Définition: CATIN1, substantif féminin. A.— Vieux et familier. Terme d'affection adressé à une fille de la campagne. Par analogie. Appelation donnée à la linotte par le moineau (Confer Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, 1865, page 227). — Par extension, régionalisme (Canada). Poupée. [Dans les vitrines] J'ai vu leurs catins de cire, avec des belles robes de bal sur le dos (GABRIELLE ROY, Bonheur d'occasion, 1945, page 69 ). B.— Péjoratif. 1. Vieilli et littéraire. a) Emploi comme substantif. Femme de mauvaises moeurs. Synonymes : prostituée, putain. C'est une franche catin (Dictionnaire de l'Académie Française). Des filles de joie, des catins du quartier de la gare (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 226) : Ø 1.... ce qu'il y a de plus intéressant dans ces confessions, ce sont les endroits où l'héroïne, catin de son métier, quitte ce rôle et redevient par-ci par-là, honnête femme par l'effet des passions qu'elle éprouve. ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1825, page 162. — Par métaphore : Ø 2. Je m'efforce de bien faire, (...). J'ai trop maltraité les catins de plume pour avoir le droit de me débrailler un seul instant, et on me le fait, d'ailleurs, assez sentir. LÉON BLOY, Journal, 1895, page 95. Remarque : On rencontre dans la documentation un exemple où le mot est employé au masculin J'ai été dégoûté du tableau de Phidias avec Slovasko et le catin d'iceluy (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1847, page 54). b) Emploi adjectival. Les femmes sont fausses et catins (NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, page 136 ). Toutes les femmes, même les plus catins, sont dévotes (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à Viollet-le-Duc, 1870, page 68 ). — Par extension. Synonymes : racoleur, euse. L'extérieur, un peu catin, de cette vie (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, L'Entrave, 1913, page 87 ). 2. Terme d'injure. (Être) la dernière des catins (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Monsieur de Phocas, 1901, page 3 ). Il s'échauffa, il s'échauffa, il en vint à l'injurier. Il l'appela fille, catin (PIERRE-JEAN JOUVE, Paulina 1880, 1925, page 117 ). — [Par antéposition expressif, avec valeur de qualificatif] Cette catin de fortune me fait une peur effroyable (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Correspondance gén, tome 5, 1789-1824, page 4 ). Remarque : On rencontre dans la documentation a) Le synonyme catiche, substantif féminin (confer Colette, Claudine à l'école, 1900, page 307). b) Le dérivé catiniser, verbe transitif Faire d'une femme une catin (confer Péladan, L'Initiation sentimentale, page 90 dans le Dictionnaire des mots sauvages (MAURICE RHEIMS) 1969). Participe passé féminin catinisée (confer Étienne-Jean Delécluze, Journal, 1824, page 73). c) Le dérivé catinisme, substantif masculin Moeurs, habitudes de catin. Il n'y a pas de femme qui soit plus loin de ce qu'on appelle le catinisme (Barbey d'Aurevilly, 1er. Memorandum, 1837, page 163; voir aussi Chamfort, Maximes et pensées, chapitre IV, 1794, dans le Dictionnaire de la langue française (Émile Littré)). — Par métaphore Miraculeusement édulcoré, l'ascétisme ancien (...) devint (...) le catinisme de la piété (Léon Bloy, Le Désespéré, 1886, page 186).