danslacuisine.
Alorsqu'ils'apprêtait àpartir, ils'est emparé impétueusement de
trois photos.
Illes aencore.
Surl'une d'elles, saplus jeune sœur, Sala,porte unemontre,
comme ils'en estrendu compte enobservant pourlamillionième foiscette rarerelique dece
qu'avait étésavie, alors qu'ill'avait convoitée pendantlongtemps etachetée avecsonargent
péniblement épargné,montrequ'ilavait néanmoins laissésasœur porter.
Je suis donc peut-être unbon frère après tout ! nousa-t-ilditàMatt etmoi, avec unpetit.
»
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