Définition / Vocabulaire: AMUSEMENT, substantif masculin.

Définition / Vocabulaire: AMUSEMENT, substantif masculin. A.— Sens général : Divertissement, agrément. 1. Passe-temps agréable, récréatif, occupant le corps ou l'esprit, et destiné à tromper l'ennui : Ø 1. Je veux donner l'idée d'un divertissement innocent. Il y a si peu d'amusements qui ne soient pas coupables! CHARLES BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, Le Joujou du pauvre, 1867, page 92. Ø 2.... son verdict (...) était que la distraction, que l'amusement, que la joie, pouvaient seuls influer sur cette maladie dont tout le côté spirituel échappait à la force chimique des remèdes... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, pages 283-284. Ø 3. L'ingénuité de ses amusements, la puérilité de ses manières et la maladresse enfantine de ses gestes offraient un contraste attendrissant avec sa bonté qui semblait d'un âge plus mûr, tant elle montrait de force et de mâle constance. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918. page 257. — Spécialement. [En parlant des enfants] : Ø 4. Je plaignais les enfants uniques; les amusements solitaires me semblaient fades : tout juste une manière de tuer le temps. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 45. Ø 5.... le jeu de l'enfant ne serait-il donc qu'un passage entre amusement et travail et comme un compromis entre les deux? Penser cela, ce serait faire une grave erreur, ce serait négliger des coupures très nettes entre le jeu d'une part et d'autre part soit l'amusement, soit le travail. Il n'est pas besoin de revenir sur la distinction que l'enfant fait lui-même, entre l'amusement (le playing des Anglais) et le jeu, le game : l'amusement ne vise que le plaisir, alors que le jeu vise plus haut, l'expression de la personne... Jeux et sports (sous la direction de Roger Caillois) 1968, page 53. 2. Par extension. Chose aisée à accomplir : Ø 6. Le vieux Nur excellait à découvrir les figures de l'antiquité... Aussi ne fut-ce qu'un amusement pour lui de trouver Georges de Blanchelande. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Balthasar, 1889, page 246. 3. Au pluriel. a) Divertissements. Les amusements champêtres (légende d'un tableau de Watteau). b) Spécialement. [En parlant d'un inanimé concr] Synonymes : frivolités, colifichets : Ø 7. Aucune des recherches modernes ne manquait là. Quelques colifichets, amusements de la pauvre Vanda, prouvaient que cet amour paternel allait jusqu'au délire. HONORÉ DE BALZAC, L'envers de l'histoire contemporaine, L'Initié, 1848, page 404. B.— Sens particulier à divers domaines. 1. Domaine affectif. a) Liaison amoureuse peu sérieuse et souvent éphémère : Ø 8. Mon père (...) se permettait assez fréquemment des propos légers sur les liaisons d'amour; il les regardait comme des amusements, sinon permis, du moins excusables... BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Adolphe, 1816, page 19. b) Plaisir amoureux : Ø 9. [Sérafine :] — Les maris, ça consent encore à ne pas avoir d'enfants, mais ça se dérange, dès que ça ne trouve pas d'amusement chez soi, et quand une femme ne peut plus, c'est le pire malheur qui puisse arriver dans un ménage. ÉMILE ZOLA, Fécondité, 1899, page 361. — Par métonymie. Objet du plaisir amoureux : Ø 10. Non, Phoebus, non, je serai ta maîtresse, ton amusement, ton plaisir, quand tu voudras, une fille qui sera à toi, je ne suis faite que pour cela, souillée, méprisée, déshonorée, mais qu'importe! aimée. VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 346. 2. Domaine des sens : Ø 11. L'attention est soutenue, dans les vers, par l'amusement de l'oreille. La prose n'a pas ce secours... JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 94. Ø 12. Je crois surtout à l'avenir et au besoin universel de choses sérieuses; maintenant que l'amusement des yeux par des surprises enfantines fait sourire tout le monde au milieu même de ses grandes aventures, c'est, ce me semble, le temps du drame de la pensée. ALFRED DE VIGNY, Chatterton, 1835, page 241. Ø 13. Trois ans plus tard, (...) Duval publiait son sixième livre de sonates de violon, qu'il intitulait : amusemens pour la Chambre. LIONEL DE LA LAURENCIE. L'École française de violon, 1922, page 106. Remarque : Syntagmes rencontrés a) Amusement + adjectif : amusement agréable, bas, bénin, doux, enfantin, frivole, grand (antéposé), innocent, littéraire, modeste, musical, populaire, public, puéril, spirituel, vain, vil, vulgaire; b) Amusement + substantif : amusement de l'enfance, de jeunesse, de l'esprit, de société; c) Substantif + amusement : voyage d'amusement, voyage d'agrément (confer PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 4, 1824, page 391); d) Amusement + préposition : par amusement, avec amusement, au grand amusement de; e) Verbe + amusement : prendre de l'amusement, procurer de l'amusement; f) Amusement + verbe : c'est un amusement de, trouver de l'amusement à : Ø 14. L'homme? mais comme collaborateur, il est charmant! demandez à Isabelle! c'est un perpétuel amusement de travailler avec lui! Wanda. — Oui, je sais, vous vous êtes tous entichés de ce garçon! J'en suis encore à chercher pourquoi. Il m'a déplu, à moi, depuis le premier jour! J'ai horreur de ces petits coqs! ROGER MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, II, 5, page 1287. C.— Vieux et littéraire. 1. Ce qui distrait, éloigne des choses sérieuses, essentielles; perte de temps : Ø 15. Je n'aime pas à savoir que vous avez souffert! Je me suis reproché d'être, à cette époque, en amusements pendant que vous étiez malade. HONORÉ DE BALZAC, Lettres à l'Étrangère, tome 1, 1850, page 239. Ø 16.... je lisais au jardin, ce que ma grand'tante n'aurait pas compris que je fisse en dehors du dimanche, jour où il est défendu de s'occuper à rien de sérieux et où elle ne cousait pas (un jour de semaine, elle m'aurait dit « comment tu t'amuses encore à lire, ce n'est pourtant pas dimanche » en donnant au mot amusement le sens d'enfantillage et de perte de temps)... MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, page 101. 2. Rare. Prétexte, leurre, promesse trompeuse : Ø 17. Tout ce que vous me dites là n'est qu'un amusement. Dictionnaire de l'Académie française. 1835. Remarque : Commentaire de NOUVEAU DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (JEAN-CHARLES LAVEAUX ) Difficultés 1846 : " L'Académie Française dit que ce mot se prend dans le sens de promesses trompeuses. C'est une erreur (...) Il est vrai que le verbe amuser se prend en ce sens, et qu'on dit, vous voulez m'amuser par ces paroles, pour dire, vous voulez me tromper. Mais le substantif n'a pas toujours les même significations que le verbe d'où il est tiré. " 3. Moquerie légère : Ø 18. Ce dernier mot « chance », prolongé et comme étiré par la voix merveilleuse, parut à Augustin, ce que sans doute il était, plein d'amusement, de moquerie légère, ou même aussi d'intérêt et de familiarité naissante, et peut-être encore de vagues choses ressemblant à des regrets sur elle-même. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 141. · Être l'amusement de quelqu'un. Être l'objet de ses railleries (confer amuser exemple 60, 61). Remarque : Synonymes : Amusailles, substantif féminin pluriel, néologisme, collectif à valeur péjorative Amusements bas, vils divertissements : " toujours pour eux [les badauds] les amusailles et pour nous les ailles à payer. " (M. DRUON, Le Lis et le lion, 1960, page 246). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 769. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 345, b) 825; XXe. siècle : a) 1 109, b) 1 012.