Devoir de Philosophie

Définition: ÉVENTRER, verbe transitif.

Publié le 03/02/2016

Extrait du document

Définition: ÉVENTRER, verbe transitif. A.— [Le complément désigne une personne, un animal] 1. Ouvrir le ventre pour le vider de son contenu. Éventrer un boeuf, un mouton; éventrer une carpe (Dictionnaire de l'Académie Française). Il [Gilles de Rais] alla même, un jour que sa provision d'enfants était épuisée, jusqu'à éventrer une femme enceinte et à manier le foetus! (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 2, 1891, page 15 ). Je tourne la tête vers la charcuterie aux châteaux de saindoux, aux vessies gonflées, aux porcs éventrés, sans entrailles (ALEXANDRE ARNOUX, Le Chiffre. 1926, page 190 ). 2. Par extension. Déchirer, déchiqueter, ouvrir le ventre. Il m'apprenait comment on doit mettre le pouce sur la lame [d'un couteau] pour éventrer convenablement son homme sans se couper les doigts (PROSPER MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, page 317 ). Un sanglier surgit et prend la fuite : un lévrier, le gagnant de vitesse, le saisit par l'oreille; mais l'animal furieux l'éventre d'un coup de boutoir (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 36) : Ø 1.... avec leurs défenses, ils les éventraient, les lançaient en l'air, et de longues entrailles pendaient à leurs crocs d'ivoire comme des paquets de cordages à des mâts. GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 1, 1863, page 170. — Emploi passif. Ce soldat fut éventré d'un coup de baïonnette (Dictionnaire de l'Académie française. ). Remarque : 1. Au participe passé. Bête, cheval éventré(e). Des moutons éventrés avec leurs organes en pagaïe (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Voyage, 1932, page 28). 2. La documentation atteste un emploi substantival du participe passé. Une bombe a tué sept personnes (...) il [le petit roi d'Espagne] serait rentré en pleurant, sans regarder les éventrés (LÉON BLOY, Journal, 1907, page 304). — Au figuré et par exagération. Détruire, ruiner financièrement, moralement. Dans ces batailles de l'argent (...) où l'on éventre les faibles, sans bruit, il n'y a plus de liens, plus de parenté, plus d'amitié : c'est l'atroce loi des forts, ceux qui mangent pour ne pas être mangés (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 340 ). — Emploi pronominal. a) Réfléchi. [Le sujet désigne une personne] S'ouvrir le ventre. Le Japonais s'éventre par point d'honneur (Dictionnaire de l'Académie française. ). b) Réciproque. Se battre, s'entretuer. Quatre cent mille braves gens qui s'éventrent, sans comprendre (JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 181 ). Remarque : On rencontre dans la documentation un exemple au figuré et par exagération. Il faut travailler pour Werdet qui s'éventre pour me donner l'argent nécessaire à (...) ma vie (HONORÉ DE BALZAC, Lettres à l'Étrangère, tome 1, 1850, page 240). B.— Par analogie et par métaphore. [Le complément désigne un inanimé concret, notamment un contenant] 1. [Par analogie avec A 1; avec l'idée d'atteindre, de s'emparer du contenu] Fendre, défoncer, ouvrir brutalement en causant des dommages. a) [Le complément désigne un sac, un coffre, etc.] Éventrer un matelas pour y chercher un trésor (DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) ). Derrière une pile de linge, mes doigts se heurtent contre un coffret mystérieux, je le prends, je l'éventre (...) et je trouve trente-deux lettres d'amour (EUGÈNE LABICHE, Le Clou aux maris, 1858, 8, page 471 ). Certains vauriens (...) avaient pour spécialité d'éventrer les marchandises fraîchement débarquées et de dévaliser les marins dans les mauvais lieux (PAUL MORAND, New-York, 1930, page 76) : Ø 2. Pendant huit heures consécutives, ils éventrèrent les paquetages, retournèrent les paillasses et scrutèrent planchers et plafonds (...) au terme de cette fouille géante, pas la moindre victuaille suspecte, pas le moindre objet prohibé... FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 329. — Emploi pronominal passif. S'ouvrir en répandant son contenu. S'il ficelle un paquet, le noeud se défait et tout le paquet s'éventre (JULES RENARD, Journal, 1906, page 1043 ). b) [Le complément désigne une nourriture ou quelque chose contenant une nourriture, une boisson] Éventrer un pâté, un tonneau. Il éventra une boîte de « corned-beef » (FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau. 1908, page 276 ). Le « pie » apparaît, dans sa faïence anglaise. Denise éventre la croûte, et une buée épicée de viande cuite vient jusqu'à André (ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 181 ). Remarque : On rencontre dans la documentation des emplois de éventrer au sens de « entamer, découper brutalement, sans idée d'atteindre ce qui est contenu ». Ils se jetaient sur la viande et l'un après l'autre, à coups féroces, ils l'éventraient (ROLAND DORGELÈS, Croix de bois, 1919, page 184). 2. [Par analogie avec A 2] a) [L'idée dominante est celle d'entailler, le contenu faisant éventuellement saillie] a ) [Le complément désigne des tapisseries, des sacs, etc.] Fendre, découper, déchirer. Éventrer un carton, un colis. Ils défoncent les meubles, font voler les vitres en éclats, crèvent les chaises, éventrent les fauteuils (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Étui de nacre, Le Petit soldat de plomb, 1892, page 313 ). Les lettres répandues sur le ballast, hors des sacs éventrés (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, page 75 ). Remarque : On rencontre dans la documentation des emplois au participe passé au sens de « déchiré, entaillé par l'usure, le vieillissement ». Coussin, édredon, tabouret éventré. Livres de musique, à dos rongés, éventrés (HONORÉ DE BALZAC, Fille Ève, 1839, page 180). Mademoiselle de Reu (...) fut trouvée morte sur une paillasse éventrée et pourrie (ANATOLE FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, page 93). ß ) [Le complément désigne une construction (par métonymie une agglomération), un navire, etc.] Pratiquer des brèches, endommager par de larges ouvertures. La trirème bondit (...) elle refoulait, éventrait les autres navires amarrés à des pieux (GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 1, 1863, page 116 ). La vision de Varsovie éventrée l'oblige à demeurer un long temps immobile (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 2, 1937, page 286 ). — Fréquent au participe passé. Chaumière, hangar, maison, tour éventré(e); navire éventré par un écueil. Tout l'effort humain réduit à soutenir pour quelques heures, à étayer au-dessus des têtes branlantes, les toits crevés, les plafonds éventrés (LUCIEN FEBVRE, Combats pour l'histoire, 1946, page 41 ). — Emploi pronominal passif. La voûte va s'éventrer comme un ventre trop plein et qui crève (GUSTAVE FLAUBERT, Smarh, 1839, page 84 ). b) [Le complément désigne un élément naturel élevé, une haie, etc.] Pratiquer une ouverture béante, faire une trouée. Des tempêtes avaient ravagé les côtes, éventré des falaises (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 1107 ). La foule nous a suivies, mais trop serrée dans le chemin, elle a éventré les haies qui le bordent (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 290 ). La bête souple du feu a bondi d'entre les bruyères (...) ici elle éventre une chênaie (JEAN GIONO, Colline, 1929, page 144 ). c) [Le complément désigne un sol] Creuser profondément. On extrayait du sol le sable, la chaux et les moellons, on éventrait les champs (ALEXANDRE ARNOUX, Carnet de route du Juif errant, 1931, page 130 ). — Emploi pronominal passif. Se creuser, s'ouvrir, se fendre. Ils [des milliers d'hommes] écoutaient la terre se fendre sous le choc des obus, s'éventrer tout autour d'eux (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1938, page 23 ). Remarque : La documentation atteste a) Éventrable, adjectif. Il [Marchenoir] avait parfois des colères muettes et blanches de séditieux comprimé, qui eussent donné la colique à un éventrable despote (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 42). b) Éventrage, substantif masculin Les éventrages les plus traîtres, les plus affreuses déchirures, c'était les fois qu'il s'empalait sur un poteau télégraphique (LOUIS-FERDINAND CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 455). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 398. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 247, b) 689; XXe. siècle : a) 847, b) 599.

« causant des dommages. a) [Le complément désigne un sac, un coffre, etc.] Éventrer un matelas pour y chercher un trésor (DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) ).

Derrière une pile de linge, mes doigts se heurtent contre un coffret mystérieux, je le prends, je l'éventre (...) et je trouve trente-deux lettres d'amour (EUGÈNE LABICHE, Le Clou aux maris, 1858, 8, page 471 ).

Certains vauriens (...) avaient pour spécialité d'éventrer les marchandises fraîchement débarquées et de dévaliser les marins dans les mauvais lieux (PAUL MORAND, New-York, 1930, page 76) : Ø 2.

Pendant huit heures consécutives, ils éventrèrent les paquetages, retournèrent les paillasses et scrutèrent planchers et plafonds (...) au terme de cette fouille géante, pas la moindre victuaille suspecte, pas le moindre objet prohibé... FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 329. — Emploi pronominal passif.

S'ouvrir en répandant son contenu.

S'il ficelle un paquet, le noeud se défait et tout le paquet s'éventre (JULES RENARD, Journal, 1906, page 1043 ). b) [Le complément désigne une nourriture ou quelque chose contenant une nourriture, une boisson] Éventrer un pâté, un tonneau.

Il éventra une boîte de « corned-beef » (FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau.

1908, page 276 ).

Le « pie » apparaît, dans sa faïence anglaise.

Denise éventre la croûte, et une buée épicée de viande cuite vient jusqu'à André (ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 181 ). Remarque : On rencontre dans la documentation des emplois de éventrer au sens de « entamer, découper brutalement, sans idée d'atteindre ce qui est contenu ».

Ils se jetaient sur la viande et l'un après l'autre, à coups féroces, ils l'éventraient (ROLAND DORGELÈS, Croix de bois, 1919, page 184). 2.

[Par analogie avec A 2] a) [L'idée dominante est celle d'entailler, le contenu faisant éventuellement saillie] a ) [Le complément désigne des tapisseries, des sacs, etc.] Fendre, découper, déchirer.

Éventrer un carton, un colis.

Ils défoncent les meubles, font voler les vitres en éclats, crèvent les chaises, éventrent les fauteuils (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Étui de nacre, Le Petit soldat de plomb, 1892, page 313 ).

Les lettres répandues sur le ballast, hors des sacs éventrés (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, Dingley, l'illustre écrivain, 1906, page 75 ). Remarque : On rencontre dans la documentation des emplois au participe passé au sens de « déchiré, entaillé par l'usure, le vieillissement ».

Coussin, édredon, tabouret éventré.

Livres de musique, à dos rongés, éventrés (HONORÉ DE BALZAC, Fille Ève, 1839, page 180).

Mademoiselle de Reu (...) fut trouvée morte sur une paillasse éventrée et pourrie (ANATOLE FRANCE, L'Anneau d'améthyste, 1899, page 93). ß ) [Le complément désigne une construction (par métonymie une agglomération), un navire, etc.] Pratiquer des brèches, endommager par de larges ouvertures.

La trirème bondit (...) elle refoulait, éventrait les autres navires amarrés à des pieux (GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 1, 1863, page 116 ). La vision de Varsovie éventrée l'oblige à demeurer un long 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles