Définition du terme: CULBUTER, verbe.

Définition du terme: CULBUTER, verbe. I.— Emploi transitif. A.— Mouvement. 1. [Le complément d'objet désigne une personne] a) Faire tomber en renversant ou en poussant brutalement. Culbuter un piéton; culbuter quelqu'un du haut en bas des marches, dans un fossé; être culbuté par une auto, un chien, un cycliste. Synonyme : renverser. Un choc qui vous assomme, un souffle qui vous culbute (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 202 ). Le cheval prit peur, glissa, culbuta son charretier (ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 195 ). Une carabine bien ajustée le culbuta (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 834) : Ø 1.... sans me déranger de mon chemin, en passant, j'allongeai par la figure du citoyen Poulet un revers de main qui le culbuta, les jambes par-dessus la tête, sous la balustrade de l'octroi, et sa tartine de fromage blanc par-dessus le nez. ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 2, 1870, page 141. · Emploi pronominal réciproque. Des ouvriers siciliens se battent et se culbutent dans le ruisseau (ANDRÉ GIDE, Journal, 1925, page 804 ). Remarque : On rencontre dans la documentation un emploi transitif au sens de " précipiter d'un mouvement brusque " qui semble dérivé de l'emploi pronominal réciproque. Une rage culbuta les Prussiens vers lui (Georges d'Esparbès, La Légende de l'aigle, 1893, page 117). — Par extension (sens affaibli). Bousculer, pousser (des personnes) afin de se frayer un passage (sans qu'il y ait forcément chute). Des chiens aboyaient après lui [Manquet] ; il culbutait sur son chemin des vieilles, des soldats, des gens en blouse (PAUL ARÈNE, Jean des Figues, 1870, page 68 ). Il aperçut les officiers, et, culbutant les buveurs, il s'élança (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Tombouctou, 1883, page 219 ). · Emploi pronominal réciproque. Les élèves (...) se culbutaient devant les fenêtres pour voir M. le sous-préfet (ALPHONSE DAUDET, Le Petit Chose, 1868, page 120 ). Par métaphore. Une grosse écriture paysanne, avec des jambages qui se culbutaient (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 857 ). b) Spécialement, familier. [Le complément d'objet désigne une femme] Renverser pour la posséder charnellement. Synonyme : sauter. Tandis qu'il s'en irait forniquer derrière les haies, culbuter des filles, en se moquant de ceux qui les avaient culbutées avant lui (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1440 ). On peut encore, à la rigueur, culbuter une femme, mais où voulez-vous qu'on prenne le temps, la liberté d'esprit nécessaires pour parler d'amour à une charmante enfant comme vous? (ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 43 ). · Emploi pronominal réciproque. Il ne voulut jamais à cette place, dans son lit, crainte d'une surprise. L'échelle du fenil était près de là, ils grimpèrent, laissèrent la trappe ouverte, se culbutèrent au milieu du foin (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 96 ). c) Par analogie, dans un contexte militaire. Mettre en déroute (de manière que les fuyards semblent comme tomber les uns sur les autres). Culbuter une armée, l'ennemi. Synonymes : battre, défaire, enfoncer, repousser. Les Vendéens étaient repoussés de Nantes (...) culbutés hors de Cholet (...) ils lâchaient pied à Châtillon (VICTOR HUGO, Quatre-vingt treize, 1874, page 83 ). Culbutant sur leur route les éléments ennemis qui, déjà, envahissent le terrain (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 31) : Ø 2. Il [Damour] s'enflammait, il croyait fermement que, si Paris entier, les hommes, les femmes, les enfants, avaient marché sur Versailles en chantant la Marseillaise, on aurait culbuté les Prussiens... ÉMILE ZOLA, Jacques Damour, 1884, page 319. SYNTAXE : Culbuter l'adversaire, un escadron, un poste, la première ligne ennemie, l'arrière, l'avant-garde, le centre d'une armée; culbuter une colonne ennemie dans les marais; être culbuté par l'ennemi, par une charge ennemie, par l'infanterie. 2. [Le complément d'objet désigne un objet] a) Faire tomber brusquement de manière à renverser. Culbuter une charrette, une brouette, un meuble. La patache n'avait pas été culbutée. Nonchalamment penchée dans le marécage, elle était encore fort habitable (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Le Meunier d'Angibault, 1845, page 36 ). Ces gens fouillèrent tous les meubles (...) n'y trouvant rien, ils défoncèrent les placards, culbutèrent les commodes (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Livre de mon ami, 1885, page 91 ). Ils cubutent les deux arcades... Des pierres de taille comme des fétus! (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 536 ). b) Par extension. Mettre en désordre, mettre sens dessus dessous comme si les objets tombaient les uns sur les autres. Une rafale de malheur s'était ruée sur cette maison et l'avait culbutée de fond en comble (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En ménage, 1881, page 93 ). B.— Au figuré. 1. Domaine politique [Le complément d'objet désigne une institution, un gouvernement, une loi, un ministère...] Renverser d'un mouvement précipité. Culbuter l'État, la république, la société. Lorsque la loi sera à peu près sur pied, nous la culbuterons à un tournant (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 126 ). Les académies disjointes et les empires culbutés (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix, 1938, page 37) : Ø 3.... et ils [les candidats radicaux] entrent à la Chambre avec le parti pris et la résolution inébranlable de culbuter, sans se soucier du pays et du repos public, tous les cabinets... MAURICE BARRÈS, L'Appel au soldat, 1897, page 194. — Domaine des affaires. Mettre brutalement dans une situation opposée. Les ordres de vente et d'achat qui culbutent parfois les cours de Bourse dans le monde entier (BLAISE CENDRARS, Du Monde entier au coeur du monde, Documents, 1924, page 129 ). 2. Par analogie. Mettre fin à quelque chose par une action brusquée. Du premier coup, M. Degas a culbuté les traditions de la sculpture comme il a depuis longtemps secoué les conventions de la peinture (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, page 248 ). Dire qu'avec un mensonge il [Marc] aurait pu arrêter ce supplice! (...) Mais (...) une révolte culbute ces regrets (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Vie secrète, 1908, page 306 ). — En particulier. Venir à bout d'une situation par une action brusquée. Dès qu'elle [Henriette] fut seule avec moi, je la saisis de nouveau dans mes bras, tâchant d'affoler sa raison et de culbuter sa résistance (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Ce cochon de Morin, 1882, page 852 ). II.— Emploi intransitif. A.— [Le sujet désigne une personne ou un animal] 1. Effectuer un mouvement de renversement vers l'avant ou l'arrière ou faire un tour complet sur soi-même en faisant une culbute. Synonyme : basculer. Voir les petits lapins foudroyés culbuter comme des clowns, (GUY DE MAUPASSANT, Fort comme la mort, 1889, page 258 ). Les mouches (...) volent, se posent, culbutent et roulent (MAURICE GENEVOIX, La Boue, 1921, page 28 ). — Par métaphore. [Par analogie avec le tour fait pendant la culbute] Les heures culbutent et je trouve encore le temps trop long (PAUL VALÉRY, Correspondance [avec André Gide] , 1891, page 72 ). Remarque : La documentation atteste un emploi substantivé du part présent culbutant Variété de pigeon domestique au vol rapide et qui fait des culbutes en volant Dans ce groupe [les Culbutants allemands] on classe les Culbutants à long bec, les Culbutants à bec moyen et les Culbutants à bec court (G. LISSOT, Pigeons domestiques et voyageurs, Paris, Flammarion, 1950, page 94). 2. Par extension. Tomber, faire une chute en arrière ou en avant, la tête la première. Culbuter dans le fossé, dans le ravin. Synonymes : basculer, dégringoler, s'écrouler, tomber. Culbuter du haut en bas de l'escalier (Dictionnaire de l'Académie Française 1835). ... la jambe droite fracassée par un éclat d'obus. Il culbuta sur le dos, en jetant un cri aigu de femme surprise (ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 306 ). Ils soulevèrent le banc, et le vieux culbuta (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Révolte, 1907, page 615 ). · Par métaphore. Mais quand elle parlait, sa phrase culbutait dans une grammaire fantaisiste (ÉDOUARD ESTAUNIÉ, Bonne dame, 1891, page 8 ). · Au figuré. Se trouver brusquement dans une situation (critique). Il culbutait dans des catastrophes, chaque fois qu'il s'appliquait à réfléchir (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 9 ). — Spécialement. Se précipiter dans un lieu en contrebas : Ø 4. Je me souviens que lorsque nous emportâmes d'assaut la crête de Vimy, une alouette s'égosillait. Moi, je me suis arrêté dans ma course alors que mes camarades culbutaient déjà dans les tranchées allemandes (...) je me suis arrêté pour écouter chanter cette alouette. BLAISE CENDRARS, Les Confessions de Dan Yack, 1929, page 277. B.— [Le sujet désigne un véhicule, une embarcation] Se retourner brusquement. Une embarcation qui culbute. Synonymes : capoter, chavirer, verser. L'avion, sans culbuter, a fait son chemin sur le ventre (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, page 218 ). Son épaule nue (...) vient de jaillir hors du peignoir, enflée, livide. Elle explique qu'elle a dû porter sur une roue, lorsque la voiture a culbuté (GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, page 1421 ). Remarque : La documentation atteste les dérivés suivants a) Culbutage, substantif masculin Action de culbuter (confer culbuteur B 1). Il est nécessaire, après le culbutage, de retirer le chariot en rétrogradant (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, page 262). b) Culbutée, substantif féminin Situation défavorable. Synonyme : culbute (en emploi figuré). Ce n'est pas à un tournant de l'histoire que (...) nous arrivons, mais nous avons l'impression très nette que nous arrivons à une culbutée (Charles Péguy, Argent, 1913, page 1305). c) Culbutement, substantif masculin Action de culbuter. Le culbutement à pas pressés du troupeau (Alphonse Daudet, Sapho, 1884, page 128). Le vocabulaire de l'astronautique " Rotation aberrante [du satellite] sur lui-même autour d'un axe quelconque " (Dictionnaire de l'astronautique (THOMAS DE GALIANA) 1963). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 451. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 252, b) 649; XXe. siècle : a) 1 554, b) 416.