Dictionnaire en ligne: DIANTRE, substantif masculin.

Dictionnaire en ligne: DIANTRE, substantif masculin. Forme euphémique de diable1 I, vieilli et familier. A.— Emploi comme substantif masculin, rare. Tout le diantre était contre toi, le vent et la marée, la marée et le vent (VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 421 ). — Locutions. · Envoyer quelqu'un au diantre; (que le) diantre soit de; que le diantre m'emporte! Le diantre soit de ses sacrés signes de croix! (PAUL VERLAINE, Élégies, tome 7, 1893, page 63) : Ø 1. Un monsieur m'est tombé de la lune, pour m'acheter des bouquins et des premières éditions. Je l'ai d'abord envoyé au diantre. PAUL-JEAN TOULET, Correspondance avec un ami pendant la guerre, 1920, page 132. · Le diantre, c'est que...; voilà le diantre! Oui, cela serait bon, si je ne l'aimais pas; — mais je l'aime, voilà le diantre! (OCTAVE FEUILLET, Scènes et comédies, 1854, page 250 ). Le diantre, c'est que les assiégeants (...) se ravitaillaient facilement et tout le jour faisaient bombance (ALPHONSE DAUDET, Port-Tarascon, 1890, page 24 ). — Emploi comme substantif masculin ou féminin dans une locution à valeur d'adjectif. Diantre de + substantif. [En parlant d'une chose, d'un événement, d'une personne] Qui est fâcheux, difficile, irritant ou simplement remarquable ou curieux. La diantre de calèche alloit toujours, elle n'alloit que de plus belle (CHARLES NODIER, Trésor des fèves et fleurs des pois, 1833, page 49 ). Ce diantre d'homme avait tant de noblesse, de dignité naturelle (ALPHONSE DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, page 25 ). — À la forme interrogative. Quel diantre de bruit est-ce là? dit Francis. On dirait des femmes qui battent du linge (OCTAVE FEUILLET, Bellah, 1850, page 52 ). B.— Interjection. 1. Diantre! [Pour appuyer vivement une déclaration, pour marquer la surprise, l'admiration, la perplexité ou l'irritation] Diantre! Il [Napoléon] n'était pas fait pour planter des choux (HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, page 120 ). Diantre! fit Blazius, voilà qui est étrange! (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 144 ). 2. Que diantre! [Employé tantôt pour marquer la surprise, tantôt pour souligner énergiquement une affirmation] : Ø 2. Pardon!... Je ne prétends pas qu'il Faille faire un dieu de son ventre, On ne doit pas, non plus, que diantre! Le traiter comme un seigneur vil. RAOUL PONCHON, La Muse au cabaret, La Question culinaire, 1920, page 116. 3. [Après des interrogatifs (combien, comment, où, pourquoi, quand, que, qui, quoi), marquant la perplexité, l'incertitude] Où diantre m'étais-je fourré? (NÉPOMUCÈNE LEMERCIER, Pinto, 1800, I, 10, page 34 ). Au fait, pourquoi diantre y allait-il, lui, précisément lui, Édouard? (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1191 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 99. DÉRIVÉS : Diantrement, adverbe vieux, familier. [Forme euphémique de diablement] Excessivement, extrêmement. Synonymes : bougrement; drôlement, terriblement. Nous comptons sur votre livre, et nous avons diantrement besoin d'un succès (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 475 ). Il est diantrement fort, ce diable d'homme! (ÉMILE ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, page 955 ). Cela sent diantrement mauvais (ALEXANDRE ARNOUX, Rhône, mon fleuve, 1944, page 408 ).