Dictionnaire en ligne: ÉCLOP(P)É, -ÉE, (ÉCLOPÉ, ÉCLOPPÉ) participe passé, adjectif et substantif.

Dictionnaire en ligne: ÉCLOP(P)É, -ÉE, (ÉCLOPÉ, ÉCLOPPÉ) participe passé, adjectif et substantif. I.— Participe passé de éclop(p)er* II.— Emploi adjectival. A.— [En parlant d'une personne, d'un groupe de personnes ou d'un animal] Qui marche avec difficulté, estropié. Un vieux âne écloppé, maigre et sourd; (...) harassé, boiteux et lamentable. (...) Chaque pas qu'il faisait semblait l'avant-dernier (VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 2, 1859, page 736 ). Les régiments devinrent plus rares, et un jour on les vit repasser en sens inverse, éclopés, saignants (ÉMILE ZOLA, Nouveaux contes à Ninon, 1874, page 207 ). [Un enfant] un crapaud de cinq ans, éclopé, qui consolidait de béquilles son rachitisme (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs les Ronds-de-cuir, 1893, 2e. tableau, 3, page 78 ). B.— Par analogie. [En parlant d'un objet quelconque] Qui est abîmé, détérioré. Ce bâtiment, tout éclopé qu'il était, car la mer l'avait malmené, fit de l'effet en entrant dans la rade (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 443 ). Les chaises et les tables éclopées (ÉMILE ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, page 1071 ). Des masures éclopées (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 89 ). Remarque : On rencontre dans la documentation quelques emplois littéraire par comparaison ou au figuré Le soir, les nuages revinrent de la bataille [l'orage] , éclopés, sanglants, les uns, en hâte, les autres, se traînant à peine (JULES RENARD, Journal, 1900, page 590). III.— Emploi comme substantif. A.— Personne estropiée, qui marche difficilement. J'ai vu passer et repasser tout le personnel de l'église, (...) l'éclopé donneur d'eau bénite, affublé comme un personnage de Rembrandt (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1853, page 70 ). Il y avait eu des jambes et des bras cassés (...) et les éclopés (...) sacraient, juraient, grognaient dans le froid (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 248 ). — En particulier. Soldat rendu momentanément indisponible pour le service par des blessures légères. On sentait la fatigue : « La pause! La pause! » criait-on en se cachant Des éclopés sortaient du rang et se déchaussaient, assis au pied du talus (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 35) : Ø 1.... les marches [de l'armée russe] étaient lentes, ruineuses pour les pays que traversait une multitude indisciplinée, et, à chaque étape, l'armée laissait en arrière un grand nombre d'écloppés et de traînards. PROSPER MÉRIMÉE, Histoire du règne de Pierre le Grand, 1864-68, page 558. Remarque : On ne rencontre dans la documentation aucun emploi substantival féminin désignant une personne Un seul emploi substantival désignant un animal. Elle n'est pas brillante, ma meute, en ce moment! Venez, les éclopées! (COLETTE, La Vagabonde, 1910, page 183). B.— Au figuré, littéraire. dans le domaine de la vie intellectuelle ou sentimentale, déterminé par un complément du nom. Personne qui a subi des épreuves douloureuses ou pénibles. Cette autre série des Invalides du sentiment, où figurent tous les écloppés de l'amour et des passions (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 6, 1863-69, page 163 ). Nous avons causé (...) d'Ed. Munier, d'Ed. Raoux et d'autres éclopés de la poésie et de la science (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 38) : Ø 2. Vauvenargues dit que dans les jardins publics il est des allées hantées principalement par l'ambition déçue, par les inventeurs malheureux, par les gloires avortées, par les coeurs brisés, par toutes ces âmes tumultueuses et fermées, en qui grondent encore les derniers soupirs d'un orage, et qui reculent loin du regard insolent des joyeux et des oisifs. Ces retraites ombreuses sont les rendez-vous des éclopés de la vie. CHARLES BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, Les Veuves, 1867, page 63. Remarque : Qualifié de familier dans Dictionnaire de l'Académie. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 Forme dérivée du verbe "écloper" écloper ÉCLOP(P)ER, (ÉCLOPER, ÉCLOPPER) verbe transitif. Rare. Rendre boiteux, estropier. Pas de contusions (...). Les rois n'aiment pas qu'on éclope leurs domestiques (VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 2, 1869, page 40 ). Remarque : 1. Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française depuis 1878 avec la mention " familier " 2. On rencontre dans la documentation le substantif masculin éclop(p)ement. État de ce qui est éclopé. Je vois là, dans ce fer rouillé et ce plomb terni [une seringue à injections et un poignard de carbonaro] , la fin de l'amour et des illusions politiques, l'éclopement de la vessie, l'éreintement de la foi républicaine (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1861, page 941).