Dictionnaire en ligne: EMPARER (S'), verbe pronominal.
Publié le 23/01/2016
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MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 561 ).
— Dans le domaine des idées.
Utiliser quelque chose
emprunté à d'autres, faire sien.
Sans doute aurions-nous pu
nous emparer du mot « supernaturalisme », employé par Gérard
de Nerval (ANDRÉ BRETON, Les Manifestes du Surréalisme, 1er.
Manifeste, 1924, page 44 ).
L'idée de perfection à atteindre,
qui a animé tout l'art grec dans le plan physique et dont
s'est emparé le christianisme pour la transposer dans le plan
moral (ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 262 ).
2.
Par extension.
Saisir quelque chose avec décision,
rapidité.
Elle se traînait d'une si piteuse façon, qu'il ne me
fallut pas beaucoup de vertu pour m'emparer de ses seaux et
pour les emporter à sa place (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT,
DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page
200 ).
Un homme va empoigner une fourche, un autre s'empare
d'un bâton, un autre encore va prendre son fléau (CHARLES-
FERDINAND RAMUZ, Derborence, 1934, page 170 ).
Costals
s'empara d'un volume de la bibliothèque rose, les Vacances,
qui se trouvait sur la table (HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour
les femmes, 1936, page 1123 ).
B.— [Le complément désigne une personne ou un attribut de la
personne]
1.
Se rendre maître de quelqu'un, le saisir, le capturer.
Six
gendarmes s'emparent du paysan, l'emmènent lié et garroté
entre deux voleurs de grand chemin (PAUL-LOUIS COURIER,
Lettres de France et d'Italie, 1825, page 783 ).
Le
protonotaire apostolique s'empara de moi, me jeta en travers
de ses genoux et, les yeux au ciel, me fessa méthodiquement
(HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 12 ).
— [En parlant d'une partie du corps] Saisir.
Conan, (...)
s'emparait sans hésiter d'un bras plaisant, quand on avait eu
l'imprudence de répondre à son sourire (ROGER CRÉTIN, DIT
ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 168 ).
Il traversa
la chaussée et s'empara de la dextre de Pierrot en manifestant
une grande cordialité (RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami,
1942, page 139 ).
2.
Par extension.
Retenir quelqu'un, lui ôter la liberté de
partir, d'agir comme il l'entend.
À peine étions-nous arrêtés
sur la place, que le maître d'école s'empara de nous et se mit
à nous faire les honneurs de son village (EDMOND ABOUT, La
Grèce contemporaine, 1854, page 51 ).
J'ai (...) de gros
souliers jaunes, un col de la veille, pas de manchettes...
Mme.
Mühlfeld néanmoins s'empare aussitôt de moi et me
contraint d'être trop aimable, par crainte d'être impertinent
(ANDRÉ GIDE, Journal, 1917, page 624 ).
3.
Au figuré.
a) [Le sujet désigne une personne ou un attribut de la
personne] Soumettre quelqu'un à son influence, se rendre
maître de quelqu'un.
S'emparer de l'attention, de l'esprit, de
la volonté; s'emparer du regard de quelqu'un.
Une voix
prenante, conquérante, qui s'emparait des intelligences et des
coeurs (ÉMILE ZOLA, Vérité, 1902, page 6 ).
Louis, (...)
n'avait pas de prédisposition marquée : le père s'empara de ce
garçon tranquille et le fit pasteur en un tournemain (JEAN-
PAUL SARTRE, Les Mots, 1963, page 3) :
Ø 3.
Après s'être emparé de la vie de cet homme, elle
s'empara de son esprit, qu'elle pétrit à son gré et façonna
2.
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