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Dictionnaire en ligne: DÉTOURNER, verbe transitif.

Publié le 08/01/2016

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Dictionnaire en ligne: DÉTOURNER, verbe transitif. A.— Écarter de la voie suivie ou à suivre. 1. [L'objet désigne une chose] a) Détourner un fleuve, un chemin. Changer son tracé initial. Synonymes : dériver, dévier. Bruges osa vouloir détourner la Lys et l'empêcher de couler vers Gand (JULES MICHELET, Journal, 1840, page 336) : Ø 1. Les forêts servent d'abord de remparts contre les vents dont elles détournent quelquefois le cours. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 81. — Emploi pronominal à sens passif. Un violent cours d'eau qui, rencontrant un obstacle infranchissable, renonce à son cours direct et se détourne (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 36 ). b) Par analogie. Détourner un avion. Contraindre le pilote d'un avion de ligne à changer la destination de son appareil : Ø 2.... un avion venant de Zurich, transportant cent quarante-trois passagers, était à son tour détourné au-dessus de la France. Il devait atterrir par la suite en Jordanie. Le Monde. 8 septembre 1970, dans le Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT), 1971. c) Détourner quelque chose sur/contre quelqu'un ou quelque chose. Le diriger vers un autre objectif. Tallien (...) détourna le poignard contre l'accusateur même (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur la littérature anglaise, tome 2, 1797, page 102 ). — Par brachylogie. Détourner un coup. Empêcher un coup d'atteindre son but. Un de ces sauvages allait m'enfiler avec sa lance, Renard le voit, pousse son cheval entre nous deux pour détourner le coup (HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, page 248 ). — Au figuré. Diriger quelque chose vers un autre centre d'intérêt. Détourner l'attention, la conversation, les soupçons. Hâtez-vous de détourner les effets de la colère céleste, en punissant les ennemis des dieux (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 2, 1810, page 146 ). Aussi je détournais la conversation par discrétion. Par scrupule aussi (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 144) : Ø 3. Imaginez que Larsan, qui a, lors de ses trois tentatives, tout mis en train pour détourner les soupçons sur M. Darzac, ait fixé, justement, ces trois fois-là, des rendez-vous à M. Darzac dans un endroit compromettant.. GASTON LEROUX, Le Mystère de la chambre jaune, 1907, page 148. d) Au figuré, péjoratif. Détourner un texte, le sens d'un texte, d'un mot, etc. Lui donner une signification qui s'écarte du sens véritable. Les mots s'usent par la circulation, les acceptions se détournent, les traces de l'étymologie se perdent et la langue se dénature (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 436 ). 2. [L'objet désigne une personne] a) Détourner quelqu'un (de sa route). Écarter, éloigner quelqu'un de sa route directe. Il est près de midi, n'est-ce pas? Si on ne me l'a pas détourné en route, ton frère doit être à moins d'une lieue d'ici (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 205 ). — Emploi pronominal réfléchi. Faire un détour. Au crépuscule, je me détournai de la route pour demander asile chez des paysans (RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 125) : Ø 4.... je passerai certainement par Vittoria; mais il n'est pas impossible que je me détourne pour aller à Pampelune, et, à cause de vous, je crois que je ferais volontiers ce détour. PROSPER MÉRIMÉE, Carmen, 1847, page 28. b) Au figuré, souvent péjoratif. Détourner quelqu'un d'une occupation, d'un travail, d'un projet, d'une pensée, etc. Le faire renoncer à poursuivre une tâche entreprise, l'éloigner de ses préoccupations. Synonymes : éloigner, distraire, dissuader. Ainsi, sans en parler, elle détournait l'idée d'un mariage (JULES MICHELET, Journal, 1849-60, page 590 ). Et l'activité joyeuse de la place Clichy, à midi, ne me détourne pas d'un souvenir agaçant, tout frais, tout vif (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde, 1910, page 153) : Ø 5.... le trop vif intérêt que je prends aux événements qui se préparent, et en particulier à la situation de la Russie, me détourne l'esprit des préoccupations littéraires. ANDRÉ GIDE, Journal, 1932, page 1100. — Emploi pronominal. Se détourner de son devoir, de son travail, de quelqu'un. Si occupé et si absorbé que je sois, je me détournerais un moment de mon travail, s'il y avait là un devoir à remplir (VICTOR HUGO, Correspondance, 1862, page 369 ). Ces Gaulois (...) n'admettent pas le temple (...); ils se détournent des idoles (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 5, 1906-07, page 273 ). B.— Tourner dans une autre direction pour éviter quelqu'un ou quelque chose. Détourner les yeux, la tête, la vue (de quelqu'un ou de quelque chose vers quelque chose). Elle détourne les yeux chaque fois que ceux de Mathilde tentent de l'interroger (MADAME COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 258 ). Ne détourne point ton visage mutin (ANNA DE NOAILLES, Le Coeur innombrable, 1901, page 112) : Ø 6. Madame Bovary détourna la tête, pour qu'il ne vît pas sur ses lèvres l'irrésistible sourire qu'elle y sentait monter. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 78. — Emploi pronominal. Le quaker, s'asseyant, se détourne pour essuyer une larme (ALFRED DE VIGNY, Chatterton, 1835, III, 3, page 316 ). Oh! je devrais repousser Sénac du pied, me détourner de lui avec horreur (GEORGES DUHAMEL, Les Maîtres, 1937, page 115) : Ø 7. Je crus que mon apparition subite embarrassait beaucoup cette pauvre femme et je me détournai, moins par pudeur que par humanité. JULES MICHELET, Journal, 1820, page 115. C.— DROIT. péjoratif. Écarter une chose ou une personne de sa destination légale. 1. [L'objet désigne quelque chose dont on est détenteur à titre précaire] Orienter pour son profit personnel, s'approprier frauduleusement. Détourner des fonds, des papiers, des titres : Ø 8. Depuis trois mois, il détournait de petites sommes, espérant les remettre, dissimulant le déficit par de fausses pièces; et cette fraude réussissait toujours, grâce aux négligences du conseil d'administration. ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1437. 2. [L'objet désigne une personne] Détourner un(e) mineur(e). Soustraire une personne mineure à ceux qui en ont la tutelle légale pour la soumettre à sa propre tutelle. Synonyme usuel : enlever : Ø 9. La dame de Port-Sauveur a déjà fait de ces mauvais coups; elle a détourné cette enfant comme celle aux Damour, celle aux Gelinot, « en y donnant de la boisson, bédame! » ALPHONSE DAUDET, L'Évangéliste, 1883, page 198. Remarque : Les dictionnaires signalent en outre le sens ancien du mot en vénerie Faire le tour de l'enceinte où un animal s'est réfugié pour s'assurer qu'il n'en est pas sorti, avant de le chasser. Détourner un cerf, un sanglier (Dictionnaire de l'Académie Française). Confer Maurice Genevoix, La Dernière harde, 1938, page 176. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 780. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 369, b) 3 595; XXe. siècle : a) 5 370, b) 7 188.

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[L'objet désigne une personne] a) Détourner quelqu'un (de sa route).

Écarter, éloigner quelqu'un de sa route directe.

Il est près de midi, n'est-ce pas? Si on ne me l'a pas détourné en route, ton frère doit être à moins d'une lieue d'ici (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 205 ). — Emploi pronominal réfléchi.

Faire un détour.

Au crépuscule, je me détournai de la route pour demander asile chez des paysans (RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 125) : Ø 4....

je passerai certainement par Vittoria; mais il n'est pas impossible que je me détourne pour aller à Pampelune, et, à cause de vous, je crois que je ferais volontiers ce détour. PROSPER MÉRIMÉE, Carmen, 1847, page 28. b) Au figuré, souvent péjoratif.

Détourner quelqu'un d'une occupation, d'un travail, d'un projet, d'une pensée, etc.

Le faire renoncer à poursuivre une tâche entreprise, l'éloigner de ses préoccupations.

Synonymes : éloigner, distraire, dissuader.

Ainsi, sans en parler, elle détournait l'idée d'un mariage (JULES MICHELET, Journal, 1849-60, page 590 ).

Et l'activité joyeuse de la place Clichy, à midi, ne me détourne pas d'un souvenir agaçant, tout frais, tout vif (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde, 1910, page 153) : Ø 5....

le trop vif intérêt que je prends aux événements qui se préparent, et en particulier à la situation de la Russie, me détourne l'esprit des préoccupations littéraires. ANDRÉ GIDE, Journal, 1932, page 1100. — Emploi pronominal.

Se détourner de son devoir, de son travail, de quelqu'un.

Si occupé et si absorbé que je sois, je me détournerais un moment de mon travail, s'il y avait là un devoir à remplir (VICTOR HUGO, Correspondance, 1862, page 369 ).

Ces Gaulois (...) n'admettent pas le temple (...); ils se détournent des idoles (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 5, 1906-07, page 273 ). B.— Tourner dans une autre direction pour éviter quelqu'un ou quelque chose.

Détourner les yeux, la tête, la vue (de quelqu'un ou de quelque chose vers quelque chose).

Elle détourne les yeux chaque fois que ceux de Mathilde tentent de l'interroger (MADAME COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 258 ).

Ne détourne point ton visage mutin (ANNA DE NOAILLES, Le Coeur innombrable, 1901, page 112) : Ø 6.

Madame Bovary détourna la tête, pour qu'il ne vît pas sur ses lèvres l'irrésistible sourire qu'elle y sentait monter. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 78. — Emploi pronominal.

Le quaker, s'asseyant, se détourne pour essuyer une larme (ALFRED DE VIGNY, Chatterton, 1835, III, 3, page 316 ).

Oh! je devrais repousser Sénac du pied, me détourner de lui avec horreur (GEORGES DUHAMEL, Les Maîtres, 1937, page 115) : Ø 7.

Je crus que mon apparition subite embarrassait beaucoup cette pauvre femme et je me détournai, moins par pudeur que par humanité. JULES MICHELET, Journal, 1820, page 115. C.— DROIT.

péjoratif.

Écarter une chose ou une personne de sa destination légale. 2. »

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