Définition et usage du mot: BASANÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif masculin.

Définition et usage du mot: BASANÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif masculin. I.— Participe passé de basaner* II.— Adjectif. Qui est de couleur brune. A.— [S'applique à des personnes, en parlant de la peau, du teint] Qui est de couleur brune, noirâtre ou bistrée ou qui a été hâlé, bruni par le soleil, le grand air : Ø 1. Le reflet du feu éclairait sa figure, que les années, le soleil, le grand air et les intempéries des saisons avaient boucanée pour ainsi dire et rendue plus foncée que celle d'un indien caraïbe; quelques mèches de cheveux blancs, s'échappant de son béret bleu et plaquées sur les tempes, faisaient encore ressortir les tons de brique de son teint basané; des sourcils noirs contrastaient avec sa chevelure de neige. Comme les gens de la race basque, il avait la figure allongée et le nez en bec d'oiseau de proie. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 12. Ø 2. Vous demandez s'il était beau? Beau comme un ange! Le teint un peu basané, non de cette teinte sombre, terreuse, résultat certain d'une origine métisse; il était chaudement basané comme un fruit mûri au soleil. JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, Les Amants de Kandahar, 1876, page 241. B.— Rare. [S'applique à des choses] : Ø 3. Il se présente comme une ville ronde, bâtie sur un mamelon et complètement fermée par une muraille épaisse plantée sur une assise de roche, avec une tour carrée tous les cent pas. L'ensemble, d'une chaude couleur cuivrée, s'incorpore admirablement au paysage fait de longues collines basanées et d'un premier plan rougeâtre, d'un seul trait. ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 160. SYNTAXE : Face, figure, peau, tête basanée; traits basanés; teint type, visage basané; femmes basanées. C.— Emploi comme substantif. La couleur basanée : Ø 4. L'Afrique du Nord est le champ où ne cessent de se croiser Sémites, Berbères et Nègres soudaniens. Comme dans les anciennes peintures des temps pharaoniques, le clair, le basané, le rougeâtre, jusqu'au noir voisinent dans l'intervalle qui sépare la Méditerranée du Soudan. PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 282. III.— Argot militaire. A.— Pantalon basané, et par ellipse (le) basané. Pantalon basané de la tenue d'équitation, puis simplement pantalon d'étoffe résistante que l'on revêt pour monter à cheval. Remarque : Attesté dans Levy-Pinet 1894, page 50; Eugène Titeux, Saint-Cyr et l'École spéciale militaire en France, 1898, page 632; Gaston Moch, X-Lexique, vocabulaire de l'argot de l'Ecole Polytechnique en 1878, 1878, page 18. B.— Par métonymie. Candidat basané. À Saint-Cyr, élève désigné comme cavalier. Remarque : Attesté dans P. Eudel, Notes manuscrites sur l'argot de Saint-Cyr en 1903-1905, 1893; Levy-Pinet 1894, page 50. — Par ellipse et par extension. Basané. Cavalier. Remarque : Attesté dans R. MULOT, Notes manuscrites sur l'argot de Saint-Cyr en 1903-05, 1918-19; EUGÈNE TITEUX, loco citato. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 8 Forme dérivée du verbe "basaner" basaner BASANER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— Vieilli et rare. Recouvrir de basane : Ø 1. Le lendemain, je fus habillé. (...) Je reçus tout l'assortiment d'un cavalier de deuxième classe : treillis, bourgeron, manteau, veste, pantalon basané et bottes, le tout numéro 1 et 2,... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 213. B.— Figuré. Rendre quelqu'un (son teint, sa peau), ou plus rarement quelque chose, de couleur basanée* : Ø 2.... il [un spahi] était de pure race blanche, bien que le soleil d'Afrique eût déjà fortement basané son visage et sa poitrine. JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Roman d'un Spahi, 1881, page 10. Ø 3. Dans un petit magasin de bric-à-brac, une bougie à demi-consumée, en projetant sa lueur rouge sur une gravure, la transformait en sanguine, pendant que, luttant contre l'ombre, la clarté de la grosse lampe basanait un morceau de cuir, niellait un poignard de paillettes étincelantes, sur des tableaux qui n'étaient que de mauvaises copies déposait une dorure précieuse comme la patine du passé ou le vernis d'un maître, et faisait enfin de ce taudis où il n'y avait que du toc et des croûtes, un inestimable Rembrandt. MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 97. II.— Emploi pronominal. A.— Emploi pronominal passif. Devenir basané : Ø 4. En effet, les hommes qui s'exposent au hâle se basanent, au lieu que ceux qui habitent dans les souterreins s'étiolent comme les plantes et deviennent extrêmement blancs. GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 2, 1805, page 549. B.— Emploi pronominal réfléchi, rare. Se rendre de couleur basanée* : Ø 5. Je teignis mes cheveux, ma barbe et mes favoris, je me basanais le teint que j'ai naturellement blanc. FRANÇOIS VIDOCQ, Les Vrais mystères de Paris, tome 7, 1844, page 147.