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Dictionnaire en ligne: DEUIL, substantif masculin.

Publié le 08/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DEUIL, substantif masculin. A.— [À propos de la mort d'une personne] 1. Douleur, affliction, profonde tristesse que l'on éprouve à la suite de la mort de quelqu'un. Un deuil inconsolable; jour de deuil national. Elle [Fanny] marcha vers la salle de bains (...) raidie d'attention, sourdement infatuée de son deuil tout neuf (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Seconde, 1929, page 109 ). De tout temps, les femmes se sont reconnues dans le deuil (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 284) : Ø 1.... tout un peuple agité par la souffrance, assombri par des deuils domestiques (...) les Orléanais faisaient dans les sorties des pertes fréquentes et cruelles. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 1, 1908, page 272. 2. En particulier. Marques extérieures de cette douleur, réglées par l'usage. a) Ensemble des signes extérieures (notamment le vêtement) liés à la mort d'un proche. Cérémonies du deuil; habits de deuil (noirs, sombres dans nos cultures); maison, salle tendue de deuil. Habillée de deuil, mais pauvrement, sans gants, sans chapeau (PROSPER MÉRIMÉE, Arsène Guillot, 1847, page 90 ). · Porter le deuil : Ø 2. Tandis que Miss Mabel l'habillait, Jean-Noël se mit à danser autour de sa soeur en criant : — Elle n'est pas en noir! Elle n'est pas en noir! — Et puis après? répliqua Marie-Ange acide. Le deuil se porte aussi bien en blanc, n'est-ce pas Miss Mabel? MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 1, 1948, page 87. Au figuré. D'avance, je portais le deuil de mon passé (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 106 ). · En deuil. Habillé pour un deuil. Synonyme : endeuillé. Elle a eu l'air très surprise de me voir avec une cravate noire et elle m'a demandé si j'étais en deuil (ALBERT CAMUS, L'Étranger, 1942, page 1137 ). · Grand deuil, petit deuil, demi-deuil. Vêtements qui sont portés traditionnellement aux différents moments du deuil et dont l'aspect devient moins sévère à mesure qu'on s'éloigne de l'époque du décès. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa (CHARLES BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857-61, page 161 ). · Familier. Avoir les ongles en deuil. Avoir les ongles bordés de noir. En agitant au-dessus de sa tête des mains gonflées, aux ongles en deuil (MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 26 ). — Par extension. Frais nécessaires pour prendre le deuil. La veuve a le droit de prélever son deuil sur la communauté (DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET, 1965). b) Couleur de deuil. Le deuil est noir pour les particuliers. Le violet est le deuil des rois (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — Par métaphore. Aux yeux en grand deuil violet comme des pensées (JULES LAFORGUE, Poésies complètes, 1887, page 207 ). Ces poussières de charbon, elles avaient noirci de leur deuil la gorge entière, elles ruisselaient en flaques sur l'amas lépreux des bâtiments de l'usine, elles semblaient salir jusqu'à ces nuages sombres qui passaient sans fin (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 2 ). c) Temps pendant lequel doivent apparaître certains signes du deuil. Le deuil des veuves ne dure plus qu'un an (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Les coutumes du deuil chassent de l'activité collective, les parents du mort : ils ne vivent plus qu'au présent (JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 179 ). 3. Par métonymie. a) Fait de perdre un parent ou un proche; situation consécutive à cette perte. Une épreuve ou un deuil; être atteint par un deuil. Trois deuils en trois ans, un dur lot à supporter pour une famille (GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 158 ). Le deuil général ne peut être fait que de la mise en commun de tous les deuils particuliers (ANDRÉ GIDE, Journal, 1940, page 39 ). b) Cortège funèbre. À onze heures, le convoi se met en marche. Les fils de la défunte conduisent le deuil (ÉMILE ZOLA, Le Capitaine Burle, 1883, page 83) : Ø 3. Mais bientôt je prendrai, comme on fait au village, Alors qu'on mène un deuil, lourde comme du plomb, La croix dont le sommet parfois touche au feuillage, La croix qui t'étonnait, ô fille d'Apollon! FRANCIS JAMMES, De tout temps à jamais, 1935, page 11. — Au figuré : Ø 4. Il lui semblait [au duc] qu'elle menait [cette lamentation funèbre] le deuil de tout ce qu'il avait connu et aimé, le deuil de ses enfants, le deuil de lui-même, et le deuil des rois, dont il voyait l'agonie en quelque sorte, et le crépuscule de ces dieux. ÉLÉMIR BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, page 338. B.— Par extension. 1. Sentiment de profonde tristesse liée à une cause occasionnelle (départ, rupture, etc.). Il me fait deuil de ne pas connaître encore ma bien-aimée petite-fille Berthe Bovary (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 8 ). Et moi j'ai tout un deuil blanc et bleu dans mon coeur (ANNA DE NOAILLES, Les Éblouissements, 1907, page 233 ). Et puis il avait bu pour ce deuil de partir [à l'armée] (JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 31) : Ø 5. Et le plus beau printemps je ne saurais qu'en faire Sans toi mais le plus bel avril le plus doux mai Sans toi ne sont que deuil ne sont sans toi qu'enfer Rendez-moi rendez-moi mon ciel et ma musique Ma femme sans qui rien n'a chanson ni couleur... LOUIS ARAGON, Le Crève-coeur, Le Printemps, 1941, page 37. — Au figuré et familier. Faire son deuil d'une chose. Renoncer à, admettre la perte de. Je fais mon deuil de ce qui me choque [en Michelet] (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 2, 1863-69, page 112 ). Le domaine spirituel était le seul auquel nous puissions prétendre. Il faut en faire notre deuil (JEAN COCTEAU, Maalesh, 1949, page 139 ). 2. En particulier. Impression de profonde tristesse liée au spectacle de la nature, et souvent produite par des teintes sombres. Le deuil de la nature, de la tempête. Les immenses rideaux de pluie qui couvraient la campagne d'un deuil plus sombre que les frimas (EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 61 ). Je sens monter vers moi Le deuil d'une vallée où j'eusse été le roi (FRANCIS JAMMES, De tout temps à jamais, 1935 page 57) : Ø 6. Sous le ciel couleur d'ardoise, sous ce deuil d'hiver si rare, la ville prenait une sorte de majesté... ÉMILE ZOLA, Rome, 1896, page 470. C.— Emplois spéciaux (BOTANIQUE, ENTOMOLOGIE). Êtres qui dans leur coloration sont noirs et blancs. · Grand(-)deuil, petit(-)deuil (vulgaire). " Papillons du genre nymphé " (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). Remarque : Attesté aussi dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Grand dictionnaire universel du XIXe. et du XX-20e. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 577. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 677, b) 4 556; XXe. siècle : a) 4 728, b) 2 535. DÉRIVÉS : Deuilleur, -euse, substantif. a) Deuilleur, substantif masculin Homme ayant pour tâche de chanter et pleurer aux funérailles chez les peuples primitifs. Le 3 [l'observateur no. 3] sera mêlé au groupe tumultueux des porteurs de torches, sans cesse accru par les apports des deuilleurs venus de la maison mortuaire (MARCEL GRIAULE, Méthode de l'ethnographie, 1957, page 49 ). b) Deuilleuse, substantif féminin Deuilleuse à la main. " Ouvrière réalisant à la main, avec précision, les bordures de deuil sur les papiers à lettres et enveloppes " (Dictionnaire des métiers et appellations d'emploi, 1955, page 98), par opposition à deuilliste machine " ouvrière réalisant à la machine les bordures noires des enveloppes et papiers à lettres " (Dictionnaire des métiers et appellations d'emploi, 1955, page 98, page 49).

« pensées (JULES LAFORGUE, Poésies complètes, 1887, page 207 ). Ces poussières de charbon, elles avaient noirci de leur deuil la gorge entière, elles ruisselaient en flaques sur l'amas lépreux des bâtiments de l'usine, elles semblaient salir jusqu'à ces nuages sombres qui passaient sans fin (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 2 ). c) Temps pendant lequel doivent apparaître certains signes du deuil.

Le deuil des veuves ne dure plus qu'un an (Dictionnaire de l'Académie française.

1835-1932).

Les coutumes du deuil chassent de l'activité collective, les parents du mort : ils ne vivent plus qu'au présent (JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 179 ). 3.

Par métonymie. a) Fait de perdre un parent ou un proche; situation consécutive à cette perte.

Une épreuve ou un deuil; être atteint par un deuil.

Trois deuils en trois ans, un dur lot à supporter pour une famille (GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 158 ).

Le deuil général ne peut être fait que de la mise en commun de tous les deuils particuliers (ANDRÉ GIDE, Journal, 1940, page 39 ). b) Cortège funèbre.

À onze heures, le convoi se met en marche. Les fils de la défunte conduisent le deuil (ÉMILE ZOLA, Le Capitaine Burle, 1883, page 83) : Ø 3.

Mais bientôt je prendrai, comme on fait au village, Alors qu'on mène un deuil, lourde comme du plomb, La croix dont le sommet parfois touche au feuillage, La croix qui t'étonnait, ô fille d'Apollon! FRANCIS JAMMES, De tout temps à jamais, 1935, page 11. — Au figuré : Ø 4.

Il lui semblait [au duc] qu'elle menait [cette lamentation funèbre] le deuil de tout ce qu'il avait connu et aimé, le deuil de ses enfants, le deuil de lui-même, et le deuil des rois, dont il voyait l'agonie en quelque sorte, et le crépuscule de ces dieux. ÉLÉMIR BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, page 338. B.— Par extension. 1.

Sentiment de profonde tristesse liée à une cause occasionnelle (départ, rupture, etc.).

Il me fait deuil de ne pas connaître encore ma bien-aimée petite-fille Berthe Bovary (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 8 ).

Et moi j'ai tout un deuil blanc et bleu dans mon coeur (ANNA DE NOAILLES, Les Éblouissements, 1907, page 233 ).

Et puis il avait bu pour ce deuil de partir [à l'armée] (JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 31) : Ø 5.

Et le plus beau printemps je ne saurais qu'en faire Sans toi mais le plus bel avril le plus doux mai Sans toi ne sont que deuil ne sont sans toi qu'enfer Rendez-moi rendez-moi mon ciel et ma musique Ma femme sans qui rien n'a chanson ni couleur... LOUIS ARAGON, Le Crève-coeur, Le Printemps, 1941, page 37. — Au figuré et familier.

Faire son deuil d'une chose. Renoncer à, admettre la perte de.

Je fais mon deuil de ce qui me choque [en Michelet] (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 2, 1863-69, page 112 ).

Le domaine spirituel était le seul auquel nous puissions prétendre.

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