Devoir de Philosophie

Définition du terme: DARDER, verbe.

Publié le 11/12/2015

Extrait du document

Définition du terme: DARDER, verbe. I.— Emploi transitif. A.— [Par référence à dard1 A 1 a] 1. [Le sujet désigne une personne] a) [Le complément d'objet désigne un animal, notamment marin] Frapper avec un dard, chasser ou tuer un animal à l'aide d'un dard, d'une arme pointue. Ces flèches ne sont que des lances qui leur servent à darder le poisson (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU) tome 3, 1797, page 236 ). Élina, je darderai pour toi la baleine (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, page 236 ). · Par analogie. [Le sujet désigne un inanimé] Frapper en piquant La pluie continuait (...). C'étaient des aiguilles (...) qui vous dardaient la peau (JEAN RICHEPIN, Miarka, la fille à l'ourse, 1883, page 218 ). — Par extension. Se diriger violemment vers. Les sergents-majors (...) surgirent au-dessus de la foule, dardant des pointes nues de leurs sabres une constellation de vieilles assiettes (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs les Ronds-de-cuir, 1893, 6e. tableau, 3, page 257 ). b) [Le complément d'objet désigne le projectile lancé] Darder une lance. Lui-même [le combattant] décochait les flèches ou dardait les javelines puisées aux carquois latéraux (THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 223 ). Les mains de l'homme (...) comme deux bêtes agiles et méchantes (...) crochaient une grenouille à tâtons, saisissaient le manche du couteau et dardaient la lame bleuâtre (MAURICE GENEVOIX, La Boîte à pêche, 1926, page 186 ). — Par analogie ou par métaphore. Montaigne, d'autres l'ont relevé, a beaucoup de Sénèque pour le trait, mais il ne l'a pas tendu comme lui, et il le jette, même quand il le darde, plus au naturel et d'un air plus cavalier (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 445 ). Jean de Meung, en reprenant la même cause, darde ses traits contre l'institution même des ordres religieux (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 252 ). c) Emploi pronominal réfléchi, rare. Un gauchissement, un clin des immenses rémiges, et le [le condor] voilà qui (...) se darde comme un trait foudroyant (MAURICE GENEVOIX, Les Routes de l'aventure, 1958, page 91 ). 2. [Le sujet désigne une source lumineuse très vive, le complément d'objet désigne les rayons lancés par elle] Lancer, émettre un trait lumineux avec force en direction de quelqu'un ou de quelque chose. a) [La source est le soleil ou un astre, les traits ses rayons] a ) [Avec complément d'objet exprimé] — [Avec référence à l'emploi A 1 b] Le soleil commence à darder ses flèches acérées (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Sur la pierre blanche, 1905, page 41 ). — [Sans cette référence] Ce rayon de vie que cet astre [le soleil] darde (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 27 ). Apollon passe en dardant ses éclairs (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1852, page 188) : Ø 1. Tout à coup le soleil, déchirant les nuages, Sur les casques, sur les lances, sur le drapeau Darda ses traits de flammes... FRANÇOIS COPPÉE, La Guerre de Cent ans, 1878, page 177. · Par extension. Les diamants dardaient des feux (ÉLÉMIR BOURGES. Le Crépuscule des dieux. 1884, page 13 ). · Rare. [En parlant de la lune] La lune n'y dardait pas un seul rayon (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1839, page 443 ). ß ) emploi absolu. Lancer ses rayons, briller; en particulier, brûler. Le soleil dardait d'aplomb sur le toit (ALPHONSE DE LAMARTINE, Confidences, 1849, page 185 ). Un soleil brûlant et splendide éclaire l'oasis, darde sur cette sorte de place (...) où nous étions campés (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Désert, 1895, page 169 ). Et si, tantôt, dans la salle à manger, le soleil dardait par les interstices des stores ou des rideaux, il perce à présent au travers des frondaisons presque opaques (FRANCIS JAMMES, Mémoires, 1921, page 106 ). · Rare. [Le sujet désigne les rayons de l'astre] Un rayon, dardant entre deux nuages, les [les tours de Notre-Dame] dorait (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 905 ). — Par métaphore. Rayonner, brûler. Cette Face sanglante de Crucifié qui avait dardé dix-neuf siècles (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 197 ). L'idée du meurtre dardait en lui [Dan Yack] comme ce soleil sur les champs de glace, comme ce soleil qui maintenant ne se couchait plus (BLAISE CENDRARS, Les Confessions de Dan Yack, 1929, page 173 ). À quel point l'humanisme dardait à la Renaissance (LÉON DAUDET, Les Universaux, 1935, page 135 ). Remarque : Cet emploi du verbe sans complément d'objet est généralement interprété par les dictionnaires comme un emploi absolu; seuls Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et Grand Larousse de la langue française en six volumes l'interprètent comme un emploi intransitif Cette remarque : peut aussi s'appliquer aux emplois absolus signalés en I A 2 b ß , I A 3 b, I B 1. En fait il y a eu évolution au cours des 2 siècle : dans les emplois les plus anciens, le sentiment domine que le complément d'objet est " sous-entendu "; dans les emplois les plus récents, ce sentiment n'existe plus guère ou est totalement absent; d'où la dénomination, pour ces derniers, d'emploi intransitif. b) [La source est représentée par les yeux, l'objet désigne les regards] a ) [Par emploi métaphorique de A 1 b] Les yeux du grand gaillard (...) parfois s'aiguisant dardaient une flèche rapide qui perçait le flot jusqu'au fond (MAURICE GENEVOIX, La Boîte à pêche, 1926, page 261 ). ß ) [Sans référence à cet emploi] Le regard à la fois tendre et farouche, profond et rapide, que les yeux noirs de cette femme lui [au comte] dardaient à la dérobée (HONORÉ DE BALZAC, Gambara, 1837, page 40 ). Ses yeux [de l'abbé Martel] , quand il nous parlait de l'enfer, (...) dardaient des prunelles brillantes et soudain fixes (PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 84 ). · emploi absolu. L'oeil darde vers l'Anglais qui viendra par la mer (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Heures de Corse, 1905, page 51 ). Le sang de la colère lui montait aux oreilles, et déjà dardaient les yeux noirs (MARCEL AYMÉ, Le Passe-murailles, 1943, page 32 ). — Par métonymie de l'objet. [l'objet désignant l'état physique ou le sentiment exprimé par le regard] Darder la haine. Au jour qu'il dardait la fièvre (ÉDOUARD-JOACHIM, DIT TRISTAN CORBIÈRE, Les Amours jaunes, 1873, page 60 ). Les prunelles inquiètes de l'autre dardaient la colère (PAUL BOURGET, Le Sens de la mort, 1915, page 259 ). — Par métonymie du sujet. [le sujet désigne l'être regardant, le complément d'objet désignant le regard physique ou étant en emploi métonymique] Effrayée et menaçante, elle [la bête] dardait affreusement un oeil rond de vautour (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, page 116 ). Le ton de l'entretien était effrayant et Jourdan dardait sur le fasciste un regard meurtrier (MARCEL AYMÉ, Uranus, 1948, page 197) : Ø 2. Elle avait une foudroyante manière de rappeler à elle son regard extasié, de le planter dans un autre regard, de darder un humour terrible, un étonnement qui écrasait une interrogation... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Belles saisons, Discours de réception, 1936, page 222. 3. [Par analogie avec la vivacité de la projection des rayons solaires ou du regard] Faire jaillir, jeter vivement en direction de, projeter. a) [En parlant d'une source, d'une eau abondante et rapide] Le Missouri darde, comme une écluse, son eau blanche à travers l'antre des fleuves (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Fragments du Génie du Christianisme primitif, 1800, page 200 ). Les centaines de jets d'eau dardés jusqu'à la cime des arbres (ÉLÉMIR BOURGES. Le Crépuscule des dieux 1884, page 2 ). b) Par extension. [En parlant de quelque chose qui produit ou donne l'impression de produire un mouvement vif, en particulier vertical] Par-dessus le mur d'un jardin, quelque palmier dardait son fût écaillé (THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, 1858, page 191 ). Un lézard, sur le tronc, au bord d'une fissure, Darde sa tête aiguë, observe, hésite, et fuit (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Poésies, Poèmes dorés, 1873, page 26) : Ø 3. Tout croît avec une hâte divine. La moindre créature végétale darde son plus grand effort vertical. La pivoine, sanguine en son premier mois, pousse d'un tel jet que ses hampes, ses feuilles à peine dépliées traversent, emportent et suspendent dans l'air leur suprême croûte de terre comme un toit crevé. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 262. · emploi absolu. Une servante (...) dont les deux tétons, dardant drus sous la camisole (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1857, page 389 ). — Par métaphore. [L'objet désigne un sentiment, une pensée, etc.] Confer bander exemple 8. Expressions animées, et pour ainsi dire, dardées (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Napoléon, tome 1, 1842, page 197) : Ø 4. En entrant dans toute réunion mondaine, quand on est jeune, on meurt à soi-même, on devient un homme différent, tout salon étant un nouvel univers où, subissant la loi d'une autre perspective morale, on darde son attention (...) sur des personnes, des danses, des parties de cartes, que l'on aura oubliées le lendemain. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 871. B.— [Par interférence avec dard1 B 1 b, désignant la langue pointue et vibrante d'un serpent jetant son venin; le sujet désigne le serpent] 1. [Le complément d'objet désigne la langue] Tantôt il [le serpent] se forme en cercle, et darde une langue de feu (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 112 ). Une multitude de serpents verts dardant chacun deux langues aiguës et recourbées (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 15 ). · emploi absolu. Avec le mouvement d'un serpent qui darde et siffle (PAUL-JEAN TOULET, Comme une fantaisie, 1918, page 226 ). 2. [Le complément d'objet désigne le venin] Le reptile boit son sang, le [le cygne] mord et lui darde son venin dans les veines (ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1833, page 982 ). · Par métaphore. Roi, sur lequel elle [la ménagère] jetait ces regards fauves et rapides par lesquels les vieilles filles semblent vouloir darder du venin sur les hommes (HONORÉ DE BALZAC, Maître Cornélius, 1831, page 259 ). Remarque : 1. De nombreux exemple littéraire attestent la condensation des valeurs A 2 et B. Flammes tantôt dardées en langues sombres du haut des cheminées en obélisques, tantôt basses (JULES MICHELET, Journal, 1834, page 133). On entendait un air d'harmonium : une spirale de notes montantes qui s'accrochaient trois en trois et dardaient, semblait-il jusqu'au ciel, le balancement d'une tête de serpent (JEAN GIONO, Solitude de la pitié, 1934, page 20). 2. Dans toutes les acceptions le corpus atteste la fréquence relativement élevée de la forme du participe présent en emploi verbal. II.— Emploi intransitif. Voir supra emploi absolu sous I A 2 a ß , I A 2 b ß , I A 3 b, I B 1 et remarque sous I A 2 a ß . Remarque :a 1. La documentation atteste a) L'emploi adjectival (rare) du participe présent Œil vigoureux, dardant (Gustave Flaubert, Champs et grèves, 1848, page 362).ß [Les yeux de Leverdier] étaient perpétuellement dardants et perscrutateurs (Léon Bloy, Le Désespéré, 1886, page 162). b) L'emploi substantival (masculin) du participe présent, en argot :) " Soleil " (Rossignol, Dictionnaire d'argot, argot-français et français-argot, 1901, page 33).) Amour (confer François Vidocq, Mémoires, tome 3, 1828-29, page 297). La plupart de ces chansons sont lugubres; quelques-unes sont gaies; une est tendre " Icicaille est le théâtre Du petit dardant " Vous aurez beau faire, vous n'anéantirez pas cet éternel reste du coeur de l'homme, l'amour (Victor Hugo, Les Misérables, tome 2, 1862, page 202). Par métonymie. Coeur. T'auras beau te morfiller le dardant [te manger le coeur] , tu n'empêcheras pas que ça ne soit comme ça (François Vidocq, Les Vrais mystères de Paris, tome 1, 1844, page 22). 2. La documentation atteste quelques emplois adjectivaux du participe passé. Des yeux fixe. s et dardés (Joseph de Pesquidoux, Chez nous, 1921, page 54). Il [un aspic] balançait sa tête dardée (Maurice Genevoix, Raboliot, 1925, page 91). 3. Dans certains cas, on a le sentiment d'une construction latinisante sur le modèle Sicilia amissa " la perte de la Sicile ". Les feux dardés des canons (Paul Adam, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 5) = le dardement (confer Remarque : 4) des feux. 4. La documentation atteste le dérivé dardement, substantif masculin. Action de darder; son résultat. Le serpent (...) fait jaillir le dardement de sa petite langue fourchue (Edmond et Jules de Goncourt, Journal, 1891, page 106). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 394. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 397, b) 928; XXe. siècle : a) 826, b) 339.

« dardant ses éclairs (CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1852, page 188) : Ø 1.

Tout à coup le soleil, déchirant les nuages, Sur les casques, sur les lances, sur le drapeau Darda ses traits de flammes... FRANÇOIS COPPÉE, La Guerre de Cent ans, 1878, page 177. · Par extension.

Les diamants dardaient des feux (ÉLÉMIR BOURGES.

Le Crépuscule des dieux.

1884, page 13 ). · Rare.

[En parlant de la lune] La lune n'y dardait pas un seul rayon (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia, 1839, page 443 ). ß ) emploi absolu.

Lancer ses rayons, briller; en particulier, brûler.

Le soleil dardait d'aplomb sur le toit (ALPHONSE DE LAMARTINE, Confidences, 1849, page 185 ).

Un soleil brûlant et splendide éclaire l'oasis, darde sur cette sorte de place (...) où nous étions campés (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Désert, 1895, page 169 ).

Et si, tantôt, dans la salle à manger, le soleil dardait par les interstices des stores ou des rideaux, il perce à présent au travers des frondaisons presque opaques (FRANCIS JAMMES, Mémoires, 1921, page 106 ). · Rare.

[Le sujet désigne les rayons de l'astre] Un rayon, dardant entre deux nuages, les [les tours de Notre- Dame] dorait (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 905 ). — Par métaphore.

Rayonner, brûler.

Cette Face sanglante de Crucifié qui avait dardé dix-neuf siècles (LÉON BLOY, Le Désespéré, 1886, page 197 ).

L'idée du meurtre dardait en lui [Dan Yack] comme ce soleil sur les champs de glace, comme ce soleil qui maintenant ne se couchait plus (BLAISE CENDRARS, Les Confessions de Dan Yack, 1929, page 173 ).

À quel point l'humanisme dardait à la Renaissance (LÉON DAUDET, Les Universaux, 1935, page 135 ). Remarque : Cet emploi du verbe sans complément d'objet est généralement interprété par les dictionnaires comme un emploi absolu; seuls Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et Grand Larousse de la langue française en six volumes l'interprètent comme un emploi intransitif Cette remarque : peut aussi s'appliquer aux emplois absolus signalés en I A 2 b ß , I A 3 b, I B 1.

En fait il y a eu évolution au cours des 2 siècle : dans les emplois les plus anciens, le sentiment domine que le complément d'objet est " sous-entendu "; dans les emplois les plus récents, ce sentiment n'existe plus guère ou est totalement absent; d'où la dénomination, pour ces derniers, d'emploi intransitif. b) [La source est représentée par les yeux, l'objet désigne les regards] a ) [Par emploi métaphorique de A 1 b] Les yeux du grand gaillard (...) parfois s'aiguisant dardaient une flèche rapide qui perçait le flot jusqu'au fond (MAURICE GENEVOIX, La Boîte à pêche, 1926, page 261 ). ß ) [Sans référence à cet emploi] Le regard à la fois tendre et farouche, profond et rapide, que les yeux noirs de cette femme lui [au comte] dardaient à la dérobée (HONORÉ DE BALZAC, Gambara, 1837, page 40 ).

Ses yeux [de l'abbé Martel] , quand il nous parlait de l'enfer, (...) dardaient des prunelles brillantes et soudain fixes (PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 84 ). 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles