Définition: ATTENDU, -UE, participe passé, préposition, locution adverbiale, adjectif et substantif. I.— Participe passé de attendre* II.— Emplois comme adjectif et substantif. A.— Emploi adjectival. 1. [En parlant d'une personne ou d'un groupe de personnes] Sur la présence de qui on compte. Un hôte attendu : Ø 1. Antoinette, tant attendue, vint enfin s'asseoir en robe noire dans le fauteuil fatal, au milieu d'un tel concert de haine que seule la certitude de l'issue qu'aurait le jugement en fit respecter les formes. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 197. 2. [En parlant d'une chose ou d'un événement] a) Devant arriver dans un délai rapproché. Aveux, effets, résultats attendus; révélations attendues : Ø 2. L'année 1948 devait enfin faire connaître au public une voiture depuis longtemps attendue et depuis longtemps étudiée et soumise aux essais, la 2 CV Citroën. HENRI TINARD, L'Automobile, 1951, page 369. b) Dont l'arrivée n'est pas fixée, que l'on redoute ou que l'on espère. Changement attendu; ère, nouveauté, occasion attendue : Ø 3. L'aurore du siècle, trop attendue, fatiguée d'avance, trop brillante, traversée de lueurs fausses, et que les formidables stries de la guerre, dans les premières heures d'après, étaient venues charger. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, page 165. 3. Emploi technique. ART CULINAIRE. [En parlant d'une boisson, d'un mets, d'une viande] Qui gagne en saveur et en valeur culinaire lorsqu'on en diffère la consommation. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, NOUVEAU LAROUSSE GASTRONOMIQUE (PROSPER MONTAGNÉ) 1967. B.— Emploi comme substantif. 1. Ce qui est attendu : Ø 4. Je ne pensais pas à lui quand je formais le projet de rejeter Anne de notre vie; je savais qu'il se consolerait comme il se consolait de tout : une rupture lui coûterait moins qu'une vie rangée; il n'était vraiment atteint et miné que par l'habitude et l'attendu, comme je l'étais moi-même. FRANÇOISE SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, page 164. 2. Celui (celle) qui est attendu(e) : Ø 5. L'angelus marque les pulsations de l'attente, que la grande volée de Pâques seule peut terminer. Le printemps est le grand attendu, le seul attendu. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1931, page 1013. 3. Emplois techniques. a) ART CULINAIRE. Confer supra II A 3 (Attesté dans Dictionnaire de l'Académie des Gastronomes 1962). b) DROIT. le plus souvent au pluriel. Alinéa d'un jugement, d'une sentence commençant par attendu que. Les attendus d'un jugement (confer infra III B 1 ). Synonyme : considérant(s) : Ø 6. Nous empruntons quelques attendus de la Chambre criminelle de la Cour de Cassation, par lesquels elle décide que le chef-adjoint du cabinet d'un ministre n'est pas un fonctionnaire. Cette théorie jurisprudentielle doit s'étendre au chef de cabinet du préfet : « attendu que le chef-adjoint du cabinet d'un ministre ne peut être regardé, ni comme un fonctionnaire public,... etc. ». JEAN BARADAT, L'Organisation d'une préfecture, 1907, page 127. Remarque : Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter), Dictionnaire de l'Académie Française 1932, VOCABULAIRE JURIDIQUE (HENRI CAPITANT), 1936, DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT), Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, DICTIONNAIRE DU FRANÇAIS CONTEMPORAIN (JEAN DUBOIS. III.— Préposition et locution adverbiale. Attendu. A.— emploi absolu. Attendu. Synonymes : étant donné, vu, eu égard à : Ø 7.... je ne saurais voyager sans un cortège considérable, attendu ma naissance et ma fortune. Mais je ne veux pas vous embarrasser de ce train. ALFRED DE MUSSET, La Quenouille de Barberine, 1840, II, 1, page 305. Remarque : 1. Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de Dictionnaire de l'Académie Française 1798. 2. Attendu, employé absolument et placé immédiatement avant l'adjectif, le substantif, le verbe ou la proposition qu'il détermine, prend valeur de préposition et devient de ce fait invariable (d'après les édition du Dictionnaire de l'Académie française, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DE LA LANGUE FRANÇAISE (ADOLPHE VOIR THOMAS) 1956, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, Grand Larousse de la Langue française en six volumes, LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1964, § 784. 3. L'étude de la documentation révèle que cette préposition est plus employé au XIXe. siècle qu'au XXe. siècle, où elle est supplantée par ses quasi-synonymes vu, étant donné). B.— Attendu que, locution adverbiale régissant l'indicatif. 1. DROIT. Formule, qui, commençant chaque alinéa, désigne chaque motif d'une requête, assignation ou d'un jugement. Synonymes : considérant que, étant donné que, vu que : Ø 8. LE JUGE. — Alors, je lirai la sentence. Attendu que vous, Nancy Mannigoe, avez, le treizième jour de septembre, assassiné de propos délibéré et avec préméditation l'enfant en bas âge de M. et Mme. Gowan Stevens, dans la ville de Jefferson, la sentence de cette cour est que... ALBERT CAMUS, Requiem pour une nonne, adapté de William Faulkner, 1956, 1re. partie, 1er. tableau, page 825. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse). N'apparaît dans le Dictionnaire de l'Académie Française qu'en 1932. 2. Dans le langage administratif et courant : Ø 9. — Ce bon Caderousse, dit le vieillard, il nous aime tant! — Certainement que je vous aime, et que je vous estime encore, attendu que les honnêtes gens sont rares! ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 19. Ø 10. En outre, vu la nécessité certaine d'amélioration des métiers de la viande, mais attendu qu'en l'état actuel des textes le Crédit Agricole ne peut financer un particulier, la commission a décidé :... Quelques aspects de l'équipement agricole en France, 1951, page 37. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 733. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 393, b) 3 659; XXe. siècle : a) 3 894, b) 4 424. Forme dérivée du verbe "attendre" attendre ATTENDRE, verbe transitif. I.— Emploi transitif direct. A.— [L'idée suggérée est celle d'un simple écart temporel, à laquelle se joint habituellement l'idée implicite d'un lieu où se trouve le sujet] Rester en un lieu, l'attention étant fixée sur quelqu'un ou quelque chose qui doit venir ou survenir. Remarque : Attesté dans tous les dictionnaires généraux à partir de Dictionnaire de l'Académie Française 1798. 1. [Le sujet désigne une personne] a) [Le complément d'objet désigne une personne] Attendre quelqu'un. Attendre quelqu'un à la gare, attendre son amoureux : Ø 1. Dans la grande salle, debout derrière les comptoirs, elles [les dames patronnesses] attendaient les clients. ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, page 330. Ø 2. Marat pria Annie de l'attendre, en flânant aux boutiques du boulevard, pendant qu'il parlerait en particulier à Rodrigue. ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 213. — Autres expressions, familières, à l'impératif. Ne m'attendez pas pour partir (Édouard Bourdet, Le Sexe faible, 1931, page 333); attends-moi, petit, je reviens (Alphonse Daudet, L'Arlésienne, 1872, II, 4, page 396). — Proverbe vieilli. Il faut attendre le boiteux. " Pour être assuré de la vérité d'une nouvelle, il faut en attendre la confirmation " (Dictionnaire de l'Académie Française). · Ironique. Attendez-moi sous l'orme. (Dictionnaire de l'Académie Française) " Pour signifier à quelqu'un qu'on ne compte pas sur ce qu'il promet " (Dictionnaire de l'Académie Française). Attendre quelqu'un comme les Moines font l'Abbé. (Dictionnaire de l'Académie Française) " Ne l'attendre point et se mettre à table sans lui " (Dictionnaire de l'Académie Française). b) [L'objet désigne une chose concrète] Attendre quelque chose. Attendre le train, un paquet : Ø 3. Elle trouva Mme. Raquin et Camille anxieux et empressés; elle répondit sèchement à leurs questions, en disant qu'elle avait fait une course inutile et qu'elle était restée une heure sur un trottoir à attendre un omnibus. ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 56. c) [L'objet désigne un événement] Attendre le sommeil, la rentrée des classes, son tour. SYNTAXE : Attendre du secours; attendre l'heure de la sortie, la livraison d'un colis, la relève, une réponse. Remarque : La distinction notamment entre les emplois b et c est dans les cas particuliers, délicate à établir : il s'agit pratiquement toujours d'événements où les choses sont mentionnées ou seulement suggérées. C'est pourquoi on n'a pas fait ci-dessus de distinction pour les syntagmes. d) Au figuré et familier. Attendre quelqu'un (que l'on aime plus ou moins) à quelque chose (qui est de l'ordre du comportement). — Vieilli. [Avec une simple idée d'exploitation d'une surprise causée à quelqu'un] Attendre quelqu'un au passage. Surprendre quelqu'un et profiter de l'effet de surprise pour connaître sa réaction et ou lui demander quelque chose : Ø 4. Les amis du plus habile candidat s'emparent des avenues, et attendent au passage l'académicien de leur connaissance, qu'ils ont l'air de rencontrer par hasard; il est si simple de parler de l'élection qui se prépare! VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 139. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de Nouveau Larousse illustré. — [Avec une idée de revanche ou de menace] Attendre quelqu'un au prochain tour, aux examens, aux élections. · C'est là que (où) je l'attends. Expression employée " soit pour marquer qu'on est en état de ne point craindre celui dont on parle, et qu'on est en état de lui faire plus de mal qu'il n'en peut faire, soit pour faire entendre qu'on saura tirer avantage contre lui des choses où il a le plus confiance " (Dictionnaire de l'Académie Française 1798 et attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de cette date). Remarque : Une variante par allusion à la liturgie de la messe est donnée à partir de Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) : C'est au Sanctus que je l'attends, c'est au coeur d'une difficulté que je l'attends (d'après Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). · Attendre quelqu'un au tournant, au virage (au passage). Patienter jusqu'à ce que quelqu'un soit dans une situation critique pour tirer avantage sur lui. 2. Par analogie ou par métonymie. [Le sujet désigne une chose concrète qui doit faire l'objet d'une utilisation normalement prévue] a) Être à la disposition des personnes intéressées. Le bateau vous attend au quai; une lettre l'attend chez lui; le déjeuner nous attend : Ø 5. Aussitôt, des instructions partirent du bureau du colonel pour chaque kommando, avec ordre aux Wachmann de détruire tous les exemplaires du journal [L'an quarante] qu'ils pourraient trouver. C'était trop tard, car nous avions prévu la chose, et par la même voie ignorée qui servait à rapatrier mes carnets, des collections de L'an quarante avaient pris le chemin de la France. Elles y attendirent notre retour en sécurité, et mériteront de prendre une place à part dans l'histoire de la presse des camps. FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 117. b) Être prêt pour une opération attendue : Ø 6.... une salle spéciale est réservée aux enfants, pour l'heure du conte, et, dans un hangar voisin, le bibliobus attend son chargement de caisses de livres pour les villes et villages de l'arrondissement. La civilisation écrite (sous la direction de Julien Cain) 1939, page 5212. Remarque : Comme on voit, une idée d'impatience peut facilement se mêler à l'emploi de ces syntagmes. B.— [L'idée de lieu s'estompant, celle d'écart temporel se double d'un sentiment particulier variant selon la situation ou le contexte] 1. [Le sujet désigne généralement une personne] a) [Le sentiment est celui de la certitude ou de la confiance, généralement parce que le délai est rapproché et/ou fixé] Attendre du monde; attendre le médecin d'un moment à l'autre; attendre le dégel. — [Avec l'indication du délai ou du motif de l'attente] Attendre quelqu'un à dîner, pour le dîner, pour une partie de bridge. — Spécialement, par une sorte de pudeur. [Le sujet désigne une femme] Attendre un bébé, un enfant, un héritier, un heureux événement, Être enceinte. Remarque : Attesté dans les dictionnaires généraux du XXe. siècle à partir de Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, toutefois on trouve déjà dans le Dictionnaire de l'Académie Française 1798. " Elle n'attend que l'heure d'accoucher. " — [Avec une idée de soumission au réel à venir] Attendre les événements : Ø 7. Et pourtant, tandis que les forêts se réjouissent, en voyant leur nouvel hôte tenter son premier vol à travers les airs, un vieil oiseau, qui se sent abandonné de ses ailes, vient s'abattre auprès d'une onde : là, résigné et solitaire, il attend tranquillement la mort au bord du même fleuve où il chanta ses amours, et dont les arbres portent encore son nid et sa postérité harmonieuse. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 176. — [Avec une idée de résistance opiniâtre ou d'agressivité] Locution. attendre quelqu'un de pied ferme : Ø 8. Vous parliez du Jugement dernier. Permettez-moi d'en rire respectueusement. Je l'attends de pied ferme : j'ai connu ce qu'il y a de pire, qui est le jugement des hommes. ALBERT CAMUS, La Chute, 1956, page 1530. b) [Avec un sentiment d'espoir mêlé d'appréhension, lorsque ce qui est attendu répond à un besoin, à une demande vivement ressentis, et que le délai n'est ni fixé ni parfois fixable] Espérer la venue de quelqu'un, la survenance de quelque chose. Attendre un libérateur, la libération; attendre un miracle : Ø 9. MAXIMILLA et PRISCILLA reparaissent, pleurantes et désolées. Antoine, oh! doux Antoine! C'est toi que nous voulons, nous t'appelons, nous t'attendons, nous t'espérons. Nous entends-tu? Nous entends-tu? GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 313. Ø 10. — Va... moi aussi j'ai cru qu'il fallait passer des nuits blanches à attendre l'inspiration. C'est de la blague, tout ça... Le génie, tout le monde en a un peu! Ce qu'on n'a plus maintenant, parce que, ça, il faut l'acquérir, c'est de la conscience... ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 92. Ø 11. Un jour de 1906 enfin, M. Justin rentra le visage plus éclairé que de coutume et gravit l'escalier en chantonnant, ce qui ne lui était jamais arrivé. Promu directeur, il n'attendait plus rien. À dater de là, il parut installé dans la vie, fit des économies, fut reçu au Volney, et présida l'association des châtaignes. ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, page 6. Ø 12. Cette apparente désaffection, ce silence que le monde fait autour d'une destinée qui décline, heureux sont ceux qui ne le redoutent pas et qui même l'attendent avec une anxieuse espérance. FRANÇOIS MAURIAC, Journal 1, 1934, page 40. — Locution. Attendre quelqu'un comme le Messie. — [Avec parfois une idée d'impatience, lorsque la satisfaction de l'attente est ressentie comme un dû, un droit, comme l'exécution d'une promesse, etc.] Être attendu; familier ma femme m'attend; attendre des explications (des éclaircissements). c) Attendre quelque chose (de bon) de quelqu'un ou de quelque chose Espérer un heureux résultat de l'action ou des capacités de quelqu'un, d'une action sur quelque chose. Attendre beaucoup de quelqu'un; n'attendre son salut que de soi-même; attendre quelque chose de l'étude d'un document; ce qu'on attend d'une invention : Ø 13. Je n'attends rien de bon d'un homme qui n'a pas d'honneur à l'égard de sa femme. HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 23. · Locution. Je n'en attendais pas tant Le résultat a passé mon espérance. — [Avec personnification de l'objet et/ou parfois du sujet] Attendre quelque chose de l'avenir. " La médecine (...) n'a rien à attendre des radiesthésistes " (Alain Madon, La Parapsychologie, 1954, page 62) : Ø 14. L'art est le seul à ne rien attendre de la vie que la vie même, et à ne chercher sa récompense que dans son propre exercice... ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 271. 2. [Le sujet désigne généralement une chose abstraite] a) Rare. [En parlant d'une faveur normalement due] : Ø 15. C'est à l'heure même où il entend la voix du Seigneur sur le chemin de Damas que Saul se donne à lui sans réserve, sacrifie la gloire mondaine qui l'attend, et de persécuteur devient apôtre. HORACE MONOD, Sermons, 1911, page 189. b) [En parlant d'une tâche difficile ou longue, faisant appel aux capacités et au courage de quelqu'un] : Ø 16. Nul ne niera cependant qu'une meilleure orientation du goût musical ne soit une des tâches qui attendent aujourd'hui les dirigeants des nations cultivées. La civilisation écrite (sous la direction de Julien Cain) 1939, page 5001. c) Fréquent. [En parlant d'un événement pénible, d'une menace, etc., réclamant la fermeté de celui qui en sera affecté] Une horrible déception les attend : Ø 17. Des difficultés insurmontables — la preuve en a été donnée — attendent celui qui voudrait voir la pensée dans son entier comme humaine et essayer ensuite d'établir le passage homme-matière au niveau pensée-corps machinal. AUREL DAVID, La Cybernétique et l'humain, 1965, page 157. — Locution, familière. Vous savez ce qui vous (nous) attend. C.— [Avec l'idée que l'écart temporel est exploité pour suspendre une activité; le terme final de la suspension d'activité est exprimé par le complément d'objet; la nature de l'activité suspendue est d'ordinaire indiquée par un complément circonstanciel du type pour + infinitif] Différer (une activité matérielle, intellectuelle, etc.) jusqu'à la survenance de (un événement, etc.). 1. [L'objet est un substantif abstrait] Attendre les ordres de quelqu'un, une occasion, l'expiration du loyer (pour) : Ø 18. Le comte avait dû attendre la majorité de son fils pour pouvoir l'adopter et lui transmettre son nom; l'adoption entraînant la nécessité de léguer, il lui avait permis de traiter l'enfant naturel en enfant légitime. ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 91. SYNTAXE : N'attendre qu'un prétexte, qu'un signal pour. Familièrement. Qu'est-ce qu'ils attendent? Je ne sais pas ce qu'on attend. [Dans le langage littéraire et historique] Il faudra attendre (la fin du XVIIIe. siècle) pour (voir aboutir...). — Proverbes et expressions proverbiales. · Attendre son heure. Synonyme : patienter jusqu'à ce que les événements soient favorables. Il fit confiance au temps, il attendit son heure (JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 1, 1924, page 131 ). · Figuré. " Un coup n'attendait pas l'autre : les coups se succédaient rapidement, sans interruption " De même : " Une question, une saillie n'attendait pas l'autre " (Dictionnaire de l'Académie Française 1835 et attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de cette date, déjà signalé comme vieilli par Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter)). · Par allusion littéraire Corneille, Le Cid, II, 2, voir 405-6 (rodrigue à don gomes, comte de Gormas) : Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien-nées La valeur n'attend point le nombre des années. La Fontaine, Fables, I, 12, Le Chêne et le roseau (le roseau au chêne : Vous avez jusqu'ici Contre leurs (DES VENTS) coups épouvantables Résisté sans courber le dos; Mais attendons la fin). Mais attendons la fin. " Il est imprudent de compter sur une constante prospérité tant qu'on n'a pas mené à terme une entreprise " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). Remarque : 1. Lorsque le terme final de la suspension d'activité est un moment du temps, une date, etc., trois constructions sont possibles : attendre à demain (vieilli), attendre demain, jusqu'à demain (usuel) pour... 2. Attendre à demain est plus fréquent à la forme négative, sans doute par référence au célèbre vers de Ronsard (Amours, Sonnets à Hélène, Quand vous serez bien vieille...) : Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain. 2. [L'objet est un infinitif introduit par la préposition de; le verbe à l'infinitif exprime un état ou l'achèvement d'un procès] Attendre d'être sûr de quelque chose, d'avoir vu quelque chose pour... : Ø 19. Enfin quand elles [les fillettes] possédaient le rôle principal auquel elles étaient destinées (rôle de prince, de princesse, de géant ou raksasa, de suivante, d'oiseau, etc.), elles attendaient pour s'exhiber en public d'avoir été consacrées au cours d'une cérémonie solennelle. JEANNE CUISINIER, La Danse sacrée en Indochine et en Indonésie, 1951, page 52. 3. [L'objet est une proposition complétive] Attendre que + subjonctif. attendre que le jour se lève : Ø 20. Car au jeu des échecs ton adversaire attend pour pousser sa pièce que tu aies daigné pousser la tienne. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 668. — Expression proverbiale. Attendre que les alouettes tombent toutes rôties, confer alouette* (Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)). Remarque : Pour le complément circonstanciel exprimant la nature de l'action différée, les dictionnaires généraux donnent également la construction attendre à + infinitif : j'attends à partir qu'il fasse moins chaud (Dictionnaire de l'Académie Française 1798). Dictionnaire de l'Académie Française 1835 corrige déjà en signalant comme synonyme courant attendre pour + infinitif. II.— Variations sur l'emploi transitif. A.— Emploi transitif indirect (confer aussi supra I C) Attendre après quelqu'un ou quelque chose. 1. Compter sur quelqu'un ou quelque chose de manière nécessaire et souvent avec impatience : Ø 21.... on ne pouvait pas s'empêcher d'aller chercher là de la monnaie, lorsqu'on attendait après un pain de quatre livres. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 645. — Familier. Je n'ai pas attendu après vous pour (faire quelque chose). 2. Populaire. Attendre après l'autobus. Attendre l'autobus (confer supra I A 1). De même attendre un ami. Remarque : DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS GRAMMATICALES ET LEXICOLOGIQUES (JOSEPH HANSE) 1949, DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DE LA LANGUE FRANÇAISE (ADOLPHE VOIR THOMAS) 1956 et LE BON USAGE (MAURICE GREVISSE) 1964, § 929, page 925, signalent que attendre après ne s'emploie correctement qu'au sens de compter sur quelqu'un ou quelque chose, et que l'emploi 2 où l'idée de lieu est implicite, est incorrect. B.— emploi absolu. 1. [Pour tous les sens indiqués sous I, en parlant d'une personne par exemple] a) [Avec une idée de lieu ou de temps] : Ø 22. — Monsieur, me dit-elle [la comtesse de Restaud] en me présentant une chaise, auriez-vous la complaisance d'attendre? — Jusqu'à demain midi, madame, répondis-je en repliant le billet que je lui avais présenté, je n'ai le droit de protester qu'à cette heure-là. HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 394. Ø 23. Je sais attendre. Je sais écouter l'ascenseur et courir cent fois à la porte. Je sais guetter le téléphone et les taxis qui ralentissent et qui passent... JEAN COCTEAU, Théâtre de poche, 1949, page 102. — Par métaphore. [En parlant d'une chose] La maison voit, veille, surveille attend (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 48 ). b) [Avec une idée d'impatience] L'Angleterre avait dû attendre et patienter (CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, 123) : Ø 24.... le marquis n'était pas homme à se tenir longtemps dans une position si violente et qui répugnait à tous ses instincts. Il n'avait ni la patience ni la persévérance qui sont le ciment des âmes énergiques et des esprits forts. Inquiet, irrité, humilié, exaspéré, las d'attendre et de ne rien voir venir, acculé dans une impasse et n'apercevant point d'issue, il y avait cent à parier contre un que le marquis sortirait de là brusquement, par un coup de foudre; mais nul, pas même Madame de Vaubert, n'aurait pu prévoir quelle bombe allait éclater, si ce n'est pourtant M. des Tournelles, qui en avait allumé la mèche. JULES SANDEAU, Mademoiselle de la Seiglière, 1848, page 235. Ø 25. Attendre doit être une chose si douloureuse!... ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Ascension de Monsieur Baslèvre, 1919, page 159. — Expression proverbiale, ironique. Par allusion au mot prêté à Louis XIV, à l'arrivée de son carrosse légèrement en retard, j'ai failli attendre. c) [Avec une idée d'espoir] : Ø 26. Quand on a bu jusqu'à la lie La coupe écumante de vie, Ah! la briser serait un bien! Espérer, attendre, c'est vivre! Que sert de compter et de suivre Des jours qui n'apportent plus rien? ALPHONSE DE LAMARTINE, Harmonies poétiques et religieuses, 1830, page 427. — Proverbes. Tout vient à point à qui peut (sait) attendre (Dictionnaire de l'Académie Française 1798 et attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de cette date). Vous ne perdez rien pour attendre (Dictionnaire de l'Académie Française 1835 et attesté dans tous les Dictionnaire général à partir de cette date). · Annonce d'un préjudice. Le retard apporté dans l'exécution d'une action ne fait qu'en augmenter la gravité. La punition est différée mais il ne perd rien pour attendre (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). · Promesse d'un avantage. Le même retard se tournera en avantage pour la personne concernée. On tarde à vous placer mais vous ne perdez rien pour attendre (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). d) [Avec une idée d'arrêt de l'activité] : Ø 27. Je m'arrête un instant, j'attends, je sens mon coeur battre; je fouille des yeux la place déserte. JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 77. 2. Usages particuliers à la langue parlée. a) Langue de la courtoisie. [Pour faire prendre patience] Veuillez attendre un instant. b) À l'impératif, quelque peu familier. [Pour attirer l'attention de l'interlocuteur et pour exprimer diverses nuances de pensée qu'on souhaite que celui-ci fasse siennes, confer supra] Attends, attendez. c) [En parlant d'un plat, d'un fruit] Risquer de se gâter (s'il n'est pas consommé à temps). Un plat qui n'attend pas. d) [En parlant d'une affaire peu urgente] : Ø 28. LE SUBSTITUT. — Ça fera la quatrième remise. LE PRÉSIDENT. — Je ne vous dis pas le contraire. De quoi s'agit-il? LE SUBSTITUT, consultant le dossier. — C'est un espèce de farceur qui a été arrêté le dimanche des Rameaux devant Notre-Dame-de-Lorette, vendant du cresson, pour du buis. LE PRÉSIDENT, dans un geste large. — Ça peut attendre. GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, 1, page 24. e) [Pour exprimer une suspension, dans une conversation ou une action] — [Pour faire patienter quelqu'un] Attends (seulement), j'en aurai le coeur net : Ø 29. Gardez vos sales histoires pour un autre que moi. Mais attendez! Je n'en ai pas fini avec vous. S'il y a encore quelque chose là-dedans — il poussa son doigt si fort au creux de la poitrine encore haletante que le misérable ne put se retenir de geindre — je l'en tirerai. GEORGES BERNANOS, L'Imposture, 1927, page 469. — [Pour interrompre la conversation et indiquer qu'une action imminente ou qu'un souvenir ou une information revient subitement à la mémoire] : Ø 30. — Que vous a-t-elle dit, bon oncle? — Elle m'a dit,... tiens, pose ma canne,... qu'ils sont allés à un baptême chez un de leurs amis... — Mais autre chose encore, puisque vous y êtes resté dix-neuf minutes? — Oui, oui. Attends... Ça me reviendra. RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 242. Ø 31. — Où donc est le petit? demanda Mme. Charbonnel impatiente. — Pardi! On ne l'a pas mis sous une banquette, dit Gilquin en riant Attendez, il va venir. ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon, 1876, page 96. — [Pour signifier une menace, un mouvement d'impatience ou de colère] : Ø 32. Pierre se souvint du sang qui couvrait les mains de Silvère. Il eut un léger mouvement de recul, comme s'il eût craint que Rengade ne lui sautât à la gorge, en disant : « C'est ton neveu qui m'a éborgné; attends, tu vas payer pour lui! » ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, page 244. C.— Emploi factitif. Faire attendre. 1. Emploi transitif. a) [L'objet désigne une personne] Faire attendre quelqu'un.. Tarder à venir à un rendez-vous, reculer une rencontre. — Langue de la courtoisie. [En guise d'excuse] Je vous ai fait attendre. — Usages mondains. Faire attendre. Prier d'attendre dans une antichambre : Ø 33.... elle n'entend rien aux finesses de l'antichambre et du salon. Il n'est dans ses moeurs ni d'annoncer ni de faire attendre. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 662. b) [L'objet désigne une chose] Faire attendre (à quelqu'un) sa réponse. 2. Emploi pronominal, généralement avec une nuance d'impatience, de reproche : Ø 34. Mme. Deberle lui adressa vivement quelques mots en anglais, pour la gronder de s'être fait attendre. ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 819. · Familier. Tu te fais bien attendre! — Par métonymie. [En parlant d'une chose] N'être pas immédiat. Les satisfactions se font bien attendre; la réaction ne s'est guère fait attendre. — Spécialement. Faire attendre ses créanciers. Retarder un paiement. SYNTAXE : (soulignant l'une des nuances du sens). a) Attendre stoïquement, tranquillement; attendre une minute, un peu, longtemps, quelques instants, jusqu'à demain; n'avoir déjà que trop attendu. b) Se morfondre à attendre; avoir la patience d'attendre; savoir attendre; faire signe d'attendre. III.— Emploi pronominal. A.— Emploi réciproque. S'attendre (l'un l'autre) : Ø 35. Elle [Emma] avait rapporté son journal de modes. Léon se mettait près d'elle; ils regardaient ensemble les gravures et s'attendaient au bas des pages. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 1, 1857, page 113. B.— S'attendre, verbe pronominal. 1. S'attendre à + substantif. a) Prévoir. Au moment où on s'y attend (ait) le moins; comme on devait, pouvait s'y attendre : Ø 36. On pouvait s'attendre à des variations très marquées et à des oppositions selon l'appartenance aux divers groupes professionnels. Or, il n'en est pas ainsi la plupart du temps... Traité de sociologie (sous la direction de Georges Gurvitch) 1967, page 512. — Proverbe. Qui s'attend à l'écuelle d'autrui a souvent mal dîné (Dictionnaire de l'Académie Française 1798 et attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de cette date). b) [Avec une idée d'espoir] Compter sur. c) Généralement. [Avec une idée de crainte] S'attendre à un refus, à une réprimande; s'attendre au pire, à tout. — Familier. S'attendre à bien des choses, mais pas (à cela). — Ironique. Attendez-vous-y. d) Spécialement, vieilli. S'attendre à quelqu'un. Synonyme : avoir confiance en quelqu'un. Je m'attends à vous (Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1878 et attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de Dictionnaire de l'Académie Française 1798 avec la mention "vieilli"dans le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT) et "langue classique et littéraire"dans Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) — Proverbe. Ne t'attends qu'à toi seul (Dictionnaire de l'Académie Française 1798 et attesté dans la plupart des dictionnaires généraux à partir de cette date, y compris dans le Dictionnaire de l'Académie Française 1932). Confer supra B 1 2. S'attendre à/de + infinitif. a) S'attendre à + infinitif : Ø 37. Mais si les cellules thyroïdiennes sécrètent des hormones in vitro, on doit s'attendre à trouver dans le milieu de culture une quantité d'hormones beaucoup plus élevée que celle qui pouvait exister dans les fragments mis en culture. JEAN VERNE, La Vie cellulaire hors de l'organisme, 1937, page 114. b) S'attendre de + infinitif (Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 et Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter) sans mention particulière, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire de l'Académie Française 1932 avec les mentions vieilli, moins usité, ou forme ancienne de s'attendre à + infinitif) : Ø 38. On ne s'attendait guère de vous voir. Dictionnaire de l'Académie française. 1932. Remarque : La confusion entre s'attendre à et s'attendre de + infinitif a été faite par Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) et Nouveau Larousse illustré qui donne l'allusion littéraire à deux vers de La Fontaine : " On ne s'attendait guère de voir Ulysse en cette affaire ", l'emploi original est s'attendre de (ds Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER) et Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Paul Robert)), l'emploi confus de Larousse est s'attendre à. 3. S'attendre + proposition subordonnée. a) S'attendre à ce que + subjonctif : Ø 39. Chez une contrée en contact avec cinq ou six états différents, on pouvait s'attendre à ce que l'action humaine s'exerçât fortement dans un sens tout politique, à ce qu'elle tendit à l'excès les ressorts. PAUL VIDAL DE LA BLACHE, Tableau de la géographie de la France, 1908, page 382. b) S'attendre que. · S'attendre que + indicatif. [L'objet de l'attente est assuré, le sujet est certain que l'attente se réalisera] : Ø 40. Le domaine des ultra-virus constitue vraisemblablement une des zones frontières entre la pathologie générale et la génétique. Leur étude directe échappe présentement aux pouvoirs du savant, mais on peut s'attendre que les mêmes perfectionnements techniques qui nous livreront le secret du gène nous livreront celui des ultra-virus. LUCIEN CUÉNOT, JEAN ROSTAND, Introduction à la génétique, 1936, page 115. · S'attendre que + subjonctif. [L'objet de l'attente n'est pas assuré, le sujet doute que l'attente se réalise] Je ne m'attendais pas que les choses dussent tourner si mal (Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932) : Ø 41. Il faut donc s'attendre que l'effet des mouvements actuels de la France surpasse infiniment celui des troubles de la Grèce. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, tome 2, 1797, page 52. Remarque : La plupart des dictionnaires généraux ainsi que Le péril de la langue française (Claude Vincent) 1910, Dictionnaire des difficultés grammaticales et lexicologiques (Joseph Hanse) 1949, Dictionnaire des difficultés de la langue française (Adolphe Voir Thomas) 1956, J. Teppe, Les Caprices du langage, Paris, Le Pavillon, R. Maria, 1970, Nouveau dictionnaire des difficultés du français (Jean-Paul Colin) 1971 discutent du degré d'inélégance de s'attendre que et s'attendre à ce que. L'un et l'autre sont corrects; le 1er. r est prôné par les puristes, le second s'emploie plus couramment.