Définition du terme: CROQUER2, verbe transitif.

Définition du terme: CROQUER2, verbe transitif. A.— Dessiner rapidement, prendre sur le vif (un paysage, une scène, un personnage) en quelques coups de crayon ou de pinceau qui reproduisent les traits essentiels, l'aspect général. Croquer un détail d'architecture, un profil grotesque, une silhouette; croquer des postures au vol. On consomme dans le monde entier une quantité fabuleuse de crayons, surtout les examinateurs qui croquent des portraits de candidates sur leur calepin (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 233 ). Il se donnait le projet de croquer un détail, un arbre, une maison de guingois, un profil saisi au passage (ALBERT CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, page 1646) : Ø Ses moustaches, poissées d'un cosmétique grossier, ressemblaient à une brochette dont on lui eût traversé la lèvre supérieure, et sa royale se retroussait comme une virgule mise à l'envers. Tout cela lui composait une physionomie la plus hétéroclite du monde, de celles que Jacques Calot aime à croquer de sa pointe originale et vive. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 348. Remarque : La documentation atteste le dérivé croquade, substantif féminin Dessin fait rapidement. Des croquades à l'encre d'artistes japonais (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1861, page 962). — Locution. Personne jolie, mignonne à croquer. Dont on aurait envie de prendre un croquis. Alicette était charmante à croquer et jolie comme un amour (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal, 1866, page 463 ). Tu es à croquer en gamin boudeur. Tu es positivement adorable (JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 87 ). J'étendais le bras droit, j'inclinais la tête et je murmurais, cachant ma joue de prélat dans le creux de mon épaule : « Adieu, adieu, notre chère Alsace ». On disait aux répétitions que j'étais à croquer (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 86 ). Remarque : À croquer s'applique généralement à des personnes, mais se rencontre également appliqué à des choses. Des collines, des sites de chromo retouchés de donjons romantiques et de cottages à croquer (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires, 1887, page 77). B.— Par analogie. Décrire rapidement en retenant quelques traits caractéristiques. Il l'a si bien croqué dans son livre que tout le monde l'a reconnu (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). La « Haine des détails » est ce qui perd notre littérature; tout le monde veut croquer comme M. Scribe (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Correspondance, tome 2, 1800-02, page 521 ). STATISTIQUES : Croquer1 et 2. Fréquence absolue littéraire : 287. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 168, b) 738; XXe. siècle : a) 501, b) 378.