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Définition:EXPIATION, substantif féminin.

Publié le 03/02/2016

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Définition:

 

EXPIATION, substantif féminin.  

A.—  RELIGION.  Rite effectué pour apaiser la colère divine. Fête des expiations; pain, victime d'expiation; immolé en expiation. Une expiation qui consistait dans un sacrifice offert aux dieux (ÉMILE DURKHEIM, De la division du travail social 1893, page 135 ). L'holocauste destiné à l'expiation (ÉMILE ZOLA, Le Docteur Pascal,  1893, page 114) : 

Ø 1. Les anciens héros, lorsqu'ils avaient commis un meurtre, avaient recours à l'expiation : après les sacrifices qu'elle exigeait, on répandait sur la main coupable l'eau destinée à la purifier, et dès ce moment ils rentraient dans la société et se préparaient à de nouveaux combats.

CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes,  1796, page 567. 

—  Spécialement.  [Dans la religion chrétienne] 

·    Réparation faite à Dieu (pour un péché commis) sous forme de rite. Neuvaine pour l'expiation de mes péchés deux fois par an (FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime,  1851-76, page 61 ). 

·    Par extension.  Acceptation d'une infortune en signe de réparation. J'accepte la mort en expiation de tant de forfaits que j'ai commis et en union avec mon sauveur (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 359) : 

Ø 2. Il [M. Hamon] présente (...) l'oppression de Port-Royal, cette violence et cette spoliation qu'on y subit et auxquelles on doit se résigner avec soumission, avec joie, comme une amende honorable due à Dieu pour la cupidité de tant d'autres monastères, communautés et sociétés, comme une expiation éclatante et légitime payée au suprême vengeur pour les excès d'autrui et des Jésuites eux-mêmes.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 203. 

B.—  Par extension. 

1. [Correspond à expier A]  Réparation d'une faute par une peine jugée compensatoire. On pensa que de tels châtiments seraient trop doux pour l'expiation de ses crimes et qu'il fallait lui infliger l'humiliation et la honte (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia,  1839, page 534 ). J'ai lu souvent que la flagellation était l'expiation symbolique de nos péchés d'impureté (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix,  1938, page 48) : 

Ø 3. Ma grand'mère que j'avais, avec tant d'indifférence, vue agoniser et mourir près de moi! ô puissé-je, en expiation, quand mon oeuvre serait terminée, blessé sans remède, souffrir de longues heures, abandonné de tous, avant de mourir!

MARCEL PROUST, Le Temps retrouvé,  1922, page 902. 

·    Titre d'un poème des Châtiments (voir 13) de Voir Hugo. Notre amie m'écrit qu'elle vous a transmis « l'Expiation » (VICTOR HUGO, Correspondance tome 2, 1854, page 180 ). 

—   [Suivi d'un complément introduit par à, désignant ce qui est expié]  Déjà il montre, comme expiation à ses fautes, toutes les provinces que son bras va remettre sous l'empire du Christ (MADAME COTTIN, Mathilde, tome 5, 1805, page 315 ). 

—  Par métonymie.  Peine subie (en signe de réparation pour une faute commise). Les bouleversements de l'Europe, (...) ne lui paraissaient que la vengeance divine et l'expiation méritée de l'abandon des doctrines antiques par l'esprit nouveau (ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences,  1851, page 295 ). L'expiation terrestre, le bûcher, il l'appelait de toutes ses forces (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 2, 1891, page 144 ). Je n'admets pas plus la mort comme châtiment ou comme expiation au lâche que comme récompense aux vivants (JEAN GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu,  1935, II, 5, page 129 ). 

·    L'expiation suprême. La peine capitale. L'accusé commence à entendre tomber le mot d'« expiation suprême » (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1869, page 510 ). 

—  En particulier.  Compensation pour un dommage volontairement causé : 

Ø 4. La cathédrale (...) fut, dit-on, bâtie par Robert, premier duc capétien de Bourgogne, en expiation des violences que l'église lui reprochait. Il essaya ainsi de dédommager la vieille ville...

JULES MICHELET, Journal,  1839, page 798. 

2. [Correspond à expier B]  Par extension.  Contrepartie fâcheuse d'une action, d'une attitude, d'un comportement. Quitter Madame de Nevers me semblait une expiation du bonheur que je trouvais près d'elle malgré moi (CLAIRE DE KERSAINT, DUCHESSE DE DURAS, Édouard,  1825, page 133 ). La douleur et la mort sont l'expiation de la naissance (LOUIS MÉNARD, Rêveries d'un païen mystique, 1876, page 122) : 

Ø 5. S'il avait beaucoup souffert à cause d'elle, cette souffrance n'était-elle point l'expiation des joies immenses qu'elle lui avait données? N'était-ce point la vengeance ordinaire de la destinée humaine, qui interdit le bonheur absolu comme une impiété?

HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème,  1851, page 276. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 457. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 961, b) 849; XXe.  siècle : a) 643, b) 280. 

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