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DÉPITÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 23/12/2015

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DÉPITÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de dépiter* 

II.—  Adjectif. 

A.—  [En parlant d'une personne]  Qui ressent du dépit; en particulier, qui éprouve du dépit par suite d'une déception amoureuse. Amant dépité. Des femmes plus ou moins dépitées à la suite de fixations de leur condition infantile, de chocs émotifs ou de déceptions affectives (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère,  1946, page 155) : 

Ø 1. Il ne songeait plus à toucher ni même à désirer une femme aussi hérissée. Le Loreur fut de plus en plus dépité. Son dépit finit par atteindre une sorte de grandeur qui ressemblait un peu à celle de la passion.

PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie,  1939, page 137. 

Remarque : En argot, dépité est employé substantivement au sens de \" député non réélu \" (Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907). [Des] députés non réélus [le peuple dit argotiquement] (...) C'est un dépité de la Seine ou d'ailleurs [et il a été dépoté, et les électeurs l'ont déporté] (Charles Virmaître, Dictionnaire d'argot fin-de-siècle, 1894, page 88). 

B.—  Par extension.  [En parlant d'une partie du corps humain, d'un aspect du comportement humain]  Qui manifeste du dépit, qui montre un certain désappointement. Mine, visage, voix dépité(e). De l'air dépité de quelqu'un qu'on a floué, qui ne veut pas faire d'histoires, qui paye, mais n'est pas content (MARCEL PROUST, Le Temps retrouvé,  1922, page 826 ). Colère dépitée (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances,  1946, page 222) : 

Ø 2. Elle se fiche de moi, se dit-il, et déjà mécontent de la tournure qu'avait prise cette conversation, furieux de voir cette femme si différente de ses lettres embrasées, si calme, il lui demanda d'un ton dépité :

—  Saurai-je pourquoi vous riez ainsi?

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 193. 

PARADIGMES. a) Synonymes : contrarié, déçu, désappointé. b) Antonymes content, comblé, heureux, satisfait. 

 Fréquence absolue littéraire : 130 

 

Forme dérivée du verbe \"dépiter\"

 dépiter

DÉPITER, verbe transitif.  

Causer du dépit (à quelqu'un). Je suis dépité de voir un homme aussi original que vous abîmer son oeuvre par de pareils enfantillages (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1879, page 225) : 

Ø 1. Écarter soigneusement les contrariétés inutiles, et surtout ne pas laisser s'accumuler l'humeur sans y prendre garde. Ce qui dépite d'abord une femme c'est de n'être pas devinée ni comprise; ce dépit pourra bien se tourner en mépris et en colère.

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime,  1866, page 131. 

PARADIGMES. a) Synonymes : contrarier, décevoir, désappointer, froisser, irriter, mécontenter. b) Antonymes apaiser, calmer, contenter, satisfaire. 

—  Emploi pronominal réfléchi.  Concevoir, manifester du dépit. (Quasi-)synonymes : se fâcher, être chagriné : 

Ø 2.... il me semble que je deviens douce, que je m'attendris trop, que je n'ai plus ma vieille exécration d'autrefois; je me dépite, je me ronge, cela me fait plaisir et mal tout ensemble, le coeur me démange,...

GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine,  1849, page 324. 

·    Familier. Se dépiter contre son ventre. Se priver de manger pour manifester son dépit (Confer Jean-François Rolland, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 51). 

Remarque : On rencontre dans la documentation l'emploi adjectival dépitant, ante.  Le vrai Cid ne ressemble presque en rien à celui de la légende (...) c'est là un désaccord assez dépitant et désagréable (CHARLES-AMÉDÉE DE SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 7, 1863-69, page 224). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 56 (dépitant : 2). 

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