Durango, vice-royauté de Nouvelle-Espagne (Mexique actuel), 1741 Alvaro de Padilla se retrouva paralysé de frayeur quand ses visions disparurent et que ses yeux fatigués recommencèrent à voir normalement.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document


«
exceptionnellement
bonne.Lemiracle serépéta deuxannées plustard, quand larégion souffrit depluies
diluviennes.
Lemême remède vintàbout dufléau etlaréputation d’Eusebiograndit.Enmême temps, des
portes s’ouvrirent peuàpeu.
Des portes qu’ilaurait mieux valugarder fermées.
Lorsque lesIndiens, méfiants àl’origine, commencèrent às’ouvrir àlui, Eusebio seretrouva aspiréplus
profondément dansleurmonde.
Cequi avait débuté comme unemission setransforma enun voyage de
découverte exemptdumoindre préjugé.
Ilse mit àexplorer lesforêts etles gorges desmontagnes menaçantes,
s’aventura làoù aucun Espagnol n’avaitpénétré, rencontra destribus quiaccueillaient généralement les
étrangers aveclapointe d’uneflèche oud’un javelot.
Il ne revint pasdeson dernier voyage.
Près d’unanaprès ladisparition d’Eusebio, Alvaro,redoutant lepire, semit enroute avecunpetit groupe
d’Indiens pourtenter deretrouver sonami.
Et voilà pourquoi ilsétaient maintenant tousdeux assis autour d’unfeusous letoit dechaume du xirixi –
la maison ancestrale deDieu –de latribu etqu’ils discutaient del’impossible.
— Ilme semble quetues plutôt devenu leurgrand prêtre, jeme trompe ?
Alvaro étaitencore bouleversé parson expérience et,bien quelanourriture eûtredonné quelques forcesà
ses membres, quelefeu l’eût réchauffé eteût séché sasoutane, ildemeurait trèsagité.
— Ilsm’ont appris plusquejene pourrais leurapprendre, réponditEusebio.
Les yeux d’Alvaro s’écarquillèrent destupeur.
— Mais… Seigneur… tu…tuembrasses leursméthodes, leursidées blasphématoires, bredouilla-t-il,l’air
effrayé, lessourcils pesantsurses yeux.
Ecoute-moi.
Tudois mettre unterme àcette folie.Tudois quitter cet
endroit etrevenir àla mission avecmoi…
Eusebio regardaAlvaroetfut au désespoir.
Certes,ilétait heureux derevoir sonvieil amietravi d’avoir
partagé sadécouverte aveclui,mais ilse demandait s’ilnevenait pasdecommettre uneénorme erreur.
— Je suis désolé, jene peux pas,dit-ild’un toncalme.
Pasencore.
Il ne pouvait pasexpliquer àson amiqu’il avait encore beaucoup àapprendre decepeuple.
Deschoses
que, même enrêve, iln’aurait pascrues possibles.
Ilavait étéétonné dedécouvrir –lentement, peuàpeu,
malgré sesidées préconçues etses convictions profondément enracinées–que lesIndiens avaientdesliens
très forts avec laterre, aveclesêtres vivants avecquiilslapartageaient, avecl’énergie quienémanait.
Illeur
avait parlé delacréation dumonde, duparadis etde lachute del’homme.
Del’Incarnation etde l’Expiation.
Ils
avaient partagé avecluileurs propres visionsdumonde etce qu’il avait entendu l’avaitsidéré.
Pourseshôtes,
les royaumes delamystique etdu réel étaient entrelacés.
Cequi luisemblait normal,ilsletrouvaient surnaturel.
Et ilsacceptaient commenormal–comme lavérité –ce qui luiapparaissait commeunepensée magique.
Au début.
Il avait maintenant changéd’avis.
Les sauvages étaientnobles.
— Absorber leursbreuvages sacrésm’aouvert denouveaux mondes,dit-ilàAlvaro.
Ceque tuviens
d’éprouver n’estqueledébut.
Tunepeux past’attendre àce que jetourne ledos àune telle révélation.
— Tu ledois, insista Alvaro.
Rentreavecmoi.Tout desuite, avant qu’ilnesoit trop tard.
Etnous n’en
parlerons plusjamais.
Eusebio sursauta desurprise.
— Ne plus enparler ?Mais c’estuniquement deçaque nous devons parler.Nousdevons l’étudier, le
comprendre, lemaîtriser, afindepouvoir lerapporter cheznous etlepartager aveclesnôtres.
La stupéfaction envahitlevisage d’Alvaro.
— Le rapporter ?!rétorqua-t-il, crachantlesmots comme dupoison.
Tuveux parler auxgens dece… de
ce blasphème ?!
— Ce blasphème peutnous apporter lalumière.
Alvaro futindigné.
— Eusebio, prendsgarde,fit-ild’une voixsifflante.
Lediable aplanté sesgriffes entoi, avec sonélixir.
Tu
risques deteperdre, monfrère, etjene peux rester sansréagir etlepermettre, nipour toinipour aucun autre
membre denotre foi.Jedois tesauver.
— J’ai déjà franchi lesportes duCiel, vieilami, répondit Eusebioavecsérénité.
Etd’où jesuis, lavue est
magnifique.
Il fallut cinqmois àAlvaro pourfaireparvenir unmessage àl’archevêque etau vice-roi résidant àMexico,
recevoir leurréponse etrassembler seshommes, desorte quec’était l’hiverquand ils’aventura denouveau
dans lesmontagnes àla tête d’une petitearmée.
Munie d’arcs, deflèches etde mousquets, latroupe mêlant Espagnols etIndiens grimpalescontreforts de
la sierra pardes sentiers accidentés, escarpés,couvertsd’épaisbuissons.
Lestorrents hivernaux avaientcoupé
les pistes quiserpentaient surleflanc delamontagne etdes branches poussantàl’horizontale entravers du.
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