Deir el-Bahari : les complexes funéraires de Montouhotep II et d'Hatchepsout. drames sacrés, comme le Drame du couronnement ou le Drame memphite, connu, lui, par une version atant de Chabaka. u courant pessimiste représenté par le Dialogue du Désespéré avec son Ba, on peut ajouter un autre nsemble: les Collections de paroles de Khâkhéperrêséneb. Dans un genre différent, on peut évoquer 'hymnologie royale, avec les textes d'Illahoun. La diplomatique, les récits autobiographiques et historiques, la orrespondance, les textes administratifs sont abondamment représentés, ainsi que la littérature spécialisée: raités de médecine, de mathématiques (connus eux aussi par des copies plus tardives), le fragment ynécologique et vétérinaire d'Illahoun, des fragments médico-magiques thébains, et surtout le premier eprésentant des onomastica, découvert au Ramesseum : ces listes de mots qui passent en revue les atégories de la société ou de l'univers (noms de métiers, oiseaux, animaux, plantes, listes géographiques, etc.) taient destinées à la formation des élèves des écoles. Les oeuvres littéraires de l'époque témoignent d'un raffinement qui allie la tradition de l'Ancien Empire à une sobriété plus proche de l'humain. Il est également sensible dans la production artistique, Fig. 76 Reconstitution du temple funéraire de Montouhotep II à Deir el-Bahari. quelle qu'elle soit, de l'architecture aux arts mineurs. La « chapelle blanche » que Sésostris Ier construisit à Karnak offre une pureté de formes remarquable que l'on retrouve autant dans l'austérité du temple de Qasr esSagha qu'à travers l'ordonnance simple de celui de Medinet Madi. Malheureusement, les constructions religieuses des rois du Moyen Empire sont moins connues que celles de leurs successeurs. On peut toutefois juger de leur qualité à partir des édifices funéraires, et tout particulièrement de celui que Montouhotep II fit édifier à Deir el-Bahari. Dans ce cirque situé sur la rive occidentale de Thèbes et dominé par la cime qui protège encore aujourd'hui les tombes des rois et des nobles, Montouhotep II fait édifier un complexe funéraire qui reprend la structure de ceux de l'Ancien Empire: un temple d'accueil, une chaussée montante et un temple funéraire. La seule différence vient de ce que la sépulture n'est plus constituée par une pyramide, mais incluse dans l'ensemble. Les restes de la construction ne permettent pas d'être affirmatif, mais on peut supposer avec quelque raison que l'idée de représenter le tertre primordial par une forme pyramidale a été maintenue, de façon à présenter l'aspect suivant. Sous cette terrasse, couronnée d'une pyramide ou d'une simple élévation (Arnold: 1974a), des dépôts de fondation font référence à Montou-Rê: il s'agit donc bien d'une contrepartie thébaine des installations héliopolitaines consacrées à Rê-Horakhty. La partie au contact de la falaise, elle, comprend la tombe et les installations cultuelles royales qui associent Montouhotep et Amon-Rê, préfigurant ainsi les « Demeures des Millions d'Années », c'est-à-dire les temples funéraires du Nouvel Empire. Le sanctuaire et la tombe de Tem, l'épouse du roi, ont été découverts au milieu du XIXe siècle par Lord Dufferin, mais les fouilles proprement dites n'ont été entreprises, après la découverte en 1900-1901 du cénotaphe de Bab el-Hosan par H. Carter, que de 1903 à 1907 par E. Naville et E. Hall pour le compte de l'Egypt Exploration Society. Elles ont ensuite été reprises par H. E. Winlock pour le Metropolitan Museum of Art de 1921 à 1924, et, depuis 1967 par D. Arnold pour l'Institut Allemand. Elles ont permis de reconstituer quatre étapes dans la construction: tout d'abord, une enceinte oblique en pierre de taille courant à l'extérieur du mur oriental de la cour, sur le rôle de laquelle on ne peut se prononcer. La deuxième étape a été la construction, vers les années 20-30 de Montouhotep puisqu'il est daté de l'Horus Netjérihedjet, d'un mur d'enceinte épousant la forme du cirque de façon à enfermer la tombe de Bab el-Hosan et les sépultures de reines mortes avant le roi. Puis vient la phase principale, datée, elle, de l'Horus Sémataoui -- des années 30-39 donc: la terrasse, comprenant un noyau central et un déambulatoire donnant sur la partie arrière composée d'une cour à péristyle, d'une salle hypostyle, de la chapelle et de la tombe royale. La quatrième étape a commencé avant la fin de la troisième: achèvement de la chaussée montante, constitution et alignement du mur intérieur de la cour, construction des portiques de la cour, des cours entourant le déambulatoire, du sanctuaire d'Amon-Rê. Le temple d'accueil, enfoui sous les terres cultivables du Kôm el-Fessad, n'a pas été dégagé. La chaussée qui en partait était découverte, pavée de briques et limitée par des murs en calcaire. Elle montait sur plus de 950 m, et était bordée, à peu près tous les 9 m, par des statues du roi représenté en Osiris, dont H. E. Winlock a retrouvé de nombreux fragments. Elle donne accès à la première cour, déjà modifiée par Montouhotep luimême, puis par Thoutmosis III qui en écrase une partie pour faire passer la chaussée donnant accès à la chapelle d'Hathor qu'il plaque au nord du temple de Montouhotep II. Le fond de la cour est délimité par un double portique, au centre duquel une rampe bordée de 55 tamaris et de deux rangées de quatre sycomores abritant chacun une statue assise du roi en costume de fête-sed, donne accès à la terrasse. Chaque portique, dont le plafond est soutenu par 24 piliers carrés, abrite un mur revêtu de calcaire, dont les reliefs représentent une campagne asiatique et des scènes de navigation cultuelle. La reine Hatchepsout reprendra dans les moindres détails ce modèle pour le temple qu'elle fera édifier à côté. C'est dans cette cour qu'H. Carter trouva par hasard l'entrée du cénotaphe de Montouhotep II : son cheval fit un faux pas dans la dépression qui en marquait l'emplacement -- ce qui valut à la tombe le nom de Bab el-Hosan, « la porte du cheval ». La porte était encore Fig. 77 Deir El-Bahari: Temple de Mentouhotep Nebhepetrê Chapelles et tombes des reines. scellée; elle conduisait par un long couloir de 150 m creusé dans le roc vers l'ouest, à une chambre voûtée située sous la pyramide. Dans cette chambre, une statue royale anonyme en grès peint, représentant le souverain en costume de fête-sed et un sarcophage, anonyme aussi, accompagné de quelques offrandes. Du caveau, un puits vertical conduit à une autre chambre, trente mètres plus bas. Dans cette seconde pièce, des ases et trois modèles de bateaux. Le nom de Montouhotep n'apparaît que sur un coffre en bois trouvé dans un utre puits, situé au milieu du premier couloir. La terrasse recouvre un premier état en incluant les six chapelles et tombes des reines-prêtresses d'Hathor, Dame du site. Ces chapelles sont incluses au cours de la deuxième étape dans le second état dans le mur oriental du déambulatoire de la terrasse. Elles sont décorées de scènes fort intéressantes, qui montrent les reines faisant leur toilette, visitant leurs fermes, en train de festoyer, mais aussi buvant le lait des vaches. Ce thème funéraire de l'allaitement hathorique source de renaissance sera magistralement repris par Thoutmosis III dans le sanctuaire rupestre évoqué plus haut, au centre duquel une statue impressionnante, aujourd'hui conservée au Musée du Caire, le représente à la fois protégé et allaité par la déesse sous sa forme de vache au débouché des marais qui constituent l'ultime étape vers le royaume des bienheureux ( fig. 90 ). Derrière chaque chapelle, un puits donne accès à un caveau. Quatre de ces six tombes n'ont été pillées qu'une fois. On a retrouvé un sarcophage dans celles de Henhenet, Kaouït et Achaït ; l'une appartenait à un enfant, Maït. Le deuxième état de la terrasse comporte un déambulatoire aux murs ornés de scènes cultuelles et administratives et séparé du noyau central par une cour couverte. De là, on accède par une cour à péristyle à la partie intime du temple: la salle hypostyle, aux murs décorés de scènes d'offrandes; au centre de la paroi occidentale, une niche en spéos était destinée à recevoir une statue du roi, en avant duquel un petit sanctuaire consacré à Amon-Rê et Montouhotep comporte des représentations cultuelles. A l'angle sud-ouest du corridor de l'hypostyle se trouvait la tombe de l'épouse royale Tem. La vraie tombe du roi est à l'ouest du sanctuaire. On y accède par un long couloir qui part de la cour à péristyle et passe sous l'hypostyle. La chambre funéraire est sous la falaise. Elle possède un parement de granit et n'avait pas encore été pillée sous Ramsès XI, si l'on en croit le procès-verbal de l'inspection de la nécropole faite alors à la suite de nombreux pillages de tombes royales. On n'y a retrouvé, outre un naos de granit et albâtre, que des modèles de bateaux, des cannes et des sceptres. L'originalité de la recherche architecturale de Montouhotep reste liée à Thèbes. En déplaçant la capitale, ses successeurs renouent avec l'organisation memphite du complexe funéraire. Ils choisissent des sites au sud de Saqqara et reprennent au début le plan des installations funéraires de la fin de la VIe dynastie. Le premier site utilisé est Licht, à peu près à mi-distance entre Dahchour et Meïdoum, où s'installent Amenemhat Ier et Sésostris Ier. Amenemhat Ier fait élever au nord du site une pyramide proche d'aspect du modèle de la VIe dynastie, autant par la pente de 54° que par ses dimensions (84 m de côté sur 70 m de haut). Il utilise pour la construction des blocs provenant d'Abousir et de Gîza, recouverts d'un parement de calcaire fin de Toura aujourd'hui disparu. L'entrée est sur la face septentrionale, derrière une fausse-porte de granit abritée par une chapelle. La chambre funéraire est en dessous du niveau actuel des eaux. Le temple funéraire a été achevé sous la « corégence » de Sésostris Ier. La rampe et l'ensemble reprennent en gros le plan de Pépi II. Contre la face occidentale de la pyramide se trouvent les tombes des princesses royales, et, au sud-ouest, la Fig. 78 Plan de la pyramide de Sésostris Ier à Licht. nécropole des notables du règne, parmi lesquels un cénotaphe appartenant à Antefoqer, qui fut son vizir et celui de Sésostris Ier. Antefoqer est enterré dans la nécropole thébaine, à Cheikh Abd el-Gourna (TT 60), mais il repris la fiction ancienne du fonctionnaire qui suit son maître dans l'au-delà. Sésostris Ier a fait édifier sa pyramide au sud du site. Elle est aussi enclose par un mur en pierres doublé d'un autre, en brique. Elle est plus grande, puisqu'elle mesure environ 105 m de côté pour seulement 60 m de haut, ce qui donne une pente, plus écrasée, de 49°. La technique de construction est différente, moins coûteuse dans la mesure où elle combine un radier central de murs croisés en pierres et un simple blocage recouvert d'un parement en calcaire de Toura, dont il reste encore aujourd'hui quelques vestiges. Elle possède, outre la pyramide de ka du roi, neuf pyramides satellites. Pour le reste, elle reprend, elle aussi, le plan de Pépi II. Lors du dégagement du complexe en 1894, J.-E. Gautier découvrit un groupe de dix statues représentant Sésostris Ier assis sur un trône cubique à petit dossier décoré chacun d'une variation sur le thème du sema-taoui, l'emblème héraldique de l'union des Deux Terres ( fig. 80 ). Ces statues, qui avaient été hâtivement enfouies dans une fosse, sans doute pour échapper à un pillage, sont regroupées aujourd'hui au Musée du Caire. menemhat II, lui, remonte vers le Nord pour s'installer à Dahchour, où son petit-fils Sésostris III se fait également enterrer, tandis que son arrière-petit-fils, Amenemhat III, s'y contente d'un cénotaphe. La pyramide d'Amenemhat II reprend la technique de celle de Sésostris Ier, mais elle est trop ruinée pour que l'on puisse en donner une description exacte. On notera toutefois qu'à l'ouest de son enclos, on a retrouvé les tombes des princesses Ita, Ita-ouret et surtout Chnoumet, dont les bijoux sont exposés au Musée du Caire. Sésostris III, lui, suit la technique adoptée par son père à Illahoun : un caissonnage de murs en pierres appuyé sur un noyau naturel et bloqué par des briques crues, le tout revêtu de calcaire de Toura. L'entrée se fait par un puits situé à l'ouest, qui conduit à une chambre funéraire en granit rouge. Au sud et à l'est du complexe, enfermé dans une enceinte en briques crues, se trouvent les mastabas des notables; au nord, les tombeaux des princesses Néfret-henout, Méreret et Sénet-sénebtisi, creusés en galeries ont livré, outre des sarcophages et des boîtes à canopes, des bijoux, parmi lesquels les magnifiques pectoraux aux noms de Sésostris II et III conservés au Musée du Caire. Amenemhat III se fait construire un cénotaphe en briques crues autrefois recouvertes de calcaire, auquel son aspect actuel a valu le surnom de « pyramide noire ». De grande taille (environ 100 m de côté pour une pente de 57°20'), l'édifice était surmonté d'un pyramidion; son entrée se trouve à l'est, ainsi que le temple funéraire. L'infrastructure, d'un plan très compliqué, contenait un sarcophage de granit et s'inspirait peut-être du complexe funéraire de Djoser à Saqqara (Lauer : 1988,198). Le site de Dahchour est également utilisé par les souverains de la XIIIe dynastie, et en particulier par le roi Hor Ier Aoutibrê, dont la statue de kâ en bois est conservée au Musée du Caire. Mais Licht et Dahchour ne sont pas les seules nécropoles royales de la XIIe dynastie : les deux rois qui se sont attachés à la mise en valeur du Fayoum, Sésostris II et Amenemhat III, ont tenu à s'en rapprocher et se sont fait enterrer, le premier à Illahoun, le second à Hawara. La pyramide d'Illahoun est construite au nord de la digue élevée par Sésostris II, à la limite des terres cultivées, sur un plan carré de 107 m de côté, avec une pente de 42°35' pour une hauteur probable de 48 m. L'entrée se fait au sud par un puits conduisant à un ensemble compliqué de couloirs entourant la chambre funéraire, un peu comme les flots entourent l'île sur laquelle est censé être aménagé le tombeau d'Osiris à Abydos. À l'intérieur subsistait un sarcophage de granit, près duquel on a retrouvé un uræus en or. Parmi les tombes de princesses, celle de Sathathoriounet a livré un important ensemble de bijoux que se partagent le Metropolitan Museum of Art et le Musée du Caire. La pyramide qu'Amenemhat III se fait édifier à Hawara, à 9 km au sud-est de Medinet el-Fayoum, présente de nombreuses similitudes avec celle de Sésostris II. La chambre funéraire contient une énorme cuve de granit et un second sarcophage, plus petit, destiné à sa fille, Néférouptah, qui est enterrée à 2 km au sud, alors que les autres princesses sont à Dahchour. Le temple funéraire, situé lui aussi au sud, est probablement le labyrinthe de Strabon: il est constitué de trois rangées d'unités indépendantes contiguës sur une surface de 200 par 300 m, dans lesquelles on a retrouvé l'une des plus belles statues représentant Amenemhat III assis (CGC 385). Sans doute était-ce une installation de fête-sed, comparable à celle du complexe de Djoser à Saqqara, avec lequel celui d'Amenemhat III a plus d'un point en commun. Le temple paraît avoir été achevé par Néfrousobek, mais on ne peut pas déterminer si ces travaux visaient à son achèvement ou à l'installation du culte d'Amenemhat III divinisé. L'emprise de l'Ancien Empire marque fortement la statuaire royale, même si le souverain n'est plus le dieu ntangible d'autrefois. Elle évolue toutefois comparativement plus que la statuaire privée qui connaît peu de ouveautés dans les attitudes qui ne soient empruntées au modèle royal. On voit apparaître des figurines en orme de momies placées dans des niches, qui sont dérivées des colosses osiriaques royaux. De la statuaire oyale viennent encore des orants et des personnages enveloppés dans des manteaux. La seule réelle nnovation est la statue-cube: un personnage assis, dont les jambes repliées vers le menton forment un bloc 'où bientôt n'émergera plus que la tête. Cette forme, née des recherches géométrisantes de la Première ériode Intermédiaire offre un support commode au texte qui les envahira à la Basse Époque. e style thébain des débuts est rugueux: on peut penser à la statue représentant Antef II engoncé dans le anteau de fête-sed qui a été découverte dans le sanctuaire d'Héqaib à Éléphantine ou à celles du même type rovenant du sanctuaire de Montouhotep II à Deir el-Bahari qui sont aujourd'hui dispersées entre Le Caire, oston, New York et Londres. Dès Amenemhat Ier, l'art tempère un peu cette rudesse au contact des écoles du ord, comme on peut le voir à travers des exemples provenant de Mendès (Caire JE 60520) ou de Tanis (Caire JE 37470). Mais la différence demeure d'autant plus sensible entre le Nord et le Sud que les rois restent artagés entre leurs origines et la Moyenne-Égypte. Dans la production très abondante de Sésostris Ier, on istingue ainsi plusieurs écoles: celle de Thèbes, illustrée par deux colosses debout du temple de Karnak (Caire E 38286 et 38287), celle « du Fayoum », dans laquelle on range les oeuvres de Licht, les dix statues voquées plus haut, les piliers osiriaques, mais aussi les statues de bois provenant du temple d'Imhotep (Caire E 44951 et MMA 14.3.17), et une tendance memphite, représentée aussi bien à Memphis même que dans out le Nord. Elle s'accompagne d'un net retour à la tradition royale, qui se traduit par la confection de statues eprésentant des rois du temps passé (Sahourê, Niouserrê, Antef, Djoser sous Sésostris II). a tendance classique se maintient sous les règnes d'Amenemhat II et Sésostris II, en particulier dans les tatues réutilisées plus tard sur le site de Tanis. Les règnes de leurs deux successeurs sont particulièrement iches en oeuvres de grande qualité. On retiendra la série des « portraits » de Sésostris III provenant du temple e Médamoud qui le représentent alternativement jeune et âgé, marquant par là l'humanité que le roi a éfinitivement acquise avec la Première Période Intermédiaire, et ceux, comparables, d'Amenemhat III (CGC 85 provenant de Hawara), plusieurs sphinx et des statues