Dictionnaire en ligne: DIABLE1, substantif masculin. I.— [Selon les croyances (judéo-)chrétiennes et dans la tradition populaire, le diable comme être spirituel] Esprit, principe du mal. Antonyme : Dieu. « Dargelos, que penses-tu du diable? » — « Le diable? C'est les défauts de Dieu » (JEAN COCTEAU, La Fin du Potomak, 1940, page 117) : Ø 1.... nous voyons dans la cosmogonie ou genese des Hébreux deux principes, l'un appelé Dieu, qui fait le bien, (...) et après lui vient un autre principe, appelé démon ou diable, et Satan, qui corrompt le bien qu'a fait le premier, et qui introduit le mal, la mort et le péché dans l'univers. CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, page 86. A.— THÉOLOGIE. 1. Rare, au singulier ou au pluriel. Ange révolté contre Dieu, déchu et précipité en Enfer, qui pousse les humains à faire le mal. Synonyme plus fréquent : démon (confer ange I B). S'il est souvent question des anges dans l'Évangile, il est encore plus souvent question des diables et de Satan (PIERRE LEROUX, Humanité, de son principe et de son avenir, tome 2, 1840, page 855 ). 2. Au singulier. Le Diable ou le diable. Le prince des anges déchus. Synonymes : Belzébuth, le démon, Lucifer, Satan : Ø 2. Tout en unissant les anges déchus au diable, leur chef, tant pour la chute que pour la punition, il [saint Augustin] en parle souvent séparément,... Dictionnaire de théologie catholique (A. VACANT, E. MANGENOT) 1920, page 368 Remarque : Diable est peu employé dans le vocabulaire théologique. B.— Courant. Être surnaturel rusé, personnification du mal, s'opposant à Dieu, auquel la tradition populaire prête un aspect repoussant (corps noir et velu, muni d'une queue, avec des cornes sur la tête, des pieds fourchus), mais se donnant parfois une apparence avenante ou séduisante pour entraîner plus sûrement les hommes au mal, au péché. Elle [Renée] pâlissait à l'idée du diable et de ses chaudières (ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 421) : Ø 3.... on croit au diable! Ah! mais pas au diable ordinaire, à celui-là en justaucorps écarlate avec sa grande queue et ses cornes, pas même à celui de Dostoiewski, le petit homme bedonnant à giletière. JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 29. SYNTAXE : Les cornes, les oreilles pointues, la longue queue du diable; les artifices, les ruses du diable; la puissance, les pouvoirs du diable; une tentation du diable; craindre, invoquer le(s) diable(s); les diables de l'Enfer; les supplices des diables en Enfer; chasser les diables; malin, méchant, rusé comme le/un diable; jurer, pester comme un diable. — Par métonymie. Figuration, représentation du diable. Charles X a fait couper les têtes de diables du portail (JULES MICHELET, Journal, 1833, page 112 ). C.— Locutions et expressions. 1. [Par référence aux caractères surnaturels ou aux traits de merveilleux attribués au diable; la notion religieuse ou magique étant présente] a) [Le diable en tant qu'objet d'une croyance] Les adorateurs du diable. — Ne croire ni à Dieu* ni à diable. Ne croire en rien. Il ne croyait, le bon bougre, ni à Dieu ni à diable (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 4, Mes hôpitaux, 1891, page 354 ). — Brûler une chandelle au diable (vieilli). " Flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quelque chose " (Dictionnaire de l'Académie Française). b) [Le diable muni d'un pouvoir de contre-Dieu] — Être possédé du diable. Être livré corps et âme au pouvoir du diable. Depuis deux ans vous êtes possédée du diable (FRANÇOIS DE CUREL, La Nouvelle idole, 1899, II, 1, page 191 ). — Faire, conclure, signer un pacte avec le diable; donner*, vendre* son âme au diable. Conclure avec le diable un pacte selon lequel il accorde certains privilèges pendant la vie terrestre en échange de la vie éternelle (voir âme exemple 21). — Avocat du diable. RELIGION. [Lorsqu'il s'agit de canoniser un bienheureux] Celui qui plaide contre la personne défunte pour prouver qu'il n'y a rien d'extraordinaire dans tout ce qu'elle a fait. Par extension, langage courant. Celui qui, en vue de chercher la vérité, par jeu ou par tempérament, défend la cause contraire à celle qui vient d'être soutenue devant lui (voir avocat exemple 7). — En particulier, familier. [Dans un serment, pour renforcer l'idée exprimée, ou pour exprimer l'étonnement, l'irritation] · De par le diable! de par tous les diables! Je n'en ferai rien, de par tous les diables (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). · Du diable si..., au diable si... Au diable si l'on m'y attrape (Dictionnaire de l'Académie Française). Du diable si je sais maintenant pour qui et pour quoi je me battais (VICTOR HUGO, Marie Tudor, 1833, journée 1, 2, page 17 ). · (Que) le diable m'emporte, me brûle (vous emporte, vous brûle) si... (Que) le diable m'emporte! Le diable m'emporte si je sais ce que ton maître veut me dire... Je ne comprends rien à sa lettre (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 5, 1859, page 139 ). Le diable vous emporte de partir trop tôt! (JULES RENARD, Journal, 1904, page 910 ). [En parlant de quelque chose ou de quelqu'un dont on voudrait se débarrasser] — Le diable l'emporte, votre Cercle du château d'Eau (...) En deux mois M. Georges a laissé plus de trente mille francs chez vous (ALPHONSE DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, page 141 ). — [Dans un juron] De par le diable! de par tous les diables! — [Le diable en tant qu'intervenant dans le destin des grands pécheurs pour les emmener en Enfer] Ne craindre ni Dieu*(,) ni diable. Agir sans crainte, sans être retenu par quelque règle, quelque loi ou quelque scrupule; ne reculer devant rien, n'avoir peur de rien. c) [Le diable en tant qu'il a des facultés, des pouvoirs très étendus; par référence à ses attributs supranaturels tels que la puissance et la connaissance] — Le diable ne lui ferait pas faire telle chose. Il est impossible de lui faire faire telle chose. Le diable ne lui ferait pas lâcher prise (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). — Quand le diable y serait. Bien que cela soit incroyable, difficile ou impossible. Mais vous avez eu tort, mon fils, de mettre les cinquante pucelles du roi Hercules dans votre affaire où, quand le diable y serait, je n'en vois qu'une (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Contes de Jacques Tournebroche, 1908, page 10 ). — Le diable n'y verrait goutte. C'est une chose difficile à comprendre, à éclaircir. L'affaire est maintenant si embrouillée que le diable n'y verrait goutte (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). — [En parlant d'une chose qu'on ne comprend pas, qu'on ne s'explique pas] Le diable sait... Allé chez Daune. Fait rougir sa femme, le diable sait pourquoi (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 1er. Memorandum, 1837, page 130 ). Très souvent, Madame rentrait en retard, venant le diable sait d'où (OCTAVE MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, page 236 ). — Par plaisanterie. Le diable y perdrait son latin. Laissez-la donc, dit Vaucorbeil, rien d'étonnant, après tout! une hystérique! le diable y perdrait son latin! (GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2, , 1880, page 76 ). 2. [Par référence à l'apparence physique que la tradition populaire prête au diable] a) [Le diable en tant qu'être difforme et laid] — Être noir comme le diable. Être d'un noir très sombre. Synonymes : noir comme du charbon, comme de l'encre. Ses cheveux, [du Grand-Serin] ses sourcils, ses cils, tout cela est noir comme le diable (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde, 1910, page 104 ). — Faire une mine du diable. Faire triste mine. Le lendemain de la bataille, (...) les généraux avaient aussi des figures riantes! Aujourd'hui, tous font des mines du diable... (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Le Conscrit de 1813, 1864, page 194 ). — Tirer le diable par la queue (familier). Vivre dans la gêne, avec très peu de ressources. Nous allons, en attendant, continuer à tirer le diable par la queue et nous aurons, dès la fin du mois, le plus grand mal à joindre les deux bouts (GEORGES DUHAMEL, Le Notaire Havre, 1933, page 106 ). — Avoir la queue du diable dans sa poche (familier). Être dans le besoin, être sans argent. Synonyme : avoir le diable dans sa bourse (confer infra 3 b). Me voilà, à deux heures du matin, loin de chez moi, lâché par les rues, affamé, gelé, et la queue du diable dans ma poche (ALPHONSE DAUDET, Trente ans de Paris, 1888, page 57 ). — Il mangerait le diable et ses cornes (vieilli). Il est affamé au point de manger n'importe quoi; il est un grand mangeur (confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932). b) [Le diable en tant qu'il peut se donner une apparence séduisante] — Proverbe, vieilli. Le diable était beau quand il était jeune. " La jeunesse a toujours quelque chose d'agréable même dans les personnes les plus laides " (Dictionnaire de l'Académie Française). — La beauté du diable. La beauté, l'attrait que donne la jeunesse à une femme qui n'est ni belle ni laide. Il y a dans la jeunesse littéraire, comme dans la jeunesse physique, une certaine beauté du diable qui fait pardonner bien des imperfections (CHARLES BAUDELAIRE, L'Art romantique, 1867, page 566 ). 3. [Par référence aux attributs moraux, aux pouvoirs, aux attitudes que la tradition populaire prête au diable, la notion religieuse étant absente ou peu marquée] a) [Le diable en tant qu'il est malfaisant] — Proverbe, vieilli. Il vaut mieux tuer le diable que le diable vous tue. " Dans le cas de défense personnelle, il vaut mieux tuer son ennemi, que de s'en laisser tuer " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Le diable s'en mêle. Dès l'instant que le diable s'en mêle, il n'y a plus de gentillesse qui tienne (ANDRÉ GIDE, Retour du Tchad, 1928, page 928 ). — [Avec l'idée de difficulté] Le diable c'est de + infinitif (que + subjonctif). Le diable, c'est lorsqu'il faut exprimer des idées inconnues aux Florentins du XVe. siècle (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Rome, Naples et Florence, 1817, page 151 ). b) [Le diable étant conçu à l'image de la condition humaine] · Proverbe. Quand le diable devient vieux il se fait ermite*. — [En tant que symbole de malheur, de malchance] · Proverbe. Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme. Une personne malheureuse ne reste pas continuellement dans l'adversité : Ø 4. Je sais que t'as eu de grands malheurs [le bagne] , (...) mais le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme, et si tu veux, je puis te faire gagner quelque chose. FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, chef de la police de sûreté, jusqu'en 1827, tome 3, 1828-29, page 105. · Familier. Avoir, loger le diable dans sa bourse. Être sans le sou. Fanny-Beaupré s'était levée, et le jeune clerc, (...) n'osa pas se retirer en disant que sa bourse logeait le diable (HONORÉ DE BALZAC, Un Début dans la vie, 1842, page 462 ). — [En tant que symbole de la ruse ou de la contradiction] · Proverbe, vieilli. [Par référence à Saint Jean] Les menteurs sont les enfants du diable (confer Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). · Le diable bat sa femme et marie sa fille. " Se dit quand il pleut et qu'il fait soleil en même temps " (Dictionnaire de l'Académie Française). c) [Diable a un contenu intensif ou hyperbolique, parfois valorisant] a ) [Avec l'idée dominante d'énergie, de vivacité ou de désordre, de complication] — [Par référence à Méphisto, symbole de l'activité débordante] · Une activité du diable. Une activité fébrile, très intense. Il faut le voir [Margaillan] sur ses chantiers, au milieu de ses bâtisses : une activité du diable (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 171 ). · Avoir le diable au corps* (Confer corps II B 2 a et II B 3). · Se donner au diable. " Se dit lorsqu'on se donne beaucoup de mal, beaucoup de mouvement et de peine pour quelque chose ". (Dictionnaire de l'Académie Française. Certes, la chose est aisée, et il ne faut pas se donner au diable pour la faire (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). — [Par allusion à l'attitude attribuée au diable en présence d'eau bénite] Se débattre, se démener, s'agiter comme un diable au fond d'un/dans un bénitier; par ellipse se débattre, gesticuler comme un (beau) diable. S'agiter beaucoup, être mal à son aise, s'efforcer de sortir d'une situation désagréable (voir bénitier exemple 4). Au figuré. Et bien, cet insatiable Opéra-Comique (...) faisait des efforts du diable pour attirer le public, et le public se sauvait comme un beau diable (HECTOR BERLIOZ, Les Grotesques de la musique, 1869, page 110) : Ø 5. Celui qu'on surnommait « le terrible vieillard » [Luigi Savone] faisait depuis des années figure de diable dans le bénitier des cours européennes. Il avait débuté dans la vie comme un apôtre et montré par la suite qu'il avait aussi l'étoffe d'un aventurier de grande envergure. JEAN GIONO, Le Bonheur fou, 1957, page 15. — [Par référence aux diableries* (à quatre personnages) au cours desquelles les diables s'agitaient frénétiquement] Se battre comme des diables. Faire le diable à quatre, faire le diable. Faire beaucoup de bruit, causer beaucoup de désordre. C'est un demi-sang [son cheval] (...) très-méchant, en ce qu'il fait le diable quand il ne la voit pas tous les jours à son heure (OCTAVE FEUILLET, Scènes et proverbes, 1851, page 322 ). Par extension. Se dépenser beaucoup pour quelque chose. Il a fait le diable à quatre pour l'obtenir, pour l'empêcher (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). · Emploi comme substantif. Le diable à quatre. Personnage très turbulent, agité. Couturat, l'enfant, le diable à quatre, le collégien, le faiseur de bulles de savon, l'enleveur des chaises sous le séant des gens (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 15 ). ß ) [Avec l'idée d'excès, de quantité excessive] — [Par référence à l'idée d'activité débordante, confer supra a ] Substantif + du diable/de tous les diables (de l'Enfer) · [En parlant de bruit, de désordre] Un barouf, un boucan, un charivari, un potin, un raffut, un tapage, un vacarme du diable. La première division a profité de l'inattention directoriale pour se livrer à un sabbat de tous les diables; on entend des tapes de règles sur des mains, des gloussements de gamines qu'on pince (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 36 ). Au figuré. Un raffut de tous les diables autour du « Tour de France » cycliste, sur lequel, (...), tout l'univers aurait les yeux fixés. « Le plus important du monde » (ANDRÉ GIDE, Journal, 1942, page 109) : Ø 6. Mais dès qu'il s'agit, dans leurs inventions littéraires [de nos auteurs dramatiques] , d'un adultère, cela devient une affaire de tous les diables et comme si le cas était pendable au premier chef. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Les Cahiers, 1969, page 133. · [En parlant d'un attribut humain, d'un comportement, en particulier de la peur] Une frousse, une peur, une trouille du diable, de tous les diables; avoir un esprit de tous les diables. Il faut un toupet de tous les diables pour entreprendre le buste d'un individu aussi dangereux (LÉON BLOY, Journal, 1904, page 242 ). Se donner un mal du diable. Se donner beaucoup de mal. Elle [madame Sidonie] colportait ainsi des dossiers au fond de son panier pendant des semaines, se donnant un mal du diable (ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 71 ). Je me donne un mal de cinq cents diables pour mon bouquin (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1874, page 223 ). · [En parlant d'un fait, d'un événement pénible, fâcheux] Une difficulté du diable; une pluie, un vent du diable. Débarrassez-moi de tous ces grands messieurs-là, qui me font une dépense de tous les diables et qui mettent ma maison sens dessus dessous (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 2, 1855, page 355 ). Il y a là une gorge qui souffle un froid du diable en ce pays (ÉMILE ZOLA, Contes à Ninon, 1864, page 200 ). · Emploi comme substantif masculin ou féminin dans une locution à valeur d'adjectif. Un(e) diable de + substantif [En parlant d'une chose, d'un événement, d'une personne] Qui est fâcheux, difficile, irritant ou simplement remarquable ou curieux. Une diable de pluie, un diable de vent (Dictionnaire de l'Académie Française). Quelle diable d'anecdote viens-tu me conter là! Si tu crois que je te crois! (VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 420 ). Ce diable de chameau tanguait comme une frégate (ALPHONSE DAUDET, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872, page 118 ). Vous auriez ri de voir les petits châtelains tourner autour de ses jupes, (...), avec (...), leurs pantalons collants, et leurs diables de bottines pointues (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1535) : Ø 7. C'est un diable d'homme assez bizarre, grand, sec, à nez crochu, sanglé, botté, coiffé haut, qui se déhanche en marchant avec des airs d'acrobate et une certaine mine de mauvais sujet. EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, page 92. — [Diable impliquant l'idée de valeur] · Ne pas valoir le diable. N'avoir aucune valeur, aucun intérêt. L'ouvrage du solitaire de la Trappe ne vaut pas le diable (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Vie de Rancé, 1844, page 200 ). En d'humides tabacs ne valant pas le diable (JULES LAFORGUE, Poésies complètes, 1887, page 167 ). · Ne pas gagner le diable. Gagner peu (d'argent). C'est bon de servir la police, c'est juste; mais aussi on ne gagne pas le diable (...) il y a deux ou trois affaires que je reluque (FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, chef de la police de sûreté jusqu'en 1827, tome 3, 1828-29, page 30 ). · Ce n'est pas le diable. C'est peu de chose; ce n'est pas difficile. Réussir à cet examen ce n'est pas le diable (DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) ). Quoi? que voulez-vous dire?... Que vous êtes notaire impérial, (...) Eh bien, après... notaire, voilà-t-il pas le diable (EUGÈNE LABICHE, Le Major Cravachon, 1844, page 220 ). ? ) [Avec l'idée de distance, par référence à la profondeur insondable de l'enfer] — Aller, demeurer, être, habiter au diable, au diable Vauvert, ou diable (au) vert. Excessivement loin. Aller se faire casser les os, Dieu sait où, au diable au vert (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1922, page 222 ). Ce verger où il va, (...) c'est dans le territoire de Reillanne, au diable vert, mais il l'a eu pour un morceau de pain (JEAN GIONO, Colline, 1929, page 48 ). Le cheminot habitait au diable vauvert (LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 105 ). Sa femme est aux mille diables, en province (JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, III, page 88 ). Remarque : Dictionnaire de l'Académie Française indique que les tournures au diable au vert et au diable vert sont abusives. — S'en aller au diable, à tous les diables. S'en aller très loin, disparaître. Mon chapeau, emporté par le vent, s'en est allé à tous les diables (Dictionnaire de l'Académie française. ). Par extension. Échouer. Synonyme : tomber à l'eau. Je crains bien que mon mariage ne s'en aille à tous les diables (Dictionnaire de l'Académie Française). — [En parlant de quelque chose ou de quelqu'un qu'on souhaiterait voir disparaître] Envoyer au diable, ou, sous la forme exclamative va, allez au diable!, par ellipse au diable! Va au diable avec tes histoires! Au diable tout cela! Le coeur se rouille. Dérouillons-le. Et pour cela envoyons au diable les rancunes (GEORGES BERNANOS, Lettres inédites, 1906, page 1737 ). Oh! qu'il aille au diable avec son mulet! C'en est trop (PAUL CLAUDEL, Le Ravissement de Scapin, 1952, préface, page 1331 ). d) Locution adverbiale. a ) En diable. Extrêmement, excessivement. Mentir en diable. Cette eau de vie est forte en diable (Dictionnaire de l'Académie française. 1835). Romagnesi que j'ai vu ainsi que sa femme, grosse mère appétissante encore, coquette en diable et observatrice (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 1er. Memorandum, 1837, page 121 ). ß ) À la diable. À la manière du diable. — En toute hâte, à la va-vite. Je ne sais comment m'excuser du « mal fichu » de cette lettre écrite à la diable et d'arrache-pied (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1905, page 105 ). Oh celui-ci est un zozo [le directeur de la Sûreté Générale] , embauché à la diable, et qui ne connaît rien à la question (LÉON DAUDET, Médée, 1935, page 128 ). — D'une manière désordonnée, négligée. Les cheveux noués à la diable, de beaux cheveux épais et noirs, mais qu'on devinait peu brossés (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Duchoux, 1887, page 702 ). Une chemise lavée à la diable par un brosseur (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1888, page 790 ). — CUISINE. [Par référence au feu de l'enfer] Mode de préparation d'une viande cuite au gril, servie avec une sauce très épicée à base de vin blanc et de vinaigre. Ce sont surtout les volailles que l'on cuit à la diable, c'est-à-dire en les aplatissant après les avoir fendues sur le dos, en les grillant, puis en les saupoudrant de chapelure blanche dorée ensuite sur le gril (Dictionnaire de l'Académie Gastronomique. 1962). e) Interjection et locution interjective, familière, vieillie. [Avec l'idée (affaiblie) d'appel à la puissance du diable, ou pour prendre à témoin le diable en tant qu'être supranaturel] a ) Diable! [Pour appuyer vivement une déclaration, pour marquer la surprise, l'admiration, la perplexité, l'irritation, etc.] Diable! comme vous y allez! Diable! cela devient sérieux. Diable! Il se fait tard... Il faut rentrer... Adieu (ALPHONSE DAUDET, Les Rois en exil, 1879, page 452 ). Diable! dit-elle, voilà la peur qui me galope. Je n'ose plus, je n'ose plus (LUDOVIC HALÉVY, Un Mariage d'amour, 1881, page 188 ). ß ) Que diable! [Employé tantôt pour marquer la surprise, tantôt pour souligner énergiquement une affirmation] Que diable! vous avez peur? (Dictionnaire de l'Académie française. ). « La vie n'est pas un roman », que diable!... (ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 2, 1876, page 102) : Ø 8. Il [le professeur de philosophie du lycée] aimait à prouver l'existence de Dieu, (...) Il lui fallait de l'attention. Que diable! voulait-on qu'il prouvât l'existence de Dieu, oui ou non! JULES VALLÈS, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, page 33. ? ) [Après des interrogatifs (combien, comment, où, pourquoi, quand, que, qui, quoi), marquant la perplexité, l'incertitude] Comment diable vais-je m'y prendre? À quoi diable s'amuse-t-il? (Dictionnaire de l'Académie française. ). Qui diable a pu lui conseiller de venir ici? (HONORÉ DE BALZAC, Albert Savarus, 1842, page 20 ). My dear major, pourquoi diable mêler à ces questions vos sentiments personnels? (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, page 31 ). Remarque : Diable apparaît en outre dans diverses locutions interjectives plus ou moins vivantes, marquant l'emportement (voir dieu, 2e. section II B 3 b). Mille millions de diables! Que j'enrage! Tenez, voilà les courriers de Trebbio qui arrivent (Alfred de Musset, Lorenzaccio, 1834, V, 5, page 264). Cornes du diable et nombril du Pape! beugla le Tyran, je me contenterais d'un brouet lacédémonien s'il était servi sur l'heure! (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 63). Il le ferait, nom d'un diable! Il ne se laisserait pas noyer! (Maurice Genevoix, Raboliot, 1925, page 172). II.— Autres sens, diable dans l'ordre naturel. A.— [Désigne des personnes; par référence aux caractères attribués au diable] 1. [Généralement en mauvaise part] Personne qui a la ruse, la méchanceté, la violence ou les vices attribués au diable. Ne vous y trompez pas; cet oncle vénérable Avant le mariage était un rusé diable (GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, Gabrielle, 1850, I, page 3 ). Mademoiselle de Trécoeur, cet ancien diable incarné, allait prendre le voile (OCTAVE FEUILLET, Julia de Trécoeur, 1872, page 53 ). Cette petite infanterie [les chasseurs de Vincennes] est terrible, au siège de Rome ils mordaient à l'assaut comme des furieux; ces gamins sont des diables (VICTOR HUGO, Histoire d'un crime, 1877, page 95 ). Un vrai diable, cette Abeline, mon aînée d'un an ou deux, et toujours prête à me taquiner (PAUL ARÈNE, Veine d'argile, 1896, page 60 ). — [En construction d'attribut, avec valeur d'adjectif] Au figuré, vieilli. Il n'est pas si diable qu'il est noir. " Cet homme n'est pas si méchant qu'il le paraît " (Dictionnaire de l'Académie Française). Le prince n'est pas si diable qu'il est noir, et je ne le crains guère (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, La Comtesse de Rudolstadt, tome 2, 1844, page 28 ). Remarque : On rencontre dans la documentation un emploi de diable au féminin Elle accoucha en plein champ par un matin de printemps. Quand les sarcleuses, accourues à son aide, virent la bête qui lui sortait du corps, elles s'enfuirent en poussant des cris. Et le bruit se répandit dans la contrée qu'elle avait mis au monde un démon. C'est depuis ce temps qu'on l'appelle « la diable » (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Mère aux monstres, 1883, page 369). 2. [Généralement en bonne part] Personne (en particulier enfant) turbulente, espiègle ou malicieuse. Un bon petit diable. En voyant entrer, à la place du petit diable turbulent qu'elle attendait, ce grand garçon pâle, (...), Mademoiselle joignit les mains (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, page 760 ). — Emploi adjectival. Marie et Geneviève grandissent, et sont étonnamment diables (STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance, 1867, page 243 ). J'espère que vos petites-filles sont venues à Carabanchel... Je les voudrais bien diables pour vous faire enrager et vous distraire toute la journée (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, tome 1, 1870, page 17 ). 3. Expressions. a) [Marquant généralement la sympathie mêlée d'indulgence] — Un pauvre diable. Un pauvre homme; un homme misérable, qui inspire la pitié. Synonyme : un pauvre bougre*. Les curieux s'étaient dispersés peu à peu; la lumière d'un réverbère, dans la brume, n'éclairait plus que Dingley et trois pauvres diables marqués de misère et de vice (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, page 13) : Ø 9. C'était un pauvre diable sans âge bien défini comme on en voit au moins un dans chaque village, haillonneux, hirsute, l'oeil naïf et rusé tout ensemble. GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 28. · Un pauvre diable de + substantif désignant une personne Une idée de hasard, volée à un autre par un pauvre diable d'auteur prêt à défendre indifféremment le pour et le contre (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des "Confessions", 1948, préface, page 283 ). — Un bon diable. Un brave homme sans méchanceté; un homme sympathique, de commerce facile. Giraud avec sa figure de bon diable (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1865, page 181 ). Décidément les poètes sont de bons diables : ils élèvent les enfants des autres (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1874, page 196 ). · Emploi en attribut avec valeur d'adjectif. Mais Schmit était assez bon diable et assez bon compagnon (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Souvenirs d'égotisme, 1832, page 69 ). Je suis bon diable, je sors de bonne volonté!... mais pour revenir... (EUGÈNE LABICHE, Un jeune homme pressé, 1848, 1, page 342 ). Remarque : On rencontre aussi, dans des contextes négatifs, méchant diable, mauvais diable. Même sens. Je ne suis pas un méchant diable; je suis un bon garçon... Mon Dieu! j'ai des défauts... Mais quoi! c'est la preuve qu'on a un bon coeur (Octave Feuillet, Roman d'un homme pauvre, 1858, page 269). b) [Sans connotation affective] Un grand diable. Un homme de très grande taille, dégingandé. J'ai vu cinq ou six grands diables en bérets, mines rougeaudes, figures basses et féroces, comme celles des assassins de Goudeloup (ALPHONSE DAUDET, Robert Helmont, 1874, page 7 ). Gaure avait cinquante-cinq ans. C'était un grand diable moustachu, bilieux, la face d'un Gaulois (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 71 ). · Un grand diable de + substantif désignant une personne Deux grands diables de Provençaux (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Matelot, 1893, page 35 ). Des grands diables de chasseurs aux rutilants uniformes de colonels poméraniens (HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 843 ). 4. Spécialement, argot militaire (première Guerre Mondiale) Les diables bleus. Les chasseurs alpins (en raison de leur énergie, de leur vivacité et de la couleur de leur uniforme). Le père C..., (...), parle (...) avec tendresse, de son cher bataillon de chasseurs, de ses « diables bleus » (HENRY BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, page 93 ). B.— [Désigne certains animaux en raison de leur aspect hideux, de leur couleur noire, de leur cri, etc.] 1. Variété de cigale (confer Dictionnaire de l'Académie Française). 2. Singe du genre atèle. Diable des bois (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). 3. Oiseau nocturne de la Guadeloupe. Elles [les laves] ont des oiseaux qui leur sont propres, et (...) ceux appelés diables y habitent, comme dans le volcan de la Guadeloupe (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 237 ). 4. Baudroie; grande raie. Il [M. Chabre] venait d'amener un poisson étrange, un diable de mer, qui le terrifiait (ÉMILE ZOLA, Les Coquillages de Monsieur Chabre, 1884, page 293 ). Baudroie commune (...) appelée aussi (...) Diable (HENRI COUPIN, Animaux de nos pays, Dictionnaire pratique, 1909, page 190 ). C.— [Désigne des choses] 1. [Par référence à l'apparence attribuée au diable] a) JEUX. Jouet formé d'une boîte, de laquelle surgit une figuration du diable montée sur un ressort lorsqu'on libère le couvercle. Un homme sortit du tonneau, comme ces diables à boudin qui se dressent du fond des boîtes (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 1 ). Saillissant comme un diable cornu du fond d'une boîte à ressorts, ce drac se redressa d'un seul jet (LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 230 ). b) PHYSIQUE. vieux. Ludion dont l'aspect rappelle celui du diable. Diables cartésiens. Un diable [est] constitué par un cylindre fixe hérissé intérieurement de pointes et à l'intérieur duquel tourne un autre cylindre (...) également armé de pointes (RAOUL MARQUIS, DIT HENRI DE GRAFFIGNY, Les Industries du caoutchouc, 1928, page 185 ). 2. [Par référence au feu de l'enfer] CUISINE. Casserole double en terre poreuse dont une moitié sert de couvercle à l'autre, utilisée pour cuire à l'étouffée (d'après Dictionnaire de l'Académie des gastronomes 1962). 3. [Avec l'idée de bruit; confer supra locution : un bruit du diable, un vacarme du diable] a) JEUX. vieilli. Bobine formée de deux boules creuses, percées chacune d'un trou dans un sens opposé, qui produit un ronflement bruyant lorsqu'on la fait rouler rapidement sur une corde faiblement tendue (voir diabolo1). En ce dimanche de la Toussaint, il y avait partout liberté de jouer au volant ou au diable, égalité dans les farandoles et fraternité devant les tréteaux (PAUL MORAND, Parfaite de Saligny, 1947, page 121 ). b) MÉDECINE. vieux. Bruit de diable. Bruit vasculaire, à timbre bas, audible au stéthoscope, se produisant dans la jugulaire interne (d'après Dictionnaire des termes techniques de médecine (MARCEL GARNIER, VALÉRY DELAMARE) 1958). 4. [Par référence aux méfaits du diable; confer aussi avoir des idées noires*] Les diables bleus (vieux). Accès de mélancolie. Tristesse au coeur. Horizons noirs. Sentiment de l'incurable, de l'impossible. (...). Assiégé par mes diables bleus (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 275) : Ø 10.... quand vous recevrez une de mes lettres, vous la jetterez au feu sans l'ouvrir, sûre que c'est un grenier de diables bleus et le plus ample magasin de mélancolie qui soit au monde. HONORÉ DE BALZAC, Lettres à l'Étrangère, tome 1, 1850, page 412. Remarque : On rencontre dans la documentation les diminutifs a) Diableteau, diableton, diabletot, substantif masculin Petit diable, jeune (enfant du) diable. Un petit monstre à tête de Dieu ou de diabletot (OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 184). Les petits diables arrachaient le chaume. Le laboureur battit son blé (...) le porta au marché pour le vendre. Les diableteaux firent de même (FRANCE, Rabelais, 1924, page 200). Il arrive des fois qu'il [le diable] s'ennuie et il dit à ses diabletons : « Prenez des palets » (CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Derborence, 1934, page 19) ainsi que la tournure diabletot de + substantif « C'est la maison du passé, c'est la maison du passé », chantonne ce diabletot de clavecin (MILOSZ, opere citato, page 125). Les dictionnaires enregistrent aussi la forme diabloteau. b) Diablon, substantif masculin a ) Petit diable. Il [Olivier] sautait dans son lit comme un diablon (JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 184 ). ß ) .) Marine. Petite voile trapézoïdale qui se hisse au-dessus du diablotin (confer diablotin remarque). Attesté dans la plupart des dictionnaires, qui attestent aussi la forme diablot, même sens. STATISTIQUES : Diable1 et 2. Fréquence absolue littéraire : 6 145. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 9 657, b) 12 249; XXe. siècle : a) 9 025, b) 5 900. DÉRIVÉS : Diablement, adverbe, familier. En diable (confer diable1 I C 3 d), excessivement, extrêmement. Synonymes : bougrement, diantrement, drôlement, terriblement. Cette petite dame avait, sous la pression de son désespoir, envoyé sa puissance vitale dans ses poignets. — Il en faut diablement pour rompre une barre de fer forgé... (HONORÉ DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 503 ). Le bourreau m'a toujours fait l'effet d'un guerrier diablement large d'épaules (CLAUDE FARRÈRE, L'Homme qui assassina, 1907, page 281 ). Je vous fiche mon billet qu'à vingt ans, elle était diablement belle (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 908 ). Rare. En grand nombre, beaucoup. À propos de curé, (...), j'en ai diablement vu en Syrie et en Palestine. Nous avons vu des capucins, des carmélites, etc. (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1850, page 245 ).