Définition du terme: BAISSER1, verbe.

Définition du terme: BAISSER1, verbe. I.— Emploi transitif. A.— Mettre à un niveau moins haut. 1. [L'objet désigne une chose concrète qui, avant le début de l'action envisagée, a une certaine dimension (surtout en hauteur) ou est placée à une certaine hauteur] Mettre plus bas, diminuer la hauteur, faire descendre, faire aller de haut en bas. Baisser les stores. Synonymes : abaisser, rabattre, descendre : Ø 1.... une flotte ionienne baissoit ses voiles pour entrer au port de Coronée, comme une troupe de colombes passagères ploie ses ailes pour se reposer sur un rivage hospitalier... FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 1, 1810, page 133. Ø 2. Une fois, elle [sa mère] retroussa le bord de sa robe, baissa son bas sur son tibia, montrant une meurtrissure violette... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 207. SYNTAXE : Baisser son voile; baisser la vitre (la glace), le rideau, l'abat-jour; baisser le pont-levis (la herse); baisser la visière (du casque). — Populaire, figuré. Baisser le pantalon, le/son froc. " Se soumettre (109e. Infra, 1917), faire des aveux (voyous, 1925), avoir peur " (ibidem, 1950) " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). — En particulier. MARINE. Baisser le pavillon. Faire descendre le pavillon pour se rendre à l'ennemi, pour faire honneur à quelqu'un ou pour saluer un autre navire. Remarque : Confer LE CLÈRE : " Dans l'ancienne marine « baisser le pavillon » signifiait saluer du pavillon. Actuellement on dit « marquer » parce que « baisser » évoque « abaisser »; en fait, on ne descend pas complètement le pavillon : on marque seulement le mouvement. " · Au figuré. Baisser pavillon devant quelqu'un. Reconnaître sa supériorité, s'avouer vaincu, lui céder : Ø 3. Si les Napolitains ne veulent pas céder à la demande de leur roi, voulez-vous donc reconnaître le principe de leur insurrection, et baisser pavillon devant la souveraineté du peuple? FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Correspondance gén, tome 2, 1789-1824, page 160. Remarque : Comme descendre, baisser peut, mais rarement, signifier un mouvement de la personne qui se déplace sur une voie. Baisser une rivière, " descendre une rivière " (DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ)). Il s'agit d'un transitif seulement apparent, puisque l'objet ne désigne pas l'aboutissement du processus verbal; sans doute extension d'emploi de baisser intransitif, construit avec une sorte d'objet interne. 2. Par extension. Diminuer. a) [La diminution porte sur le volume, la dimension] FAUCONNERIE. Baisser le corps du gerfaut. " Le faire maigrir " (Nouveau Larousse illustré). VITICULTURE. Baisser un cep de vigne. Couper la partie la plus haute pour fortifier la partie basse. b) [La diminution porte sur l'intensité ou la valeur] — [L'objet désigne un son, une voix] Diminuer la hauteur musicale, l'intensité, la puissance : Ø 4. La Perrine baissait le ton d'une manière décente, ou le haussait, tout emportée. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, page 42. · Elliptique et familier. Baisser la radio. Diminuer la force des sons émis par un poste de radio. · MUSIQUE. Baisser une note, baisser un instrument. L'accorder à un diapason plus bas, plus grave. · Figuré. Baisser le ton. Parler avec moins d'insolence, perdre de son insolence. (Faire) baisser le caquet. Rabaisser, rabattre le caquet : Ø 5. C'était (...) en l'an 1590, le premier libertin de Venise, et il n'y avait pas dans les magnifiques tripots de cette ville un drôle si impudent qui ne baissât le caquet lorsque ser Michel Gritti entrait... OCTAVE FEUILLET, Onesta, 1848, page 205. Remarque : 1. Baisser la voix, syntagme très fréquent, se rencontre souvent en incise, sous la forme (en) baissant la voix après des verbes comme dire, ajouter, reprendre. 2. Absolument : "... les ténors du second choeur baissèrent de près d'un demi-ton " (Hector Berlioz, Souvenirs de voyages, 1869, page 145). — [L'objet désigne la lumière, le feu] Baisser le gaz, le feu, une lampe. — [L'objet désigne le prix, une valeur commerciale, etc.] Baisser le/les prix, le taux, le (les) salaire(s), le change. Synonymes : diminuer, faire tomber : Ø 6. Ainsi, il [l'oncle Bachelard] avait acheté des crins, tout un solde, s'imaginant que les crins hausseraient; pas du tout, les crins baissaient, il était obligé de les expédier à perte. ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 122. B.— [L'objet désigne une partie du corps] Incliner, diriger vers le bas, c'est-à-dire vers le sol. Baisser la tête (le menton), les yeux (le regard), le nez, le front : Ø 7. Comme, après tout un jour de labourage, un buffle S'en retourne à pas lents, morne et baissant le mufle, Je vais ployant le cou. THÉOPHILE GAUTIER, La Comédie de la mort, 1838, page 45. Ø 8. L'étudiant de tout à l'heure n'était plus là, mais sa place se trouvait prise par le petit John Stuart, le garçon timide qu'on avait fait boire et mené en ville. Lui et Joseph échangèrent un sourire, et Stuart baissa aussitôt le nez sur son livre. JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 239. — ÉQUITATION. Baisser la main à un cheval. " Pousser son cheval à toute bride " (Dictionnaire de l'Académie Française 1932) sans contenir son élan en tirant sur la bride la main levée. Remarque : 1. Baisser peut être suivi d'un complément d'objet secondaire introduit par sur (confer exemple 8), désignant une chose placée plus bas que la partie du corps ou que l'objet (confer exemple 9) qu'on incline : Ø 9. Philippe-Auguste s'approcha de la tombe, baissa dessus la pointe de son épée... SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 33. Remarque : 2. Les syntagmes (confer supra B et les exemples) traduisent souvent une réaction psychique variable suivant les situations : ainsi baisser les yeux peut exprimer une attitude embarrassée ou pudique; baisser la tête, le fait d'acquiescer, ou encore une attitude de résignation, de honte. — Au figuré. Baisser la tête, le front. Se soumettre avec résignation. Baisser l'oreille. Être découragé, paraître mortifié, confus, etc. : Ø 10. Sans demander son reste, Gaspard baissa le nez, fila piteusement le long du mur, ouvrit la grille et s'échappa sans bruit. JULES SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, page 30. Ø 11. Elle [Mlle de Varandeuil] attendait, racoquinée dans son fauteuil, que l'humeur de sa bonne se passât ou crevât. Elle baissait le dos sous l'orage... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Germinie Lacerteux, 1864, page 137. II.— Emploi pronominal. Se baisser. A.— [Le sujet désigne une personne] Se mettre dans une position moins haute que la position naturelle, verticale; pencher, ployer son corps. Antonymes : se lever, se relever, se redresser : Ø 12. Henry s'approcha d'elle et respira l'odeur qui s'échappait de tout son corps; il se baissa pour lui parler en se penchant sur son épaule... GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, page 84. Ø 13.... de sa bouche où il se marqua le premier, le sourire gagna ses joues, puis enfin ses yeux qui brillèrent. Ils continuaient de briller pendant qu'elle l'embrassait. Elle devait se hausser un peu, et lui de son côté se baisser et plier les jambes, mais de ses deux bras elle le serrait. CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, page 79. Remarque : Se baisser et ramasser constitue un syntagme fréquent. — Proverbe. Il n'y a qu'à se baisser pour en (variante : et à) prendre. La chose est aisée, facile : Ø 14. Souhaitez-vous de l'or, des perles, des diamants? Les chemins en sont pavés; il n'y a qu'à se baisser pour en prendre. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Opinions de Monsieur Jérôme Coignard, 1893, page 153. — Par métonymie. [Le sujet désigne une partie du corps] : Ø 15.... tout à coup les bras se baissaient vers la terre et tous les yeux suivaient ce mouvement. PROSPER MÉRIMÉE, Arsène Guillot, 1847, page 90. Ø 16.... sa voix tremblait un peu plus dans son gosier, et son regard se baissait un peu plus sur ses pieds nus. ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 455. B.— Rare. [Le sujet désigne une chose] 1. Se courber, ployer : Ø 17. J'aime la musique, toutes les musiques, la plus simple et la plus compliquée, celle qui nous permet si généreusement de penser à autre chose. Elle me rappelle le balancement des peupliers de mon village, moins les feuilles, et le canal où, au gré d'un vent pas prétentieux, les roseaux se baissent et se redressent comme les archets d'un orchestre, avec moins de bruit. JULES RENARD, Journal, 1907, page 1107. 2. Diminuer de hauteur, de niveau : Ø 18. Un sale bassin, ce bassin : il noie les chiens de chasse. Il se baisse au fort de l'été. Les chiens ont soif, viennent, essayent de boire, balancent au bord, et tombent. Et c'est trop haut pour remonter. Ils nagent jusqu'à la mort. Je les trouve là-dessus, sages comme des îles. JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 25. III.— Emploi intransitif. Diminuer de hauteur. A.— [Le sujet désigne une chose placée, avant le début de l'action envisagée, à une certaine hauteur : le soleil, un astre] : Ø 19. Le soleil baissait dans un prodigieux entassement de nuages. La lumière volait à ras de terre; elle frappait et jaillissait dans l'entrechoquement des collines, elle allongeait l'ombre des arbres. JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943 page 260. — Par extension. [Le sujet désigne une rivière, la mer, etc.] La marée baisse : Ø 20. On dit que la mer baisse pour dire qu'elle opère son mouvement de reflux, qu'elle descend. GLOSSAIRE DES TERMES DE MARINE (JULIEN LE CLÈRE) 1960. — Par analogie. [En parlant d'un mouvement seulement apparent] Être progressivement moins haut : Ø 21. Il [Durtal] était arrivé, en devisant, près de Sainte-Anne; alors la rue s'aéra, et les maisons baissèrent, elles n'eurent plus qu'un, que deux étages... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 88. B.— [Le sujet désigne une chose située à une certaine hauteur sur l'échelle des degrés d'intensité, de puissance, de force ou sur l'échelle des valeurs] 1. [Le sujet désigne une source de lumière ou de chaleur] Diminuer d'intensité lumineuse ou thermique; en particulier le jour baisse (parce que le soleil s'abaisse sur l'horizon) : Ø 22.... et elle défit ses bottines, faisant mine de se chauffer fort au foyer qui baissait. PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 1, Deux mots d'une fille, 1896, page 314. Ø 23. Comme le jour baissait à la fenêtre et s'obscurcissait d'une tempête de neige, madame de Fontenay s'assoupit, s'endormit dans la pièce toute silencieuse... ANNA DE NOAILLES, La Nouvelle espérance, 1903, page 25. Remarque : 1. Cet emploi est une extension métonymique de l'emploi A. 2. Par analogie avec le jour baisse, confer le syntagme le soir baisse : Ø 24. Le soir baissait, je ne suis entré qu'un instant dans la cathédrale [de Sienne] . HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Voyage en Italie, tome 2, 1866, page 50. 2. [En parlant du vent, de la pression atmosphérique, de la chaleur du corps, etc.] Diminuer de force, d'intensité. La température baisse; le vent qui tourne, monte ou baisse (ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 2, 1835, page 354 ). Remarque : En parlant du vent, confer DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ) : " Terme de marine. (...) se dit du vent quand il passe de l'amont à l'aval. " — Par métonymie. Le baromètre baisse. 3. [Le sujet désigne la voix, un chant, etc.] Diminuer d'intensité : Ø 25.... elle ne criait pas, sa voix semblait attendrie, et baissait parfois jusqu'à n'être plus qu'un chuchotement. MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 460. 4. [Le sujet désigne une faculté ou une qualité humaine, comme la vue, l'intelligence, la santé, la beauté, etc.] Diminuer d'intensité, décliner : Ø 26. Elle [Eugénie] fut sublime de soins et d'attentions pour son vieux père, dont les facultés commençaient à baisser, mais dont l'avarice se soutenait instinctivement. HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 222. Ø 27.... sitôt que dans son travail [de l'homme] la sériation est suspendue, on voit son esprit baisser et son intelligence s'éteindre. PIERRE-JOSEPH PROUDHON, De la Création de l'ordre dans l'humanité, 1843, page 401. Ø 28.... Jean-Michel F... s'est tué vendredi dernier. (...) Il y a un tel poids de tristesse sur nous tous, et le pauvre F... a fléchi. (...) Pourquoi ne pas avoir essayé de tenir encore quelques mois? Mais il arrive parfois une heure mauvaise où les forces baissent, où manque tout à coup l'énergie qu'il faut pour imaginer des temps meilleurs. JULIEN GREEN, Journal, 1941, page 76. — Par métonymie. [Le sujet désigne une personne, le verbe peut être suivi d'un complément introduit par de ou en qui précise la qualité en déclin] Baisser dans l'estime de quelqu'un. Décliner : Ø 29. Vieillir sans faire mieux, décliner spirituellement sans se sanctifier, baisser de force sans s'élever de volonté, user sa vie sans réaliser un seul des rêves de sa jeunesse, c'est triste. Perdre ses illusions, sans augmenter ses oeuvres, décroître en vertu comme en capacité, c'est affligeant HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 427. Ø 30. — Tiens! c'est vrai. Je l'avais oublié (...) Ah! décidément, Sigismond Planus se fait vieux (...) Je baisse, mes enfants, je baisse... ALPHONSE DAUDET, Fromont jeune et Risler aîné, 1874, page 293. Ø 31. Il [Sturel] craignit qu'à resserrer son humanité un peu flottante en un nationalisme positif, lui-même ne baissât en générosité. MAURICE BARRÈS, L'Appel au soldat, 1900, page 319. — VÉNERIE. Baisser de pied [en parlant du chien courant] . Faiblir. Les chiens qui baisseront de pied, on ne les ramènera pas (MAURICE GENEVOIX, La Dernière harde, 1938, page 205 ). Par extension. SPORTS. Baisser de pied. Même sens : Faiblir. Menzel (...) paraît voué à la défaite lorsque, soudain, l'Australien baisse de pied (Tennis et golf. 1er. août 1934 dans French Sports neologisms (ARMSTEAD OTEY GRUBB), Philadelphia, 1937, French sports neologisms, 1937, page 17 ). 5. [Le sujet désigne une marchandise, une valeur bancaire, etc.] Diminuer (de prix, de valeur). Baisser de prix; les actions baissent à la Bourse : Ø 32. Hors Paris, les fonds publics ne baissent pas à la nouvelle d'une guerre ou à la menace d'une insurrection civile; mais, à la moindre oscillation de l'État, on cloue la porte du grenier; on creuse un trou dans les champs, et l'argent disparaît de la circulation. LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 247. Ø 33. Chez Walewski, l'autre jour, Calvet-Rogniat lui demandant pourquoi la rente avait baissé la veille : « Est-ce que je sais pourquoi il y a de la hausse ou de la baisse? Si je le savais, j'aurais fait ma fortune! » EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1863, page 1255. · Au figuré, familier. Les actions d'une personne baissent. Son crédit, son influence diminuent. — [En parlant des profits] Diminuer (de grosseur), devenir moins abondants.