Définition du terme: DANSER, verbe. I.— Emploi intransitif. A.— [En parlant d'animés] 1. [En parlant de pers] Exécuter une suite de pas, de mouvements, suivant un rythme musical, selon les règles de la danse. a) [La danse en elle-même] Apprendre à danser; danser en cadence, en mesure. Nos neveux, qui s'embarrasseront très-peu de nos souffrances, et qui danseront sur nos tombeaux, riront de notre ignorance actuelle (JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Considérations sur la France, 1796, page 18 ). J'entends déjà l'irritante cadence De l'Espagne farouche et tintante, qui danse (ANNA DE NOAILLES, Les Éblouissements, 1907, page 104) : Ø 1. Allez, disparaissez dans les plaisirs divers!... Aux bois, peut-être, y trouveriez les Muses, Toutes ensemble à cette heure confuses, L'une chantant, l'autre disant des vers, Et l'autre danse, et c'est la plus heureuse!... PAUL VALÉRY, Cantate du Narcisse, 1938, page 255. — [Par personnification d'une chose] Cette Épître, tirée de l'Apocalypse, c'est une photographie du Ciel... Cette mélodie qui danse et ne se tient plus d'allégresse (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 123 ). — Emploi factitif. Faire danser. Tu nous feras danser à ta noce, j'espère? (FRANÇOIS PONSARD, L'Honneur et l'argent, 1853, II, 3, page 32 ). b) [La danse comme activité professionnelle ou collective] Les plus petits font les trois premières souplesses du corps; les plus grands le saut du Niagara; les entre-deux dansent sur la corde (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Kean. 1836, II, 2, page 125) : Ø 2. Ma vie est comme un music-hall, Où dans l'impuissance de la rage, Enchaîné à ma stalle par un enchantement, Je me vois moi-même sur la scène Danser pour amuser un music-hallemand PAUL VERLAINE, Poèmes divers, 1896, page 838. — Maître à danser (vieux). Professeur de danse. Il (...) tenait cette allure mesurée qui faisait dire aux uns, en se moquant, qu'il ressemblait à un maître à danser (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 168 ). — Danser en rond (avec parfois référence au refrain de la chanson populaire " Sur le pont d'Avignon "). Dans l'giron Du Patron On y danse, on y danse, Dans l'giron Du Patron, On y danse tous en rond (JULES LAFORGUE, Poésies complètes, 1887, page 74 ). Ces anciens brigands (...) qui (...) après dîner chantaient des chansons et dansaient en rond entre hommes (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire, tome 4, 1892, page 35 ). — Danser autour de quelque chose Les riches aiment à être dépouillés dans les formes, et cela les irrite et les vexe qu'on danse autour de leur porte-monnaie (LÉON DAUDET, Les Morticoles, 1894, page 188 ). c) [La danse comme divertissement individuel ou entre partenaires généralement de sexe différent] Elle dansait avec un grand et robuste garçon, à la barbe blonde touffue, à la mine épanouie et narquoise, qui valsait à merveille et semblait le coq du bal (ANDRÉ THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, page 9 ). Elle [Nana Bouilloux] se mit à fréquenter les « parquets » aux foires et aux fêtes, à danser furieusement (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 143) : Ø 3. — Vous ne dansez pas mal, dit-il poliment. — Je danse comme un veau; mais je m'en fous : je n'aime pas danser. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 18. — Au figuré. Danser de joie. Mais pensez-vous tout de même que j'aie dansé de joie de voir un jour à mon réveil que le ventre me pointait? (PAUL-JEAN TOULET, Mon amie Nane, 1905, page 107 ). SYNTAXE : Danser follement, frénétiquement, gaiement, grotesquement, joyeusement, lourdement, mollement, noblement; danser ensemble; danser avec élégance, entrain, grâce, souplesse; danser au son d'un accordéon, d'un juke-box, d'un piano; aller danser au bal; faire danser sa cavalière; un salon où l'on danse. 2. [En parlant d'animaux] a) [Mouvement résultant d'un dressage] La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 30 ). Selon le P. Ménétrier, le violon convenait très bien pour dresser les chevaux et les préparer à danser les quadrilles dans les carrousels (LAURENT GRILLET, Les Ancêtres du violon, tome 2, 1901, page 36 ). b) [Mouvement spontané des animaux] Faire des mouvements harmonieux et rythmés, ou vifs, saccadés rappelant une danse. Et dans un tourbillon d'or, de gaze et d'azur, De lumière inondée aux feux d'un soleil pur, Danse la demoiselle [libellule] avec sa longue queue (THÉOPHILE GAUTIER, Premières poésies, 1830-45, page 147 ). L'unique ampoule électrique ne tire entièrement de l'ombre qu'un cercle étroit, où danse un papillon de nuit qui s'éloigne en titubant, de ses grandes ailes lasses (GEORGES BERNANOS, La Joie, 1929, page 632) : Ø 4. La jument dansait dans l'herbe sourde. Elle frappait des appels avec ses sabots. Elle ne hennissait pas, elle ondulait seulement comme si le cheval était déjà sur elle et elle patapait de ses quatre sabots. JEAN GIONO, Le Chant du monde, 1934, page 96. 3. Locutions figurées et proverbiales. — Danser devant le buffet. Avoir faim sans pouvoir acheter de la nourriture. Ils la guettaient aller aux provisions et rigolaient du tout petit morceau de pain qu'elle rapportait sous son tablier. Ils calculaient les jours où elle dansait devant le buffet (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 701 ). — Danser sur la (une) corde (raide). Accomplir quelque chose de difficile, hasardeux, risqué; être dans une situation embarrassante. Santé, indépendance, réputation, tout ce que nous aimons est à la merci des cruautés d'un hasard inconnu, qui se joue de nos précautions, et se rit de nos douleurs. Nous dansons sur une corde tendue au travers d'un abîme (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 188 ). — Danser en rond. · S'amuser à sa guise. Ah! ces sacrés médecins :... ne buvez pas, n'aimez pas, et ne dansez pas en rond (GUY DE MAUPASSANT, Pierre et Jean, 1888, page 334 ). La petite intruse qu'il faut mettre à la porte. La petite empêcheuse de danser en rond! (JEAN ANOUILH, La Répétition ou l'Amour puni, 1950, IV, page 107 ). · Agir de façon routinière, sans se poser de question, dans un ordre des choses bien établi. Si je fâche, si je mécontente, si je dérange, ma foi tant pis. Je déteste qu'on danse en rond. Je suis un empêcheur de danser en rond (JEAN COCTEAU, Essai de critique indirecte, 1932, page 43 ). — [Par référence à la phrase " Nous dansons sur un volcan " prononcée par Henri Salvandy peu de temps avant la révolution de juillet 1830, lors d'un bal donné par le duc d'Orléans au roi de Naples] Danser sur un volcan. Ne pas avoir conscience d'un danger imminent. La société est une vraie forêt de Bondy. On a dit que nous dansions sur un volcan; la comparaison est emphatique! Pas du tout! Nous trépignons sur la planche pourrie d'une vaste latrine (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1859, page 302 ). — Danser sur les oeufs. La correction...; c'est elle qui initie les hommes à l'art de danser sur les oeufs... et de ne plus faire leur devoir tout en s'acquittant de leur tâche (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, page 65 ). — Ne savoir sur quel pied danser. Être dans l'embarras, ne savoir à quoi s'en tenir, que décider. Que le diable t'emporte! On ne sait sur quel pied on danse avec vous autres (GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, La Contagion, 1866, V, page 423 ). Notre sentiment élevé du problème de la vie est fait de notre inquiétude perpétuelle. Nous ne savons sur quel pied danser (MAURICE BARRÈS, Un Homme libre, 1889, page XIX. ). — Faire danser l'anse du panier (Confer anse B 1). — Proverbe. Quand le chat n'est pas là, les souris dansent (Confer chat II B 3). B.— Par analogie. 1. Être animé d'un mouvement régulier. a) [Le sujet désigne une chose concrète aux manifestations intenses] Être animé de mouvements lents ou vifs, réguliers et rythmés. — [La perception est visuelle] L'âtre où danse la flamme. Cette baie de Toulon (...) était aussi agitée qu'elle pouvait l'être. Et cependant (...) le bâtiment n'a pas dansé (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Mémoires d'un touriste, tome 3, 1838, page 246 ). Sur mon cahier dansaient des ronds de soleil (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 80) : Ø 5. Je suis réconcilié avec les chemins de fer... La rapidité est inouïe... les villes, les clochers et les arbres dansent et se mêlent follement à l'horizon... VICTOR HUGO, La France et la Belgique, 1885, page 92. — [La perception est sonore] : Ø 6. Les champs de blé dansaient. Ils étaient graves et lourds. Ils frappaient de leurs grandes mains rousses sur les tambours détendus. Ça battait comme un coeur; ça sonnait lourdement par toute la terre : croum, croum, croum. JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 169. · Péjoratif. Faire un bruit rythmé et désagréable. La voiture vide grinçait et dansait (...) à chaque cahot (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1501 ). — [La perception est à la fois visuelle et sonore] : Ø 7. Le raz de Sein apparut. Les vagues dansaient, sautaient, la mer se creusait et se boursouflait, s'écrasait contre les récifs. Sur un large espace, damné ou sacré, elle semblait en ébullition et en furie constantes, clapotant, s'effondrant, se dressant, avec des gestes monotones et farouches d'ivrogne ou de sourd-muet. HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 52. b) [Le sujet désigne une chose dégageant une impression trouble par une cause externe ou interne] — [Agent physique] Être perçu (par les yeux, les oreilles) par intermittence. De temps en temps la chèvre de M. Seguin regardait les étoiles danser dans le ciel clair (ALPHONSE DAUDET, Lettres de mon moulin, 1869, page 39 ). Dans l'air calme de la nuit où dansaient toujours les refrains affaiblis et obstinés du bastringue (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Femme de Paul, 1881, page 1230 ). Et dans chacun de ses yeux pers (d'Hélène) un point scintillant dansait (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 29 ). — [Agent moral] Sous l'effet d'une émotion, d'une fixation intense, des larmes, de l'alcool. Perdre sa netteté, devenir trouble. Synonyme : trembler. Éperdu, balbutiant (...) Charles voulut feuilleter son dictionnaire de médecine; il n'y voyait pas, les lignes dansaient (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 172 ). La lumière danse, en mille rayons brisés et croisés, dans mes larmes suspendues (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Vagabonde, 1910, page 164) : Ø 8. Elle regardait souvent les grosses roses rouges de la tenture murale, jusqu'à ce qu'elles se missent à danser sous ses yeux. Les roses flamboyaient dans la pénombre... JEAN-PAUL SARTRE, Le Mur, 1939, page 59. c) [Le sujet désigne des faits, des idées, des mots auxquels pense une personne oppressée] S'agiter confusément. Toute la marmaille grouillait (...) Les deux mères distinguaient à peine leurs produits dans le tas (...) les huit noms dansaient dans leur tête, se mêlaient sans cesse (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Aux champs, 1882, page 75 ). Je m'endors difficilement, mes idées dansent devant moi sitôt que j'ai éteint la lampe (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 158 ). 2. Généralement péjoratif. Être jeté çà et là, se mouvoir. a) [Avec une idée de non-conformité à une norme] — VÉNERIE. [En parlant d'un chien de chasse] Danser sur la voie ou dans la voie. Chasser tantôt à droite tantôt à gauche de la voie (d'après Dictionnaire de la chasse (PIERRE-LOUIS DUCHARTRE) 1973). · Populaire, familier. Se mouvoir en tous sens. Synonyme : populaire valser. Il [Ragu] avait donné un tel coup de poing sur la table, que les litres et les verres dansèrent (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 27 ). L'incendie était déjà rouge à pleine porte, mais sans bruit de feu. On entendait seulement les taureaux qui commençaient à danser (JEAN GIONO, Le Chant du monde, 1934, page 278 ). — Se mouvoir dans un espace trop grand; avoir trop de place. On me loge dans la défroque d'un petit, et ce petit est encore trop grand, car je danse dans ses habits (JULES VALLÈS, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, page 48 ). Leur très modeste mobilier, apporté de Paris, dansait dans les pièces trop vastes (ÉMILE ZOLA, Fécondité, 1899, page 92 ). Il regardait son couteau. Sa lame ne tenait plus; elle se pliait avant-arrière et elle dansait quand on bougeait le manche (JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 55 ). — [Le sujet désigne une somme d'argent, un bien, des valeurs] Être jeté çà et là, être dilapidé. Les écus se mirent à danser : Ø 9. Lorsqu'elle [Madame Faujas] s'aperçut des grosses sommes que celle-ci [Olympe] tirait des poches de Marthe, elle devint terrible... — ... maman, c'est assez, n'est-ce-pas? dit Olympe impatientée — Ce n'est pas votre bourse qui danse peut-être... ÉMILE ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, page 1092. · Faire danser ses écus, sa fortune. Les dépenser inconsidérément. Il [le marquis] a tant fait danser ses écus, qu'il commence à en manquer (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Mademoiselle Merquem, 1868, page 167 ). — Argot. Exhaler une mauvaise odeur (allusion au fromage rempli de vers, confer Dictionnaire de la langue verte (HECTOR FRANCE) 1907, au mot danse). Danser du bec. Avoir mauvaise haleine [Aux Épinettes, chez les biffins,] comme on dit dans ce monde-là (...) ça danse, ça fouette (...) en un mot ça pue ferme (JEAN RICHEPIN, Le Pavé, 1883, page 74 ). b) [Avec une idée de violence physique] — La danser. Être battu, malmené. C'est un enfant qui a tué un homme. Il a descendu notre capitaine, mais il va la danser (ADÈLE FOUCHER, MME VICTOR HUGO, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, 1863, page 140 ). · Faire danser quelqu'un. Donner une correction à quelqu'un, le malmener. [Berru, à Damour :] — Tonnerre de Dieu! tu n'as donc pas de sang dans les veines!... Ah bien! à ta place, c'est moi qui ferais danser la bourgeoise! (ÉMILE ZOLA, Jacques Damour, 1884, page 348 ). · Par extension et familier. Payer. Vivement, père Baptiste, une chopine en bois en sept verres, c'est le patron qui danse (DENIS POULOT. Le Sublime, ou le Travailleur comme il est en 1870 et ce qu'il peut être. 1872, page 135 ). — Être violemment attaqué (dans une guerre, dans une rixe). Quelques coups de feu nous annoncèrent que nos postes étaient attaqués : « Voilà le commencement du bal, dit tranquillement Péters. Il faut voir qui dansera » (FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, chef de la police de sûreté jusqu'en 1827, tome 1, 1828-29, page 152 ). II.— Emploi transitif. A.— [Avec un complément d'objet interne : le complément désigne une danse, un mouvement, un pas de danse, etc.] Danser un ballet, le boléro, une ronde, la valse; faire danser une danse à sa cavalière; savoir danser une danse. Nous nous mîmes à danser, Antonia et moi, les danses que ces autres personnes avaient choisies (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1939, page 139) : Ø 10. Je suis allé par extraordinaire... à un bal où on a dansé la polka. Je trouve que cela ressemble comme deux gouttes d'eau à la danse des ours. Cela était dansé par une douzaine de lions et de lionnes avec un sérieux qui aurait parfaitement convenu à un enterrement. PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à la comtesse de Montijo, 1870, page 87. 1. [L'objet désigne une chanson de danse] On dansa en rond « La Tour, prends garde » (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 156 ). 2. Par métaphore. Les oiseaux aux ailes immobiles dansaient un pas de côté (JEAN GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, page 179 ). 3. Emploi pronominal à sens passif. Je suis Écossaise, dit-elle; tout se danse dans mon pays (JEAN GIONO, Le Bonheur fou, 1957, page 291 ). SYNTAXE : Danser le boston, la bourrée, la capucine, la carmagnole, le chahut, la farandole, le fox-trot, la gigue, la java, le menuet, la polka, le rock, le sabbat, une sarabande, le swing, le tango, le twist; danser une figure de danse, un pas. B.— Par extension. Exécuter en esquissant des pas de danse. Pitoëff aboie, pleure, danse, rugit et halète le rôle d'Alfred Troïk (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Jumelle noire, 1938, page 240 ). 1. Emploi pronominal à sens passif. L'action ridicule qui se déroule, se danse, se mime au milieu (JEAN COCTEAU, Les Mariés de la Tour Eiffel, 1924, page 42 ). 2. Par analogie (littéraire et rare) Il [le cerf] dansa le vieil homme, il dansa le jeune homme aux yeux paisibles... Il dansa la lande. Il dansa son désir de printemps. Il dansa la brume et le ciel. Il dansa toutes les odeurs, et tout ce qu'il voyait (JEAN GIONO, Que ma joie demeure, 1935, page 114 ). C.— [Avec un complément d'objet interne] 1. Populaire. Faire danser une danse à quelqu'un (confer supra I B 2 b). Lui infliger une correction. Gare à ceux d'entre vous qui fausseraient le vote! Nous leur ferions danser une telle gavotte Qu'ils en seraient encor pâles dix ans après! (VICTOR HUGO, L'Année terrible, 1872, page 177 ). — [Avec allusion à la danse des morts] Je pense qu'il a son compte! dit Jérôme en jetant à terre son pistolet; mais, morbleu! si le sien n'avait pas raté, je crois que je la dansais, car il s'était un peu pressé de tirer (PAUL DE KOCK, Zizine, 1836, page 283 ). 2. Littéraire. Célébrer en dansant, exprimer quelque chose par la danse. Mais si l'on ne peut la dire [la richesse d'émotion] on peut la crier, on peut la chanter; et quand le son devient insuffisant on peut la danser (SERGE LIFAR, La Danse, 1938, page 29 ). Danse-La-Nuit, vous comprenez, cela ne veut pas dire qu'il danse la nuit, à l'ablatif, ce serait trop bête! Il danse la nuit, eh bien, comme on dit qu'il danse la polka, à l'accusatif (PAUL CLAUDEL, La Lune à la recherche d'elle-même, 1949, page 1282 ). Remarque : On rencontre dans la documentation a) Dansement, substantif masculin Variante expressive de danse. Une sorte de dansement dans les madriers (Émile Zola, Germinal, 1885, page 1159). b) Danserie, substantif féminin Bal, danse (confer Butor, Passage Milan, 1954, page 67). c) Dansage, substantif masculin Synonyme : danse. Jean. — Je ne sais pas danser. Barnabé. — On t'apprendra. Ce n'est pas difficile. C'est pas précisément du dansage comme aux basses terres. C'est une chose à notre mode. Une sorte d'amour de cuisses (Jean Giono, Bout route, 1937, II, 2, page 57). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 926. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 275, b) 6 700; XXe. siècle : a) 5 915, b) 5 900.