Définition: BUREAU, BUREAUX, substantif masculin.

Définition: BUREAU, BUREAUX, substantif masculin. I.— Vieux. Étoffe grossière de laine brune : Ø 1. Je ne changerais pas ma veste de bureau pour votre queue de pie en drap noir. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Le Péché de Monsieur Antoine, page 310 dans L. VINCENT, La Lang. et le style rustiques de George Sand dans les « romans champêtres », 1916, page 196. — Emploi adjectival, régionalisme. Qui est de la couleur de cette étoffe. Un agneau bureau (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, La Petite Fadette, page 76 dans L. VINCENT, La Lang. et le style rustiques de George Sand dans les « romans champêtres », 1916, page 196 II.— Usuel. A.— Table, souvent couverte d'un tissu de bure, ou d'une autre matière protectrice, généralement munie de tiroirs ou de casiers, entourée d'une ou plusieurs chaises ou fauteuils, où l'on écrit, manie des papiers classés ou à classer, etc. Bureau d'acajou; bureau ministre; bureau Empire : Ø 2. Je compris qu'on m'offrait une chance d'être merveilleux : je tins à répondre sur l'heure, je m'assis au bureau de mon grand-père, posai le carnet sur le buvard de son sous-main, pris son porte-plume à manche de galalithe, le plongeai dans la bouteille d'encre rouge et me mis à écrire pendant que les grandes personnes échangeaient des regards amusés. JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 87. — Figuré et familier. Cette affaire est sur le bureau. On commence à s'en occuper. — Argot. Le ventre (d'une femme) : Ø 3. Tous les cinglés de Paris avaient tripoté son corps dans les partouzes. Tout le monde (...) lui avait [à Léa] passé sur le bureau. AUGUSTE LE BRETON, Razzia sur la Chnouf, 1954, page 127. B.— Par métonymie. 1. Pièce privée ou officielle où est installée cette table : Ø 4. Noël détourna la tête sans répondre et alla s'enfermer dans le bureau aux murs de cuir vert. MAURICE DRUON, Les Grandes familles, tome 2, 1948, page 122. — Par extension. L'ensemble des meubles (bureau, fauteuil, secrétaire, bibliothèque, etc.) que l'on trouve ordinairement dans cette pièce. — Articles, fournitures de bureau. Petit matériel utilisé pour écrire ou pour ranger ce qu'on a écrit. · Par métaphore. Le bureau d'assurance : Ø 5. [À Mme. de Saint-Réal] (...) Qu'est-ce que tu me disais dans ton dernier numéro, petite femme, sur l'arrangement de mes lettres? Tu ferais bien mieux de les brûler (...) il n'y a rien de mieux que ce que la Baronne du Noyer appelait le bureau d'assurance. JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Correspondance, tome 2, 1796-1821, page 300. 2. Lieu, établissement où s'effectue, généralement selon un horaire fixe, un travail régulier rétribué, de nature plutôt intellectuelle. Chef, commis, garçon de bureau; se rendre à son bureau : Ø 6. Je n'ai pu quitter le bureau qu'après six heures et je suis arrivé trop tard. GEORGES DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, page 171. Ø 7. Vers huit heures et quart, déferlant de la banlieue vers le métro, il y eut une grande vague de femmes (pour l'ouverture des bureaux à neuf heures). HENRI DE MONTHERLANT, Les Célibataires, 1934, page 853. 3. Au singulier. — Personnel travaillant dans un même bureau : Ø 8. Voilà donc le téléphone qui se met à sonner. Tout le bureau dresse l'oreille, sans en avoir l'air. GEORGES DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, page 7. — En particulier, au pluriel. · Ensemble des services d'une administration, d'un ministère. Les bureaux de la préfecture font les enquêtes (JEAN BARADAT, L'Organisation d'une préfecture, 1907, page 255 ). · Absolument : Ø 9. Se référant aux plans d'approvisionnement que leurs bureaux avaient établis, ils [les Alliés] se refusèrent toujours à tenir compte de cet accroissement. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1959, page 32. — Par métaphore. · Littéraire. Le bureau des pleurs (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 278 ). Le bureau de la pensée (MARCEL AYMÉ, La Mouche bleue, 1957, page 14 ). · Argot. Le bureau des pieds. " Anthropométrie " (Charles-Louis Carabelli, [Langage de la pègre] ). C.— ADMINISTRATION, COMMERCE, etc.. [Le plus souvent avec complément exprimant la destination ou l'appartenance du bureau] 1. Organisme ou établissement ouvert au public et dont la vocation est de rendre un service d'intérêt général. a) [À vocation commerciale] Bureau de tabac. — Vieux. Bureau de deuil. Entreprise de pompes funèbres : Ø 10.... j'ai vu jouer à Londres une comédie (le Docteur burlesque, autant qu'il m'en souvient) dont la scène se passe dans un bureau de deuil; les personnages sont des pleureurs à gages, des fossoyeurs et quelques héritiers qui ont besoin de leur ministère. VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 104. — THÉÂTRE. Bureau de théâtre, bureau de location; jouer à bureaux ouverts, à bureaux fermés. Synonyme : guichet : Ø 11.... près du bureau de location [du théâtre des Variétés] , un homme épais (...) répondait brutalement aux personnes qui insistaient pour avoir des places. ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1097. — FINANCES. Payer à bureau ouvert. Payer tous les billets ou bons présentés, sans avertissement préalable : Ø 12. Si le gouvernement remboursait à bureau ouvert, en argent, les pièces de cuivre qu'on viendrait lui rapporter, il pourrait, presque sans inconvénient, leur donner extrêmement peu de valeur intrinsèque... JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 262. b) [À portée sociale] Bureau des nourrices (vieux). Établissement où l'on se charge de procurer des nourrices. Bureau d'assistance judiciaire, bureau d'aide sociale, bureau de placement. c) En particulier. DROIT CIVIL. Bureau des hypothèques, bureau d'enregistrement. JUSTICE. Bureau de conciliation. ADMINISTRATION (POSTES et TÉLÉCOMMUNICATIONS). Bureau restant (vieux). Il y en a [des lettres] qui dorment dans les bureaux restants de plusieurs échelles du Levant (GÉRARD DE NERVAL, Correspondance, 1930-55, page 141 ). Bureau de poste. (TRANSPORTS). Bureau de petite, de grande vitesse; bureau des messageries (vieux); bureau d'omnibus (vieux). 2. Service ou organisme privé, et surtout public, qui conçoit, prépare, administre ou contrôle quelque chose. — Bureau de journal (vieux) : Ø 13. Vallès n'est pas un homme de dialogue, il ne cause pas dans un dîner, dans une soirée. C'est un monologueur de bureau de journal, de café, de brasserie. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1881, page 102. — Bureau des méthodes, bureau d'études. — Bureau arabe (vieux). Bureau chargé en Algérie de l'administration des indigènes : Ø 14. Le commissaire et ses agents avaient la haute main sur la ville; les gendarmes gardaient l'oasis; les officiers du bureau arabe régnaient sur le désert. Officiers, commissaires, gendarmes se jalousaient entre eux et n'arrivaient jamais à s'entendre. JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Fête arabe, 1912, page 249. · Au figuré, argot : Ø 15. En Afrique (...) De l'absinthe mêlée avec de l'orgeat s'appelle un bureau arabe. LES EXCENTRICITÉS DU LANGAGE FRANÇAIS (LORÉDAN LARCHEY) 1872, page 67. SYNTAXE : Bureau d'état-major, deuxième bureau (service de la recherche des renseignements secrets sur les opérations de l'ennemi), bureau de recrutement; bureau d (e l)'octroi (vieux), de (la) douane; bureau central (vieux), bureau de police. 3. Emplois métaphoriques, figurés ou littéraires. — [Le complément désigne une personne ou un groupe qui accomplit une certaine tâche (sur le modèle de bureau de nourrices, II C 1 b)] Tenir bureau d'assassins (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 11, 1914-18, page 359 ). — [Le complément est un terme abstrait] Tenir un bureau d'esprit (vieux, littéraire). Tenir un salon où l'on s'occupe de littérature (ordinairement péjoratif ou ironique). Par ellipse. tenir bureau : Ø 16.... Elle tient bureau, dans son réduit. On y lit un discours sur le tendre, aujourd'hui. EDMOND ROSTAND, Cyrano de Bergerac, 1898, III, 1, page 110. Ø 17. « (...) Il m'a dit qu'elle [Mme. de Villeparisis] était extraordinairement intelligente. Il a même ajouté qu'elle tenait un bureau d'esprit », ajouta mon père impressionné par le vague de cette expression qu'il avait bien lue une ou deux fois dans des mémoires, mais à laquelle il n'attachait pas un sens précis. MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 150. · Par extension. Un bureau de conversation (PAUL-JEAN TOULET, La Jeune fille verte, 1918, page 87 ); un bureau de la grâce (ALBERT THIBAUDET, Les Princes lorrains, 1924, page 92 ). III.— [Généralement avec un déterminatif qui en précise la nature ou la vocation] Ensemble de personnes responsables, élues ou choisies en raison de leurs compétences et mandatées en vue d'une tâche précise d'organisation ou de contrôle. Par métonymie. Lieu où opèrent ces personnes. a) POLITIQUE. Bureau de l'Assemblée, du Sénat; élire son bureau. — En particulier. Organe directeur d'un parti, d'un syndicat : Ø 18.... les communistes avaient décidé de prendre officiellement l'affaire malgache en main, aussitôt le verdict rendu; le bureau politique ferait une déclaration, on ferait circuler des pétitions, on organiserait des meetings... SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 570. · Bureau de vote, de dépouillement. — Par métonymie : Ø 19. Ce fut cette rédaction qui servit de base à la discussion au Parlement, et qui fut déposée le 6 mars par le gouvernement sur le bureau de la Chambre. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 1, 1931, page 95. b) Autres domaines. Bureau international du Travail; Bureau international des Poids et Mesures; Bureau des longitudes. Bureau Véritas; bureau d'une association (généralement déclarée). c) Locution. Prendre l'air du bureau. (Confer air1 II B 7). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 634. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 604, b) 7 549; XXe. siècle : a) 9 138, b) 10 491. DÉRIVÉS : Burlingue, substantif masculin. argotique. a) Bureau (meuble et local) (confer Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT) 1966). Qu'est-ce tu fous avec le chef au burlingue? (RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 117 ). b) Ventre (confer Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT) 1966 et exemple 3 supra). Se mettre des balles dans la gueule ou dans le burlingue (FERNAND TRIGNOL. Pantruche, ou les Mémoires d'un truand, 1946, page 25 ).