Définition et usage du mot: BAVETTE, substantif féminin.

Définition et usage du mot: BAVETTE, substantif féminin. I.— COSTUME. A.— Petite pièce de toile attachée au cou et destinée à protéger la poitrine. — Spécialement. 1. Pièce de lingerie portée par les bébés pour recevoir leur bave. Synonyme plus moderne : bavoir.. Serviette à cordons, portée par les enfants pendant les repas : Ø 1.... le petit ne manquait de rien. On n'en aurait pas trouvé dans tout le quartier un seul mieux gavé, mieux bichonné et mieux léché que lui. Elle lui met une bavette blanche tous les jours que Dieu fait,... ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 292. 2. Partie du tablier (d'une salopette) couvrant la poitrine, Synonyme vieilli : baverette; en particulier, plastron de cuir du boyaudier (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ): Ø 2. Sûzel était justement en train de battre le beurre dans la cuisine, le tablier blanc à bavette serré à la taille, agrafé sur la nuque, et remontant du bas de sa petite jupe de laine bleue à son joli menton rose. ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, L'Ami Fritz, 1864, page 57. SYNTAXE : Bavette brodée (DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT)), bavette en piqué, de toile cirée (Larousse 19e. ), tablier à bavette (G. MATHIOT, Comment enseigner l'éducation ménagère, 1957, page 85); porter la bavette, être à la bavette (Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932); mettre une bavette à un enfant (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932). Remarque : La langue moderne hésite dans l'appellation du bavoir pièce de lingerie destinée à recevoir la bave, et bavette serviette à cordons. Bavoir a souvent le dernier sens (confer, par exemple Catalogue des 3 Suisses, été 1972). — Par métaphore. [Par référence à la bavette, symbole de la prime enfance] Être à la bavette (Charles-Augustin Sainte-Beuve, Port-Royal, tome 1, 1840, page 87). Être trop jeune pour les choses dont il s'agit. N'être encore qu'à la bavette (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 3. Le favoritisme (...) créait alors au XVIIIe. siècle des colonels de treize ans, voire même des colonels à bavette. Un duc de Boufflers fut nommé colonel, n'ayant pas tout-à-fait cinq ans! EUGÈNE TITEUX, Saint-Cyr et l'École spéciale militaire en France, 1898, page 11. B.— Par métonymie. [Bavette remplaçant le terme usuel rabat] La profession d'avocat : Ø 4. Le Français, né malin, créa la guillotine. Mais je ne suis pas encore avocat, je n'ai point la soutane, ni la bavette. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1842, page 93. Remarque : Exemple unique. C.— Familier. Tailler des bavettes. " Passer son temps en bavarderies, en commérages, en caquets " (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 5.... c'était pour moi un grand plaisir que d'aller le surprendre dans son cabinet directorial, place de Brouckère, où nous taillions de bonnes bavettes. LÉON DAUDET, Le Bréviaire du journalisme, 1936, page 64. Remarque : On rencontre par jeu de mot : " il cousait de plaisantes bavettes sous le nez des directeurs de journaux " (JULES RENARD, Journal, 1894, page 239) où coudre signifie « rédiger ». II.— Par analogie de forme ou de fonction (protection) A.— BOUCHERIE. Morceau plat et large du boeuf, compris entre l'aloyau et le pis, réputé pour sa finesse et sa tendreté. Bavette à biftecks, bavette à pot-au-feu, bavette d'aloyau (Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)) : Ø 6. Viandes au kilo : (...) paleron et bavette, 13-15,70 (...) [Aux Halles] . L'Œuvre. 15 juillet 1941. B.— TECHNIQUES. 1. ARCHITECTURE. " On donne ce nom, en général, aux bandes de métal qui servent de recouvrement, telles sont : 1o Les lames de zinc qu'on fixe au devant des croisées ou des lucarnes pour rejeter l'eau, soit en dehors, soit dans les cheneaux ou dans les gouttières; 2o Les feuilles de métal munies d'un bord arrondi qui recouvrent les saillies, les bandeaux, etc.; 3o Les lames de plomb que l'on place sur les arêtiers des couvertures en ardoises, tantôt à leur partie inférieure, tantôt sur toute leur longueur " (Dictionnaire des termes employés dans la construction (PIERRE CHABAT) 1881). Bavettes des bouches de l'égout (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 543 ). 2. Divers. a) Tablette située à l'avant du cendrier d'un poêle pour retenir les cendres : Ø 7. Les fourneaux de cuisine (...) [comprennent] (...) un cendrier en tôle avec bavette ou façade montée sur un encadrement en fer poli comme les portes du four. E. ROBINOT, Vérification, métré et pratique des travaux du bâtiment, tome 5, 1928, page 75. Remarque : Attesté dans Canada Supplément 1930 : la bavette du poêle (G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, page 105). b) Toute pièce large et plate destinée à recueillir un liquide. Bavette d'une voiture : Ø 8. Le liquide coulant sur chaque face est recueilli par des bavettes terminées en pointes d'où il tombe dans deux cuvettes. ROBERT AMADOU, La Parapsychologie, 1954, page 282. c) BOURRELLERIE. " Bande de toile placée à l'avant du capotage pour empêcher l'air et l'eau de pénétrer entre la frise et le pare-brise " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). d) Machinerie théâtrale. La bavette est un volant [de toile peinte] fixé à la base du rideau [de fond de scène] au-dessus de la perche inférieure qu'elle dissimule (GEORGES MOYNET, La Machinerie théâtrale, Trucs et décors, 1893, page 64 ).