dans les jaguars ; mais celles des femmes et des enfants sont emportées dans l'atmosphère où elles se dissipent à jamais.
Publié le 06/01/2014
Extrait du document
«
la
moindre notiondecequi aurait dûseproduire.
Aucontraire, lesecond réussittropbien : ils’éleva rapidement, monta
si haut quesaflamme seconfondit aveclesétoiles, erralongtemps au-dessusdenous etdisparut.
Maislagaieté dudébut
avait faitplace àd’autres sentiments ; leshommes regardaient avecattention ethostilité, etles femmes, têteenfouie
entre lesbras etblotties l’unecontre l’autre, étaientterrifiées.
Lemot de nandé revenait
avecinsistance.
Lelendemain
matin, unedélégation d’hommesserendit auprès demoi, exigeant d’inspecter laprovision deballons afindevoir « s’il ne
s’y trouvait pasdu nandé ».
Cet examen futfait defaçon minutieuse ; parailleurs, grâceàl’esprit remarquablement
positif (malgré cequi vient d’être dit)des Nambikwara, unedémonstration dupouvoir ascensionnel del’air chaud àl’aide
de petits fragments depapier lâchésau-dessus d’unfeu,fut,sinon comprise, entout casacceptée.
Commeàl’habitude
quand ils’agit d’excuser unincident, onmit tout surledos desfemmes « quinecomprennent rien »,« onteupeur », et
redoutaient millecalamités.
Je ne me faisais pasd’illusion : leschoses auraient pufort malseterminer.
Pourtant, cetincident, etd’autres queje
conterai parlasuite, n’ontrienenlevé àl’amitié queseule pouvait inspirer uneintimité prolongée aveclesNambikwara.
Aussi ai-jeétébouleversé enlisant récemment, dansunepublication d’uncollègue étranger, larelation desarencontre
avec lamême bandeindigène dont,dixans avant qu’ilnelavisitât, j’avaispartagé l’existence àUtiarity.
Quandils’y
rendit en1949, deuxmissions étaientinstallées : lesjésuites dontj’aiparlé, etdes missionnaires américainsprotestants.
La bande indigène necomptait plusquedix-huit membres, ausujet desquels notreauteur s’exprime commesuit :
« De touslesIndiens quej’aivus auMato Grosso, cettebande rassemblait lesplus misérables.
Surleshuit hommes, un
était syphilitique, unautre avaitunflanc infecté, unautre uneblessure aupied, unautre encore étaitcouvert duhaut en
bas d’une maladie depeau squameuse, etilyavait aussi unsourd-muet.
Pourtant,lesfemmes etles enfants paraissaient
en bonne santé.Comme ilsn’utilisent paslehamac etdorment àmême lesol, ilssont toujours couverts deterre.
Quand
les nuits sontfroides, ilsdispersent lefeu etdorment danslescendres chaudes… (Ils)portent desvêtements seulement
quand lesmissionnaires leurendonnent etexigent qu’ilslesmettent.
Leurdégoût dubain nepermet passeulement la
formation d’unenduit depoussière etde cendre surleur peau etleur chevelure ; ilssont aussi couverts deparcelles
pourries deviande etde poisson quiajoutent leurodeur àcelle delasueur aigre,rendant leurvoisinage repoussant.
Ils
semblent infectéspardes parasites intestinaux carilsont l’estomac distenduetne cessent pasd’avoir desvents.
À
plusieurs reprises,travaillant avecdesindigènes entassésdansunepièce étroite, j’étaisobligé dem’interrompre pour
aérer.
.
.......
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.....................
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..
« Les
Nambikwara… sonthargneux etimpolis jusqu’à lagrossièreté.
Quandjerendais visiteàJulio àson campement,
il arrivait souvent quejeletrouve couché prèsdufeu ; mais enme voyant approcher ilme tournait ledos endéclarant
qu’il nedésirait pasmeparler.
Lesmissionnaires m’ontraconté qu’unNambikwara demanderaplusieursfoisqu’on lui
donne unobjet, maisqu’en casderefus ilessayera des’en emparer.
Pourempêcher lesIndiens d’entrer, ilsrabattaient
parfois leparavent defeuillage utilisécomme porte,maissiun Nambikwara voulaitpénétrer, ildéfonçait cettecloison
pour s’ouvrir unpassage…
« Il n’est pasnécessaire derester longtemps chezlesNambikwara pourprendre conscience deleurs sentiments
profonds dehaine, deméfiance etde désespoir quisuscitent chezl’observateur unétat dedépression dontlasympathie
n’est pascomplètement exclue (6)
. »
Pour moi,quilesaiconnus àune époque oùles maladies introduites parl’homme blanclesavaient déjàdécimés, mais
où –depuis lestentatives toujourshumaines deRondon –nul n’avait entrepris deles soumettre, jevoudrais oubliercette
description navranteetne rien conserver danslamémoire, quecetableau reprisdemes carnets denotes oùjele
griffonnai unenuit àla lueur dema lampe depoche :
« Dans lasavane obscure, lesfeux decampement brillent.Autourdufoyer, seuleprotection contrelefroid qui
descend, derrièrelefrêle paravent depalmes etde branchages hâtivement plantédanslesol ducôté d’où onredoute le
vent oulapluie ; auprès deshottes emplies despauvres objetsquiconstituent touteunerichesse terrestre ; couchésà
même laterre quis’étend alentour, hantéepard’autres bandeségalement hostilesetcraintives, lesépoux, étroitement
enlacés, seperçoivent commeétantl’unpour l’autre lesoutien, leréconfort, l’uniquesecourscontrelesdifficultés
quotidiennes etlamélancolie rêveusequi,detemps àautre, envahit l’âmenambikwara.
Levisiteur qui,pour lapremière
fois, campe danslabrousse aveclesIndiens, sesent prisd’angoisse etde pitié devant lespectacle decette humanité si
totalement démunie ;écrasée,semble-t-il, contrelesol d’une terrehostile parquelque implacable cataclysme ; nue,
grelottante auprèsdesfeux vacillants.
Ilcircule àtâtons parmilesbroussailles, évitantdeheurter unemain, unbras, un
torse, dontondevine leschauds refletsàla lueur desfeux.
Maiscette misère estanimée dechuchotements etde rires.
Les couples s’étreignent commedanslanostalgie d’uneunitéperdue ; lescaresses nes’interrompent pasaupassage de
l’étranger.
Ondevine cheztousuneimmense gentillesse, uneprofonde insouciance, unenaïve etcharmante satisfaction
animale, et,rassemblant cessentiments divers,quelque chosecomme l’expression laplus émouvante etlaplus véridique
de latendresse humaine. ».
»
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