Définition: CASERNE, substantif féminin.

Définition: CASERNE, substantif féminin. A.— Bâtiment destiné à loger des troupes. Caserne d'artillerie, de cavalerie, de gendarmerie, des pompiers; la cour, le mur de la caserne; être consigné à la caserne. — Par métonymie. 1. Ensemble des soldats logés dans une caserne : Ø 1. Pour être fins, ils font des jeux de mots qui seraient bons à dérider une caserne,... GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Moustache, 1883, page 616. 2. Service militaire : Ø 2. — « Le devoir » dit Beauville, « est individuel. Jean Paul ne dit-il pas que celui de l'homme de lettres consiste à faire un volume par an? » — « Vraiment oui », fit Mérodack, « si je refuse le devoir de la caserne, j'en accomplis un autre, celui du Verbe ». JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 188. B.— Par comparaison. 1. [Par référence à la vie ou à l'état d'esprit des soldats logés en caserne, généralement dans le tour substantif + de + caserne] Chanson, expression, plaisanterie de caserne : Ø 3. Mon oncle était tout à fait jovial. La seule pensée d'être importun le gardait en belle humeur. Il nous conta dans un excellent style de caserne, ma foi, certaine histoire d'une religieuse, d'un trompette et de cinq bouteilles de chambertin qui doit être fort goûtée dans les garnisons et que je n'essayerais pas de vous conter, madame, même si je me la rappelais. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 396. 2. [Par référence à l'aspect uniforme et massif d'une caserne] : Ø 4. Le Philosophe (...) Les tisserands à la main travaillaient en famille dans leurs villages normands ou picards; est-il bon que vos industriels aient construit pour eux de tristes casernes? ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Dialogues sur le commandement, 1924, page 128. Ø 5.... elle [l'Ambassade de France] fut bâtie, conjointement avec la maison qui lui fait face, en 1852, sur la rivière Westbourne, par un nommé Hudson qui avait fait fortune dans les chemins de fer; c'étaient les maisons les plus hautes de Londres, et comme ces deux casernes carrées ne trouvaient pas de locataires, on les surnommait Malte et Gibraltar, parce qu'imprenables. PAUL MORAND, Londres, 1933, page 122. 3. [Par référence à la discipline régnant à l'intérieur d'une caserne] : Ø 6.... on ne demandera pas à la France dans l'économie continentale, d'être une caserne où tous nos jeunes soient capables de se figer au même garde-à-vous... (R. Château). L'Œuvre. 18 mars 1941. — Emploi adjectival : Ø 7. Règle, discipline, obéissance passive (...) tel est le joug sous lequel se courbe en ce moment la grande France révolutionnaire. Le réformateur ne s'arrêtera que lorsque la France sera assez caserne pour que les généraux disent : À la bonne heure! VICTOR HUGO, Napoléon le Petit, 1852, page 58. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 858. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 578, b) 1 484; XXe. siècle : a) 1 724, b) 1 323. Forme dérivée du verbe "caserner" caserner CASERNER, verbe transitif. Loger dans une caserne. Caserner ses troupes. Synonyme vieilli : encaserner. Le bataillon de la Sarthe, avec lequel j'ai combattu, fut caserné dans le château de Foulon (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 2, 1870, page 190 ). — Par extension. Soumettre au régime de l'internat; enfermer. Les enfants n'avaient pas pu jouer dans les cours. Aussitôt l'étude du matin finie, on les avait casernés tous pêle-mêle dans la salle (ALPHONSE DAUDET, Le Petit Chose, 1868, page 118) : Ø Hugo est le type du sexagénaire attaqué du priapisme aigu, un vrai Hulot balzacien. Tous les soirs, vers les dix heures, quittant l'hôtel Rohan, où sous le prétexte de garder ses petits-enfants, il avait caserné Juliette, il regagnait la maison Maurice,... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1871, page 800. · Emploi pronominal, rare. Je me suis remis à Port-Royal (...) Je vais durant des mois me caserner, censé à la campagne, dînant dans ma chambre, et ne sortant que le soir (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Correspondance générale, tome 2, 1818-69, page 510 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3