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Dictionnaire en ligne: ENTHOUSIASME, substantif masculin.

Publié le 28/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ENTHOUSIASME, substantif masculin. A.— Dans le vocabulaire religieux. 1. RELIGIONS NON-CHRÉTIENNES. État d'exaltation de l'esprit, d'ébranlement profond de la sensibilité de celui qui se trouve possédé par la Divinité dont il reçoit l'inspiration, le don de prophétie ou de divination. Enthousiasme prophétique; l'enthousiasme de la pythie, de la sibylle; la divination par l'enthousiasme. Les Hiérophantes, dans leur enthousiasme, avaient peint « Un Roi Libérateur » (CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 299 ). Ce n'est pas pour rien qu'enthousiasme veut dire Dieu dans nous (ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1841, page 1161) : Ø 1. Le second [point à noter] est que la doctrine à laquelle le mouvement aboutit, et où la pensée hellénique trouva son achèvement, prétendit dépasser la pure raison. Il n'est pas douteux, en effet, que l'enthousiasme dionysiaque se soit prolongé dans l'orphisme. HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 231. 2. Par extension. État de ferveur, d'émotion religieuse intense donnant l'intuition de vérités religieuses ou de réalités supra-naturelles (opposé à raison, intelligence). Enthousiasme divin, religieux, sacré; un pieux enthousiasme. La foi est une surexcitation, un enthousiasme, un état de grandeur intellectuelle (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Correspondance, 1866, page 114 ). Tous s'appliquaient (...) à créer la religion d'une humanité libre, qui ne sacrifiât rien, ni de ses puissances d'enthousiasme, ni de ses puissances de raison (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 956) : Ø 2. Des deux côtés le moi se donne à la volupté d'une sorte d'anéantissement, mais là c'est pour se refuser aux promesses de la vie, ici pour en briser les limites dans une extase, se gonfler d'un enthousiasme divin, retrouver, par-delà sa durée arrêtée et discontinue, le temps perdu qui mesure l'immensité de son existence souterraine. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 390. B.— Par extension. [Concernant des valeurs humaines, mais souvent avec une coloration religieuse, l'enthousiasme étant conçu comme un don divin ou l'objet de l'enthousiasme étant divinisé] 1. État d'exaltation de l'âme chez le poète ou l'artiste en proie à l'inspiration (opposé à art, habileté, travail artistique, etc.). Enthousiasme lyrique, musical, poétique; l'enthousiasme du génie; se livrer à l'enthousiasme. Je ne comprends pas pourquoi l'homme rationnel et spirituel se sert de moyens artificiels pour arriver à la béatitude poétique, puisque l'enthousiasme et la volonté suffisent pour l'élever à une existence supra-naturelle (CHARLES BAUDELAIRE, Les Paradis artificiels, 1860, page 343 ). Je trouvais indigne, et je le trouve encore, d'écrire par le seul enthousiasme. L'enthousiasme n'est pas un état d'âme d'écrivain (PAUL VALÉRY, Variété I, 1924, page 186) : Ø 3.... les difficultés de la langue et de la versification française s'opposent presque toujours à l'abandon de l'enthousiasme. On peut citer des strophes admirables dans quelques-unes de nos odes; mais y en a-t-il une entière dans laquelle le dieu n'ait point abandonné le poëte? GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 117. — Par extension. Force naturelle ou mystique qui pousse à créer ou à agir avec ardeur et dans la joie. Ardent, vif enthousiasme; enthousiasme guerrier, militaire, scientifique; l'enthousiasme des croisades, du patriotisme; travailler avec, sans enthousiasme; manquer d'enthousiasme; avoir beaucoup, peu d'enthousiasme. Nos aimables barons (...) vous enseigneront la belle tenue de l'état-major de Berthier et l'étiquette des maréchaux, sans oublier le dévouement, l'enthousiasme, le « feu sacré » (PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Lettres au rédacteur du "Censeur", 1820, page 45 ). C'était sa belle ardeur juvénile, sa foi dans le bien, son enthousiasme, son élan vers l'action qu'il voyait chanceler (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 386) : Ø 4. Le sens de l'abondance de l'être, la joie de la connaissance du monde et de la liberté et l'élan vers la découverte scientifique, l'enthousiasme créateur et la dilection de la beauté des formes sensibles décèlent au temps de la Renaissance des sources inextricablement naturelles et chrétiennes. JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 33. · Enthousiasme + complément à l'infinitif Cet enthousiasme à téter est physiologiquement le premier modèle et vrai modèle de tout enthousiasme au monde (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1924, page 578 ). 2. Au singulier et au pluriel. Mouvement violent et profond de la sensibilité portant à aimer ou à admirer quelqu'un ou quelque chose avec passion, parfois de façon excessive. Enthousiasme aveugle, profond; avoir de l'enthousiasme pour quelqu'un, pour quelque chose; exciter l'enthousiasme. À ces mots, vous verriez la France entière, animée du saint enthousiasme de la liberté (MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, Discours, Sur la guerre, tome 8, 1792, page 147 ). Il y avoit un esprit de dévouement héroïque et généreux, un enthousiasme pour les femmes, qui faisoit de l'amour un noble culte (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 91 ). On touche ici à l'impureté de certains enthousiasmes passionnels. Notamment de certains enthousiasmes à forme collective (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 611 ). Confer aussi amour exemple 61 : Ø 5. L'amour est paix, l'amour est guerre. Le fanatisme, dans son fond, est aussi bien amour que l'enthousiasme; il y a de la générosité dans tout carnage, et dans toute cruauté active. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1910, page 77. — Spécialement. Caractère passionné d'un phénomène affectif. L'émotion de mon âme et l'enthousiasme de mon admiration (ALPHONSE DE LAMARTINE, Confidences, 1849, page 301) : Ø 6.... je n'ai jamais senti le besoin de me taire quand j'ai admiré; c'est pourquoi je proclame mon enthousiasme pour Mme. de Staël et pour lord Byron. Quoi de plus doux que l'admiration? C'est de l'amour dans le ciel, de la tendresse élevée jusqu'au culte;... FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 516. SYNTAXE : Enthousiasme excessif, exclusif, fiévreux, frénétique; grands enthousiasmes; enthousiasmes amoureux; soulevé, saisi, transporté d'enthousiasme; prompt à l'enthousiasme; élans, transports d'enthousiasme; l'enthousiasme de/pour les arts, la beauté, l'idéal, les principes, la vertu; inspirer, soulever, susciter l'enthousiasme (les enthousiasmes); échauffer, glacer, refroidir l'enthousiasme; admirer, louer, parler avec enthousiasme. Remarque : La tournure enthousiasme de suivie d'un complément représentant une chose abstraite, largement attestée jusqu'au début du XXe. siècle, est aujourd'hui vieillie. 3. Joie très vive, tendant à s'extérioriser et exprimant une adhésion totale, une approbation complète. Enthousiasme expansif; débordements d'enthousiasme; accepter d'enthousiasme ou avec enthousiasme. On vit les évêques jeter en l'air d'enthousiasme leurs crosses (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 5, 1906-07, page 304 ). Une grande vague d'enthousiasme et d'émotion populaires me saisit quand j'entrai à Cherbourg (...), la population massée sur mon passage éclatait en démonstrations (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 297 ). Remarque générale : Si dans la langue courante enthousiasme a perdu toute coloration religieuse et a pu devenir banal au point d'être employé à propos de l'événement le plus ordinaire, il n'en va pas de même dans la langue littéraire où le mot retrouve facilement une part de sa valeur originelle. Employé absolument enthousiasme est généralement pris en bonne part. Seule l'association avec certains adjectifs péjoratifs (aveugle, excessif, etc.) peut transformer cette valeur. Parfois il est employé ironiquement lorsque le substantif complément désigne une chose dérisoire ou mauvaise. L'enthousiasme de l'ignominie (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 194); l'enthousiasme du mensonge (JULES RENARD, Journal, 1906, page 1032). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 647. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 6 313, b) 5 612; XXe. siècle : a) 5 074, b) 4 062. Forme dérivée du verbe "enthousiasmer" enthousiasmer ENTHOUSIASMER, verbe transitif. A.— Emploi transitif. Remplir d'enthousiasme. 1. [Le sujet désigne une personne ou une chose] Inspirer un zèle ardent, une admiration très vive ou un goût exalté. Je devais (...) me promener sur les boulevards, la cocarde blanche au chapeau, et enthousiasmer la foule (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 162 ). Si le poète l'enthousiasma, l'homme l'étonna beaucoup (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Ariel ou la vie de Shelley, 1923, page 212 ). — Enthousiasmer quelqu'un pour quelque chose. C'eût donc été une cruauté inutile que d'aller l'enthousiasmer pour ton admirable drame (STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance, 1865, page 174 ). — emploi absolu. Ces spectacles doivent enthousiasmer, disposer à la prière, à l'extase! (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 1, 1857, page 93 ). 2. [Le sujet désigne une chose] Causer un sentiment de satisfaction (pouvant aller du vif plaisir à la joie intense). J'ai bien vu que mon roman lui plaisait, l'enchantait, l'enthousiasmait (GEORGES DUHAMEL, Cécile parmi nous, 1938, page 193 ). — Au passif. Être rempli d'une très vive satisfaction. Ma grand'mère était revenue de sa visite enthousiasmée par la maison (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 20 ). — [Fréquemment à la forme négative, avec effet de litote ou non] Il est vrai que la diplomatie ne t'enthousiasmerait peut-être pas (JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1905, page 75 ). B.— Emploi pronominal. 1. S'enthousiasmer pour ou de (vieilli). Se prendre d'une admiration extrême, d'un goût très vif pour quelque chose ou quelqu'un. M'enthousiasmer de quelqu'un! Les plus grands ne sont que de ma taille (JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 74 ). Quelques sectaires s'enthousiasment pour un livre illisible et énorme (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 201 ). 2. S'enthousiasmer à suivi d'un substantif ou d'un infinitif. Prendre un très vif plaisir à (faire) quelque chose. Quant au public, tandis qu'on l'accuse niaisement de ne se plaire qu'aux farces viles (...) c'est lui qui s'enthousiasme aux vers énergiques et vrais (THÉODORE DE BANVILLE, Gringoire, 1866, page V. ). On ne s'enthousiasmait plus qu'à voir défiler sur la scène des diamants au cou des figurantes (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 402 ). 3. [Sans complément prépositionnel] Se laisser aller à sa joie, à son admiration, souvent en les manifestant avec exubérance. Elle voulut voir ce poète, cet ange! Elle en raffola, elle s'enthousiasma, elle en parla pendant des heures entières (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 54 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 234. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 228, b) 515; XXe. siècle : a) 381, b) 293.

« Ø 3....

les difficultés de la langue et de la versification française s'opposent presque toujours à l'abandon de l'enthousiasme.

On peut citer des strophes admirables dans quelques-unes de nos odes; mais y en a-t-il une entière dans laquelle le dieu n'ait point abandonné le poëte? GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 117. — Par extension.

Force naturelle ou mystique qui pousse à créer ou à agir avec ardeur et dans la joie.

Ardent, vif enthousiasme; enthousiasme guerrier, militaire, scientifique; l'enthousiasme des croisades, du patriotisme; travailler avec, sans enthousiasme; manquer d'enthousiasme; avoir beaucoup, peu d'enthousiasme.

Nos aimables barons (...) vous enseigneront la belle tenue de l'état-major de Berthier et l'étiquette des maréchaux, sans oublier le dévouement, l'enthousiasme, le « feu sacré » (PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Lettres au rédacteur du "Censeur", 1820, page 45 ).

C'était sa belle ardeur juvénile, sa foi dans le bien, son enthousiasme, son élan vers l'action qu'il voyait chanceler (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 386) : Ø 4.

Le sens de l'abondance de l'être, la joie de la connaissance du monde et de la liberté et l'élan vers la découverte scientifique, l'enthousiasme créateur et la dilection de la beauté des formes sensibles décèlent au temps de la Renaissance des sources inextricablement naturelles et chrétiennes. JACQUES MARITAIN.

Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 33. · Enthousiasme + complément à l'infinitif Cet enthousiasme à téter est physiologiquement le premier modèle et vrai modèle de tout enthousiasme au monde (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1924, page 578 ). 2.

Au singulier et au pluriel.

Mouvement violent et profond de la sensibilité portant à aimer ou à admirer quelqu'un ou quelque chose avec passion, parfois de façon excessive. Enthousiasme aveugle, profond; avoir de l'enthousiasme pour quelqu'un, pour quelque chose; exciter l'enthousiasme.

À ces mots, vous verriez la France entière, animée du saint enthousiasme de la liberté (MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, Discours, Sur la guerre, tome 8, 1792, page 147 ).

Il y avoit un esprit de dévouement héroïque et généreux, un enthousiasme pour les femmes, qui faisoit de l'amour un noble culte (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 91 ).

On touche ici à l'impureté de certains enthousiasmes passionnels.

Notamment de certains enthousiasmes à forme collective (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 611 ).

Confer aussi amour exemple 61 : Ø 5.

L'amour est paix, l'amour est guerre.

Le fanatisme, dans son fond, est aussi bien amour que l'enthousiasme; il y a de la générosité dans tout carnage, et dans toute cruauté active. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1910, page 77. — Spécialement.

Caractère passionné d'un phénomène affectif. L'émotion de mon âme et l'enthousiasme de mon admiration (ALPHONSE DE LAMARTINE, Confidences, 1849, page 301) : 2. »

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