Dictionnaire en ligne: DROITURE, substantif féminin.

Dictionnaire en ligne: DROITURE, substantif féminin. Qualité de ce qui est droit (confer droit2 ), fait d'être droit. A.— Vieux. 1. [En parlant d'un objet] Confer droit2 I A 1. Ce grand diable long et maigre, dont la taille et le caractère ont la droiture d'un mât (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Pour les fidèles de Péguy, 1928, page 182 ). — Locution adverbiale. En droiture. a) Selon une ligne droite. Au lieu de gouverner en droiture mon talent naturel (...) je me suis mis à l'égarer vers des fins toutes contraires (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 48 ). b) En droite ligne, directement. Je vous conseille d'aller en droiture à Naples (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à une inconnue, 1870, page 57 ). La religion de l'originalité mène en droiture au paradoxe (JULIEN BENDA, La France byzantine ou le Triomphe de la littérature pure, 1945, page 74 ). 2. [En parlant de la position d'un objet] Confer droit2 I B 2 a. Les bougies et la chandelle qui illuminaient le festin vacillèrent puis reprirent leur droiture, leurs flammes en forme d'ovale effilé se remirent à briller stablement (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 55 ). 3. Dans le domaine de l'esprit. Confer droit2 I C 2. La droiture de sa raison [de Clotilde] l'avertissait d'une présence intellectuelle qu'il ne fallait pas mépriser (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 69) : Ø 1.... il avait surtout un grand bon sens, une droiture de jugement qui lui faisait, le plus souvent, trouver le mot juste, au milieu des commérages de la province. ÉMILE ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, page 919. B.— Usuel. dans le domaine de la morale. [Le complément explicité ou non désigne un attribut, une manifestation de la personne humaine] Confer droit2 I C 1 a. Heureusement pour l'alliance française, le tsar Nicolas II était un souverain d'une droiture à toute épreuve (MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 1, 1929, page XXVI) : Ø 2. Nous venons de prononcer le mot de fierté. Vertu susceptible, que parcourent mêlés les premiers frémissements de l'orgueil et de l'agressivité. Mais en les contenant et en les intériorisant elle ramène leurs agitations à une légère vibration de vie, transfigure leurs raideurs en droiture. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 562. — Péjoratif. Avec une idée d'inflexibilité, de rigueur, d'insensibilité : Ø 3.... que fera Maurras? Il m'écrira : « (...) ce qui vous choque, vous, ondoyant, c'est la droiture de notre ligne de conduite; il y a des terrains que nous avons besoin d'exproprier, par droiture, et des êtres que nous avons besoin d'écraser. Vous, vous regardez surtout l'être que l'on écrase; nous, nous regardons à marcher droit. (...) » ANDRÉ GIDE, Journal, 1917, page 611. SYNTAXE : Droiture inflexible, parfaite; droiture morale, professionnelle; droiture du caractère, du coeur, de la conscience; droiture d'esprit (en tant que siège de la moralité); droiture des actes, des intentions, des sentiments; réputation, sentiment de droiture; (agir) avec droiture. Remarque : 1. Droiture est fréquemment associé à d'autres termes tels que dignité, franchise, force, honnêteté, honneur, impartialité, justice, loyauté, simplicité, sincérité, vérité. Où la tourmente vous a-t-elle jeté (...) ô mon vrai maître (...) Vous m'avez enseigné (...) la droiture et le courage (FRANCE, Étui nacre, Mémoires en un volume, 1892, page 222). 2. On rencontre dans la documentation l'adjectif et substantif masculin droiturier, vieux. a) Synonyme de légitime. À ceux d'Auxerre le roi manda par ses hérauts de le recevoir comme leur naturel et droiturier seigneur (IDEM, Jeanne d'Arc, tome 1, 1908, page 471). b) (Celui) qui se comporte avec droiture. Les doux de la terre; (...) les justes, les droituriers (ERNEST RENAN, Histoire du peuple d'Israël, tome 3, 1891, page 41). Hauturière et docile, alerte et droiturière (...) La Sainte la plus grande après Sainte Marie (CHARLES PÉGUY, Tapisserie Ste-Geneviève et Jeanne d'Arc, 1913, page 110). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 340. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 488, b) 492; XXe. siècle : a) 551, b) 433.