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Dictionnaire en ligne: DÉDAIN, substantif masculin.

Publié le 12/12/2015

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Dictionnaire en ligne: DÉDAIN, substantif masculin. Au singulier. Action, fait de dédaigner (confer ce mot I A); au singulier et au pluriel résultat de cette action, sentiment ou attitude d'indifférence méprisante. Avoir, témoigner du dédain pour quelque chose, quelqu'un; se venger des dédains de quelqu'un. Synonymes : mépris, indifférence, hauteur, morgue; antonymes : appréciation, considération, respect. A.— [Avec un complément prépositionnel nominal] 1. [Le complément, construit avec pour, plus rarement contre, envers, exprime l'objet du dédain] Dédain pour les choses, pour l'agriculture; avoir, ressentir un profond dédain pour quelque chose. a) [Le complément est un nom de personne] Il n'a que dédain pour qui ne flatte pas son travers (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 549) : Ø 1. Le dédain profond que Modeste conçut alors pour tous les hommes ordinaires imprima bientôt à sa figure je ne sais quoi de fier, de sauvage... HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 47. b) [Le complément est un nom de chose] Elle semblait avoir un dédain irrité contre les débris de l'autre fortune (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 905 ). Les araignées paraissent avoir un profond dédain pour l'eau (HENRI COUPIN, Animaux de nos pays, Dictionnaire pratique, 1909, page 380) : Ø 2. Costals eût compris qu'un célibataire voué à une grande tâche s'accommodât d'un tel logis, par indifférence aux choses extérieures, et dédain pour elles. HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, page 1170. 2.— [Le complément est construit avec de] a) [Le complément exprime l'objet du dédain, généralement un inanimé] Le dédain de l'entourage. Le dédain de l'argent est fréquent surtout chez ceux qui n'en ont pas (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Boubouroche, 1893, page 121 ). Pour montrer quelque courage, ou quelque dédain de la mort, ou quelque cynisme (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 746 ). b) [Le complément exprime la personne (sujet) qui montre du dédain; un second complément prépositionnel peut exprimer l'objet du dédain] Il ignorait (...) les dédains du colonel Augustin Héricourt envers les petits (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 247 ). Ce n'est point la pauvreté qui valait aux émigrants ce léger dédain du personnel (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Lettre à un otage, 1943, page 393) : Ø 3. — Comment, vous n'êtes pas nègre? — Fi donc! murmura Venture, imprimant à sa physionomie tout le dédain d'un planteur pour un Noir. PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 3, 1859, page 522. — [La personne (sujet) qui montre du dédain est exprimée par un possessif; le complément prépositionnel exprime l'objet du dédain] Quand la première eut répondu qu'elle se présentait comme vendeuse, Bourdoncle, avec son dédain de la femme, fut suffoqué de cette prétention (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 439 ). Ils l'appellent « la gonzesse » et lui disent des saletés. Ses chefs ne cachent pas leur dédain du piètre soldat qu'il fait (ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 155 ). c) En particulier, dans le langage de l'amour. Il habite aujourd'hui dans les Champs-Élysées, (...) Marinant dans les fards une antique beauté, Pleine encore de dédains et de hautes visées (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Modernités, 1885, page 102 ). Madame Aubin. — (...) Ne peut-on donc s'aimer sans ça? (geste de mépris), sans tout ça? (geste de dédain) (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 4, Louise Leclerc, 1886, page 166 ). Elle [Odette] devait avoir le dédain de l'amour, le mépris de la passion (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Comédie humaine. 1955, page 327 ). Remarque : Dans l'exemple suivant Les rois faisaient dédain de ce fils belliqueux (VICTOR HUGO, Légende, tome 2, 1859, page 513), faire dédain est un substitut de dédaigner; le complément est donc l'objet du dédain. Autre syntagme de même sens : prendre en dédain (vieilli). Demandez à Dieu que cet amour dure, et, tant qu'il durera, prenez en dédain les hommes, prenez en dédain le monde (ALEXANDRE DUMAS père, Villefort, 1851, I, 1er. tableau, 2, page 127). Les poètes depuis longtemps ont pris la musique en dédain, en haine même, et il n'y a pas là matière à plaisanteries (CAMILLE SAINT-SAËNS, Harmonie et mélodie, 1885, page 257). B.— [Avec de + infinitif] Littéraire. Action de dédaigner; résultat de cette action. J'y vois surtout un certain dédain de plaire (JULIEN GREEN, Journal, 1944, page 160) : Ø 4.... car il avait trouvé, de même qu'une coiffure appropriée à son teint, une voix à sa prononciation, où le nasonnement d'autrefois prenait un air de dédain d'articuler qui allait avec les ailes enflammées de son nez. MARCEL PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, page 953. Remarque : L'absence du substantif dédaignement explique la relative fréquence de ce tour. C.— [Sans complément] Au singulier ou au pluriel. Attitude, état psychologique d'une personne qui refuse avec mépris d'accorder de l'importance à quelque chose. Le dédain protège et écrase. C'est une cuirasse et une massue (VICTOR HUGO, Choses vues, 1885, page 72 ). J'avais été si loin dans l'indifférence, et même dans le dédain que ce retour de passion m'étonne (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 261) : Ø 5. Je me rappelle le soir où, place de l'Opéra, vers neuf heures, tous deux en frac de soirée, nous nous trouvâmes : je m'aperçus, avec un frisson de joie contenue, que nous avions en commun des préjugés, un vocabulaire et des dédains. MAURICE BARRÈS, Un Homme libre, 1889, page 3. SYNTAXE : Accabler, envelopper, remplir de dédain; avoir, exprimer du dédain; s'armer de dédain; afflecter, afficher, professer un grand dédain; subir le dédain; se réfugier dans le dédain; être en proie aux dédains; incliner au dédain; par dédain; objet des dédains; air, expression, geste, grimace, moue, pointe, rire, soupçon, sourire de dédain; dédain cruel, écrasant, furieux, humble, injuste, jaloux; amer, léger, beau dédain. — Avec dédain. Dédaigneusement. Dire, rire, regarder, traiter, rejeter, répudier avec dédain. La mer, en grande artiste, tue pour tuer, et rejette aux rochers ses débris, avec dédain (JULES RENARD, Journal, 1887, page 4 ). Antonyme : sans dédain. [Boucher] ce peintre des Grâces était sans morgue, sans dédain et sans orgueil (PIERRE DE NOLHAC, François Boucher, premier peintre du Roi, 1907, page 187 ). Remarque : L'article paraît dès que le dédain doit être déterminé. Ceux qui (...) auront souri avec le plus de dédain à la naïveté du sauvage animant spontanément la montre dont il admire le jeu (...) pourraient, à leur tour, se surprendre eux-mêmes et plus d'une fois dans une disposition mentale bien peu supérieure (Auguste Comte, Cours de philosophie positive, tome 5, 1839-42, page 32). — Spécialement. ANATOMIE. vieux. Le muscle du dédain. Le muscle dédaigneux*. Immédiatement sous la peau se trouvent une série de petits faisceaux musculaires (...) la houppe du menton, muscle du dédain (LÉON MELCHISSÉDEC, Pour chanter; ce qu'il faut savoir..., 1913, page 147 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 546. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 327, b) 2 707; XXe. siècle : a) 2 565, b) 1 595.

« 2.? [Le compl?ment est construit avec de] a) [Le compl?ment exprime l'objet du d?dain, g?n?ralement un inanim?] Le d?dain de l'entourage.

Le d?dain de l'argent est fr?quent surtout chez ceux qui n'en ont pas (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Boubouroche, 1893, page 121 ).

Pour montrer quelque courage, ou quelque d?dain de la mort, ou quelque cynisme (ANTOINE DE SAINT-EXUP?RY, Citadelle, 1944, page 746 ).

b) [Le compl?ment exprime la personne (sujet) qui montre du d?dain; un second compl?ment pr?positionnel peut exprimer l'objet du d?dain] Il ignorait (...) les d?dains du colonel Augustin H?ricourt envers les petits (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 247 ).

Ce n'est point la pauvret? qui valait aux ?migrants ce l?ger d?dain du personnel (ANTOINE DE SAINT-EXUP?RY, Lettre ? un otage, 1943, page 393) : ? 3.

? Comment, vous n'?tes pas n?gre? ? Fi donc! murmura Venture, imprimant ? sa physionomie tout le d?dain d'un planteur pour un Noir. PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 3, 1859, page 522. ? [La personne (sujet) qui montre du d?dain est exprim?e par un possessif; le compl?ment pr?positionnel exprime l'objet du d?dain] Quand la premi?re eut r?pondu qu'elle se pr?sentait comme vendeuse, Bourdoncle, avec son d?dain de la femme, fut suffoqu? de cette pr?tention (?MILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 439 ).

Ils l'appellent ? la gonzesse ? et lui disent des salet?s.

Ses chefs ne cachent pas leur d?dain du pi?tre soldat qu'il fait (ROGER CR?TIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan, 1934, page 155 ).

c) En particulier, dans le langage de l'amour.

Il habite aujourd'hui dans les Champs-?lys?es, (...) Marinant dans les fards une antique beaut?, Pleine encore de d?dains et de hautes vis?es (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Modernit?s, 1885, page 102 ).

Madame Aubin.

? (...) Ne peut-on donc s'aimer sans ?a? (geste de m?pris), sans tout ?a? (geste de d?dain) (PAUL VERLAINE, ?uvres compl?tes, tome 4, Louise Leclerc, 1886, page 166 ).

Elle [Odette] devait avoir le d?dain de l'amour, le m?pris de la passion (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Monsieur le Duc de Saint-Simon et sa Com?die humaine.

1955, page 327 ).

Remarque?: Dans l'exemple suivant Les rois faisaient d?dain de ce fils belliqueux (VICTOR HUGO, L?gende, tome 2, 1859, page 513), faire d?dain est un substitut de d?daigner; le compl?ment est donc l'objet du d?dain.. »

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