ENTICHÉ2, -ÉE, participe passé et adjectif.

ENTICHÉ2, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de enticher* (s') 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  Usuel. Entiché de quelque chose ou de quelqu'un..  Passionnément épris de quelque chose ou de quelqu'un. Que devient cette beauté revêche? Est-elle toujours aussi entichée de son Sigognac? (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 329 ). Il n'y avait pas de gens plus entichés d'eux-mêmes et plus portés à mépriser tout le reste des hommes (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Jument errante,  1933, page 33 ). Y a pas plus chicanier, plus batailleur, qu'un type entiché de justice! (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 45) : 

Ø Ils [les La Rochelandier] représentent en Bretagne cette noblesse incorrigible qui n'a rien appris ni rien oublié. Infestés de tous les préjugés de leur caste, entichés de leurs titres, ennemis nés de toutes les idées nouvelles, ils regrettent le régime de la féodalité, et rêvent, dans leur château branlant, le rétablissement de la dîme et de la corvée.

JULES SANDEAU, Sacs et parchemins,  1851, page 18. 

·    Vieux. Être entiché de + infinitif.  Être fortement attaché à l'idée de. Jérôme en avait assez de ce monde, il était entiché de le quitter (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale,  1842, page 145 ). 

—  Emploi comme substantif.  Partisan outré (de). Louis XIV auquel les entichés de noblesse de son temps reprochent (...) son peu de souci de l'étiquette (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes, 1921, page 436 ). 

B.—  Emploi absolu, rare.  Qui est obstinément attaché à la tradition. La mère du froid et vertueux amant est une Genevoise entichée (LOUIS VEUILLOT, Les Odeurs de Paris, 1866, page 414 ). Sans être précisément entichée, elle [ma grand-mère] gardait un vif sentiment des hiérarchies (ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt,  1924, page 364 ). 

Remarque : Entiché est parfois présenté comme noyau d'un verbe passif, mais il ne s'emploie sous cette forme qu'avec la valeur adjective d'un participe passé passif, accompagné ou non du verbe être, comme cela est habituel pour les verbes pronominaux à sens subjectif et comme le montre l'impossibilité de la construction verbe + par. 

 Fréquence absolue littéraire : 5 

Forme dérivée du verbe \"enticher\"

 enticher

ENTICHER (S'), verbe pronominal.  

A.—  [Suivi d'un inanimé abstrait désignant une doctrine, une théorie, une idéologie, une condition, une activité]  S'engouer fortement, éprouver une attirance excessive pour. Je n'ai nullement la marotte de l'horticulture; je me force par devoir à m'en enticher (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 2, 1903, page 90 ). 

B.—  [Suivi d'un complément désignant un animé] .  S'éprendre fortement de, éprouver un attachement, une admiration sans bornes pour. Elle ne pouvait comprendre qu'Olivier se fût entiché d'un ami aussi vulgaire et aussi encombrant (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, page 1118 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 

DÉRIVÉS : Entichement,  substantif masculin.  Fait de s'enticher; résultat de cette action. Synonyme : engouement. Si l'on avait du temps et de l'espace pour s'égayer (...) on rirait de ses entichements nobiliaires [de Saint-Simon] (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 3, 1851-62, page 290 ). Mon entichement baroque et soigneusement taciturne (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents.  1952, page 187 ).