Définition et usage du mot: BANQUE1, substantif féminin.

Définition et usage du mot: BANQUE1, substantif féminin. I.— FINANCES. A.— Service public ou privé se chargeant des opérations de dépôt, d'achat, de prêt, de vente, auxquelles peut donner lieu le commerce de l'argent et des titres négociables. Compte en banque, employé de banque, succursale d'une banque : Ø 1.... ils regagnèrent leur logis, échangeant au hasard des remarques tout à fait sans but et sans suite sur la température, le prix inabordable du beurre et du sucre et les déceptions que réserve à l'homme sentimental et généreux le commerce trop suivi de gens qui s'occupent de banque, de commission ou de négoce. FRANCIS DE MIOMANDRE, Écrit sur de l'eau. 1908, page 86. — Banque d'émission. Banque détenant le monopole des émissions monétaires. Banque centrale, Banque de France, gouverneur de la Banque de France. · Absolument. Banque. Synonymes : Banque centrale, Banque de France. Billet de banque. SYNTAXE : Banque d'affaires, de dépôts, d'État; banque coloniale, populaire, privée, universelle; la grande, la haute banque. Banques mixtes. « Qui sont en même temps des banques de dépôt et des banques d'affaires » (BAUDHUIN 1968). Banques ouvrières (Larousse commercial, 1930). Banques financières. « Plus particulièrement spécialisées dans les opérations relatives aux valeurs mobilières » (Larousse commercial, 1930). Banque de circulation (Politique, 1868). Banques de crédit à long et moyen terme (RÉAU-ROND. 1951). Banques de crédit hypothécaire. Elles « ont pour objet principal de prêter des fonds (...) contre des garanties immobilières en prenant première hypothèque » (Larousse commercial, 1930). Banque d'échange ou banque du peuple. « Plan de banque imaginé par Proudhon pour bannir la monnaie métallique des échanges et réaliser la gratuité du crédit » (Larousse 19e. ). Banque d'escompte (F. BAUDHUIN, Crédit et banque, 1945, page 208). B.— Par métonymie. 1. Ensemble des personnes exerçant une fonction de direction dans les banques. Le monde de la (grande) banque. 2. Bâtiment où est installée une banque ou une de ses succursales. Aller à la banque : Ø 2. 27 juin. En remontant la rue de cette petite ville du Sud, rue semblable à des milliers d'autres rues dans toute l'Amérique, avec ses banques de marbre blanc, ses Prisunic écarlates, ses pompes à essence jaunes ou rouges, (...), je me disais que le Sud avait perdu la guerre non en 1865, mais à partir du jour où il a consenti à imiter le Nord,... JULIEN GREEN, Journal, 1937, page 102. 3. Régionalisme (Canada). Tirelire (Confer Dictionnaire général de la langue française au Canada (LOUIS-ALEXANDRE BÉLISLE) 1957 et Dictionnaire correctif du français au canada (Gaston Dulong), 1968). C.— Par extension, argot de métiers ou populaire. 1. Dans l'imprimerie. a) Paie versée à la fin de chaque semaine ou de chaque quinzaine. Feuille de banque, livre de banque (Charles-Louis Carabelli, [Langage de la typographie] ). Passer à la banque. Être congédié. b) Équipe d'ouvriers prenant à son compte un travail : Ø 3. Ils travaillaient, en effet, plusieurs, à l'assemblage d'un même livre; les uns passaient les feuilles, les autres les pliaient ou les mettaient en pile; ils formaient ainsi une banque, marquaient un chiffre général de l'ouvrage produit pendant la semaine, se partageaient ensuite avec de longues chicanes et d'éternelles récriminations l'argent donné en bloc par le patron. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 291. 2. Opération financière réussie bien au-delà de la norme. C'est une bonne banque (EUGÈNE LABICHE DANS LES EXCENTRICITÉS DU LANGAGE FRANÇAIS (LORÉDAN LARCHEY), Les Excentricités de la langue française en 1860, page 22 ). — Agrément de banque : Bénéfice (Charles-Louis Carabelli, [Langage populaire] ). Argot " Pure escroquerie, par boniment " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)); accord, association entre escrocs, entre voleurs (confer La Rue 1954); réunion où se fait un partage (confer Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT) 1966). 3. Faire banque. Faire banqueroute : Ø 4. L'an dernier, à cette maison que tu vois là-bas, fermée et toute aveugle de volets, il y avait une épicerie. Une épicerie modèle, qu'ils disaient. Elle a fait « banque ». L'homme s'est foutu un coup de fusil dans la ganache et on a vendu la moutarde et le sel à l'encan. JEAN GIONO, Un de Baumugnes, 1929, page 16. II.— JEUX. A.— Somme dont (à certains jeux de cartes, à la roulette, etc.) celui qui tient le jeu dispose pour payer ceux qui gagnent contre lui; par extension, la fonction de banquier; le banquier lui-même. Tenir la banque, faire sauter la banque. " Gagner tout l'argent de celui qui tient le jeu " (Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)). Faire une bonne, une mauvaise banque. " Gagner ou perdre en tenant le jeu " (Dictionnaire de l'Académie Française). La banque gagne, la banque perd (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) : Ø 5. Ah! C'est qu'on joue ici un jeu d'enfer, vous savez. Au reste, vous allez voir. — Je prends la banque à dix mille, — dit le cuisinier zwingliste. — Douze mille, — dit l'hetman. — Treize, — dit Sydya, qui, avec un sourire mouillé, assise sur un des genoux du comte, disposait amoureusement ses jetons en petites piles. — Quatorze, — dis-je. — Quinze, — fit la voix aigre de Rosita, la vieille négresse manucure. — Dix-sept, — proclama l'hetman. — Vingt mille, — trancha le cuisinier. PIERRE BENOÎT, L'Atlantide, 1919, page 197. 1. Place où s'installe le banquier, à une table de jeu : Ø 6. Si Jarry, de la brigade des jeux, n'avait pas vu s'asseoir à la banque de Trouville le comte de Maupas, il aurait juré, par la seule vertu du raisonnement, que l'homme qui prenait alors les cartes était Ballmeyer! GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir, 1908, page 77. 2. " Au jeu du commerce, les cartes qui composent le talon " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). 3. Jeu de cartes, dit encore vingt-et-un (confer Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Nouveau Larousse illustré) ou banco (Larousse du XXe. siècle en six volumes, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). Tailler une banque. " Tenir les cartes au baccara " (Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907) : Ø 7. Bientôt, chassés par le froid qui tombe sur la tranchée avec le soir, les camarades rentrent. Une autre bougie s'allume, un quillon de baïonnette pour bougeoir, et, accroupis en rond autour de la lumière, ils se mettent à jouer à la banque. Mais la partie s'arrête vite : le coeur n'y est pas, ce soir. ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 87. B.— Au figuré. Tenir la banque contre quelqu'un. " Être son adversaire " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Larousse du XXe. siècle en six volumes). Partie de banque : Ø 8. Oh! Arracher la pourpre du pouvoir à ces avocats qui y crachent et s'y mouchent! Et il avait mis toute sa fortune dans cette partie de banque qui devait changer les destinées de la France. JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 208. — Spécialement, argotique. Faire sauter la banque. " Faire sauter une route à la mine, par une allusion plaisante au jeu de baccara " (François Déchelette, L'Argot des poilus, 1918, page 33). III.— Par analogie. A.— Dans le domaine médecine. Réserve de parties organiques vivantes devant servir en chirurgie. Banque d'organes (Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965); banque d'yeux, des os, du sang (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970) : Ø 9. Il existe des banques d'yeux, des banques des os, etc., et il en existera toujours davantage. AUREL DAVID, La Cybernétique et l'humain, 1965, page 78. B.— Dans le domaine de l'informatique. Banque de données, banque de documentation, banque de mots (Confer Dictionnaire des mots nouveaux (PIERRE GILBERT) 1971). Forme dérivée du verbe "banquer" banquer BANQUER1, verbe. Argot. Payer. A.— Emploi transitif : Ø 1. Dis donc, vieux, tu banques d'un kil [= payes un litre] ?... ARISTIDE BRUANT, Dictionnaire français-argot, 1905, page 407. B.— Emploi intransitif : Ø 2. Elles étaient tout le temps excédées par les retards et les sursis!... Et puis au moment de la douille c'était toujours le même bidon, de l'entourloupe et du nuage!... Froutt! Madame disparaissait! Y avait plus personne subito... ou bien si elles banquaient un peu, elles râlaient, chialaient tellement, rabotaient si fort les petites factures minuscules, avec des telles démonstrations... que ma mère, à la fin du compte, savait plus comment ni quoi dire... LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 333. Remarque : Attesté uniquement dans DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT ) Supplément 1970. — Au figuré " Purger une condamnation " (Jean Galtier-Boissière, Pierre Devaux, Dictionnaire historique, étymologique et anecdotique d'argot, 1939, page 80). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3.