Dictionnaire en ligne: IL1, (IL, ILS, ELLE2, ELLES2 ), pronom personnel, 3e. personne, masculin,ELLE, (ELLES), féminin, formes atones. Pronom personnel non-prédicatif de la troisième personne, il masculin, elle féminin pour le singulier, ils et elles pour le pluriel, de forme atone (appelée aussi enclitique ou non accentuée), toujours sujet; pour les autres fonctions, Voir lui et le2. A. — Valeurs de représentant. Il(s) désigne une ou des personnes de sexe masculin (ou masculin et féminin) autre(s) que le locuteur (je) ou le destinataire (tu, vous) du discours; l'équivalent féminin est elle(s); pour les formes toniques, voir lui. Puis elle regarda le grand patron. « Ce qu'il est bien, dit-elle, ce qu'il a l'air intelligent! » (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 119 ). Parents, votre fille n'est plus à vous! C'est à moi seul! Anne Vercors : Eh bien, ils sont mariés, c'est fait! (PAUL CLAUDEL, L'Annonce faite à Marie, 1912, I, 3, page 159 ). Boulevard Saint-Michel, des garçons et des filles se promenaient en bandes, ils riaient; ils allaient au café, au théâtre, au cinéma (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 174 ) : Ø 1. L'ÂNE : Jeanne, reconnais-tu que ce n'est pas par tes propres forces et par des moyens naturels que tu es venue à bout des Anglais? JEANNE : Je l'avoue! LE CHOEUR : Elle avoue! PAUL CLAUDEL, Jeanne d'Arc au bûcher 1939, 4, page 1208. Remarque : a) Ils pluriel peut renvoyer par syllepse à un substantif collectif. Il y a un peu de folie dans la façon de voir de toute cette famille (...) ils sont engoués de leur jeune abbé (Henri Beyle, dit Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830, page 403). b) Il(s), elle(s) sont d'un emploi peu respectueux quand les pronoms désignent, dans le dialogue, une ou des personnes présentes. Excepté dans certains tours (vieillis) de politesse ou de révérence. La servante me dit : " Monsieur veut-il quelque chose? " (François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, tome 1, 1848, page 148). Celui des domestiques à l'autre bout, demanda : " Ces messieurs savent-ils que c'est ce soir le réveillon? " (Guy de Maupassant, Contes et nouvelles, tome 1, Réveillon, 1882, page 50). c) Il peut représenter un indéfini. L'homme est un apprenti, la douleur est son maître. Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert (Alfred de Musset, La Nuit d'octobre, 1837, page 155). Est-il à mépriser, qui s'attache à son maître? (Jean Moréas, Iphigénie, 1900, I, 3, page 24). d) Il, elle, formes sujets atones, ne peuvent être renforcés comme les pronoms toniques (*il-même, *il aussi = > lui-même, lui aussi). 1. Il(s) est un représentant servant à rappeler un substantif masculin (ou son équivalent : pronom, groupe nominal, pronom démonstratif + relative déterminative, etc.) qui vient d'être exprimé (dans une phrase ou une proposition précédente); elle(s) rappelle un substantif féminin. a) Il(s) peut représenter des substantifs désignant des personnes de sexe masculin ou (au pluriel) féminin et masculin. C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs Il détient le record du monde pour la hauteur (GUILLAUME APOLLINAIRE, Alcools, 1913, page 40 ). Ma fille, les bonnes gens se demandent à quoi nous servons, et après tout ils sont bien excusables de se le demander (GEORGES BERNANOS, Dialogues des carmélites, 1948, 2e. tableau, 1, page 1585 ). b) Il(s) peut représenter des substantifs désignant des animaux mâles ou dont le nom est masculin. Nous venons de la promenade, papa, moi et mon chien, le joli chien de Lili : chère petite bête! il ne me quitte jamais (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Journal intime, 1838, page 199 ). c) Il(s) peut représenter des substantifs désignant des choses du genre masculin. Françoise avait précipitamment rentré les précieux fauteuils d'osier de peur qu'ils ne fussent mouillés (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 11 ). d) Elle(s) représente des substantifs désignant des personnes de sexe féminin ou des substantifs du genre féminin. Ma pauvre mère est morte. Elle n'a pas beaucoup souffert (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance, 1882, page 16 ). · Représentant d'un substantif de genre féminin, mais désignant un homme. Son Éminence avait aussitôt dicté à M. de Goulet une note favorable au candidat du nonce. Elle s'écria, de sa jolie voix chevrotante... (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail 1897, page 145 ). — En particulier. [Il(s), elle(s) servant dans la même proposition à reprendre le sujet lorsque celui-ci est un pronom tonique de la 3e. personne : lui, elle(s), eux] L'hiver sous ses frimas tient la terre enchaînée; Le printemps les dissipe, et lui-même il s'enfuit (ANDRÉ CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 226 ). Et lui, le village, il semblait attendre aussi — sans grand espoir — (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1031 ) : Ø 2. Un souvenir, en passant, aux macreuses du lac de Tunis. Elles, elles font une petite pirouette quand elles se laissent balancer par la houle légère. HENRI DE MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, page 1231. Remarque : La répétition du même pronom elle(s) atone et tonique s'évite habituellement; la construction adoptée est alors elle(s) forme tonique comme sujet Lui, coiffé d'une casquette de soie (...); elles, également endimanchées (...) portaient des robes semblables (ÉMILE ZOLA, Terre, 1887, page 168). 2. Il(s), elle(s) sont des représentants servant à annoncer un sujet qui va être exprimé, ce sujet étant postposé au verbe (le plus souvent en apposition, rejeté en fin de phrase, notamment dans des phrases exclamatives à valeur affective). Et ce qu'il manquait de chic, ce Louis, sans gants pour conduire (OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 15 ). Mais ils font trop de musique, ces gens (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 147 ) : Ø 3. MANENTE : Voici venir le prince des lainiers, avec ses deux filles (...). UDERIGO : Elles sont belles, les deux filles. ARMAND SALACROU, La Terre est ronde, 1938, I, 1, page 139. — [ou en phrase interrogative sans inversion du sujet (remplacée par l'intonation de la voix)] — Elle te plaît, cette montre? Prends-la! (MAX JACOB, Le Cornet à dés, 1923, page 11 ). Elle va bien, Mademoiselle Lili? (ÉDOUARD BOURDET, Le Sexe faible, 1931, I, page 242 ). 3. Il(s), elle(s) peuvent représenter des animés ou des inanimés que le locuteur et l'interlocuteur ont présents à l'esprit de sorte qu'il est inutile de les désigner nommément. Oh!... j'ai vu un crêpage de chignons hier. Elles s'écharpillaient (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 546 ). — Allons, voyons, ne répliquez pas! C'est curieux que lorsqu'ils arrivent, ils ont tous cette habitude! (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re. partie, 2, page 22 ). Un coup d'oeil sur la pendule. « Ils doivent être sortis de table, là-haut?... » (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Consultation, 1928, page 1057 ). B. — Valeurs sémantiques ou stylistiques particulières. 1. Valeur hypocoristique de il et de elle, substitut d'un pronom personnel à une autre personne. a) Il ou elle à la place de tu ou de vous (pour exprimer la tendresse, l'ironie, le mépris, etc.). Mais qu'est-ce qu'elle a, ce matin? Vous pensez à votre amoureux? (JEHAN BOUVELET, Barbe-blonde, I, page 7 dans SANDF. tome 1 1965, § 24 ). La mère à son enfant : Est-ce qu'il aime bien sa maman? (Le Bon Usage (MAURICE GREVISSE) 1975, § 468 N.B. ). b) Il ou elle à la place de je. Éponine! — Qu'est-ce qu'elle a fait? Que me voulez-vous donc? (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, La Philosophie de Georges Courteline, 1917, page 115 dans SYNTAXE DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN (KRISTIAN SANDFELD) tome 1 1965, § 24 ). 2. Emploi comme substantif à valeur générique, où elle représente le sexe féminin : Ø 4. Par la diversité de son humeur (...) elle allait rappelant en lui mille désirs, évoquant des instincts ou des réminiscences. Elle était l'amoureuse de tous les romans, l'héroïne de tous les drames, le vague elle [italiques dans le texte] de tous les volumes de vers. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 114. 3. Valeur particulier de elle désignant l'histoire (drôle), le fait comique dont on parle (familier) Elle est raide, celle-là! Il riait d'un rire formidable, et demandait toujours comme conclusion : « Est-elle bonne, celle-là? (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, La Rouille, 1882, page 791 ). Mais il lui vint une idée (...). — Si je faisais Guitrel évêque? Elle serait bien bonne! (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, page 249 ). 4. Valeur péjoratif ou euphémique des indéfini pluriel ils et elles. a) Elles désignant un groupe indéterminé de femmes/filles ou les femmes en général. « Ah! elles auront toujours le dernier mot », soupire Lohengrin (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, page 125 ). Ça n'est pas la première fois qu'une femme supérieure se sera laissé dévorer, c'est même comme ça qu'elles finissent toutes (GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve, 1948, page 924 ) : Ø 5. — Elles sont toutes les mêmes, tu sais, conclut le cordonnier (...). Andréas avait une sagesse à lui, et, coupant son mutisme, des réflexions définitives. Son « elles sont toutes les mêmes » englobait dans son esprit toutes les exaltées. JOSEPH PEYRÉ, Matterhorn, 1939, page 117. b) Parfois ironique ou péjoratif. Ils désignant un groupe de personnes plus ou moins indéterminé, que le locuteur rend responsables d'un événement, d'une situation plutôt désagréable et souvent d'ampleur nationale (par exemple le gouvernement, le fisc, les hommes politiques, l'ennemi pendant la guerre, les patrons, les supérieurs, les riches) : Ø 6. ... dans les armes parlantes de la bourgeoisie figure une boîte de spécialité pharmaceutique. (Ils ont besoin d'un médecin pour leur dire de moins manger. Ils ont besoin d'un médecin pour leurs « cures de silence ». Ils consultent le médecin s'ils prennent du ventre. Ils consultent le médecin si leur gosse se touche). HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1375. — Ils désignant des personnes que le locuteur ne veut pas désigner par le titre attaché à leur fonction. Eh bien! Ils en ont de bonnes au ministère. Lisez plutôt (PIERRE BENOÎT, L'Atlantide, 1919, page 16 ). Le jour où ils m'ont arrêté, j'allais vous rejoindre (ALBERT CAMUS, Les Justes, 1950, I, page 308 ) : Ø 7. Ils, c'est tout le monde : les patrons pour les employés, les employés pour les patrons, les domestiques pour les maîtres de maison, les maîtres de maison pour les domestiques, les automobilistes pour les piétons, les piétons pour les automobilistes et, pour les uns comme pour les autres, les grands ennemis communs : l'État, le fisc, l'étranger. PIERRE DANINOS, Les Carnets du Major Thomson, pages 32-33 dans GREV. 1975, § 470, remarque 1, note 1. — Ils désignant les gens, l'opinion, le quartier (= on). Une épicerie modèle, qu'ils disaient (JEAN GIONO, Un de Baumugnes, 1929, page 16 ). Ils racontent que vous ne vous nourrissez point (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1182 ). C. — Mécanismes syntaxiques (applicables également à il2 impersonnels) 1. Emplois pléonastiques. a) [Si le verbe est relativement éloigné de son sujet] : Ø 8. Les êtres que nous désespérions d'atteindre et d'influencer, ils sont là, tous réunis par la pointe la plus vulnérable, la plus réceptive, la plus enrichissante de leur substance. PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, page 138. b) Très familier ou populaire. [Dans la langue parlée relâchée ou la langue enfantine, reprise immédiate du sujet par il(s) ou elle(s), placé entre le sujet et le verbe] La maîtresse elle a dit... Tout le monde il a voulu parler (ALAIN ROBINET, DIT MUSETTE. [Cagayous philosophe ] , 1906, page 187 ). Quand Messiou Rascasse il sera là, je pourrai travailler (MARCEL ACHARD, Voulez-vous jouer avec moâ?, 1924, I, 1, page 13 ) : Ø 9. — Monsieur, dit Poil de Carotte réellement audacieux et fier, le maître d'étude et Marseau, ils font des choses! Aussitôt les yeux du Directeur se troublent comme si deux moucherons s'y étaient précipités soudain. JULES RENARD, Poil de carotte, 1894, page 140. Remarque : Dans ce cas, la forme populaire y est fréquente, pouvant désigner a) il masculin singulier Et qu'est-ce qu'il a dit, ce Monsieur? — Qu' M'sieu Canu y viendrait en personne (GUY DE MAUPASSant, Pierre et Jean, 1888, page 298). b) ils masculin pluriel Vous savez, les rentiers, y vivent de leurs rentes (HONORÉ DE BALZAC, Les Petits bourgeois, 1850, page 207). c) elle(s) singulier ou pluriel (rare). Ta mère y [= elle] t'appelle (ALAIN ROBINET, DIT MUSETTE, Cagayous partout, 1905, page 101). 2. Répétition ou non-répétition de il(s), elle(s) a) [Il(s), elle(s) sont répétés] — [en juxtaposition de proposition ou de phrases] On ne lit point aujourd'hui les longs ouvrages; ils fatiguent, ils ennuient (FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, De la Religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil, 1825, page 5 ). Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants (GUILLAUME APOLLINAIRE, Alcools, 1913, page 43 ). — [impérativement quand l'une des deux phrases est positive, l'autre négative] Vous l'avez entendu, monsieur Henry, il va chez elle, il ne s'en cache pas, il le dit, il s'en vante! (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, page 128 ). Ils ne comprendraient pas, ils accuseraient maman (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, page 746 ). b) [Il(s), elle(s) ne sont pas répétés] — [en coordination de proposition ou de phrases] Elle avait tiré sa houppette et la passait légèrement sur ses pommettes et sous ses yeux (JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 156 ). Remarque : Lorsque les verbes sont à des temps différents, le pronom en principe se répète. Il ne sortit plus de sa maison, et il guettait sans cesse la route par la petite fenêtre de sa cuisine (GUY DE MAUPASSant, Contes et nouvelles, tome 2, St-Antoine, 1883, page 194). — [lorsque la série se clôt par une proposition coordonnée ou lorsque les actions sont successives et continues (les verbes étant au même temps)] Elle écouta longtemps, n'entendit rien, comprit cet affront public et pleura (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 6 ). Le souvenir d'une enfance libre et heureuse, où il se couchait, se levait, galopait à sa fantaisie (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1906, page 6 ). Remarque : L'omission du sujet il(s), elle(s) a lieu dans le style télégraphique ou dans des citations à l'ordre du jour. A été voir quelqu'un à Auteuil, a causé tranquillement (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1856, page 253). Léon Blum ne sait pas; il cherche; il tâtonne; a trop d'intelligence et pas assez de personnalité (ANDRÉ GIDE, Journal, 1890, page 15). Voir citation exemple 9. 3. Place de il(s), elle(s) a) [Directement postposé au verbe ou à l'auxiliaire, lorsque la syntaxe demande l'inversion du sujet, notamment] — [dans l'interrogation directe, sauf avec l'outil est-ce que] Mais qu'ont-ils donc à rire là-bas? (VICTOR HUGO, Lucrèce Borgia, 1833, III, 1, page 149 ). J'ai une fille qui s'appelle Judith. Est-elle ici? Est-elle ailleurs? (HENRY BECQUE, Les Corbeaux, 1882, I, 1, page 56 ). Remarque : Dans la langue parlée, l'intonation de la voix remplace parfois l'inversion du sujet Elle est gentille? — Et comment! (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 48). — [après certains adverbes comme ainsi, à peine, aussi (= " c'est pourquoi "), du moins, encore (= " mais il faut préciser que "), en vain, peut-être] Il la trouva couchée dans leur chambre, comme il lui avait demandé de le faire. Ainsi se préparait-elle à la fatigue du déplacement (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 1221 ). — [en incise, avec des verbes déclaratifs comme dire, s'écrier, murmurer, répondre] Ma fille, lui dit-il, quelle route veux-tu? Mon père, répond-elle, où marche la vertu (FRANCIS JAMMES, Les Géorgiques chrétiennes, 1912, chant 5, page 9 ). L'accouchée tourna légèrement la tête et lui sourit. — Ça ne fait rien, ma mère, ça ne fait rien, murmura-t-elle (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 13 ). — [dans certaines propositions exclamatives à valeur affective (exprimant l'admiration, l'étonnement, le mépris, l'indignation, etc.)] Que de peine Moïse n'eut-il pas, à prévenir chez les Juifs le culte des images! (CHARLES-VICTOR BONSTETTEN, L'Homme du Midi et l'homme du Nord, 1824, page 48 ). Aura-t-elle bientôt fini de me faire trotter! (PAUL CLAUDEL, L'Endormie, 1883, page 6 ). — [dans certaines propositions suppositives ou dubitatives] Dût-il en mourir; fût-il le meilleur. Et fût-il gratifié de tous les honneurs que peuvent conférer les républiques et les princes, je crois que le crépuscule allumerait encore en lui la brûlante envie de distinctions imaginaires (CHARLES BAUDELAIRE, Petits Poèmes en prose, 1867, page 106 ). Ce respect pour ceux qui se trouvaient au-dessus de lui et qu'il voyait d'en bas (eussent-ils été fort au-dessous de lui jusque-là) (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 148 ). b) [Séparé du verbe par ne, en, y ou un pronom personnel atone ou tonique] Alors... ils se voient? (PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 146 ). C'est une mission embêtante. Mais ils y tiennent à l'État-Major. Ils y tiennent beaucoup (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 268 ). c) [Disjoint du verbe, parfois en emploi nominal] Qui, ils? Henriette : Des lettres? mais je vous prie de croire qu'il ne m'a jamais écrit!... Blandinet, avec force : Il!... il y a un il... j'en étais sûr! (EUGÈNE LABICHE, Les Petits oiseaux, 1862, II, 10, page 255 ). Il commettait une faute en se reconnaissant dans cet il fameux qui est le héros de l'article (JULES VALLÈS, Le Réfractaire, 1865, page 138 ). Remarque : 1. Il(s), elle(s), dans le discours indirect (paroles rapportées) peuvent représenter la 1re personne (je, nous). Il dit qu'il viendra (= il dit : " Je viendrai "); elles disent qu'elles viendront (= elles disent : " Nous viendrons "). Il dit qu'il s'étonne beaucoup de ce que l'on verse ainsi tant de pleurs, pour un acte d'une telle insignifiance Isodore Ducasse, dit comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, 1869, page 310). Il voulut lui conter tout ce qu'il ferait plus tard (Romain Rolland, Jean-Christophe, Révolte, 1907, page 377). 2. La postposition du pronom sujet exige a) un trait d'union. Vient-elle? b) un t euphonique épenthétique si la forme verbale se termine par une voyelle. Viendra-t-il? 3. La documentation atteste des formes phonétiques populaires ou de langue parlée : ell'; i, y (singulier ou pluriel). Comben t'a-t-il donné? I doit être généreux; il est si riche! (Théodore Leclercq, Proverbes dramatiques, Le Savetier et le financier, 1835, 8, page 234). À quel donc moument qu'i'font ça, les chiens? (Roger Martin du Gard, La Gonfle, 1928, I, 2, page 1178). Ell'ne l'aimait pas, lui non plus (Paul Éluard, Donner, 1939, page 168). Voir aussi Prononciation infra. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire Il1 et 2 : 1 150 105. Ils1 : 176 912. Fréquence relative littéraire Il1 et 2 : XIXe. siècle : a) 1 439 998, b) 1 552 553; XXe. siècle : a) 1 780 815, b) 1 759 668. Ils1 : XIXe. siècle : a) 246 033, b) 215 896; XXe. siècle : a) 283 427, b) 256 302. Fréquence absolue littéraire Elle : 461 941. Elles : 58 958. Fréquence relative littéraire Elle : XIXe. siècle : a) 514 382, b) 697 240; XXe. siècle : a) 761 791, b) 693 928. Elles : XIXe. siècle : a) 92 894, b) 68 572; XXe. siècle : a) 84 342, b) 84 006.