Définition du terme: CORRIGÉ, -ÉE, participe passé et substantif masculin.

Définition du terme: CORRIGÉ, -ÉE, participe passé et substantif masculin. I.— Participe passé de corriger* II.— Substantif masculin. A.— Correction d'un devoir, rectification des fautes (erreurs, inexactitudes, impropriétés) qui le déparent. Et maintenant, on va procéder au corrigé de la version. B.— Par métonymie. Version-modèle d'un devoir correct proposé à des élèves. Cahier de corrigés (confer aussi correction I B) : Ø Dès que s'annonçait quelqu'un de ces hauts universitaires, la terreur noire sévissait entre les murs du lycée. Nos pauvres magisters redoublaient de zèle, s'efforçaient d'inculquer aux plus cancres d'entre nous les corrigés d'impossibles versions, d'enfoncer dans nos crânes les coins les plus aigus des triangles égaux entre eux. FRANCIS JAMMES, Mémoires, 1922, page 4. Fréquence absolue littéraire : 546. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 096, b) 897; XXe. siècle : a) 643, b) 519. Forme dérivée du verbe "corriger" corriger CORRIGER, verbe transitif. A.— [Le complément désigne une chose] Faire disparaître ou relever un écart par rapport à une norme en vue de la rétablir ou de la faire respecter. 1. [Le complément désigne la matière, le domaine dont les imperfections sont sujettes à être rectifiées] Amender, améliorer. Corriger un travail; corriger l'audition, la vue; corriger l'attitude, les manières, la tenue (de quelqu'un). a) Domaine de l'acoustique. Les tuyaux du second rang [flûte de Pan] (...) doivent sonner à l'octave supérieure (...) et d'autant plus qu'on les corrige visiblement à cet effet (ANDRÉ SCHAEFFNER, Les Origines des instruments de musique. 1936, page 286 ). b) Domaine de la vie intellectuelle, de la création littéraire ou artistique. Vous voyez en quoi nous venons de corriger la première définition que nous avions trouvée; nous ne l'avons point détruite, mais épurée (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 1, 1865, page 29 ). — En particulier, en Beaux-Arts. PEINTURE. Corriger la nature. " Modifier subjectivement la représentation d'un personnage ou d'un objet " (Hugues, Expressions d'atelier, sans date). — Emploi absolu : Ø 1. Ne crois-tu pas que nous devrions maintenant employer cet immense loisir que la mort nous abandonne, à nous juger nous-mêmes, et à nous rejuger infatigablement, reprenant, corrigeant, essayant d'autres réponses aux événements qui sont arrivés; et cherchant, en somme, à nous défendre de l'inexistence par des illusions, comme font les vivants de leur existence? PAUL VALÉRY, Eupalinos ou l'Architecte, 1923, page 132. — Emploi réfléchi à sens passif réciproque [Les sujets désignent des inanimés] S'apporter mutuellement une correction, s'améliorer mutuellement. Drame, aventures, agitations, tous les mots de cette espèce peuvent s'employer, pourvu qu'ils soient plusieurs et se corrigent l'un par l'autre (PAUL VALÉRY, Variété I, 1924, page 229 ). c) Domaine de la vie morale et religieuse. J'ai prié, j'ai corrigé ma chair, j'ai dormi sous votre garde [la garde de la Vierge] , j'ai vécu chaste (ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, page 1313 ). d) En particulier, dans le domaine de l'enseignement. Relever les écarts en vue de noter et faire respecter la norme. Corriger des devoirs : Ø 2. Les examinateurs qui corrigent les compositions des candidats au baccalauréat ont quelquefois à s'apercevoir que les « copies » de deux candidats (placés l'un à côté de l'autre) ont un air de famille. CHARLES-VICTOR LANGLOIS, CHARLES SEIGNOBOS. Introduction aux études historiques, 1898, page 74. e) Locution. Corriger son plaidoyer. " Changer de langage, parler avec plus de circonspection, plus sagement, rétracter ou expliquer ce qu'on a dit témérairement ou faussement " (Jean-François Rolland, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 43). Corriger la chance. Tricher. Il est remarquable (...) qu'on blâme au jeu de cartes (...) une pratique recommandée dans les arts de la guerre (...) où l'on s'honore de corriger les injures de la fortune (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Rôtisserie de la Reine Pédauque. 1893, page 205 ). 2. [Le complément désigne le défaut, l'erreur qui compromettent la perfection de quelqu'un, le bon ordre ou le bon fonctionnement de quelque chose] Corriger des abus. a) Rectifier ce qui est fautif, inexact, déficient. Corriger la myopie; corriger une avance, un retard (horlogerie). Le réaliste obstiné corrigera donc dans un tableau cette inflexible perspective qui fausse la vue des objets à force de justesse (EUGÈNE DELACROIX, Journal, 1859, page 232 ). — En particulier. TYPOGRAPHIE. " Marquer les fautes à la marge d'une épreuve " (Dictionnaire de technologie (DE CHESNEL) 1857). Corriger sur le plomb. " Remplacer par les caractères nécessaires ceux qui avaient été mis par erreur du compositeur " (Dictionnaire de technologie (DE CHESNEL) 1857). — MARINE. Corriger le point d'un navire. Corriger la route qu'il a faite d'un midi à l'autre en rectifiant les erreurs dues à la dérive (d'après Le dictionnaire de la marine à voile (PIERRE-MARIE-JOSEPH DE BONNEPOUX), Edmond Paris) 1971). b) Tempérer (une imperfection, un défaut), (la/le) compenser au moyen de quelque chose qui (l') atténue ou qui (la/le) fasse disparaître. Ce n'est pas de leur faute, ni à Florent, ni à elle [Lydia] , s'il y a un peu de sang noir dans leurs veines, d'autant plus qu'il est corrigé par du sang de héros (PAUL BOURGET, Cosmopolis, 1893, page 435 ). — Spécialement. PHARMACOLOGIE, ALIMENTATION. Adoucir l'amertume, tempérer le mauvais goût d'un médicament en y ajoutant une substance édulcorante. Corriger la crudité de l'eau avec un peu de vin (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). · ART CULINAIRE. Ajouter un produit à un plat, à une sauce pour en modifier la saveur prédominante (d'après Dictionnaire de la cuisine (HENRIETTE LASNET DE LANTY) 1970). B.— [Le complément désigne une personne ou un animal] 1. [La correction n'implique pas un châtiment, une punition; elle opère chez la personne qui en est l'objet une amélioration, voire une guérison] Reprendre, rectifier les imperfections, les défauts. Isabelle répéta le propos à sa fille pour l'effrayer et la corriger (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 1, 1908, page 79 ). — En particulier. Corriger les maîtres. Apporter un correctif, une amélioration aux modèles, aux leçons données par un maître. Il est dangereux de vouloir corriger constamment un génie comme Beethoven (MATHIS LUSSY, Le Rythme musical, 1911, page 25 ). — Emploi réfléchi. S'infliger à soi-même une correction, se débarrasser d'un défaut. · [Avec complément introduit par de] Ma pauvre tante, elle devrait bien se corriger de ses frayeurs (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Angèle, 1834, X, page 119 ). · [Sans complément] Le Dieu selon la Bible se complète, se corrige, s'attendrit [par Jésus-Christ] , s'abaisse, s'humanise, se civilise, si j'ose dire (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 9, 1863-69, page 94) : Ø 3. D'année en année, de mois en mois parfois, la Pravda se corrige elle-même, les éditions retouchées de l'histoire officielle se succèdent, Lénine est censuré, Marx n'est pas édité. ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 291. 2. [La correction implique la punition d'une faute, soit verbalement soit au moyen d'un châtiment corporel] a) Tancer, donner une leçon à quelqu'un en vue de l'instruire, de l'améliorer. Synonyme : réprimander. Le public est un enfant mal élevé qu'il s'agit de corriger (PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 2, Charles Baudelaire, 1896, page 8 ). b) Châtier corporellement. Corriger d'importance. Une sale bonne à coiffe bretonne corrige tous les matins un pauvre toutou qui sans doute se conduit malproprement (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à Paris, 1901, page 20 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 454. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 196, b) 2 103; XXe. siècle : a) 1 836, b) 2 075. DÉRIVÉS : 1. Corrigeable, adjectif, MÉDECINE. Qui peut être corrigé. Tous ces troubles sont corrigeables si l'on injecte à l'animal des extraits hypophysaires totaux (ENCYCLOPÉDIE MÉDICALE DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET. 1965, page 488 ). Absent des dictionnaires généraux du XIXe. et du XXe. siècle 2. Corrigeur, -euse, substantif en imprimerie. Ouvrier, ouvrière chargé(e) d'exécuter les corrections indiquées sur épreuve par le correcteur. Pour ne pas se donner la peine de desserrer, des corrigeurs peu scrupuleux enfoncent entre les lignes qui chevauchent de petits morceaux de papier mouillé (Émile Leclerc, Nouveau manuel complet de typographie, 1932, page 108)