Définition et usage: FEIGNANT, -ANTE, FAIGNANT, -ANTE, adjectif et substantif
Publié le 14/02/2016
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Définition et usage:
FEIGNANT, -ANTE, FAIGNANT, -ANTE, adjectif et substantif
[Forme populaire de fainéant] Synonymes : cossard (populaire), paresseux; antonymes : bûcheur (familier), travailleur.
1.— Substantif. Faudra travailler. Et ce n'est pas un métier de faignant que j'assume (JACQUES RIVIERE, Correspondance [avec Alain-Foumier], 1905, page 70 ). Le vieux Péloueyre criait à Marie de Lados lorsque, épuisée, la jeune fille se laissait choir sur une chaise : « Lève-toi, feignante. » Il ne supportait pas de voir une servante assise. Même ses repas, en ce temps-là, Marie les prenait debout, sur le pouce, en servant ses maîtres (FRANÇOIS MAURIAC, Génitrix, 1923, page 346 ). La voix était bonasse et molle, une voix de franc feignant, sans malice (MAURICE GENEVOIX. Raboliot, 1925, page 195 ). Des feignants qui profitent d'être à la table des autres pour s'en mettre plein et tant, qu'ils sont lourds sur l'ouvrage (MARCEL AYME, La Jument verte, 1933, page 173 ).
• Locution populaire. Se faire du lard de feignant S'engraisser. Qu'est-ce qu'elle fourbançait dans sa tête, toute seule, pendant que Raboliot se nourrissait à la table de Touraille, se faisait du lard de feignant? (MAURICE GENEVOIX. Raboliot, 1925 page 133 ).
— Emploi en inteijection, régionalisme (Midi) Feignant de bonsoir! Juron. — Allez, le Nègre, tire un peu, feignant de bonsoir (JEAN GIONO, Regain, 1930, page 175 )•
II.— Adjectif. Chiffonet. — Le porteur d'eau!... C'est toi qui m'as réveillé, imbécile? Machevoine. —A midi!... Faut-il que vous soyez feignant! (EUGENE LABICHE, Le Misanthrope et l'Auvergnat, 1852,1, 7, page 147 ). Tu sais que je ne suis pas trop feignant, je n'ai pas du poil dans la main pour l'ouvrage (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Germinie Lacerteux, 1864, page 225 ). — Rose est faignante... De là une dissertation sur la façon de « corriger » les enfants (LEON FRAPIE, La Maternelle, 1904, page 259 ). Il se décidait pourtant, entraînait Raboliot derrière lui : — Au travail, feignants que nous sommes! Ils s'en allaient dans l'atelier, s'asseyaient sur des escabeaux. Le vieux, tout en besognant, n'oubliait point de faire aller son battant (MAURICE GENEVOIX. Raboliot, 1925 page 128 ).
Remarque : On relève dans la documentation les graphies a) Faigniant Ce faigniant, comme tous les jolis garçons, un souteneur de pièces, quoi! est la coqueluche du boulevard du Temple (Honoré de Balzac, La Cousine Bette, 1846, page 402). \" Le v'ià, le gros sapas, le v'ià, le propre à rien, le faigniant, ce gros soulot! C'est du propre, c'est du propre! \" (Guy de Maupassant, Contes et nouvelles, tome 1, Toine, 1885, page 179). b) Fainiant. Il se perpétue et le peuple dit : Fainiant, moriginer, pipie, recipissé, resida, sibile, batiau, siau (Rémi de Gourmont, Esthétique de la langue française, 1899, page 151). c) Feigniant — Tiens! t'as pas seulement fermé la porte d'iarue, tant t'es feigniant! (Monnier, Scènes populaire, 1833, page 5).
REMARQUE : 1. Feignantasse, substantif féminin, péjoratif. Synonyme. C'était cette feignantasse qui ne voulait pas sortir des draps (FRANÇOIS MAURIAC, Thérèse Desqueyroux, 1927, page 264 ). 2. Feignasse, substantif, péjoratif. Synonyme. — Attendez minute, feignasses! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES,
DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 220 ). Pour des ramassis de feignasses qui finiront quand même au bagne! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936 page 603 ). Les ouvriers, au jour d'aujourd'hui, ne s'occupent que de tarabuster le monde. Des feignasses (ALEXANDRE ARNOUX, Double chance, 1958, page 215 ).
Fréquence absolue littéraire Feignant : 312. Faignant : 11. Fréquence relative littéraire Feignant : XIXe. siècle : a) 264, b) 476; XXe. siècle : a) 523, b) 527.
Forme dérivée du verbe \"feindre\" feindre
FEINDRE, verbe transitif.
A.— 1. [Le complément d'objet exprime une manière d'être, un sentiment] Présenter comme réels des sentiments, des comportements qui n'existent qu'en apparence. Feindre un étourdissement, l'indifférence. Feindre une maladie, feindre la joie (Dictionnaire de l'Académie Française). Synonymes : affecter, contrefaire, simuler. Je veux redoubler de légèreté, je veux vous traiter fort mal en apparence, feindre une rupture (HONORE DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 264 ).
Car ce n'est qu'un homme, capable de feindre une émotion sans doute, mais non de la dissimuler (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde,
1910, page 165 ). Sans y prendre garde, elle leva des yeux interrogateurs. L'américaine feignait la mine honteuse des flagrants délits (RAYMOND RADIGUET, Le Bal du Comte d'Orgel, 1923, page 48 ).
— Emploi pronominal.
• Emploi pronominal réfléchi, rare, littéraire. Faire semblant d'être. Il y a un souffle sur ma chair, et je sens une horreur se feindre sur toute ma surface, hérissant la séparation du froid et du chaud (PAUL VALÉRY, Tel quel II, 1943, page 142 ).
• Emploi pronominal passif. Être imitable. Et vous voulez me taire vos chagrins?... lui dis-je [à la comtesse] en essuyant mes larmes et avec cette voix qui ne se feint pas (HONORÉ DE BALZAC, Honorine, 1843, page 370 ).
— Spécialement. MUSIQUE. Feindre une note. Altérer (une note) par un dièse ou un bémol. Quelquefois il est nécessaire de les feindre [des notes] pour éviter la mauvaise suite (DOM PIERRE-BENOÎT DE JUMILHAC, La Science et la pratique du plain chant, 1847, page 132 ).
2. [Avec un complément à l'infinitif introduit par de] Faire semblant de (faire quelque chose). Feindre de ne pas connaître quelqu'un. Feindre d'être gai, d'être en colère (Dictionnaire de l'Académie Française). Synonyme : faire mine de. Elle était endormie ou feignait de l'être pour ne pas les troubler (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, page 266 ). Elle éprouvait le besoin de se rapprocher de lui, de dire quelque chose. Christophe, qui le sentait, feignait de s'intéresser à ce qu'elle racontait (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 275) :
0 Seul, dans un coin, un gros homme feignait de lire un journal, mais épiait les gestes et les propos des autres clients.
— Regardez-moi cette belle tête de voyeur, fit Décugis.
MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 137.
• Par métaphore. C'était l'instant où refluait la vague de feu, où la fièvre feignait d'abandonner son corps grelottant (FRANÇOIS MAURIAC, Génitrix, 1923, page 330).
— Emploi pronominal réfléchi indirect, rare. Se dissimuler à soi-même. Cela, que tu te feins d'ignorer, forme la trame de tes pensées et la substance de tes actes, de ton abstinence plutôt (ALEXANDRE ARNOUX, Le seigneur de l'heure, 1955, page 110).
3. emploi absolu. Montrer à autrui ce qu'on ne pense ni ne ressent vraiment. Savoir feindre; avoir l'art de feindre. Synonyme : dissimuler. Avec toi, mon amour, je ne souhaitais pas suivre une politique sage. J'étais incapable de feindre, d'être prudente (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRE MAUROIS, Climats, 1928, page 247 ). Avec les autres, il lui fallait feindre et ruser (ANDRE GIDE, Ainsi soit-il, ou Les Jeux sont faits, 1951, page 1174 ).
— ÉQUITATION, vieux. Feindre en marchant, feindre du pied. Boîter légèrement. Il est guéri de sa goutte mais il feint encore un peu du pied gauche (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878). Ce cheval feint d'un pied (Dictionnaire de l'Académie française. 1835, 1878).
B.— Rare. [Avec une proposition complétive introduit par que] Faire semblant de croire (quelque chose), faire comme si (quelque chose existait). Il se décida à sortir sa lettre et à la faire lire à l'ambassadeur, mais il lui recommanda la discrétion, car il feignait que Charlie fût jaloux afin de pouvoir faire croire qu'il était aimant (MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 46 ).
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 278. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 320, b) 1 595; XXe. siècle : a) 2 035, b) 2 229.
Liens utiles
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