Définition et usage du mot: BARBOTE1, BARBOTTE1, substantif féminin.

Définition et usage du mot: BARBOTE1, BARBOTTE1, substantif féminin. Poisson d'eau douce, soit lotte commune, soit loche franche. Une brochetée de barbotes (Société du Parler français au Canada. 1930). Synonyme : chevesne : Ø Cette barbotte est la lotte de rivière ou de lac particulièrement abondante en Savoie et dans le Léman. Sa chair, très blanche et très fine, exige une sauce relevée, que l'on prépare souvent avec le foie même, assez gros, du poisson. Le résultat enchante le palais. La barbotte peut aussi s'accommoder comme la lamproie ou l'anguille. Académie Gastronomique. 1962. Remarque : On rencontre dans les dictionnaires un substantif masculin barboteau ou barbotin désignant le chevesne, poisson d'eau douce (confer Traité général des Eaux et Forêts - Chasses et pêches (JACQUES-JOSEPH BAUDRILLART) 1827, Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892 et Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter)). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2. Forme dérivée du verbe "barboter" barboter BARBOTER, BARBOTTER, verbe. I.— Emploi intransitif. A.— Usuel. 1. [Le sujet désigne généralement un animal aquatique] Remuer dans l'eau ou dans la boue : Ø 1. Le naufragé se tenait sur la plate-forme, tandis que le poisson destiné à sa subsistance barbottait en dessous. LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 268. 2. Spécialement. [Le sujet désigne le plus souvent un volatile] Chercher sa nourriture dans l'eau, dans la vase, etc., en fouillant bruyamment avec le bec : Ø 2. Il n'est aucun animal qui manque d'organes nécessaires à son genre de vie, ou qui en ait de superflus. Les oiseaux aquatiques qui barbotent dans les vases des rivières pour y chercher des racines ou des vers, ont le bec large et aplati, tels que les canards, les oies, les cygnes. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 90. B.— Par analogie. — Familier. [Le sujet désigne une personne] 1. S'ébattre dans l'eau, en général sans y entrer complètement faire trempette ou faire un brin de toilette : Ø 3. Le colonel, enfoncé jusqu'au menton dans l'eau tiède, barbotait avec volupté, lorsque, tout à coup, la lumière s'éteignit. ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 425. 2. Marcher péniblement dans l'eau sale ou dans la boue; patauger : Ø 4.... le captif avait toute liberté d'aller disputer sa pitance parmi les chiens, licence de barboter dans la boue en dehors des remparts, autour du camp volant, aux abords de l'aoul, sur la place du village, dans la cour de la caserne,... BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 383. — Par extension, péjoratif et argotique. Faire le trottoir : Ø 5. — Aucune des puissances femelles que tu nommes n'a barboté dans la rue, dit Finot, et ce joli rat a roulé dans la fange. HONORÉ DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1847, page 21. C.— Au figuré, familier. [Le sujet désigne une personne] 1. Parler d'une manière confuse ou inintelligible; s'embrouiller dans ses explications. Synonymes : bredouiller, marmonner : Ø 6. Selon l'exemple fameux de ce philosophe, l'homme qui disait « ma cour s'est envolée dans la poule de mon voisin » exprimait encore une vérité sur la situation de ses organes parleurs, ou pour autrement dire, sur la disposition de son imagination qui lui faisait prononcer un mot pour un autre. Et n'est-il pas évident qu'un homme qui veut être parfaitement sincère doit barboter n'importe comment;... ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1934, page 1229. 2. Avoir peine à surmonter certains problèmes d'ordre matériel, intellectuel ou moral; se perdre dans une situation difficile ou dégradante : Ø 7. Pourquoi, lorsque vous voyez Mme. Prudhomme coudoyer Nana, déclarer que la première est vertueuse? La vertu c'est de ne pas se noyer. La dame n'a jamais barboté dans la misère, vous ne savez pas si elle surnagerait. LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 156. 3. Péjoratif. Se livrer à des opérations financières malhonnêtes; trafiquer : Ø 8. Pourtant, d'assez gros bénéfices s'annonçaient sur l'emprunt mexicain, (...) : un emprunt de gâchis et de primes folles, dans lequel Saccard regrettait mortellement de n'avoir pu barboter davantage, faute d'argent. ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 176. D.— Emplois techniques. 1. CHIMIE. [Le sujet désigne un gaz] Passer à l'état de bulles dans un liquide en l'agitant Faire barboter un gaz; l'air n'arrive (...) aux substances infusées qu'après avoir barboté dans l'acide (JEAN ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, page 76 ). 2. ÉLEVAGE. Prendre du barbotage*. L'habitude de donner à barboter, une fois par semaine, aux chevaux échauffés et brûlés par l'avoine (L'Avranchin. 3 décembre 1876 dans LITTRÉ. ). Remarque : Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré, Petit Larousse Illustré 1906. 3. MARINE. a) [En parlant d'un navire qui a vent contraire] Avancer difficilement en plongeant par l'avant. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux. b) [En parlant d'une voile recevant mal le vent] Battre et onduler. Synonymes : barbeyer, ralinguer. II.— Emploi transitif. A.— Rare, langage généralement. Tremper, plonger dans l'eau : Ø 9. On entendait, du rez-de-chaussée au sixième, des bruits de vaisselle, des poêlons qu'on barbotait, des casseroles qu'on grattait avec des cuillers pour les récurer. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 422. Ø 10.... je nourris mes fourrages pour y accumuler les sucs, sachant que le cheval est avant tout herbivore, que le râtelier importe autant que la mangeoire avec ses grains, ses carottes ou fèves, et le son barboté;... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, page 203. Remarque : Pour l'exemple 10, confer I D 2. B.— Argot. 1. Fouiller pour voler : Ø 11. — Enfin, nous y voilà!... cria le duc [à Eugène] (...) Avoue donc que tu lui as barboté les poches [au prince] pour reprendre des papiers que voulait le mari... ALPHONSE DAUDET, La Petite paroisse, 1895, page 303. 2. Par extension. Voler : Ø 12. On m'a bien ramené jusqu'au cantonnement sur une civière, mais non sans profiter de l'occasion pour me barboter mes deux sacs en toile cachou. LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, page 28. — Absolument. On décroche la montre et on barbote dans les tiroirs (GEORGES GRISON, Paris horrible et Paris original, 1882, page 38 ). Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif masculin barbotis, néologisme d'auteur Bruit doux produit par le gazouillement des oiseaux. Le délicat barbotis, enamouré de fraîcheur, d'un bouvreuil (MARCEL PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, page 714). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 149.