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Définition du terme: CREVER, verbe.

Publié le 04/12/2015

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Définition du terme: CREVER, verbe. I.— Emploi transitif. A.— [Le complément d'objet désigne une chose] 1. Percer violemment un objet gonflé ou tendu ou une surface continue : Ø 1. Il se fit tout à coup un grand tumulte parmi les spectateurs du cirque, qui goûtaient une scène comique imprévue. Une bande de gamins avaient crevé la toile avec un couteau, et s'était introduite économiquement dans le cirque en passant sous les gradins. JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, page 177. Ø 2. Derrière une brume bleue, le groupe des gratte-ciel se lève, grandit peu à peu, crève de la tête la brume, offre au soleil des fronts dont aucun édifice humain n'égale la hardiesse. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, En pays connu, 1949, page 197. SYNTAXE : Crever un pneu. ou absolument (en emploi quasi intransitif) crever. Avoir un pneu de son véhicule percé accidentellement. Crever le riz. Faire gonfler et ramollir le riz à l'eau bouillante, au point d'en faire ouvrir les grains. Vous passerez votre bouillon au tamis et vous y ferez crever votre riz (VIARD, Cuis. royal, 1831, page 16).a Crever la peau (à quelqu'un). ß Trouer la peau à quelqu'un avec une arme tranchante ou par balle, absolument tuer. Pour elle, à l'ombre du drapeau, Nous nous ferons crever la peau! (A. Bruant dans FRANCE 1907). Crever les yeux (à quelqu'un). a ) Rendre quelqu'un aveugle en lui perçant les globes oculaires. Il ne s'est pas crevé les yeux. Pourtant, plus qu'Œdipe nous le jugeons malheureux entre tous les mortels (MAURIAC, Journal 2, 1937, page 142). ß ) Au figuré S'imposer à l'esprit par son caractère d'évidence. Ceux qui les payent [les tueurs] obéissent à de bons gros motifs, qui crèvent les yeux tant ils sont énormes (IDEM, Nouveau Bloc-notes, 1961, page 160) : Ø 3.... cet argent, il irait, l'insensé, s'exposer bêtement à le perdre? Allons donc! L'invraisemblance d'une telle hypothèse crèverait les yeux à un enfant de dix-huit mois, et il faut, pour que vous-même vous n'en soyez pas aveuglé, qu'un furieux amour vous possède, du sophisme et du paradoxe. GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, 4e. tableau, 3, page 158. — Par métaphore. Réduire à néant. J'ai crevé honnêtement les notions qui m'embarbouillaient l'esprit (PAUL VALÉRY, Correspondance [avec André Gide] , 1894, page 218) : Ø 4. Il faudra détruire un à un, patiemment, leurs espoirs, crever leurs illusions, leur faire voir à nu leur condition épouvantable, les dégoûter de tout, de tous et, pour commencer, d'eux-mêmes. JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 213. SYNTAXE : Crever le coeur. Causer un violent chagrin. De passer si près de Phalsbourg sans voir ceux que j'aimais me crevait le coeur (ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 2, 1870, page 133). 2. Par analogie. Former un contraste violent avec quelque chose. Cinquante coups de fusil crevèrent le silence glacé des champs (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Souvenirs, 1882, page 170) : Ø 5.... elle avait l'air très jeune, (...) un peu honteuse et embarrassée du luxe débordant de ses cheveux, qui crevaient la nudité de son chapeau. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 522. SYNTAXE : Crever l'écran. Au figuré [En parlant d'un acteur de cinéma] Manifester dans un jeu une grande intensité d'expression (attesté dans Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). Crever le plafond. Faire oeuvre originale. Je disais à un jeune écrivain qu'en littérature il fallait crever le plafond, autrement cela ne valait pas la peine de songer à écrire (GREEN, Journal, 1950-54, page 169). B.— Populaire. [Le complément d'objet désigne un être animé] Tuer : Ø 6. Un jour ils ont voulu me mettre de semaine aux prisonniers de guerre. J'ai dit au doublard : « Si vous me foutez avec les Fritz, j'en crève un... Je ne veux plus voir leurs sales gueules... » ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 275. — Par hyperbole et affaiblissement de sens conjoints. Épuiser de fatigue. Crever de travail des hommes pauvres, cela est très honteux (ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 107 ). SYNTAXE : Crever un cheval. Exténuer un cheval en lui imposant des efforts excessifs. Mais dussé-je crever mon cheval; je suivrai la chasse (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, tome 5, 1859, page 455). II.— Emploi pronominal. A.— Emploi pronominal réfléchi. Se ruiner la santé; se fatiguer à l'extrême; s'éreinter. Tu travailles comme un cheval, tu te crèves (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1101 ). B.— Emploi pronominal non réfléchi (le pronom agglutiné n'a pas de valeur personnelle). S'ouvrir sous l'effet d'une pression excessive. À chaque heure du jour ton coeur se crevait de dégoût (GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 203) : Ø 7.... l'eau se gonfle, se crève en quelques bulles dont les cercles blanchâtres tournoient comme des anneaux d'argent... MAXIME DU CAMP, En Hollande, 1859, page 183. III.— Emploi intransitif. A.— [Le sujet désigne une chose] 1. S'ouvrir brusquement sous l'effet d'une pression ou d'une tension excessive : Ø 8.... Mais les captifs furent sérieusement incommodés par les miasmes exhalés des fissures du sol et les bulles qui crevaient sous la tension des gaz intérieurs. JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 112. Ø 9. Ah! Je voudrais qu'une nuit toutes les digues du Rhône crèvent, et que le fleuve emporte la ville d'Arles, avec celles qui y sont. ALPHONSE DAUDET, L'Arlésienne, 1872, II, tableau2, 2, page 387. — Par métaphore. Disparaître subitement. La simplicité de ces innocents fera crever l'orgueil du serpent qui est logé dans ces démoniaques (MAURICE BARRÈS,La Colline inspirée, 1913, page 211 ). 2. Par analogie. a) Regorger de quelque chose au point de paraître prêt à en éclater. Son front me parut près de crever sous l'effort du génie (HONORÉ DE BALZAC, Louis Lambert, 1832, page 81 ). Un hôtel qui crevait d'hommes et de meubles (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1356 ). b) Se manifester subitement au grand jour. Une haine de vingt années crève à présent comme un abcès (GEORGES BERNANOS, Madame Dargent, 1922, page 12 ). B.— [Le sujet désigne un animal ou, par extension péjorative, une personne] Mourir Le charlatanisme (...) s'est glissé dans toute profession (...) il n'y a si petit homme qu'il n'ait gonflé. — Le nombre est incalculable des grenouilles qui crèvent (ALFRED DE VIGNY, Servitude et grandeur militaires, 1835, page 148) : Ø 10. Parce que je n'aurai songé qu'à moi, qu'à moi seul, (...) il faudra que tout un pays périsse! Il faudra qu'une pauvre femme crève à l'hôpital! Qu'une pauvre petite fille crève sur le pavé! Comme des chiens! Ah! Mais c'est abominable! VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 283. SYNTAXE : Chaleur à crever. a Chaleur étouffante. Dans l'exaltation générale et la chaleur à crever (MALRAUX, Espoir, 1937, page 514).ß Crever d'ennui. S'ennuyer à mourir. Personne ne fait attention aux vieux libertins blasés qui crèvent d'ennui et dont Parïs est pavé (STENDHAL, Amour, 1822, page 239). Crever d'envie. Maintenant que mon chapitre est fini, je crève d'envie de dormir (FLAUB., Correspondance, 1868, page 157). Crever de faim, crever la faim ou absolument la crever. a ) Dépérir de faim. Dites donc, père, nous crevons de faim. Vous nous donnerez bien du pain et du fromage (ZOLA, Débâcle, 1892, page 159). ß ) Par extension, Vivre dans la misère. Il n'avait pas envie de crever la faim, en s'échinant pour les autres (ZOLA, Assommoir, 1877, page 598). Crever de jalousie. Nourrir une jalousie maladive. Je lui ai dit [à Colleville] que Thuillier crèverait de jalousie en lui voyant sa rosette (BALZAC, Les Petits bourgeois, 1850, page 120). Crever d'orgueil. Les dreyfusards devenus combistes crevaient déjà d'orgueil (PÉGUY, Notre jeun., 1910, page 96). Crever de rage. Mme. Rebondin, véritablement asthmatique, pensa crever de rage (AYMÉ, Brûlebois, 1926, page 80). Crever de rire. Rire à en éclater. Un portrait de Joseph, avec des cils comme une star de cinéma... non, c'est à crever de rire! (GREEN, Moïra, 1950, page 80). Remarque : 1. Crever s'emploie à la forme substantif dans la langue populaire : attraper la crève « prendre froid ». Il a un accent lourd et traînant qu'un enrouement aggrave. Il tousse. — J'ai attrapé la crève, c'coup-ci (HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 12). 2. On rencontre dans la documentation le substantif masculin creveur. Celui qui crève. La misère de ce creveur d'yeux, parricide et sacrilège, est si profonde et sa solitude si parfaite, qu'on croirait vraiment qu'il assume, à la façon d'un rédempteur, l'abomination de la multitude qui le déchire (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 147). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 476. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 996, b) 4 247; XXe. siècle : a) 5 505, b) 4 092.

« 2.

Par analogie.

Former un contraste violent avec quelque chose.

Cinquante coups de fusil crevèrent le silence glacé des champs (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Souvenirs, 1882, page 170) : Ø 5....

elle avait l'air très jeune, (...) un peu honteuse et embarrassée du luxe débordant de ses cheveux, qui crevaient la nudité de son chapeau. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 522. SYNTAXE : Crever l'écran.

Au figuré [En parlant d'un acteur de cinéma] Manifester dans un jeu une grande intensité d'expression (attesté dans Grand Larousse encyclopédique en dix volumes).

Crever le plafond.

Faire oeuvre originale.

Je disais à un jeune écrivain qu'en littérature il fallait crever le plafond, autrement cela ne valait pas la peine de songer à écrire (GREEN, Journal, 1950-54, page 169). B.— Populaire.

[Le complément d'objet désigne un être animé] Tuer : Ø 6.

Un jour ils ont voulu me mettre de semaine aux prisonniers de guerre.

J'ai dit au doublard : « Si vous me foutez avec les Fritz, j'en crève un...

Je ne veux plus voir leurs sales gueules...

» ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 275. — Par hyperbole et affaiblissement de sens conjoints. Épuiser de fatigue.

Crever de travail des hommes pauvres, cela est très honteux (ANDRÉ MALRAUX, Les Conquérants, 1928, page 107 ). SYNTAXE : Crever un cheval.

Exténuer un cheval en lui imposant des efforts excessifs.

Mais dussé-je crever mon cheval; je suivrai la chasse (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, tome 5, 1859, page 455). II.— Emploi pronominal. A.— Emploi pronominal réfléchi.

Se ruiner la santé; se fatiguer à l'extrême; s'éreinter.

Tu travailles comme un cheval, tu te crèves (GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1101 ). B.— Emploi pronominal non réfléchi (le pronom agglutiné n'a pas de valeur personnelle).

S'ouvrir sous l'effet d'une pression excessive.

À chaque heure du jour ton coeur se crevait de dégoût (GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 203) : Ø 7....

l'eau se gonfle, se crève en quelques bulles dont les cercles blanchâtres tournoient comme des anneaux d'argent... MAXIME DU CAMP, En Hollande, 1859, page 183. III.— Emploi intransitif. A.— [Le sujet désigne une chose] 1.

S'ouvrir brusquement sous l'effet d'une pression ou d'une tension excessive : Ø 8....

Mais les captifs furent sérieusement incommodés par les miasmes exhalés des fissures du sol et les bulles qui crevaient sous la tension des gaz intérieurs. JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 112. Ø 9.

Ah! Je voudrais qu'une nuit toutes les digues du Rhône crèvent, et que le fleuve emporte la ville d'Arles, avec celles qui y sont. 2. »

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